
on ctablilïe, avec quelques piquets y & des branchages
entrelacés , deux treillis de fept à huit
pieds de longueur* parallèles entreux & dans
la direction de la digue > que ces treillis l'oient
écartés l’un de [’autre de toute ion épaifieur.j
& l’encailfement quJils formeront, rempli d’une
douzaine de fagots bien prelfés* l’eau ne franchira
cette entrave qu’après s’ être' dépouillée de
la majeure partie de fon limon ; je me fuis fervi
des deux méthodes > il eft inconteftable que la
première avance * plutôt l’ ouvrage* puifque rien
n’ell perdu j mais les diftraétiôns de la vie;* &
les- abfences de fon domaine peuvent la rendre
moins praticable. Dans ces circonitances * on s’applaudira
encore de la fécondé.
La digue qu’il eft queftion de conftruire* &
a laquelle je reviens* eft de la plus grande iim-
plicité. 'Un folle d’environ fix .pieds de largeur
fur trois de profondeur* fournira tous les ma-
'ûériaux. Le fofle fera pris dans l’efpace qu’on veut
ïéhaufler * & la terre rejetée du côté oppofé. La
fouille achevée^, l ’ouvrier * aidé de fa bêche *
etendra la terre qui en fera fortie * en allongeant
les talus , fur-tout celui de la partie où les eaux
doivent féjourner} moins il aura dé roideur* &
moins les eaux le dégraderontj elles n’auront
prefqu’aucune prife fur lui* s’il leur préfente un
•angle qui foit de 2 j à 30 degrés : quant à l’élévation
de la levée , on ne peut pas lui donner
moins de deux pieds.
Tout ce travail n’exige qu’ un poli groflier: mais
pour qu’il reçoive toute la perfection, & j’ajouterai
toute la folidité dont il eft fufceptiblej il
reliera à le gazônner fur la partie intérieure ( 1 j .
O r , cet ouvrage.* même avec le gazonnement,
eft d’une dépenfe infiniment modique. Le malheureux
que vous y employerez, vous donnera
fon temps * fon induftrie & fes peines à raifon de
18 fols par jour en été* & de ly en automne >
tel eft du moins le taux auquel on paye, dans
mon canton* le journalierj'& cette fomme*.fur
laquelle il a pris le pain dont'il s’ eft; nourri/
eft la plus fo-rte rétribution que jamais il remporte
dans fa chaumière.
11 creufçra cependant, durant les longs jours /
cinq toifes du folié.* dont j’indique ici les dimensions.
Si on préfère une entreprife , chaque
verge ou chaque longueur de 20 pieds coûtera
12 fols j quant au régalage & au .gazonnement i
on fent qu’ils doivent eue évalués à part.
J'ai confeillé * en général pour ,1a digue * une’
élévation de deux pieds : mais en foufentendanc
que le terrain à exhaufîer foit ( dans la direction
de la digue ) , d’une furface à-peu-près hori-
fontale j autrement, cette élévation ne pourroit
pas être uniforme. On conçoit facilement que
pour arrêter un fluide dont s la nature eft de
chercher le niveau , il eft ind.ifpenfable que l’obf-;
tacle foit de niveau lui-même. Il pourra donc fe,
trouver des parties où plus d’exnauffement deviendra
néceflaire , & ce fera dans les fonds t
il pourra s’en rencontrer aufli où la digue n’ aura
befoin que d’un pied* & de moins encore* s’ il
fe rencontre des monticules.
Au relie* cette différence d’élévation n’aura
guèreriieu qu’ une fois * lors du premier travail.
A mefure que. le terrain s’exhauffera * les irrégularités
difparoîtront : il adoptera infenfiblement
le parallélifme du haut de la ligne avec l’hori-
fon * & cet effet eft tout Ample. La colonne d’eau
ftagnante fur les fonds a plus de longueur que
la colonne qui repofe fur les éminences > elle
contient donc plus de parties terreufes 5 elle doit
donc dépofer davantage.
Si je me fuis rellreint à deux pieds pour l’élévation
moyenne de la digue * c’eli uniquement
pour épargner la dépenfe. Op fent allez quain
obllâcle de quatre pieds* en doublant le Volume
d’eau * accélèreroit bien plutôt la fin de l’ouvrage *
mais il exigerait une folidité toute différente.
Je n’irififterai pas fur les rehauffemens fucceffifs
qu’il faudra faire à la digue à mefiire que le fol
(ï ) Il eft un procédé aufli facile qu’expéditif pour enlever d’un pré, des gazons tout prêts à^être tranf--
portes & appliques ailleurs. On prend un bâton de cinq à fix'pieds de. longueur» & tel qu’on puiflé l’empoigner
alternent. On attache folidement, vers fon extrémité la plus .greffe , une lame de couteau allez.,
forte » qui en traverse le diamètre, & qui en forte de trois ou quatre pouces. Lè eputre d’une charrue * la
manière dont il eft implanté donnent une idée de ce que je veux faire entendre.
.£ e. bâton ainfi garni, on le pouffe en avant de foi, à-peu-près comme les jardiniers conduifent une ratait
oire. On a foin que le couteau fe-trouve dirigé vers le- terrein , & qu’il s’y enfonce pleinement. Sa partie*
tranchante eft placée pour marcher la première. Elle s’ouvre donc une trace qu’on prolonge aufli loin qu’on
le juge à propos. A fept ou huit pouces de ,cette première trace , on en forme une fécondé ; & à pareilles
diitances, une treifième, une quatrième, &c. toujours parallèles entr’elles. On croife toutes ces traces
par dautres qui les coupent a angle droit, & qu’on efpace de même : par ce moyen, on aura des gazons
ï»» ^ ? *lult Pouces quarrés & réguliers, fi on n’oublie pas d’étendre un cordeau pour chaque ligne.
Maïs le travail du couteau ne fait que circonferire. Il refte à détacher les gazons de la terre , & c’eft à
laide d un troune-pas qu’on en rend l’opération jtrès-prompte. Pourquoi ne connoîtioit-on pas cet inftru<-‘
ment . il reilemble beaucoup à la truelle des maçons : mais plus pointu , d’un bon- acier , & bien tranchant
fur deux cotes, il porte un manche de trois pieds. Chaque, gazon fous lequel on l’infère , eft enlevé dans
Imitant, fur-tout fi le çouteau a fait fa doublé tranchée nette, & fuffifamment profonde.
On aura foin quelle terrein qu’on dépouille ainfi dç fon gazon , foit auparavant fauché le plus prés
poliible , ou meme broute par un troupeau. Il eft clair que de longues herbes s-oppoferoient à tout cet
•iivjragç.t . . . ; . ... \ , •"
gagnera
gagnera ën élévation. C e travail eft d*une nécef-
fité frappante * & le leêteur qui n’en faifiroit point
la raifon * n’auroit pas compris ce qui précède.
C ’eft en accumulant ces dépôts qu’on eft parvenu
à rehauffer de plus de cinq pieds le terrain |
dont il eft ici fait mention * & que de mauvais * j
on l’a rendu l’un des meilleurs & des plus fer- j
tiles du canton.
Comme il eft maintenant autant alléché qu’on ,
pouvoir le délirer* un fofle d’une toife de lar- 1
geur* fur moitié de profondeur* reçoit* à leur
arrivée * les eaux qui s’y rendent encore, & les
conduit au-delà du manoir* & cet égoût ne
renfermant aucun obllâcle * la partie terreufe
né s’y amaffe point : il conferve tout fon paf-
fage, & refte folle. A l’aide de la moindre obf-
trudlion * on le combleroit dans une automne *
jufqu’ à en effacer la trace.
Sans aoute que pour un terrain vafte* une pa
reille métamorphofe ne s'opère pas aufli promptement.
C e grand changement ne peut être que
le fruit de la perfévérance & des années j mais
en admettant même que celift qui commencera
l ’ouvrage ne jouira point de fon entière perfection*
n’eft-ce pas déjà pour un père de famille,
pour un philofophe , concitoyen de tous les
âges, une jouiffance réelle de s’occuper de la génération
qui va le remplacer .?_Le vieillard de la
fable ne fe faifoit point illulïon î il favoit* en
plantant, que le peu de jours qui lui relloit à
vivre ne lui permettroit pas de couper le bois
dont il ornoit fon domaine. Ses foins n’en étoient
pas moins a6lifs , ni fon plaifîr moins pur :
« Mes arrière-neveux me devront cet ombrage ! »
[Article de M. de S e p t - F o n t ai n s s * gentilhomme
de V Ardréjis )
M A R A T T E S ( empire des marattes ). Le liège
de cet empire eft à Poonah* au nord de Goa j
mais fes poffeflions en général fe trouvent dans
l’arrondiffement de Guzeratte, Malwa, Chan-
der * Berar ■ & Oriflfa. Ils pofledent en outre
des diftriéls considérables dans les provinces d’A-
gimere * d’Agra * d’Aliahabad & dans le D é :
can * leur territoire renferme * dit - on * environ
28,000 quarrés d’Allemagne j & cette puiffance
fift fi peu connue que les lecteurs inftrùits auront
peut-être quelque plaifir à trouver ici un précis
de l’hiftoire politique de l’empire des marattes *
des remarques fur la forme fingulière ’de leur gouvernement
aéluel * fur leurs reffources & fur leurs
dernières guerres avec la compagnie angloife.
M. Sprengel a publié à Halle une hiftoire complexe
des marattes * depuis leur origine jufqu’à
leur dernière paix avec l’Angleterre, le 17 mai 1782.
L ’Annual régifier de 1782 donne d’autres détails
fur les marattes : nous ajouterons aux remarques
de ces auteurs, d’autres remarques qui nous ont
été • communiquées.
(Mcon. polit. 0* diplomatique, Tom, I I I ,
Les marattes font un peuple originaire de l’In-
doflan j ils defeendent des ras'butes , dont la cafte
a été appellée celle des guerriers * & qui ,
avant la- conquête de l’ Indoftan par les maures ,
ne connoifloient d’autre profeflion que celle des
armes * précifément comme la noblefle d’Europe
dans le moyen âge. Une partie de cette caite
mène actuellement le genre de vie de fes ancêtres
fur la côte de Malabar* où on leur donne le
nom de naires & de chétries. Les rasbutes habi-»
tèrént originairement les provinces d’Agimerre *
de Guzaratte, de Malwa & d’Ullahabad. Ils
étoient répartis en tribus, dont chacune avoit
fon rajah particulier. Celle des Rattor * dont les
marattes defeendent immédiatement* habitoitaux
environs de Chilore & d'Udipur. Le nom de marattes
ne paroît être connu que depuis 1673 : il
eft compofé des mots maha ( grand ) & rejah ou
rajah. C e nom ne plaît pas à cette nation * qui fe
donne celui d’habitans du Décan.
Les marattes fe vantent d’une très-haute an*»
tiquité ; & leur langue qui eft un dialede parti--
culier de l’idiome des indous * & qui eft reconnu
pour un des I>lus anciens de l’Indè, jullifie allez
leur prétention. C ’eft donc à tort qu’on les a regardé
comme des bandits fansloîx* & un ramas
de brigands que le hafard a réuni dans des vues
de pillage.
Cette nation guerrière eft la feiile de l’Inde qui
ait toujours refufé de fe foumettre au joug des
mahométans. Les forces immenfes & la fupério-
rité des tartares mufulmans les contraignirent à fe
réfugier dans des lieux inacceflîbles de cette vafte
chaîne de montagnes qui couvrent une !î grande
partie de l’Indoftan.
La fondation de l’empire des marattes date de
1660 > ils doivent leur grandeur à Sewagi * def*
cen,dant des princes Rasbutes de Chitore , qui naquit
en 1629 & mourut en 1680. M. Sprengel.
dit qu’avant ce prince les marattes * répartis en
tribus innombrables* ne faifoient point un corps
de nation j que les uns vivoient de brigandages
& de pirateries* & les autres fervoient comme
foldats fous leurs rajahs dans les armées du mogol
& d’autres princes : mais les anglois qui connoif-
fent mieux l’hiftoiredes marattes 3 femblent contredire
ces faits. Les ancêtres de Sewagi s’étanc
engagés au fervice du roi de Décan, ils y obtinrent
des territoires. Sewagi prit poffeflîon * en
1646 * du territoire de fon père dans le Concan y
& s’étant attaché enfuite diverfes tribus des provinces
de Concan & de Guzaratte* il fournit fes
voifins en 16Ù0, & devint fi puiffant quhl ufurpa
en 1674 plufieurs grands diftriêls fur les terres du
grand-mogol. Cette même année il prit à Rairi
le titre de Maha-Raga * & fe fit déclarer fouve-
rain indépendant. Il continua fes conquêtes juf-
qu’en 1680 * époque de fa mort. C e nouvel empire
des marattes n’a duré que jufqu’en 1689* où
le fuçceffeur de Sewagi * devenu prifonnier du
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