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qire le grand vifir fait porter à farinée ï d*ôû il arrive
v J que : ïàupe d'argent , Tés caifles vüides 3
maiY ëbuvëriës1 de riches tapis , fuivénri fouverit?
les trempes , font de tems en tems expofées
à la vile des foldats , comme, fi elles etoient remplies.
Machiavel qui ä écrit les refléxions dtir : Tite-
Live' polir, éclairer les' peuples Jde l'Europe'’fur j
les vices de leurs conlHtùtions &'dé leûr'difciplinè j
militaire , & les régénérer' pa’r lés exemples des !
romairis 7 ne loue tien d e c ë : qui fe pàlïoit alors
en Europe , fi ce n'eft Soliman -& la valeur &
la difeipline des turcs. Mais les chofes font bien
changées., ; 7 ’
L"armèe ottomarfne n’infpire plus aujourd'hui
àux puiflancës voifinès dés états' du grand fëi-
gneur la terreur qu'elle infpira jadis. Elle ignore
la ta&ique & ne fait' rien des difpôfitiorisJ qü'ii
faut prendre fort dans l'attaque foit datis la dé-
fenfe , pour que les, divefs corps puiffent fë fou-
tënrc efficacement. SI elle a le malheur d’être ré-
pouflee avec perte au premier choç , ce troupeau -
d'efrhves ou de guerriers fe <^i£ïipe. On fait que j
dans'ï'ét’é de 1774 les tfoupës ottomanes , fur- '
tout cellé's: d'Afië 3 qnt réfufé ; do Combattre les i
ruifes. 46^606 hommes conduits1 par lé Rèis-Ef-
fendi contré les généraux Kameriskoy & Suwatrbw, ,
fe font débandés fans coup-férir, & ont abandonne
fe camp aux ruffes. Un des principaux
vices que * l'ori obfervë à l'armée ottomane , c'eft
la trop‘ grande quantité de bagages $ nous en j
avdns parlé plus haut. Les fpahis’ emniènëht :àj
l'armée uri‘grand iriombre dé chevaux de bat 7 & ;
c'eft pour cette raifort qu’ris n aiment à eptrér1
ën cainpagnë!,que lorfqu'ils pôûrront avoir dès
iourages verds. r
Les troupës ottomanès entrent en campagne
aux mois d’avril ou de-mai., &- la fimflent dans.,
le mois d'oâ&bre. C e font fur-tout les troûpès j
d'Afie qüi réfutent de tenir pl us'long-temps. C 'en \
p ouf cette ràiten-qu’ëh 1^69 le grand-vifir fut |
obligé ^abandonner Çhocz,irrt '$ dans l’hiver de |
1773 à i774df^voit fait, l’impofiiblé poür rétenir »
l'armée j mais un grand nombre le quitta. L'entretien
de l'armée ëft un- grand objet de follici-
çitude pour les chefs 3. puifque la moindre difette !
de vivres occafiohne des foulevemens. Lés janif-
fairés exigent toqs les jours dü ’riz y de la viande 3
do l'huile' & Hii'beùrro1, ^ y céqui ëft fingulier,
du pain frais auff? long-temps qu ils. font fur le;
territoire du grand - feighèur. Pour cette raifon
on prend toutes les précautions poffibles pour
approvifionner l'armée. La Crimée lui fournilfoit
la plupart des vivres" lorsqu'elle étoit en guerre
avec la Ruflie ; mais-cette grande reffource mari-
que aujourd’hui à l'armée ' du grand feigneur..Il
eft encore à remarquer;3 qu’on voit beaucoup de
chiens à l’armée; Ces Animaux fortent du camp ,
fe répandent dans la campagne , & infeftent les»
environs.
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Lefa'metix comte de B'onnevàl entreprit dé
diteipîirier les troupes de l'Empire ottoman , de
les hiettre fur lè pied autrichien & de changer
la manière de faire la guerre : mais il y trouva
des difficultés infurtaontables , & à fa mort tout
ce qu'il avoit fait, fut aboli : fon régiment, quil
avoit chôifi dans toute l'armée, & exercé aux
manoeuvres autrichiennes avec une peine incroyable
y'fut incorporé dans les autres'corps qui
hé pôüvoient le fouffrir. Dans les dernières années,
des offitièrs ffançois & ànglois ont entrepris la
même réformé , mais avec auffi peu de fucces.
Comme l’agriculture a beaucoup diminue en Turquie
, o,n eftime que l'àpprovifionnement de grains
doit être préparé plufieurs années d avance,
lorfque T'ëmperetir projette une nouvelle ^guerre»
Le comte de Bonheval, , dans une inftruétion politique
qu'il doit fvoir laiffée fur la meilleure manière
'de gouverner l'Empire ,éngagè^ îà Porte a
ne pas fongèr à de nouvelles conquêtes j. il conte
ille- , dit-on , de s'abftênirde toute-guerre avec
lès puiflançes voifinès , & il fe borne £ recom-
mander la confervatioh des pofleflions' actuelles,
en s'appliquant à en tirer, un- meilleur parti.
C'eft le fuItan Mahèmët H qui, a jette les'premiers
fondemens dé la mariné , chéz les turcs- >
& 7Sélim l'a mife fur un meilleur pied. Selon le
comte de Marfilli, elle eft compofée de bati-
mens à voîfes & à râmés^, & d'àutresva. voiles
feulement.-‘Une partie des vaiflèaux de la première
claffe eft conftruite & équipée pour le compte
du tréfor impérial, dans l'arferiàl du fauxbourg de
Gaîata â Conftântinople 1 Une autrepartie ëft fournie
par lesbeglerbéys, lés bëys, lès faims & jestimario«
tes qui commandent dans des provinces maritimes*
Selon le même comte Marfilli, il faut 16,400 hommes
d'équipages ÿ compris n 500 rameurs pour une
flotte ,dë 60 galères & de 6 galéaffes. Le capitaiv
;pacha: êft 1 amiral, & cômme d'ailleurs les turcs
n'entendent pas la marine & l'art des cônftruerions
nayalqs , ‘ leurs forces ne font pas cotifide-
râbles fur meri ^ ‘ ' 'C f , ' ’ '
Selon un état envoyé derniéremerit ae Conf-
tantinople la mâtine ottomane eftxompôfee de 13,
vaiflèaux de ligne, 4 frégates, 3 barquettes longues,
3 corvettes ., 7 galljotes & 17 .avîfos : il y eh
avoit 9 'à Gonftantihople , z dans 1 Archipel , 1
à, Satalie , & T à lAlexandrie. On conftruifoit a
éoTTftantinoplé' 3 vaiflèaux, dont deux de 74 câ-
hon^ 7 & 4.à‘Metèliho .& à Buttu.' | ' 7 .
Les vaiflèaux de ligne en état de fervice etoiënt
tout au plus au nombre de dix. 11 eft Vraiqu en.
tems de guerre les régences d 'Alger, de Tunis
& de Tripoli , ain.fi. que le Caire , font obliges
(^e fourhft au grand-feigneur plufieurs vaiflèaux
armés & écuipés i Alger doit ë n donner 4 ,
Tunis 3 êc Tripoli 3 , depuis 4P jufqu a 44 canons y
& le Caire 24 de co canons , chacun de 600
■ hommes. Les frégates les éàlèrps & les gahotesj
ces dernières font des bateaux, ne portent que queT
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ques Canons, 8c ne fontguère propre^qu’à la cour- I
fe. On comptoir autrefois trois efpeces de vaiflèaux
de guerre , favoir de 100. jufqu'à 160 canons >
de 6 6 , & de 36 à 48. L'équipage complet d'un
vaifleau de 16© canons eft de 1300 leventi ou
foldats mariniers, & ë e 100 matelots grecs j celui
d'un vaifleau de. 66 Canons , de 850. hommes ,
& celui de 36 à 48 canons de 230. On ne conftruit
plus de vaifleau de 160 canons à caute de la difficulté
de la manoeuvre, 8c on donne aéiuellement
la préférence, aux vaiflèaux de 70 canons.
Revenus.
Les revenus publics forment deux trefors, félon
le prince Gantemir. Le tréfor de l'Empire eft fous
la garde du.tefderdar - baefia , qui préfide à 12
chancelleries où fe portent tous les tributs 3 péages
& autres revenus de l’Empire , & d ou le tire
la paye de l'armeë. Le grand-tréforier jouit du 20e
d'une grande partie de ce qui entre dans le tréfor» &
fa place lui vaut par an plus de 800,000 liv.vdont
il cède le quart au kietchudabeg ou kiechaja, qui
eft le fubftitut du grand-vifir & au deflus du^grand-
tréforier. L ’argent de ce tréfor , ^appelle 1 argent
public des mufulmans, ne peut être , dit - on ,
diverti par l'empereur que dans h un prenant
befoin, beaucoup moins peut - il etre employée
pour fes intérêts particuliers. C'eft le cas de répéter
i c i , que lî le fultan ne craint point de ^révolté
, les réglemens ne peuvent point arrêter
fa volonté arbitraire. Il a fon propre tréfor , dont
il peut difpofer à fon gré , & qui eft fous la garde i
du Hafnadar-bachi, le premier'officier du palais
ou férail du fultan, après le kiflar - aga- Le prince
Cantemir aflure que de fon tems il entroit tous les
ans dans ces deux tréfors vingt-fept mille bourfes,
ce qui fait treize millions & demi de rixdalers,
& environ 60 millions dé nos livres. Selon le
comte Marfilli, il y à quatre :caifles a Conftanti-
nople>pour les revenus de l'état. La première, eft
le tréfor de l'Empire qui eft confie au grand-tre-
forier , & dont les revenus annuels étoient, a l e - 1
poque où il â écrit, de 147,31 bourfes. La fécondé,
deftinée aux dépenfes de la guerre ou du fejour
du fultan à AndrinOple;, étoit annuellement de r i 39
bourfes & demi : la troifième eft celle de 1 empereur
&pour fes menus plaifirs : les tributs que
payent le Gairé & la république de.Ragutey de
même qûe les princes de la Valaehie & de la
Moldavie, dont le grand - vifir s'approprie une
bonne partie , & les biens des miniftres^ d état
morts ou dépofés , - forment1 cette caiflè evaluee
à 4963 boiirfes & demie de revenus fixe.^ La quatrième
reçoit tout ce qui eft confacré à l'entretien
de la ville de la Mecque, favoir, 821 bourfes.
Enfin le prince Cantemir évalue à 8137 bourfes &
demi ce que les p.afchas -, les b eys , les zaims &
les rivrtariothes reçevoient. Il faut obferver que
depuis Mahomet Y les revenus de l'Empire ont
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confidérablcment augmenté fous ce régne. Le mat-:
quis de Ville-neuve, ambaffadeur de France, donna
desidées au grand-vifir d’une adminiflration des finances
plus avantageufe ; on augmenta les anciens impôts
, & péages, qn en a établi des nouveaux, particulièrement
fur l'entrée & la fortie des marchan-
difes-: on prit des mefures & on donna des ordres
févçres pont empêcher la contrebande. Cette
opération '-y emmultipliant ljes revenus de l'Empire
a contribué à le dépeupler ;■ pareeque les impôts
mal affis,, lèves' & répartis arbittairement arrêtent
toujoursJa population. Les monarques turcs mettent
généralement leur gloire à laiffer après eux de
grands tréfors, & il y a lieu de croire qu'aucun
fouverain , le roi1 de Pruffe excepté peut-être,
n'elt auffi riche qu'eux en argent comptant. Les
g r e c s & fur-tout ceux de Conftântinople <^u'on
évalue à:3PQ,«50:milles âmes , font obliges de
payer par t ê t e à un certain âge , une capitation
qu'on appelle,chayatfch de cinq piaftres. Ceux qui
ne la payent pas font emprifônnés jufqu'à ce que
le tribut foit acquitté. Les marchands payent
les taxes en proportion de l'étendue de leur commerce.
Les arméniens , qui font plus nombreux
encore que les gre c s , acquittent auffi des contributions
confidérables. Les chrétiens qui font
fous, la proteélion d'un ambaffadeur ou d’un con-
fu l, font exempts, d'impofitions. On évalue aujourd'hui
à .2.0 millions de' rixdalers les revenus
de d'Empire ottoman » mais toutes ces évaluations
.r.o.us paroiffent bien imparfaites, s & lorfque nous
! les rayons rapportées dans le cours de cet ouvrage ,
c'eft: moins parce que. nous comptons fur leur
exaàitude, que pour donner une idée des,objets
i fur-lefquels on les a formés. Les droits dédouané
paroiffent très-moderés en, comparaifon de ceux
qu'on paye dans d'autres états. On re paye, communément
que trois pour cent,.d apres la déclaration!
du propriétaire 5 mais nous ferons plus bas
une remarque qui achèvera dleclairçir ce point. Le
-£bmmèrce eft aélif dans prelque:tous les ports
ottomans ; il eft permis- d'y entrer avec prefque
toutes les marchandifes quelconques & de les y
débiter. Ceux qui trompent dans, la déclaration
des droits de douane , payent le double des
droits.
S e c t i o n V
Du gouvernement j & remarques fur ïadminijiraùon t
: les tribunaux & les toix de l'Empire ottoman-
■ Le grand-feigneur eft.maître.abfolu de fes états : on
a voulu dire le contraire & citer des lo ix , des ré-
gleimens & des ufages qui mettent des bornes à fon
pouvoir. Que les toix , les réglémen.s & l'ufage
arrêtent en général fon defpotifme, nous en conviendrons
j niais quoiqu.en difent les voyageurs
.& les écrivains Superficiels, il n eft jamais contenu
que par la crainte d une révolté., & dans tous
les c a s , il a mille expédiais pour arriva à f e