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cipes qui démontrent eombién :e ft :étr-oiteTu*non
de:Ja politique avec la; morale : 'il faut en . conclure
i ?. que1 fans les moeurs , les loix font inutiles,
& qu'on n'y obéira.pomt j 2°. queçce,.font
les moeurs domeftiques qui font les moeurs publiques
: 30. que la vertu feule peut rendre un
état conftammeiit heureux. & floriffant : 4^. que
d'ambition', l'injuftioé , M'intrigue y l'artifice, les
r-iehefles, la;force ,1 a : violence: peuvent procurer
quelque ftiçc.ès 3 mais que ce .fuccès: eft paf-
'fager , ■ 8c n’a que: des fuites funeftes : y°. que
la politique n'eft ûne.fcience fûre & facile, qu'au-
tant quelle eft fondée fur ces- principes : .6*. que
celle qui s'occupe au-dedans à combattre tantôt
un vice, tantôt- un autre, à tromper le citoyen,
ou à le gouverner par la crainte , ne.faujroit-, quelque
aéiivité qu'on lui donne, fuffire:aux befoins
de la fociété •: ,7?-. que' quand les citoyens dune
république font .»parvenus ;à, aimer leurs devoirs,,
il faut tâcher de les leur faire aimer davantage ;
ne poir.t ferepofer, parce que les pallions .qu'on
■ a à combattre ne Je répofent jamais : 8®. ,^ue
commeon p'eft jamais affezvértuè.ux,attendu qmon
n'eft jamais trop heureux, qui s'arrête dans le chemin
de la vertu a déj 1 reculé; fans s'en app.er.oe?
voir que' toute maladie d'état s'annonçant par
quelque fymptôme, il >ne_ faut pas attendre qu’elle
loit formée pour. y.apporter du remède, -pouvant
y en avoir qui feront incurables en nailfant :
100. que le s ’ plus grands ennemis des hommes
étant leurs pallions -, il faut en connaître la marche
four de 8c tortueufe., afin de ne pas être.lur-
pris "dans fes afpixations ,? comme un général qui
néplrgeroit de is’ inftruire des iqouvemens de fon
ennemi- : 1 1:°; que-l’homme id'é'ta.t qui dirige une
république , né doit compter fur fes allié?, qu'au-
tant'qu'elle lui fait.du bien , Sc qu'ils peuvent
fe confier à fæ juftice ■ -& à foncourage : 11°. enfin
que c'eft aimer, fa..* patrie 8c la-feryir utilement,
qu'aimer tous les hqmmçs & leur-faire du
bien»
P O L O G N E ; , contrée de l'Europe
avant le-dernier partage., ■ cet é ta t, cm y - comprenant
les provinces . incorporées, é.tqit borné
au nord & a i'oft' par l'empiré de Ruffie 8c. la
Prulfei au-fud , par la Turquie , la irânfylva-
nie , la Hongrie ; i l'oUeft , par l ’Allemagne ;
i l . fouchoit vers, le nord, & -l'oueft à- la mer Baltique
: on évaluoit fa furfjêe à environ 13,400
milles quartés géométriques ; nous indiquerons
plus bas d'une manière pfécife les portions, qu'en
ont détachées, la Ru (fie, la Prune & la maifon
d'Autriche.’ : ~
Nous avons fait un article.particulier fur le
grand duché , de Lithuanie -, 8c npus nous bornerons
ici i ° . à .des recherchesfur l'origine 8c.les
yévolutions du gouvernement.'de la Pologne ',: 2®.
nous ferons des remarques fur la dernière guerre
| jy i lç , ftu- le partage 4 e lit & fu* les
phangemetts ;faits: à la-eo,nftitution 4 e ce pays ï
30.’ nous, parlerons...des portions échues à chacune
des trois puilfances : 40. nous; traiterons du. gou--
vernement aétuel de la Pologne , & nous ferons
des remarques fur ce gouvernement 50. noiis
parlerons dès finances, du commerce & .de l ’état
de l'armée,-1 6°. du trifte écat de la Pologne , des
diyerfes çlaffes d'habitans , de .la fervîtude & dé
fes fâcheux -effets, de la population, &c»
S E Ç T I O fr P R F M I ,E. R B.
Recherches fur l'origine .& les révolutions du gouvernement
de la. Pologne» flic s çàufes de Taffoi*
hlijfement du pouvoir de fes rois , tV de l‘éta->
. bliffement d'une monarchie entièrement éleSivê.
L'hiftoire de la Pologne ne commence à acquérir
quelque clarté 8c quelque certitude'que
fous la fécondé race de fes rois : car ce qu'on
raconte de la première ou de la race de Lesko ,
8c même de la fécondé ou de. celle de Piaft ,
n’eft guère qu’un tiffii de fables. Les polonois
étoiept encore payens , barbares , .8< fans aucune
connoiffançe des lettresv.Ce ne fut que vers là
fin du dixième fiècle, fous Miciflas I I q u 'i l s
commencèrent à être connus des nations voifines,
dont les hiftoriens. entrent dès-lors dans quelques
détails fur ce qui. les concerne.
On a difputé fur. la forme du gouvernement
adopté en- Pologne fous cette fécondé' race de fes
rois. Les uns ont cru qu’ils étoient éleél'ifs , 8ç
que’ leur autorité étoit. très-linvitée 3 d'autres'pen-
fent au contraire qu'ils,-éj,oient héréditaires, &
que leur, pouvoir étoit prèfqüe abfoju. On peut
concilier ces deux opinions 1 fi i'ôp, ôbferve que
la couronne pouvoit être jugée héréditaire , parce
qu'elle fe perpéxuoit dans la même famille. Ellé
paroiffoit éleètive, parce, qu'a la mort du monarque’,
fou fucceffeur étoit. reconnu & proclamé
dans l'affemblée -des.états eje la nation, A l'égard
du degré .d'antor.itéi dont il jou iffo it, il varioit
beaucoup fans, doute , 8c dépendôit des circonf-
tanc.es, & fur-tout durboniicur 8c de la capacité
du prince.
Vers la fin de cette fécondé race } Cafimir le
grand vint à bout de jéduire dans de juftes bornes
J'autori.té turbulente" &r. opprelfive des grands^
de fon royaume , ’ accorda divers privilège?
à- la noble fié du Tecoyd .„ordre* Mais ‘Louis de
Hongrie, fon neveu & foiî- fuccefieur, étoiti
étranger,, & il ne;put.obtenir la ,ço.uronne'C]u'en
foufqrivant.à une diminution de pouvoir, qui dé-
truifit bientôt l’ouvrage .de Çafimir.' Ç è prince
ne-laiffa point dé fils. Les pojbnois ne voulant
point l’empereur Sigifmond'fôn gendre pour roi
appellèrenç. au trône Ladifiâs Jkgello'n , duc
dé Lithuanie, qui',’ en acceptant'ce bienfait K
ne pouvoit refufer de'fojLifcrire , comme fon pré-
4çcç.|TeHr ? conditions qu'ôn- y 'attachoît,
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en particulier à celle de ne peint ïmpofer de '
taxes à,la nation fans fon confentement. Ses fuc-
ceffeurs cédèrent la plupart des droits de la pré-
rogativè royale, pour obtenir des fubfid.es de la
noblefife. Enfin, fous l'un de ces princes de la
maifon de Jâgelbn , les grands qui afpiroient depuis
long-temps au droit de choifir un roi à leur.
g ré , obligèrent Sigifmond - Augufte en 1 y 50 à
fouferire la loi qui donnoit à'da nation le droit
illimité d'éleétion à chaque vacance du trône -, Sc
ce prince n'ayant point d'héritier mâle, cette loi
qui eût pu être éludée par un proche parent , eut
fon entière exécution.
C'eft ainfi que la couronne de Pologne devint
éleétive fans aucune réferve, & que cette nouvelle
forme de gouvernement fut érablie fur les bafes
les jplus folides. En effet, on dreffa vers la même
époque , dans une diète générale , une efpèce de
charte ou de capitulation , contenant tous les
droits que la nation fe réfervoit, & que les candidats
au trône dévoient reconnoître avant leur
eleétion. Cette charte, connue en Pologne• fous
le nom de padta conventa , renfermoit, toutes les
concevions faites par Louis & fes fuceeffeurs ,
avec les additions fuivantes : i° . que la couronné
feroit éleétiye, & que le roi ne fe donneroit jamais
un fucceffeur pendant fa vie : i ° . que les
dietes générales feroient affemblées tous les deux
ans : 30. que tout noble fujet du royaume auroit
droit de fuffrage dans la diète d'éleétion : 40. que
li le roi portoit quelque atteinte aux loix & aux
privilèges de la nation, les fujets feroient.déliés
de leur ferment de fidélité. Ces padla conventa
ont été étendus encore dans certaines occafions,
& tous les rois élus dès-lors les ont confirmés à
leur couronnement.
I l étoit naturel .qu'en recevant le don d'une
couronne , fur laquelle.ils. n’avôient aucun droit,
eçs princes me fe montraffent pas difficiles , &
ne s expofaffent point à fe voir préférer des con-
currens qui l'auroient été moins qu'eux. Après
avoir reçue, il étoit encore fort fimple qu’ils
aimaffent mieux en perdre quelque fleuron que
de la perdre toute entière. C'étoit un effet de la
lo i/ q u i donnoit à la nation le droit de la leur
oter. Aufli voyons-nous fous les rois élus, l’arif-
tociatie faire de nouveaux & de rapides progrès.
Henri- de, Valois, le premier qui le fut félon les
nouvelles conftitutions , prodigua l'or & lespro-
meffes pour s affurer la pluralité des fuffrages.
Cette méthode fut néceffairement adoptée par fes
fuceeffeurs , Sc elle rendit le droit éledlif encore
plus cher aux polonois. Sous Etienne Batori, on
fournit le roi a l’infpeélion de feize fénateurs
choius par la diete, fans l'aveu defquels il ne
pouvoit ^prendre aucune réfolution importante.
i0ta en 1 178 le droit de juger en dernier
reffort les caufes de la nobleffe, à moins que le
fait qui y donnoit lieu ne fe fût paffé à une très-
petite diftance du lieu où il réfîdoit. On établit
(OEcon. polit. Çy diplomatique, Tom, I I I ,
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des cours fouvèraines de juftice, dont les membres
font élus par les nobles de chaque palatinac
ou province. Sous le règne turbulent de Jean C a fimir,
on . introduifit le liberum veto , ou le droit
dont jouit chaque député, de s'oppofer par fa
feule négative à toute réfolution qui fe prend dans
une diète contre fon g ré ,. & de rompre & dif-
foudre même la diète par ce feul a d e , privilège
refufé au fouverain , & qui fuffifoit pour rompre
tout équilibre de pouvoir, & {tf°n8er l'état dans
l'anarchie.
Il reftoit cependant au roi de Pologne une prorogative
précieufe, qui pouvoit lui conferver beaucoup
d’influence dans les confeils de la nation:
c'étoit lui qui étoit la fource des honneurs 8c
des grâces ; il conféroit feul les ftarofties & les
principales dignités de la république 3 mais on a
encore privé le roi régnant de cette prérogative ,
par l'établiffernent du confeil permanent.
On v o it , par cette efquiffe des révolutions du
gouvernement de Pologne 3 que depuis la fin du
quatorzième fiècle jufqu'à notre tems, les grands
& fà nobleffe n'ont pas ceffé de travailler avec
fuccès à élever leur autorité fur les ruines de
celle du roi 3 qu'en biffant fubfifter ce nom &
.^une image du gouvernement monarchique , ils
ont établi dans le fait l'ariftocratie la "plus abfo-
lue ; enforte que cette liberté dont quelques polonois
fe glorifient, n'eft que le pouvoir du petit
nombre & l'oppreffion du plus grand, un partage
inégal qui pl ace les grands au-deffus des lo ix , 8c
refufe au refte de la nation tout moyen d'en être
protégée. On pôurroit croire que fi les polonois
font libres, c'eft fur-tout lors de l'éleàion de
leur fo i, celui de tous leurs privilèges dont ils fe
glorifient le plus. Cependant un de leurs meilleurs
politiques, Sarniski-, s'adreffant à eux, leur difoit
fort bien : parcoureç vos annales , Çy vous y trou•
vere^ a 'peine un feul exemple d’une élection libre.
Un autre hiftorien polonois très-eftimé,. le célèbre
Staniflas Lubiensky , évêque de Plotsko, foutient
avec raifon que les polonois fi fiers de leur liberté
prétendue, font en effet de vrais efclaves, &
que c’eft-:là l'effet de leur pafiîôn inconfidérée
pour la liberté. Leur hiftoire prouve , fans répliq
ue , qu'ils étoient plus libres chez eux , plus
indépendans , plus refpeétés au - dehors, lorfque
leur fouverain jouiffoit d'une plus grande autorité
3 lorfque les nobles afliftoient aux diètes fans
avoir le droit de. les diflbudre 3 Iorfqu'ils étoient
fournis, eux & leurs ferfs, à la jurifdiélion du
roi. On voyoit, fous les rois Jagellons , des villes
floriffantes qui font aujourd'hui dans l'état le plus
miférable. Leurs citoyens ont perdu le droit de
fe. faire repréfenter dans les diètes. La mifère
des payfans s’eft accrue avec le pouvoir des nobles.
Le roi n’a plus été en état de les protéger.
Une confufîpn générale s'eft introduite dans fad-
miniftrauôn des affaires publiques 5 les mefures
les plus néceffaires, les plus preffmtes ont ésé
LUI