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elle paroît toujours difpofée aux facrificés qu’exigent
les dettes & les befoins de l’union & de fon
état particulier. ?
Elle s’occupe des établiffemens qui peuvent lui
être utiles; & , Contenue par la génerofité St je
zèle de. fes: citoyens, elle ne craint pas les dé-,
penfés. Elle vient de faire tracer un canal qui
doit unir les eaux de la Sufquehànnah , St les conduire
dans la rivière Schuilkill flbrfqu’il fera terminé
, Philadelphie partagera avec Baltimore les
riches productions qui defcendront , dans peu
d’années, de toutes les branches de la Sufque-
hannah , de la Juniata & c .
Nous l’avons déjà remarqué avec inquiétude ,
la Penjÿlvahie3 la Caroline méridionale-, la Nouvelle
Y orck St Rhode-Islarvd ont'créé du. papier-
monnoie depuis la révolution j il Ce trouve déjà,
au-deffous du pair dans quelques provinces , St
c’ eft dans la Caroline méridionale St dans la
P enjylvauie qu’i l Ce foutient le mieux ; Nous avons
expliqué très en détail les avantages du papier-;
monnoie, lorfque le gouvernementle crédit 8é;
la pofition d’ uni état>permettent cette reffourçe;’
voye^ l’article Pa p ie r -MÔnNOIE ; mais le gou-,
vernement, le crédit St la position de la Penfyl-
vanie permettoient-ils d’employer cet expédient ?•
Nous avons dit à l’article Et a i s-Unis quel a
été pendant la guerre le' fort du papier-monnoie
du congrès 8t des diverfes provinces de l’union ,:
cette leçon n’ a donc pas été affez frappante! St
la Penjylvanie eft retournée à fes anciennes
habitudes. -
Les gouvernemens des colonies trouvoient ,
avant la révolution, qu’il étoit de leur intérêt
de fournir au peuple une quantité de papier qui
fut pleinement fuffifante, St en général plus que
fuffifante pour fair« lés affaires domeftiques. Quelques
uns de ces gouvernemens, celui de Penjylvanie
en particulier , tiroient un revenu du
papier de cours qu’ils prêtoient aux fujets à tant
pour cent d’intérêt]; St l’affemblée de cette même
province a jugé fans doute que li les circonftan-
ces né“ permettoient! plus de tirer un intérêt de
ee même papier, il feroit. encore, u tile , malgré
les inconvéniens qu’il fembloit offrir.
Mais examinons les fuites St les inconvéniens
de ce papier - monnoie. Les européens inftruits
l’ont blâmé d’une voix prefque unanime , St il a
excité les plaintes 8t la çenfiire des citoyens
d’Amérique les plus éclairés. Mi Payne, auteur
célèbre du Common ftenfe a écrit fur cette matière;
8c,: avant de rapporter fes obfervations ,
où Bon verra avec quelle fimplicité profonde 8c
quelle jufteffe admirable pn difeute en Amérique
les queftions relatives à l’adminiftration des états,
nous avertirons que fes argumens ne défignent pas
d’une manière affez particulière.le papier-monnoie
d’Amérique ; qu’il écrit avec lé zélé d’ un républicain
qui connoît mieux fon ^pays que. les autres
états ; qu’il ferqble envelopper dans la prof-
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cription générale les billets de banque reçus comme
monnoie dans quelques états de l’Europe ,
où là banque qui les délivre, offre des gages fûrs
ou du moins qui doivent l’être^ tandis que le
paplermionnoTe créé par les américains eft d’une
tqute autre nature ; il paroît que c’eft un papier
à la charge de fê t â t ,J dont le rercibourfement'
n’eft point fixé , dont l’hypothèque eft plus qu’incertaine
, 8c dont les intrigans 8c les fripons peuvent
abufer contre les honnêtes gens.
cc Je me rappelle, dit M. Payne, une efpèce
de fentence d’un fermier allemand , qui renferme
en très-peu de mots tout ce qu’ on peut dire fur le
papier-mpnnqie : l ’argent eft dé iargent , & le
papier du papier. Toutes les inventions de l'homme
ne peuvent rien changer à cela ; il faut que'
l’alchimifte abandonne fon laboratoire (k renonce"
pouf jamais à la recherche de la pierre philofo-
phale , s’ il eft poffible de métamorphofer le papier,
en or 8c en argent, ou de l’appliquer aux;
mêmes ufâgés dàhs tous les cas », J;:
v ,<c’ Le papier, çonfidéré comme matière propre-'
a faire dé l’àrgéht, n’a aucune dès qualités re*
quîfes’ pour çét objet ; il èft trop ^aboiidânt, 8?
d’une àcquifition trop fàcilé , puifqu’on peut fé
le procurer par-tout, 8c preftpie pour rien ».l
« Le feul ufage convenable qu’on puîffe: faire’
du papier pour tenir Heu d’ argent, eft d’y écrire'
des billets 8c des obligations de paiement en ef-:
pèc,es.,,Un papier ainfi écrit & figné, vaut là
fomme pour laquelle il eft dôriné , ii celui qui le
donne eft en état dé la payer, parce que, dan,s
ce c a s , la loi l’y obligera^ mais fi celui qui l’à
fouferit eft j infol vable , fon papier ne vaut pas
mieux que lui : en c'onféquenee, la valeur d’ un
tel effet n’exifte point dans la matière, puifqu’il
n’eft que du papiér 8c une promeffe, mais dans
la perfonne obligée de lè racheter avec de l’or ou
de l’argent »,7' ' ^V f '■ .■ ■ ' '. . ^7
« Lé papier, circulant de cette manière 8c pour
çer objet , arrive fans celle à_ la place 8c à là
perfonpe où 8c de laquelle l’argent doit être tiré ;
8c revenant enfin à fa fôurce , il'ouvre la caiffe
de Ion maître , 8c paie lé porteur ».
« Mais lorsqu’un état entreprend de faire une
émiffion de papier comme argent, il renverfe de
fpnd en comble l’édifice. de ja fureté publique,
& la propriété n’éft plus qu’un vain nom , puif-
que le propriétaire n’ en conférvè plus àucun'gage
certain. Il y a une grande différence entre des
papiers dçnnés 8c .pris de particulier à particulier
comme promêffé dé paiement , 8c des papiers
mis en circulation par un état comme argent:
cette dernière opération reffemble beaucoup à ces
fantômes qu’enrantérit la fuperftition 8c la crédulité
; de loin, c’ eft -quelque chofe , 8c de près ce
n’eft rien ». . ,
« ' Quant au b‘ef ‘ axîôme qif un peuple vertueux
n’a befôin ni d’ôr rii d’argent, c’eft le propos
d’un hypocrite ou d’un romancier ; l’expérience
“ rien
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n’en a que trop démontré la fauffeté. Quelque
penchant qufc puiffent avoir les belles âmes à voir
les chofes fous ce point de vue , il n’en eft pas
moins certain que les fripons ont toujours tenu ce
langage ».’
« On a prérendu juftifier l’émiflion du papier-
monnoie , en difant qu’ elfé étoit néceffitée par
la rareté de,l’or 8c de l’argent ; mais cette difette,
bien loin d’autorifer une telle mefure , devoi; au
'contraire la proferirerj».
« L ’or 8c l’argent netant pas des productions de
l ’Amérique feptentrionale, font par cette raifon
même des articles d’importation , 8c l ’établiffe-
ment d’une manufacture de papier - monnoie ou
argent ne peut fervir : s’il fert à quelque chofe,
c ’eft à repouffer (’importation desefpèces, ou aies
faire refiortir de l’état aufti promptement qu’elles
y feront entrées. On voit par-là que cette méthode
ne tend qu’à nous dépouiller progreflive-
mènt de tout l’or 8c l ’argent monnoye qui eft entre
nos mains, 8c par conféquent à empirer de
plus en plus le niai au lieu de le guérir». ,
ce Quant au droit que peut s’arroger quelque
état de donner au papier-monnoie, ou de toute
autre dénomination quelconque, une obligation I
légale, ou, en d’autres termes, une force coac- !
tive de paiement., _ c’ êft une entreprife des plus
audacieufes. du pouvoir arbitraire. Un tel droit
pe peut exifter dans un gouvernement répübli-1
câin. Une autorité de cette nature détruit toute
liberté’ de propriété , de-fureté ; tout comité qui
fe chargera de faire un rapport tendant à cette
lin ; tout député qui en fera ou fécondera la.motio
n , mérite qu’on lui faffe fon procès, & doit
tôt. ou tard s’y attendre ».
. ce De toutes les différentes fortes de monnoies
<de bas a lo i, le papier - mopnoie e f t , fans, contred
it, la dernière 8c la plus vile. Parmi toutes
celles .qui r peuvent remplacer l’or 8c 1 -argent ,
il n’en eft point qui ait une moindre valeur in-
trinfèquè. Celle d’un clou ou d’ un morceau de
fer quelconque lui eft infiniment fupérieure, 8c
ces objets feroient infiniment plus fufçeptibles que
le papier de la force, coa&ive qu’on prétend donner
à ce. dernier ». •
' «Si quelque chofe avoit ou pouvoit avoir une
Valeur égale à l’or .8c à l ’argent, on n’auroir pas
befoin de loi;coaétive pour lui donner cours, &
par conféquent toutes ces loix coaélives font ty-'
ranniques & injuftes, puifqu’ elle's n’ont pour but
que là fraude 8c l’oppreffion ».
. « Les avocats de c-es loix font pour la plupart
fies débiteurs' infolvables ou de mauvaife fo i , qui
veulent en profiter pour fe débarraffer de leurs
obligations , 8c voler impunément leurs créanciers,
Mais,’ 'comme aucune loi ne peut autorifer une
à&ioh illégitime , le meilleur parti à prendre dans
lè cas où des loix ; aufti extravagantes auroient la
fânâiôn de quelques afferriblées , feroit d’inftruire
, lé procès de ceux qui en auroient fait ou appuyé
polit. diplomatique. Tom, l l î .
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la propofition , 8c de les punir de mort en
mettant le débiteur 8c le créancier dans la même
fituation où ils étoient refpeétiyement avant l’en-
régiftrement d’une loi contraire à tous les principes
de l’équité naturelle 8c civile. Il n’eft personne
qui ne doive frémir à l’idée feule d’un tel
excès d’audace 8c d’injuftice. Tant qu4un projet
de cette nature ne fera pas proferit pour jamais
des Etats Unis fur la réprobation la plus générale
, la plus authentique 8c la plus éclatante ,
c’eft en vain qu’on parlera de rétablir le crédit
national, oü qu’on fe répandra en lamentations
fur l’impoffibilité d’emprunter de l’argent à un intérêt
légal ».
« Quant au papier-monnoie, fous quelque point
de vue qu’on puiffe l’envifager, ce n’eft tout au
plus qu’une vaine chimère ; mais, en fuppofant
qu’on le confidère comme propriété, n’ eft il pas
déraifonnable de fuppofer que le fouffle d’une
affemblée, dont l’autorité expire avec l’année ,
puîffe donner au papier la valeur 8c la confiftance
de l’or ? Elle ne peut même garantir que l’afferq"
blée prochaine ne le reçoive pour les taxes ; mais
l’exemple (car l’autorité eft nulle dans toutes ces
opérations ) ; l’exemple , dis je , d’une création
de papier-monnoie'ordonnée par une affemblée,
peüt engager une autre affemblée à en faire autant
; 8c cette imitation fucçeffye portera les
chofes au point de ruiner fans vetoijr la confiante
8c le crédit, à l’époque même où le décri général
de ce papier fêta fentir , mais :trop tard, le danger
de ce funefte expédient ».
La queftion n’ eft pas analyfée dans le morceau
que nous venons dé tranferire : pour la, réduire
d’une manière plus exaifte , nous demanderons fi
les républiques qui ont créé du papier-monnoie ,
n’ont pas donné un gage trop incertain de fa
valeur ? .fi , dans l’état aÇtuel des chofes, . fa dépréciation
n’ eft pas inévitable ? s’il n’entraînera
pas des pertes pour une multitude de citoyens
qui auront plus de fimpliçipë 8c de bonne foi que
d’adreffe? s’il n’enrichira pas des intrigans 8c des
calculateurs peu délicats ? fi c’eft un bon moyen
de rétablir le crédit des provinces? fi la liquidation
ou la déroute de ce papier-monnoie ne laif-
fera pas une tache ? s’il convient de faire un arrangement
peu équitable, pour des avantages de
circulation momentanés ? fi les'échanges rie rerm-
: placent pas les achats 8c les ventes lorfqu’on
manque de rrioiinoie ? Si la circulation du papier-
mondoie offre donc de fi .grands avantages? &
' quels font réellement ces avantages ? s’il ne faut
pas toujours fe foumettreàla néceffité , renoncer
aux avantages que les circc-jftances ne nous permettent
pas d'obtenir, 8c attendre des momçns
plus heureux ?
. Nous avons parlé , en divers-endroits de cet
ouvçagé , de la -réponfe officielle qu’a faite-le lord
Ca/inarthen -aux remontrances, de M . Adams
touchant les poftes que retient l’Angleterre lur Iç
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