
•noncer fur la jufîefife de ces vues qui ne ferônt
pas remplies. .
• PO R TU G A L : c’eft le royaume le plus occidental
de l’Europe 5 il eft borné au couchant & au
midi par l’océan Atlantique , au levant &
au feptentrion par l’Efpagne , & fon étendue eft
d’environ 1S4J milles'quarrés.: ■.
Nous donnerons i Q. un précis de l’ hiftoire politique
du Portugal i: ±°. nous parlerons des productions
, de la culture , de la population, & du
régime eccléfiaftique de ce pays : 30. de fes manufactures
& de fon commerce : 40. nous ferons
des* remarques fur les établiiïemens que les portugais
ont confervé en A f ie , en Afrique & en
Amérique : j ° . nous ferons d’autres remarques
fur l’autorité du roi', les différens.ordres de chevalerie
, les collèges d’adminiftration, & les tribunaux
, fur l’armée & fur la marine : 6°. nous entrerons
dans des détails fur ïadminift ration économique
& l’état aétuel du Portugal : 70. enfin,
nous traiterons de fes intérêts politiques.
S e c t i o n p r e m i e r e.
Précis de Phifioire politique du Portugal.
Le. Portugal ou l’ ancienne Lufîtanie paffa de la ,
domination des phéniciens & des carthaginois j
fous celle des romains, & l’empereur Augullela
réduifit en province romaine. Au commencement:
du cinquième fiècle , les alains s’en rendirent mai- 1
très 5 les fuèves vers l’an 4 40 , & les vifigoths 1
vers l’an f8 l . Dans le huitième fiècle, les mau-'
res ou farrrffins y firent une invafion, & ils en
furent chafles par les chrétiens; Henri, de la
maifon des ducs de Bourgogne, fervit fi utilement
Alphonfe V I , roi de Gaftille, contre, les
maures , que celui-ci lui donna fa fille Thèrefe
en mariage , & le déclara en 1-093 , comte
Portugal : il prit poffeflion de ce pays- l’ an 1110,
en vertu du reftament de fon beau-père. Son fils
& fou luccèffeur , Alphonfe Henriquès, remporta
en 1139 une vi&oire fignalée fur les maures
à Ourique , prit le titre de roi, inftitua en 1147
l’ordre-d’Avis •} & après que le pape Alexandre III
l’eüt reconnu pour roi en 1 1 7 9 , il convoqua une
diète à Lameg'o l’an 1181 où la facceflion, au
trône fut confirmée dans fa famille. Alphonfe III
réunit l’ Algarve à la couronne de Portugal, &
l’ordre de Chrift fut établi fous le roi- Denis. A
la mort de Ferdinand, arrivée en 1383 , la ligne
mafeuline de cette maifon s’éteignit : Jean I , fils
naturel du père du précédent r o i, fut élu en
1385 , &: foiis fon règne les portugais formèrent
des étabîilîemens en Afrique & découvrirent les-
Açores. Son petit-fils Jean II recueillit les juifs
dans fes états* & s’odcupâ à perfectionner la navigation
& à faire de nouvelles découvertes. Ces
découvertes amenèrent un premier traité avec Je
roi d’Efpagne, Ferdinand le catholique, en 1492,
& un fécond en 1494, par lelquels le monarque
portugais cédoit à Ferdinand toutes les terres
fituées à l’oueft duCap-Verd & des Açores, à
la diftance de 370 milles j il fe réferva tous les
pays qu’on découvriroit vers l’orient. C e fut fous
le roi Emmanuel que la gloire & la fortune des
portugais parvinrent à leur plus haut période 5
Vafco de Gama découvrit en 1498 la route des
Indes orientales : Americ Vefpufe prit poffeflion
du Brefil en 1501 : la première fortereffe portu-
gaife fut conftruite en 1 J04 dans le royaume de
C o ch in , & la guerre contre les maures pouflée
avec vigueur en Afrique. Sous le règne de Jean III
la forterefle de Diu en Afie fut bâtie. A la mort
du cardinal Henri, il ne relia aücun héritier mâle
de cette maifon, & la couronne paffa aux rois
d’Efpagne, fous lefquels les portugais perdirent
la plupart de leurs conquêtes. Les perfaps s’env
parèrent de i’ille d'Ormus en 1622 : les hollan~
dois acquirent la Supériorité dans les Indes orientales,
conquirent les ifles Moluques, en 1636
une moitié du Brefil , & fe rendirent maîtres
en 1637.de Saint George del Mina en Afrique-:
le commerce du Japon en 1639 , & leurprinci-
pil établiffement à Malacca fut perdu pour les
portugais. Les portugais. fecouèrent le joug espagnol
en 1640, & élurent pour roi Jean , duc
de Bragance : il prit le nom de Jean IV , chaffa
leshollandois du Brefil cen lé s in a i s il perdit M˧
de Ceylan en i 6 j6. Alphonfe V I fut privé.de. la
couronne que lui enleva ïo n frè re , Piètre II conclut
en 1668 avec l’Efpagne une paix qui reconnut^
le Portugal pour un royaume indépendant, &
le rétablit dans fon ancienne étendue, fi l’on excepte
la ville de Ceuta.en Afrique, qui demeura
aux efpagnols.
S e c t i 6 N I I e.
Des productions j de la culture , de là population , G*
du régime eccléfiaftique du Portugal. ;
Le nom de Portugal, quidéfive, félon quelques-
uns , de portus gallus ou gallorum ( port françois),
lui a été donné, parce que les françois fe portèrent
en. foule aux envirops. du Douro , près de
la ville de Porto;, afin de fecourir les chrétiens
de Lufîtanie contre, les maures : mais il eft plus
vraifemblable , félon d’autres , que ce nom vient
d’un bourg au bord du Douro, appellé. par les
anciens \ Cale , & par lesmodèrnes Gaya. On dit
que , vis-à-vis de ce bourg, on en conftruifitun
autre avec un port, & qu’on le nomma Portucale
(p o r t de cale).: que ce lieu étant devenu la ville
confidérable de P orto , a donné fon nom atout
le pays : il a quitté fon ancien nom de Lufîtanie
fous le règne de Ferdinand-le»Grahd , roi de
Caftille & de Léon , lequel donna la Lufîtanie & la Galice à fon troifième fils Garcia. La plus
ancienne charte , qui dé'figne tout le royaume
fous le nom de Portugal, eft de 1609 , & elle le
conferve dans le cloître d’Arouca.
Le Portugal eft beaucoup plus tempere que
l ’Efpagne i mais le climat n’eftpas te meme dans
les diverfés provinces. Celles du nord font plus
froides : c’eft l ’effet dès pluies plus abondantes
en hiv er, & celles du midi font plus chaudes 5.
cependant l’été y eft très-fupportable , parce que
les vents de l’oueft rafraîchiffent Pair.
Le fol eft fertile ; mais plus de la moitié du
pays demeurant en friche , on eft oblige de tirer
du dehors le bled néceffaire à la confommation ,
& c’eft l’Angleterre fur-tout qui \t fournit. La
province d’Eftremadure eft réputée la meilleure :
celle d’Alentejo* produit le. plus d huile $ lesoli-i
viers réuffiffent par-tout, ainfî que le vin & les
raifins. Une ordonnance de 1765 enjoignit , fous
peine de eonftfcation des terres, d arracher les
vignes des environs du T a g e , du Moudega , de
la Vecga de les; enfemencer : elle n’excepta
que les vignobles près,| de Lisbonne , Ocyras ,
Carcavellos, Lavadrio, Terres , Vedras, Alen-
que r , Anadia &: Mogofores'. Nous ferons dans
la feérion fixième des remarques fur cette ordonnance.
L ’intendant général de police de la cour & du
royaume a publié dernièrement 1 ordonnance que
v o ic i} elle eft affez finguljère , & elle fera côn-
noître, à quelques égards, la pofitiôn du Portugal:
« Savoir faifons qu’ayant remarqué que depuis i-lu-
fieurs années , la difette d’hommes fe fait fentir
dans les campagnes de ce royaume, laquelle
provient de ce qu’un grand nombre de ceux qui
s’occupoient du labourage ont abandonné leurs
provinces pour venir dans la capitale , où les uns,
attirés par la facilité qu’on y trouve à vivre des {
aumôneSr journalières des couvèns religieux qui
font en grand nombre , fe livrent à Pétât de mendiant
: les autres s’emparent des. ouvrages qui
doivent être réfervés au fexe féminin > ceux ci
fe deftinant au fervice , faute de place , s abandonnent
à commettre des vols par la neceflite de
fe foutenir, & ceux.-Ià enfin vivent aux dépens
de femmes malheureûfès 5 il eft de nôtre devoir
d’extirper l’oifiyeté , pour empêcher Les vices auxquelles
elle donné lieu , & de rendre utiles à ’
Pétât tous les membres ou fujéts qui lui font à
charge, en faifant exécuter avec rigueur les loix
qui ont été promulguées à cette fin. Ordonnons
en conféquençe à tous les mendians des deux
fexes de fe retirer dans leur pays natal, dans le
terme péremptoire de vingt jours, à compter de
la date de ce placard , fous peine à ceux qui feront
rencontrés dans cette ville à l’expiration de
ce délai, d’encourir les châtimens prononcés par
les loix fufdites.. Ordonnons à ceux qui feront
»és dans cette capitale, ou à ceux qui fe trouveronf
dans les cifcontlances indiquées pat les
ordonnances, de fe préfentêr devant nous avec
un certificat du cure de leur paroifle, où l'on
ftipuiera l’endroit où ils ont été b a p t i f é s & s'ils
ont rempli leur devoir pafcal l’année précédente,
afin de leur prefçrire ce à quoi ils devront s’employer.
Déclarons en outre, en coniequence des
difpofriions mentionnées ci-deffus, qu’à compter
de la date des prélèntes , il ne fera plus permis
déformais à aucun homme , de quelque âge qu’ il
foit, de vendre des beignets, dufirop, des fruits,
du jardinage ( à moins que les vendeurs de ce
dernier article ne foient aux gages des jardiniers ) ,
ni du fromage, du lait, du poiffon de rivière &
de mer, des pommades, de la poudre, des ou- *
falis, des allumettes , des éçiagles , des habits
& des meubles vieux ou ufés-f tous ces objets
étant de nature à convenir à la fbibieiT; du fexe
féminin. Les hommes s’emploieront uniquement
aux travaux des champs, à ceux des atts & manufactures
, à la conftrutlion des édifices & des
maifons; au fervice du roi* dans les armées, de
terre & de merj fous les. peines énoncées .dans
1 les loix & e . .» Le Portugal produit beaucoup de
miel i dë citrons, d’oranges-douces & amères,
de figues, d’amandes, de châtaignes, quelques
dattes & d'autres bons fruits, dés poiffons de
mer & de rivières de diverfes fortes : on y recueille
une quantité confidérable de fel matin,
& on y élève des vers à foie.
Les montagnes offrent des minéraux en abondance,
de l’argent, du cuivre., de l'étain, du
plomb & du fer. Mais comme les portugais tirent,
des métaux de leurs poffellions dans les autres
parties du monde ; & particulièrement de
l’or du Brefil, ils n’exploitent point de mines
dans le Portugal , dont les montagnes renferment
aufli des pierres précieufes, telles que des tur-
quoîfes, des hyacinthes, & c .
: Le Portugal a d'excellerts pâturages, fur-tout
aux environs de la montagne d'Eftrella & près
d'Ourique. L’éducation du bétail y eft avanta-
geufe ; mais , en général, le pays neft pas favorable
£ 'l’engrais des beftiaux ; on eu tire la plu»
grande .partie de l’Efpagne. La qualité de lalaine
t f y 'éft guère, inférieure à celle de ce dernier
royàome, d’ où on tire fécrètement la plupart des
cheVaux r cëux du Portugal ne font pas d’une
haute taille,. mais ils font légers à la courfe :
tout ce qui a rapport à la culture eft fort négligé
, ainfî que nous le dirons tout-à-l’heure.
Le Portugal renferme dix-neuf cités ou ^grandes
villes , quinze cents vingt-fept bourgs. Quant
au nombre des habitans dn peut l'eftimer, d’après
la notice qu’ en a fournie à Luiz Caetano
do Lima en t y ; i , le marquis d’Abrantes, cen-
feur & direéleur de l’académie royale d’hiftoire
du Portugal, qui la croyoit fort exade.