
de la propriété : 3®. les richefles nationales dé- |
pendant du commercé intérieur & extérieur de
ce qui eft dans Tétât, l’intérêt général, demande 1
que le commerce acquière toute l'étendué donc
il eft fufceptible , par dés facilités accordées à
la circulation & à l'exportation : mais nous avons
traité cette queftion avec beaucoup d'étendue aux
articles I n du str ie & M onopoles. Foyei ces
articles.
PR IX ou V A L EU R . La queftion d’économie
politique qu’on peut traiter fous ces mots eft
iutéreifante 5 & nous allons l’ analyfer en ce détail.
Du prix réel & nominal des marchand!fes , o u de
leur prix en travail 6? en argent.
Chaque homme eft riche ou pauvre félon qu’il
eft plus ou moins en état de fe procurer les né-
ceflités, les commodités & les amufernèns de la
vie. Mais,, il .ne peut s’en procurer que fort peu
par fon propre travail dans une fo ci été'dont les
membres fe livrent à des occUpations difterentés,
& il faut qu'il en. tire la plus, grande partie--du
travail d'autrui; Par conféquent il fera riche ou
pauvre félon la quantité du travail d’autrui dont'
il pourra difpofer ou qu’il aura le moyen d’acheter.
Le travail eft donc la mefure de la valeur
relative & échangeable de toutes; les mar-
chandi/es.
Le prix réel de chaque chofe, ce qu’ elle coûte
réellement à celui qui veut l’avoir , éft la peine'
& l’embarras de l’acquérir. C e qu’ une* choie
vaut pour vous qui l’avez acquifë , & qui avez
befoin de l’ échanger contre quelqu’autre choie,
eft'la peine , & lembarras qu elle vous épargne ,
& qu’elle peut coûter à d’autres. C e qu’on achete
avec dé l’argent ou des marchandifes, ri’èft pas-
moins acheté par le travail i que ce qu’on ac-'
quiert par la peine . & là fatigué de Ion propre
corps. Il eft vrai que cet argent & ces marchandifes
nous épargnent cette peiné : ils contiennent
la valeur d’ une certaine quantité de travail que
nous échangeons pour ce qu’on fuppofe en contenir
, en même-temps , la valeur d’une égale
quantité. Le travail a été lé premier prix qu’on a
payé par-tout ; c’eftrà lui, & 'non pas à l’or &
à l’argent que le monde eft redevable de toutés
fes richeffes. ' 1 ' . . ; ;
Mais quoique l è , travail foit la véritable nfe-
fure de la valeur échangeable de'toutes lés1 mar-
chandifes, ce n’eft point par le travail-qivoir ef-
time communément ce qu’ elles valent. Il eft difficile
dè Vaflurer de la proportion entre deux
quantités de travail,. Le temps qu’ on met à deux
fortes d'oiuyràgès , |ne fuffit pas toujours pour;
déterminer cette proportion. II faut calculer les
diiferéhs degrés de peine & de talent. Il peut y
3 voir plus de- travail dans l’ouvrage d’unë heure ,
'ui eft difficile*, que dans qn ouvragé de deuxi;
heures qui eft aifé ; ou en une heure d'application
dans un métier qui a coûté dix ans d appren-
tifiage, qu’en un mois d’induftric donne à une
occupation triviale donftout lè monde eft capa-r
blè.' Miis ile ft mal aifé de trouver une; mefure
exaéle de la peine & du talent. Auffi ne des- apprécie
t-on point a la rigueur quand on échange
les produ&ions des divers travaux. On fe réglé
alors, non fur une mefure exaCte, mais fur les
offres & les propofitions du marché faites d’après
cette forte d'égalité imparfaite, q u i, fans" avoir
de précifion, ne laiffe pas de fuffire pour lés
affairés' dè la- vie commune.
Les marchandifes d’ailleurs font plus fouvent
échangées éntr’elles, & par-là même.,, plus;fou-
vent comparées des ùnéS aVec les autres , qu’avec^
le travail. Il eft donc plus naturel d’ éftimer leur
valeur refpe&ivé ou échangeable par la quantité
d’autres marchandifes, que par celle du travail
: qu’ elles peuvent fervir à acheter. ;; ' ; ;
' :Lorfquedes échanges'n’obt plus lie u , & que '
I l’argent eft devenu'le mbÿen bd l ’inft fument
j commun du commerce, chàque marchandife pâr-
I ticuHère eft plus foûvent échangée polir de l’a r - ’
• gent qué pour toute'autre marchandife. Le boucher
porte rarement fon boeuf ou fon mouton
au boulanger ou au braffeur, pour avoir du paia
ou de la bierre ; il les porte au marché bû il les
échange contre de l’argent, enfutte iléchangë
cet argent , contre .du pain. & . de la bière. La
quantité d’argent qu’il rapporte du marbhé règle
ainfi la quantité de; pain de bière :qu"il peut'
acheter enfuite. ;
Mais la valeur1 dé l’or & de' l’argent varie'
comme celle de toute autre marchandife. Ils font1
quelquefois plus chers ,- quelquefois à meilleur-;
marché, & il y a tel temps où il eft plus aifé, • 8c
tel antre temps. où il' eft plus difficile d’en;açhe-^
ter. Là quantité de travail qu’une quantité donnée'
de ces métaux ^peut achëtéf ou : mettrë a.-notre?
difpofitioii,, .& la quantité:.d’autres tparçhandifes
que nous pouvons nous procurer en échange.! dé-,
pendent toujours'de la' fécondité ou dé la ftéfilité!
des mines , qui fe trouvent connues Vers le temps
où fe font ces échanges. La découverte des1 mi-,
nés abondantes 'de T Amérique a réduit l’or &
l ’argent. en Europe environ au tiers de ce qu’ils
valbient auparavant. Moins il falloit de travail
pour qu’ils vinfeht' de la mine au marché, 'moins-
ils 'en pouvoîéut ; commander oü acheter quand
ils y étoient arrivés; ’& cette révolution dans
leur valeur, quoique peut-être la plus grande,'
-n'eft point du tout la feule dont parle l’hiftoire.
Mais comme uné mefure de quantité telle que
Iê pied naturel, la poignée, qui varient continuellement',
ne peut jamais être une mèfure
exaéte dé la quantité des autres chofes >- de même
une marthandife-dont la valeur n’ eft jamais fixe ,'
ne peut être une mefure ;ex'a£te dé la valeur'des'
autres-'1 marchandifesi I I n’ en eft pas ainfi des*
quantités
quantités du travail qui, en tout temps & en tout
lieu, eft nécefiairement d’une valeur égale pour
celui qui travaille. Il faut qu’il facrifie toujours
la même portion de fes aifes , de fa liberté & de
fon bonheur. Le prix qu’il paie eft toujours le
même , quelle que foit la quantité de marchandifes
qu’il reçoit en échange. Il peut en recevoir I
tantôt plus, tantôt moins ; mais c’eft leur valeur
qui change, & non le travail qui le's achète. En
tout temps & en tout lieu ce qu’il eft difficile
de fe procurer, ou ce qui coûte beaucoup de peine
à acquérir, eft cher, 8c ce qu’on peut avoir ai-
fement ou ce dont l’acquifition ne coûte guère
de peine, eft à bon marché. Le travail feul ne variant
jamais dans fa valeur, eft donc l’unique,
là dernière & la véritable mefure par laquelle on;
peut eftimer & comparer en tout temps & en
tout lieu la valeur de toutes les marchandifes. Il
eft leurprix réel, l’argent n’eft que leur prix nominal...
Mais quoique des quantités égales de travail
foient toujours d’une valeur égale pour l’ouvrier ,
la perfonne qui l’emploie n’en juge pas toujours
de même. Comme elle l ’achète quelquefois avec
plus, quelquefois avec moins de marchandifes,
elle; imagine que la valèur du travail eft auffi
véritable que celle de toutes les autres chofes.
Elle lë trouve cher dans un cas, & bon marché
dans d’autres. Cependant ce font les marchandifes
qui font tantôt chères & tantôt à bon marché., -
Dans ce fens populaire on peut donc dire que
le travail a un prix réel & un prix nomioal, ainfî
que les marchandifes. Son prix réel confiftera dans
la quantité de chofes nécefiaires & commodes
qu on donne en retour; le prix nominal fera en
argent. Celui qui travaille eft riche ou pauvre,
bien ou mal récompenfé, à proportion du prix
reel & non du prix nominal de fon travail.
La diftinétion entre le prix réel & le prix nominal
n’eft pas une matière de pure fpéculation :
elle peut être quelquefois d’un grand ufage dans
la^pratique. Le même prix réel eft toujours de là
meme valeur ; mais, à caufe de la variation dans
la ^valeur de l’or & de l’argent, la valeur du
meme prix nominal n’ eft pas toujours la rqêrae.
Ainfî quand on vend une terre avec la réferve
d une rente perpétuelle, fi on veut que cette rente
foit toujours de la même valeur, il eft important
pour la famille en faveur de laquelle ôn l ’établit,
qu elle ne confirte pas dans une femme d’argent
particulière. Sa valeur en ce cas feroit füjette à
des variations de deux efpèces ; i° . à- celles qui
minent de ce que les quantités d’or & d’argent
contenues dans la monnoie d’ une même dénomination
ne font pas toujours égales ; 2°. à celles
qui viennent de ce que des quantités égales
d or & d argent n ont pas en tout temps la même
valeur.
Les princes & les états fouveratns ont fouyent
Q£cqti. polit. G* diplomatique. Tome I I I „
imaginé qu’il étoit de leur intérêt de diminuer
la quantité . de métal pur contenue dsns leurs
monnoiës ; mais il ne leur eft guère venu dans
l’efprit qu’ ils eu fient un intérêt à l’augmtnter.
Auffi je penfe que chez'toutes' les nations elle a
toujours été en diminuant. Ces fortes de Variations
tendent donc prefquè toujours à diminuer
les rentes en argeiit. :
La découverte de l’Amérique a fait baifier eti
Europe la valeur de l ’or & de l’argent. La valeur
des rentes doit plutôt diminuer qu’augmenter
quand même elles ,feroient payables , non en argent
monnoyé de telle quantité & de telle dénomination
(en tant de livres fterl. par exemple )
mais en tant d’ônces d’argent pur ou à tel titre.-
' Les rentes ftipülées en bled; ont beaucoup
mieux confervé leur valeur que celles ftipülées en
argent, lors même que la monnoie n’a point été
altérée. Un adte parlementaire de la dix-huitième
année du règne d’Elifabeth, a ftatué que les
fermiers des collèges paieroient le tiers de leur
redevance en b led, en nature, & au prix courant
du marché le plus proche. Selon le dodleur
B1 ackftone, l’argent provenant de cette rente en
bled & qui n’étoit originairement que Jè tiers
de la redevance .en total, fe monte aujourd’hui
à-peu-près au double de celui que rapportent les
i deux autres tiers. Ainfi les anciennes rentes des
collèges en argent font prefque réduites à la quatrième
partie de leur valeur, ou ne valent guère
mieux que la quatrième partie du bled qu’elles
valoient anciennement. Mais depuis le règne de
Philippe & de Marie la dénomination de la mon-
noie n’a fouffert en Angleterre que peu ou point
d’ altération-, & le même nombre de livres de
fehelings & de deniers, a contenu à peu-près
la même quantité d’ argent pur. La dégradation
dans la valeur de ces rentes pécuniaires vient
donc de la dégradation dans la valeur de l ’ar-
I .gent. V
La perte eft encore plus grande , quand , à la
dégradation dans la valeur de l’argent, il fe joint
une diminution dans la quantité qu’ en contient la
.monnoie dont la dénomination ne change pas.
En Ecofle où ces fortes d’ altérations ont été plus
confidérables qu’ en Angleterre; en France où elles
1 ont encore été plus grandes qu’en Ecofle, d’anciennes
rentes qui, dans leur origine avoient
une valeur confidérable, ont été ainfi réduites
prefqu’à rien.
Des quantités égales de bled,, denrée qui fait
la lubfiftance de l’ouvrier, approchent plus, au
bout d’un long terme, des quantités égales de
travail, que n’en peuvent approcher des quantités
égales d’or & d’argent, peut-être même
de toute autre marchandife. Ainfi des quantités
égales de bled, 'dans un long efpace de temps,
approcheront plus de la même valeur réelle, ou^
ce qui revient au même , celui qui en fera le pof-
fefieur, fera plus près de pouvoir acheter ou
T H