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ancienne. Ils furent d'abord établis près du Vo l-
ga , & on voit encore les relies de leur capitale
Bulgar, non loin de la riviere de Kamma. 11$ le
tranfportèrent enfui te près du Tenais > &• fous le
règne de rempereur -Zenon , ils fe fixèrent près
du Danube j ils palfèrent plufieurs fois cè flèuve
& tombèrent dans la Thrace & la Mo efié. Une
troupe de bulgares fe répandit au feptisme fiecle
en Italie, & fe fixa dans le duché de Bénévent.
On ne fait pas précifément Tepoqu'e ou ils établirent
uns difent que ce fut avant Côiiftantin III, d autres
leur demeure dans la : baffe Moëfie î- les
que ce fut'fous le règne dé ce prince. Quoi
qu’il en fo it , c’eft d'eux que la baffe - Moëfie a
reçu le nom de- Bulgarie. Ils eurent fous leurs
propres rois les plus vives' & les plus fanglantes
guerres avec les empereurs romains d Orient. Enfin
l’empereur Bafile les fournit en' 1017* 1k fe
révoltèrent, à la 'v é r ité , en 1032; mais on' les
dompta de nouveau, & depuis ils rendirent à
l ’empereur des fervices importàns contre les latins
& les turcs. A la fuite de ces fervices , ‘ ils :
obtinrent la permiflion de fe choifir un roi qui
fe reconnoîtroit fujet de l’Empire. En 127 y ,
Etienne, roi de Hongrie, vainquit S e a , prince
de Bulgarie, & les bulgares furent obligés de re-
connoître Etienne pour leur fouveraîn : mais bientôt
après ils fecouèrent le joug de la Hongrie avec
le fecours de l’empereur grec. L ’empereur turc ;
Amurat I les vainquit, & en 1 $96 Bajazeth s’empara
de leur pays & en fit une province de IfEw-
pire turc. Les bulgares s’adonnent aujourd’hui à 5
l ’agriculture, au foin du bétail & au commerce.
L ’idiome efclavoh qu’ ils parlent diffère peu de la-
langue fer vienne , & feulement par la prononciation.
Ils font en partie de la religion grecque |
en partie de la mahométane. Leur églife grecque
a un patriarche (mais que les: autres patriarches
ne reconnoiffent pas en cette qualité ) & trois?
archevêques.
Le pays eft gouverné par quatre fangiacs , &
de-là vient quon le divife en quatre gouverne-
mens ou fangiacat^.
111°. La Romanie.
C e pays qui tire fon nom des romains ou de h nouvelle Rome ( Conftantinople ) , fiège de
î’Empire romain d’orient, eü l’ancienne Thrace ,
& les hiftorkns grecs & latins lui donnent fou-
vent ce nom. Il a environ 45 milles de longueur
t e 50 de largeur j il eft borné au nord par le
mont Hémus j à l’orient par la mer N o ire , l’Hel-
lefpont, la Propontide ou mèr de Marmoraj au
midi par l’Archipel ; à l'occident par la Macédoine
& le fleuve Strymon.
Les diftri&s fitués entre les montagnes font
froids & ftériles > mais ceux qui fe trouvent vers
les mers, font agréables & fertiles : ils produisit
toutes fortes de- vins * Ôc en.y trouve d’ail-
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leurs toutes les chofes néceffaires à la vie. Le riz
fur-tout eft très-abondant. r
Le pays étoit jadis divife en royaumes inde-
pendans les uns des autres. Il étoit habité par les
dolomiens, les demçletes , les beffiens ou biffe-
nes , les odèmantes i les cicbnes , les édoniens
les brygiens, les thyniens, les pieréens , les odry-
fîens, les fatriens , les probyziens, lés moedrens,
les fapéens & lés celètes. La Cherf^ièfe de Thracq
avoît auffi fes rois particuliers. Les habitans actuels
font des grecs qui defeendent des anciens
thraces , des grecs proprement dits, & des turcs*
Les anciens grecs étoient fur-tout redevables aux
thracés des beaux arts qui,fleuriffoient parmi e.u.x 5
mais aujourd’hui on ne cherchera point d artiites
en Romanie. Lé pays eft gouverné par trois fangiacs.
L'ancienne Grèce , nommée par les turcs Rumilz.
Les empereurs turcs ont gardé la diVifion ancienne
de la Grèce en cinq grands pays ( fans les
; iflës) î ils ont donné à ,chacun un nom tu r c , 8c
1 l’ont encoie divife en petits
IV ° . VArnawd.
Les turcs donnent ce nom à la Macédoine &
à l’Albanie, gouvernées par un pacha. Lorfquè
Tempereur Amurat II eut pris l’Arnawd en 1447*
il obligea prefque tous les habitans à embrafief
la religion mahométane. Mahomét II fubjugua entièrement
le pays en 1465. Les habitans font
des foldats très- braVes & très - courageux, &
ils exercent la profefïion de boucher dans toute
la Turquie. •
La Macédoine a pour borne? au nord le Neffus
ou Neftus j à l’orient l’Archipel > au rnidi lat
Theffalie & l’Epire } à l’occident ^Albanie. L a
forme topographique de ce pays eft très-irrégulière
, mais fa fituation eft admirable. L ’ air y eft
feréin , v if & falubréVle fol eft prefque par-tout
fertile j les côtes abondent en bléd, en Vin , en-
huile , & en tout ce qui peut fervîr aux befbins &
aux commodités de la vie > mais^ on y trouve
beaucoup de terreins incultes & inhabités. C e
pays a pluiieurs mines qu’on exploitoit autrefois *
& où l’on trouvoit prefque tolites lés efpè’ces de
métaux, principalement de l’or.
Ses golfes favorifent extrêmement le commerce*
Les plus remarquables font le golfe de Conteflai,,
le golfe de. Monte - Santo ,, le golfe de Salo.-
nique.
L ’Albanie comprend l’ancienne îllyrie grecque
& l’Epire, qui fut ajoutée à la Macédoine par
le roi Philippe.. Le nom d’Epire fignifie Terre-
ferme*
Cette province renferme les fangiacats de Scu-
tari d’Awlon & de Delftuo..
Remarque. Butrinto, Larta, Voinitza & Preverç
appartiennent à U république d& Venile* . *
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V ° . La Theffalie, ou Janna, '
La Theffalie, que les turcs nomment aujourd
’hui Janna 3 tire fon nom d’un dé fes anciens
rois j anciennement elle fut appellée Aemonia
d ’Aemon, père de Theffalus î Pelafgia de Pe-
lafgus, grand-père d’Aemon i Pjrrhæa de Pyrrha,
femme de Deucalion. Elle eft fituée entre la Macédoine
, l’Archipel, la Grèce propre ou Livadie
& l ’Albanie. Elle fut d’abord unie à la Macédoine
, enfuite elle en fut réparée, & elle y a été
réunie.
La nature l’avoit tellement enrichie de fes dons,
& le Pénée ( qu’on prétend être la Salampria d’aujourd’hui)
, dont les eaux font les plus limpides,
les plus calmes & les plus belles du monde, I’ar-
rofoit d’une manière fi agréable, qu’elle paffoit
pour le jardin des mufes. Cette province eft riante
& fertile, & femble devoir être préférée à toutes
les autres parties de la Grèce. Elle produit
des oranges , des citrons, des limons, des grenades,
des raifîns extrêmement doux , d’ excellentes
figues, des melons admirables, des amandes
, des olives, du coton, & c . Les châtaignes
tirent leur nom de la ville de Callanea eu Ma-
gnefie, & c’eft de-là que les châtaigners ont été
tranfplantés dans les pays froids de l’Europe. An-
ciennemest les chevaux* & les boeufs de 1 heffaiie
■ étoient célèbres : les theffaliens élevoient de fi
beaux chevaux & s’en fervoient avec tant d’a-
dreffe, que probablement la fable des centaures,
moitié hommes & moitié chevaux , n’a point
d ’autre origine.
Cette province ne forme qu’un fangiacat.
V I 5*. La Livadie.
On comprend aujourd’hui fous ce nom l’ancienne
Grèce propre, à laquelle ont appartenu
les petits royaumes d'Acarnanie , d’Aetolie ,
d’Ozoloea , de Locrîs, de Phocis , de Doris ,
d’Epiknémidie, de Boeotîe ( aujourd’hui Stramu-
lippa ) , de Mégare & d’Attique. C e pays fe
prolonge de la-mer d’ Ionie à l’Archipel. Il eft
fort montueux.
V I I0. La Morée,
La Morée eft une prefqu’ille qui tient à la
Terre - ferme ou à la Grèce proprement dite
par une langue de terre , nommee l’I/2Æme de Corinthe
, & célèbre par les jeux Ifthmiques qu’on
y donnoit en l’honneur de Neptune. Anciennement
elle s’appelloit Pehponncfe , & dans des
temps plus reculés Aegialea & Api a j eHe conte-
noit les petits royaumes de Sicyone , d’Argos ,
de M icène, de Corinthe, l’Achaïe propre, L’Arcadie
& la Laconie. On dit qu’ elle tire fon nom
d£ Morée du mûrier ( mom ) , foit parce qu’elle
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a la forme d’une "feuille de cet arbre, ou parce
qu’il y croît une grande quantité de mûriers.
A la paix de Carlowitz, les turcs cédèrent la
Morée aux vénitiens, mais ils la leur reprirent
en 171 c. On la divife en quatre dillriéls, favoir :
i° . La Saecanie ( Romania minor), qui comprend
les anciens diftriâs de Corinthe, de Sicyone &
d’Argos.
2°. Braccio di Mania ou Tzakonia comprend
l’ancienne Arcadie & la Laconie.
3°. Le Belvedere comprend l’ancienne Elide &
la Meffénie.
4°. Chiarenza^, Clarenza , comprend l'Achaïe
propre.
V III0. Les ifles de la Grèce,
Ces ifles qui entourent la Grèce > peuvent être
divifées en celles de l'Archipel, de la mer Méditerranée
, des environs de Candie & de la mer
dite anciennement d Tonie.
Les ifles de l’Archipel, autrefois mer E g é e ,
font les Cyclades & les Sporades. C e font de
grandes & de petites ifles , qui fe trouvent comme
femées au milieu de cette étendue de mer qui
fépare l’Europe de l’Afîe , & qui baigne au nord
& au couchant la Romanie, la Macédoine & la
Grèce, & au levant l’Anatolie ou Afie mineure.
Toutes ces ifles fontfoumifes à un feul beglefbey>
à l’exception de celle de Candie qui a le'fien
propre, & dont le gouvernement s’étend aux ifles
voifines. Chacune d’ ailleurs , èn général , félon
qu’ elle eft plus, ou moins confidérable , a fon pacha
, fangiac ou cadi particulier. Les anciens ont
appellé Cyclades les ifles qui forment comme un
cercle autour de celle de Delos, & Sporades
celles'qui, plus éloignées i font comme difperfées
dans l’Archipel. Elles font au nombre d’environ
57 , & on en trouve la defeription dans la géographie
de Bufching.
Les ifles de la Méditerranée font fïtuées aux
environs de Candie , ou dans la mer qui baigne
cette ifle. Elles font au nombre de dix. Voyez
Bufching.
Les ifles de la mer dite anciennement- d’Ionie.
On n’en compte que deux. Voyez encore Buf-
ching.
Pays d'Europe fous la protection de PEmpire ottoman
, dont ils font tributaires.
On diftingue d’abord les pays qui appartiennent
à des princes" chrétiens.
Ces pays font la Vaîachie , la Moldavie, dont
nous ferons deux articles féparés. Voye^ M o l d
a v ie & V a x a ch ie .
Outre la Moldavie & fa Valachie, ob compte
parmi les tributaires de l’Empire ottoman une partie
dé la Tartarie : mais il ne faut plus compter au*
jour d’hui, la- Crimée & le Cuban qui ©nt çaffe