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ont coiffomfné jufqu’ici ces denrées. En 1769:,
les exportations des quatre provinces réunies »’élevèrent
à environ 13,844,00c* liv. Mais cette
colonie reçut habituellement plus qu’elle ne
donna , puifqu’ elle dut conftamment à fa métropole
vingt quatre ou vingt-cinq millions de livres.
Il partoit quelques bâtimens de toutes les rades ,
extrêmement multipliées fur ces côtes. Cependant
les principales expéditions du ConneéticutTe fàT
foient à New-Hawen , celles de Rhode-liland à
New-Port, celles de Hampshire à Portfmoutb ,
& celles de Maffachufett à Rofton.
S e c t i o n . V e#
Remarques fur Fêtât aBuél, les contributions , la
population 3 F administration & le coinnierce de la
république de Maffaehufett.
Maffaehufett eft une des provinces qui a montré
le plus de zèle & de fermeté dans fes principes,
pendant la guerre & depuis la paix : elle s’eft em-
preffée de concourir aux réglemens utiles > 8c quoique
les hoftilités des anglois aient nui beaucoup
à fon commerce & à fa fortune, elle a montré
aflez de bonne volonté dans fes cbnmbutians.
Nous avons cité à l’attide Et a t s -Unis 3 les
faits particuliers qui fondent ces remarques générales.
On n’a pas encore fini d’wnè manière invariable
1.' règle d’après laquelle on établira le contingent des
diverfès provinces : riotfs avons indiqué à l’article
Et a t s -Unis , celle qu’on fuit à préfent. D ’après
çette règle, Mdjfachufett doit payer cent quarante^
huit fur mie contribution de mille piaftres, & il
ç ’y a que la Viigîniè qui paye un contingent plus
foi;t.
En 1784, la dette particulière de la province
de Maffachufett étoit d’environ cinq millions de
piaftres : il paroît qu’aüjourd’hui elle eft encore à-
peu-près. la même. On a établi des impôts qui en
affurent l’intérêt j la perception de ces impôts 8c
le paiement des intérêts, iront pas été jufqu’ici
d’une grande exactitude : mais on touche au moment
de voir dans cette partie des affaires, Texac •
titude & la précilîon fans lesquelles on manque de
crédit, & il y a lieu de croire qu’on ne tardera
pas à amortir une partie du Capital.
Quant aux dettes particulières des citoyens de
Maffachufett, le paiement s’en ffciraVec lenteur :
Je cabinet de Saint-James, qui met trop fouveorde
la fierté 8c de la morgue dans les négociations, fe
fert de ce prétexte pour ne pas livrer les poftes
qu’il occupe encore fur les frontières des Etats-
Unis : il fe refufe ainfi à T'exécutron ehtière du
traité} & comme il faut bien donner des raifons
bonnes ou mauvaifes , milord Carmarthen a pré- »
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fente ait plénipotentiaire des Etats-Unis, urteTotî»
gue lifte de griefs dont il veut obtenir le redreffe-
mént avant de livrer les poftes, dont nous venons
de parler. Il reproche à la république de Maffa-
chufett, l’aCle paffé le 3 novembre 1784
fufpend le paiement de l’intérêt envers les créanciers
anglois. Nous favons que les plénipotentiaires
des Etats-Unis ont propofé fur cet objet
des moyens très-admiffibles, mais que la cour de
Londres,.dont la politique, ordinaire femble dire
toujours aux autres puiffances : faites d'abord ce
que nous exigeons , & nous verrons enfuite a faire
ce qui conviendra , épie les petites divifïons inévitables
dans les gouvernemens républicains qui
commencent à fe former ; des Vues qui pourront
bien n’être que chimériques , la déterminent
à traîner en longueur l’exécution du* traité j & il*
: paroît qu'on peut craindre qu’elle ne livré pas k s
poftes de fitôt.
D ’après les évaluations imparfaites-qu’on fe pro--
cura en 1775 & 1785 , fur le nombre des habitans
des diverfès républiques américaines > on comptoit
3 £0,000 habitans noirs & blancs dans celle de
Maffachufett. Mais il faut obferver que dans ces
calculs on ne comptoit que les trois cinquièmes
des efclaves. Nous avons indiqué à l’article Et a t s -
U n is , les données 8c les motifs de ces évaluations}
nous avons dit qu’ils doivent infpirer peu.
de Confiafice, & nous avons expliqué les caufes
qui ont diminué le nombre total au lieu de l’enfler.
Maffachufett vient de s’oppofer à la création
du papier-monnoie qu’on lui propofoit, ainfi qu’on
le propofoit dans les autres républiques : elle a
fenti que ce moyen de fuppléer à la rareté extrême
des efpèces & de fe mettre en état de-
; payer les impôts, étoit mauvais : nous avonsobfervé.
[ à 1 article Et a t s -U nis que l’anéantiffement du.
î papier-monnoie pendant la guerre n’avoit pas pro ».
; duit le plus léger murmure ; mais cet anéanrife
| fement a toujours quelque chofe de bien fâcheux j.
! & , ainfi que nous l’obfèrverons ailleurs, la créar
tien d’un nouveau papier eft l’opération la plus,
mal combinée & la plus dangereufe.
Cette création du papier-monnoie dans lés co*
lonies de l’Amérique feptentrionale , produite
d’abord par la néceffité des circonftances, eft un
mal bien invétéré. Il paroît que rien ne. peut
éclairer les citoyens fur cet objet } & il y a des faits,
qu’on ne croiroit pas, s’ils n’étoient bien atteftésy
Par exemple, la colonie de la baie de Maffachufett
avançait, dans des befoins extraordinaires
, du papier-monnoie pour défrayer la dépenfe
publique, & elle le rachecoit enfuite, quand e’é-
toit l’avantage de la colonie, au bas prix ou il
tomboit par degrés. En 1747 (1) cette colonie
paya ainfi la plus grande partie de fes dettes pu-
(1) Hiftoire de la baye de Maflâchufett, pat M-. Hütchlnfbn > Vol* 1# pag. 4***
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cliques, avec l’a dixième partie de l’argent pour
lequel elle avoir donné fes billets.
La répartition des impôts s’eft faite pendant la
guerre de la manière la plus abufive : M. le marquis
de Châtellux cite une vexation criante, exercée
contre les négocians de Bofton. « Outre les-,
droits d'excife & de licence , les commèrçans
étaient fournis à une efpèce de taxe cimfès, &
cette taxe étoit impofée arbitrairement par douze
affeffeurs nommés, à la vérité, par les habitans
de la ville ; mais comme le plus gros négociant a a -
voit pas plus de voix que le plus petit marchand,
on peut imaginer comment les intérêts des gens
riches étoient ménagés par ce comité. Ces douze
affeffeurs ayant donc un plein pouvoir d’nnpofer
les gens fui vaut leur faculté, ils elhmoienc, à
vue de pay s , la quantité d’affaires qu’un négociant
peut avoir & le produit qu’ il en. peut tirer},
par exemple, M. Brick étant agent de la marine
françoife, & de plus intéreffé dans plulieurs commerces,
entrautres dans celui des affurances, on
calculoir combien il pourroit faire d’affaires, ce
dont on jugeoit par les lettres de change qu’il en- ■
doffoit 8c par fes fouferiptions , 8c fuivant des |
eft inflations ou l’on ne tenoit compte ni des frais, j
ni des pertes on fuppofoit qu’il gagnoit tant par
jour , & en conféquenc.e ©n le taxoit à tant par
jour. Pendant l’année 1781 , M. Brick à paye
jufqu’ à trois guinées & demie par jour. On fent
qu’il n’y a que le patriotifme , & fur-tout l’el-
pérance d’une prompte conclufion , qui put- faire
fupporter un impôt fi odieux & fi arbitraire 3
mais en même-temps on ne peut trop louer la patience
avec laquelle le commerce, & M. Brick,
en particulier , s’y font fournis ».
De pareilles vexations ne feroient fufceptibles
d’aucune exeufe, aujourd’hui que la guerre eft
terminée.
Nous parlerons ici d’ un autre abus que les
détracteurs des nouvelles républiques américaines
ont cité avec complaifance } mais qui ne prouve
rien , finon des defordres paffagers inféparables
des démocraties } 8c la néceffité de travailler au
maintien de la tranquillité publique , autant qu’on
peut y travailler dans les gouvernemens populaires.
Au commencement de fep.tembre 1786, cent
hommes de la populace armés de fufits & de bâtons
, & un égal nombre armé de barons , environnèrent
à Vorcefter le lieu où la cour de juftiçe
tenoit fes féan ces. : cette populace demando.it q ne
le. tribunal s’ajournât fans défigner l’ époque ou il,
reprendroit fes féances : le juge Ward montra le
courage 8c l’intrépidité d’un romain 5 il harangua?
plus de deux heures les féditieux , quoiqu’ils,
tinffent des bayonnettes fur fa poitrine , 8c que,
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durant cet intervalle, il courut le plus grand danger
d’être maffacré. Dans une fi tu a ri on auffi terrible
, il eut la noble conftance de réfifter à toutes
leurs prétentions. Les rebelles ne purent rien
obtenir ce jour-là } ils reparurent le lendemain-,
au nombre d’environ trois cents : M. Ward cpn-
fentoit à ajourner la cour des plaids-communs ,
c’ .eft-à-dïre,. le tribunal qui prononce dans les
caufes civiles } mais il reftifoit d’ ajourner la cour
des affifes, celle ou l’on juge les caufes criminelles
; les cours de juftice ayant réclamé l’aide
de plulieurs régimens, 8c voyant qu’ elles ne pou.-
voient pas compter fur la mrlice, il fallut ajourner
fine die la cour des affifes (.1).
On a vu à l’article N.ou v e l -Ham p sh ir e , qu’en
pareille occafion la milice de cet état a montré
plus de patriotifme, 8c que les loix 8c le gouvernement
y ont triomphé d’une fembl'able féduion-
Pour terminer cet article par quelques détail»
fur le commerce de Maffachufett 3 nous ajouterons
qu’il y a telle année où la ville feule de Bofton
a fait fortir 1 yoo voilds* tant pour l’Europe que
pour les ifles 8c le cabotage. Les habitans de cette
province ont conftruit une multitude de moulins-
à feie 3 8c avant la révolution , il y avoit à fix
lieues de la capitale un moulin qpi perforoit à froid
des canons de 18.
Le froment n’y croît qu’en certains cantons
8c il n’eft abondant qu’à l’oueft de la rivière cle
Connedieut. Toutes les terres qui fe trouvent à-
l’eft de cette même rivière jftfqu’aux limites de
la Nouvelle-£c.offe , ne preduifent que du feigle 8c
du bled d’inde : en a fait des effais avec le bled
de Chily , plus robulle 8c plus fort de tige, 8c
on Croit qu’il pourra s’ÿ nacuraüfer. On dit que
ce mal vient de la poudre de Bay-Berries, qui
en empoifonne le germe , 8c empêche la formation
du grain dans les épis > mais le Cultivateur
américain croit que ce défaut vient de l’humidité
du fol.
Le même auteur nous apprend que Maffachufett
exporta en 1774 : liv. fi.
10.000 tonneaux de morue.................. .. iooyooo-
Mats, planches 8c bois........................... 45,000
70 navires conftruits pour l’étranger •. . 49.000'
80.0 barils de maquer. 8c d’alofes iaies •. 8,000
700o tonn. d’huile de baleine 8c autres. 105,000-'
18 tonneaux de fanons de baleine. . . . . $,40<>
1 j 00 barils de poix , théréb. & goudr. ôoo-
Chevaux 8c bétail.................. ................... 1 z,.coo-
8000 bariques de potaffe......................... 20,000
9000 bar. de viande fumée 8c falaifons.. 1 3,500
Cire 8c autres articles................................ * ppo?
T o t a l .................. .. ........................... .. 3^2,400*
(1) Cet aiâe de foulevement a eu des-faites; mais les rebelles ont été bientôt diffipés. Les détails, les;
canfes &: le peu d’importance de ce foulevement font très-bien développés à la fin des Recherches fur les Etats-
Unis. L’auteur a été-envers nous d’une injuffciee. révoltante & mal-honnête : nous c imiterons point fa partialité
} mais nous ne prendrons pas la peine de relever fes grofiières erreurs.