
gés , il en réfulte que le public fait une perte inef-
timable. On remarque que la populace napolitaine,
quelque violentes 8c nombreufes qu'aient
été les infurre&ions auxquelles elle s'eft portée,
a toujours refpetté cet établiflemenr comme un
depót facré.
S e c t i o n t r o i s i è m e .
Des tribunaux de l 'administration , des forces de
terre & de la marine du royaume de Naples.
La divifîon du royaume en douze provinces ,
appeliees Giuftifurati , qui eft encore ufitée de
jours , s attribue ordinairement à l'empereur
Frédéric II ; mais elle ne vient pas de lui feul
puifque Charles I d'Anjou , Alphonfe Ier d'Ar-
ragon & Ferdinand le catholique y ont aufli eu
part.
Il n y a que deux claffes d'habitans dans ce
royaume ; celle de la noblefle & celle du peuple.
Le clergé n'en forme pas une particulière.
On ne confère des charges publiques qu'à des
membres de l’une des deux claffes. Au parlement
le clergé n'a pas de place diftinguée j & lorfque
quelquefois on y invite des prélats, ce n'eft qu'à
titre de feudataires.
Les aflèmblées générales ou parlemens font convoqués
tous les deux ans dans la capitale. Elles
fe tiennent dans le couvent des Francifcains près
de l'églife faint Laurent : on y délibère fur le
don gratuit qu’oti accorde au ro i, & qui a plusieurs
fois paffé la fomme d'un million roo mille
écus*
Les colleges royaux, chargés du gouvernement,
font le confeil d'état, compofé de neuf confeil-
lers & de quatre fecrètaires 5 le confeil de guerre
& de marine 5 le confeil de la Sicile ; le tribunal
royal de fainte Claire 5 le magiftrat royal du commerce
j le tribunal de la grande cour de juftice
delà vicaireriej le tribunal des affaires eccléfîaf-
tiques.
C e qui regarde les tribunaux de judicature doit
Je trouver dans le dictionnaire de Géographie ;
nous remarquerons feulement qu'en 1754 le roi
Charles établit dans tout le royaume un nouveau
code de lo ix , qu on appelle codex Carolinus.
■ L faut obferver que les napolitains fe font toujours
oppofés à Ietabliflement de l’inquifitijon
fur-tout fous le règne de Charles-Quint, de Phi-
|LpkPe . n > Tde ^ ih p p e I V , de Charles II 8c de
Charles V I ,- 8c qu'aucun bref ou décret du pape
i>e peut s y publier 8c n'y a de valeur, qu'après
avoir obtenu l’exequatur du roi.
L'ordre de chevalerie de S. Janvier fut fondé
en 1730 par le roidom Carlos, & a pour marque ,
I .mage de ce faint , attachée à un ruban onde I
couleur de chair, placé en forme de baudrier de
droite a^gauche. Les chevaliers portent d'ailleurs
fur cote gauche .de la poitrine une plaque bro- |
dee en argent. Le roi eft le grand-maître de
I ordre.
Les troupes de terre confident, félon M. Grof-
le y , en temps de paix en 40 à yo mille hommes
environ , 8c il y a plusieurs régimens fui (Tes. O»
dit qu'avant l'adminiftration de M. le chevalier
ACton, la marine étoit compofée de deux vaif-
feaux de guerre de 60 canons , de 4 çhebecs de
, 2Q Ct}nons & de galeres ; mais ce minillre
s eft occupé de cette partie avec tant de zèle, 8c
a fait un fi grand nombre de conftru&ions, que
la marine de Naples efl aujourd'hui beaucoup
plus confîderable. N e pouvant pas compter fur
1 état que nous avons, nous ne le donnons pas
au public.
Il y a dans le dictionnaire de Finances un long
article fur les revenus 8c les impofitions du royaume
de Naples, & nous y renvoyons le leéteur.
S e c t i o n q u a t r i è m e .
Remarques fur les avantages du 'royaume de Naples
, fur les réformes dont i l parole fufeeptible.
S'il eft en Europe un état qui puiffe fournir
les cnofes nécelfaires à la vie 8c au lu xe, c'eft
le royaume de Naples : la nature y a raflemblé
toutes les productions des trois règnes , dont elle
a favorife ce continent, dont les hommes fe
font fait un befoin , ou à la poffeflion defquelles
ils attachent du plaifîr : elle y eft aufli variée à
tous égards, qu'elle l'eft ailleurs dans une longue
fuite de pays.
De leurs ports excellens 8c nombreux les habh
tans peuvent gagner en peu de jours les contrées
du levant, toucher a l'Afrique, aborder en Ef-
pagne 8c en France;^ 8c, s'ils le vouloient entreprendre
avec le même avantage que les autres
nations, le commerce des deux Indes.
Aucun pays, dans le monde , n'eft plus fertile
en toutes fortes de grains. 11^ y a des vins en abondance
, 8c qui pourraient être délicieux comme
ils le furent jadis j il abonde en excellens chevaux
, en gros bétail 8c même en moutons, principalement
en toutes fortes de gibier 8c de volailles
j par conféquent en viandes , en laitage,
en cuirs, en peaux, en poil, en laines. Riche en
foie, en huile 8c en toutes fortes de fruits 5 il
récolte des chanvres, du lin, du coton , de la
manne, de la régliffe , 8c toutes les efpèces de
Iegumes. On n'a qu’à ouvrir la terre pour y trouver
des métaux. Ses bois , fes marbres , fon fou-
fre , fon alun, fa pouzzolane, 8cc. 8c jufqu’à fes
la v e s , font des branches de commerce : *1 exporte
du miel, de la cire , les mouches can-
tarides , des oranges 8c des limons en nature >
des eflences 8c diverfes pâtes parfumées. Et ,
comme fi la nature eut pris plaifîr à enrichir
ce pays de tous fes doxjs, il n’eft pas de mers
"plus poîflonneufes que celle des Deux-Siciles, 8c
l'on y peut faire du fel par tout..
Le royaume de Naples devrait donc être un
état agricole, marin 8c commerçant j il pourvoit
ê tr e , fous ces trois afpeéls, un état des, plus flo-
rifTans de l'Europe. Il veut être militaire, 8c il
n’eft rien.
Le premier vice fans doute, dit M. Roland
de la Fiât riere , eft l'arbitraire de l’impôt, qui de
plus eft prefque par-tout mal-aflis.
oc Le plus ancien, le plus conftaniment inégal,
eft le refte de la contribution des anciens feudataires
du royaume. Ailîs fur les biens titrés , 8c
prefque tous les biens-fonds le fo n t, on l'appelle
Ja taxe des barons, parce que,les barons poffé-
doient tou t, comme la noblefle pofiede encore
prefque tout ».
M. Roland de la Plâtrîere ajoute , félon un
calcul qui s'éloigne peu de celui que nous avons
donné plus haut : ccje feul royaume de Naples
contient environ 1000 ; terres titré e s, plus de
100 principautés , plus de 150 duchés, près de
200 marquîfats 5 une cinquantaine de comtés , 8c
près de y©o baronnies , fans compter les. titres
<jue le roi crée , 8c beaucoup d'autres perfonnels
qu'il donne , quand , comme 8ç à qui il veut.
C e t impôt féodal eft très-inégal dans fa répartitio
n , qui a. plutôt été faite d'après le crédit 8c
l'autorité, que fur l'étendue, la valeur ou le produit
des fonds ».
« Indépendamment de la taxe des barons, il
en e ft, d'autres plus dire&ement territoriales 8c
établies fur les revenus des pofîeflions, dont chacun
doit faire une déclaration exaéfe, fous peine
de confifcation : les moines mêmes qui, de tems
immémorial, avoient joui de beaucoup d'exemptions,
y ont été afîujettis. Mais on fait des baux
au-deffous-dela valeur, on y fuppléepar des contre-
lettres : on montre le bail , 8c la taxe s'aflied d'après
cette fupercherie».
« Ou fe plaint aufli beaucoup de l'arbitraire
djfis la répartition. Sans doute on peut objecter
aux plaintes contre cet arbitraire , même contre
la nature des impôts, les confeils , les bureaux ,
m les chambres établies à Naples 3 où l'on porte 8c
difeute l'un 8c l’ autre 3 mais je fais que quand le
miniftre v fon feerètaire ou fon intendant ont décide,
le confeil, le bureau, la chambre agitent
bien ou en ont l’air, pour fe conferver celui de
Futilité 8c de la dignité ; mais on tient à fa place,
à fa dignité , à fa penfion , à fon crédit ».
« La commune fe répartit d’autres impofitions,
dont le produit, fuivanti'inftitution , ne doit être
difponible par l’adminiftration qu’ en faveur des
membres de çette commune »>
« On crie encore contre ces impofitions, mais
bien moins contre^ elles p ro p rem en tm ’a-t-on
d i t , que contre les voies détournées qu’on fait
prendre à l’argent qui en provient; comme celui
deftiné à la c.onfe&ion des chemins, dont la taxe
COEçon» polit. & diplomatique» Xom» IH.
eft répartie fur les communautés, lorfque fou vent-
les chemins ne fe font pas j car ces dernières impofitions
11e s’appellent pas royales, parce qu’ elles
ne font point cenfées entrer dans les' coffres du
roi. Les miniftres n’ont cependant pas befoin d’employer
de grands moyens pour en changer la def-
tination ».
« C'eft: la municipalité, fous la main du mi-
niftère, qui fournit à la ville de Naples le bled
8c toute l'huile néceffaires à fa confommation,.
Quand ces denrées renchériflent, on en défend
l'exportation : il faut bien qu’ elles refluent à Na-
pies j elles diminuent de prix , fouvent elles tombent
au plus bas. L ’adminiftration les vend toujours
au même prix : maitrefîe de fermer ou d’ouvrir
la porte a fon g ré , il en réfulte un moyen
fur de gagner beaucoup d'argent j 8c de décourager
en même- temps beaucoup l ’agriculture ».
cc On ne peut rien extraire de ces objets qu'avec
permiflîon 8c en payant : on ne l'accorde que
jufqu’à telle concurrence ; c'eft au plus diligent ,
au mieux protégé , ou à celui qui finance- davantage
qu'appartient ce droit ».
« Si l ’on n'excédoit pas de beaucoup ces per-
miflîons, 8c qu'oi. ne fit pas la contrebande d'ailleurs
, en trompant la vigilance , ou Coudoyant
la baflefîe des employés , ce pays que tant
de gênes ont rendu miférable , le, feroit bien,
davantage. On poufife plus loin le fyftême des pro-
hibitions , à l’ égard des chevaux 3 8c c’eft en outre
plus encore au préjudice du fife même. La Bafi-
licate, 1 Abruzze , la terre de labour en produiront
d’une encolure particulière 8c belle, 8c d’ une
vigueur rare, à laquelle celle des chevaux de peu
de pays eft comparable. Il eft beaucoup de per-
fonnes fans doute qui tiraient leurs attelages de
Naples, parce que .ces chevaux font jolis 5 mais
l’extraélion en eft févér.ement défendue ».
« La manne pourrait faire un objet de culture
8c de commerce cohfidérable pour la Calabre ,
fi le trafic étoit libre 3 mais le roi fe l’appropriant
a un prix qu il y met, tout moyen d'encouragement
eft détruit 3 8c fans l’efpoir d’en efeamoter quelques
parties aux yeux de lamalîôte , pour la faire
paffer furtivement fur les batimens qui voguent
fur fes côtes , on en récolterait beaucoup moins
encore. Il en eft de même de la foie, dont Naples
accorde ou refufe à fon. gré l'excraélion ;
encore, faut - il que ce foit toujours par Naples
qu’ elle fe fafle, lors même qu’on le permet : il
faut donc que cette foie, embarquée quelquefois
fur le golfe de Venife ou celui de Tarante, faite''
f e tour de la Calabre, arrive à Naples , y foit
déchargée 8c rechargée après les droits acquittés ,
pour être-portée enfuite à Livourne, à Gênes ou
en France s il faut rifquer les avaries , les échoue-
mens, faire doubles frais, 8c perdre du temps
fort inutilement ».
ce Les lames, dont il feroit facile de décupler
1 la quantité j dont on pourroit avec quelque foin.
D d d