
Enfin la junte du commerce a été
au confeil des finances.
Quant aux tribunaux inférieurs, les fix provinces
réunie en 1710 j pour couvrir les frontières. L ’intérêt général fit
du royaume font partagées en jurifdiélions ,
appellees comarcas , & en j.urifdiétions fubalternes
fous le nom de concelhos , contas , julgaldos &
‘kouras. Tontes les jurifdidiions font des corrégi-
clories ou des vigueries : les premieres relèvent du
*®i 3 & les autres de .perfonnes eccléfiaftiques ou
feculieres qu on appelle donataires. Le juge établi
par la cour, -dans un diftriét, eft un corrégidor,
•& celui des donataires un viguier.
L ’armée de terre étoit en 1760 de 24 régi—
mens d infanterie , dont trois >de 1208 , 20 de
6©8 , & le corps .d’artillerie de 383 hommes ,
en_fJut • • : ......... : • ; ............... 16,767 hommes.
bile avoir fix regimens de
cuirafiiers, deux de 403 , &
quatre de 2 y 3 hommes. . . . . - 1,818
Quatre régimens de dragons,
dont , trois de 303 , & un de
403 hommes............................. 1,312-
taire les intérêts particuliers , & tout citoyen
s occupa uniquement de la patrie. Il devoit arriver
naturellement -que , lorfque le . premier feu
feroit pafie / chacun reprendroit fes occupations.
Malheureufement la guerre qui fuivit ce grand
evenement, fut accompagnée de tant de ravages
dans un pays ouvert -de tous côté s , qu’on aima
mieux ne pas travailler, que de s’expofer à voir
continuellement le fruit de fes travaux anéanti. Le
miniftère favorifa cette inaétion par "des mefures,
dont on ne peut le blâmer trop févérement.
Sa position le mettoit dans ja néceffité de former
des alliances. La politique feule lui alfurort
celle de tous les ennemis de l’Efpagne. Les avait
tages qu’ ils dévoient retirer de la diverfion du
Portugal, ne pouvoient manquer de les attacher
a fes intérêts. Si 1a nouvelle -cour avoit eu des
T e •T a i. . . . . . . . . 19,897 hommes.
La marine confiflok alors en quinze vaiffeaux
-deiguerrerj Lavoir , deux de 70 canons , deux de
60 , fix de y o , deux de 40 , un de 30^ & un
autre de 24. Us étoient montés par 2416 foldats
de marine & 300 d’artillerie. Il paroït que la
marine eft aujourd’hui compofée d’e-nviron vingt
jvaiffeaux de ligne.
S i c t i g n V Ie,
De l'admimftration économique
du Portugal,
& de Vétat actuel
Les premières conquêtes des portugais en Àfri-
•que & en Afie n’étouffèrent pas les racines de
leur induftrie. Quoique Lisbonne fût devenu Je
■ jnagafin général des marchandifes des Indes, fes
manufactures de fore & de laine fe foutinrent :
’elles fuffifoient à la confommation de la métropole
& du Bréfil. L’aélivifé nationale s’étendoit
a 'to u t, & cou vr oit en quelque manière un vide
de population, qui augmentoit tous les jours.
Parmi la fouie de calamités que le gouvernement
'espagnol verfa fur le royaume , on n’eut pas à déplorer
la ceffation du travail intérieur. Le nombre
de métiers n’avoit guère diminué, lorfque
le Portugal recouvra -fa liberté.
L ’heureufe révolution qui plaça le duc de Bra-
gance fur le trône , fut l’époque de cette déca- r
dence. L ’enthoufiàfmé faifit les peuples. Une
partie paffa les mers pbur aller défendre les pof
vues àuflî étendues que fon entrepri-fe le faifoit
préfumer, elle «auroit fenti qu’il étoit inutile -de
faire des facrifices pour acquérir des amis. Une
précipitation funefte ruina*fes affaires. -Elle.livra'
fon commerce à des puiffances pre-fque auffi in-
téreffées^ qu’elle-même à fa confervâtion. C et
{ aveuglement leur fit croire qu’ elles -pouvoient
tout hafarder, •& leur avidité ofa franchir encore
les privilèges qu’on leur avoit fi mal-à-propos
prodigués. L'induftrie portugaife -fut entièrement
écrafée par-cette concurrence. Une faute
du miniftère de France la releva un peu.
'Cette couronne poffédoit depuis aflez longtemps
quelques ifles en Amérique. Les entraves
dont on les avoit enveloppées, avoient étouffé
jufqû’alors leur fertilité. Une liberté bien dirigée
y auroit infailliblement & rapidement animé les
cultures. On préféra d’affurer au monopole qui
les tenoit affervies, l ’approvifionnemènt exclufi-f
du royaume, & les Lucres, les tabacs du Brefil
y furent févérement interdits en 1664. La -coür
dé Lisbonne, aigrie rtomme elle devoit l’être
par cette prohibition , défendit, de fon côté ,
l’entrée des manufactures françoifes, -les feules
qui euflent, à cette époque, de la faveur dans
Je Portugal. Gênes s’empara aufti-tôt de la fourniture
dés foieries , qu’elle a depuis toujours
confervée 3 l’Angleterre s’appropria celle des
étoffes de laine, mais avec un fuccès moins fou-
tenu. Les portugais , dirigés par des ouvriers appelles
de toutes parts, commencèrent en î 68 ï
à mettre eux-mêmes en oeuvre les toifons de
leurs troupeaux. Les progrès de. cette induftrie
furent aflez rapides, pour qu’ en 1624 on pût
proferire plufieurs efpèces de draps étrangers, &
bientôt après ceux de toute efpèce.
La Grande-Bretagne vit avec chagrin c e s a r range
me ns. Elle s’occupa long-temps & vivement
du projet de fé rouvrir la communication qui lui
avoit été fermée. Ses foins lui promettoient quëlfeflionséloignées,
contre Un ennemi qu’on croyoït quefois une iffue favorable 3 mais l’inftant d’a
plus redoutable qu il tfe l’étoit. L e refte s’arma i près il falloit renoncer à des efpérances qu’oi
auroit dû croire les mieux fondées. On ne pou-
voit prévoir où tant de mouvemens aboutirôient
lorfqu’il fe fit , dans le fyftême politique de
l’Europe, un changement qui bouleverfa toutes
les idées.
Un petit-fils de Louis X IV fut appellé au
trône d’Efpagne. -Toutes les nations furent e ffrayées
de l’agrandiffement d’une maifon qu’ on
trouvoit déjà trop ambitieufe & trop redoutable.
Lé" Portugal, en particulier, qui n’avoit vu juf-
qu’alors dans la France qu’ un appui folide, n’y
voulut plus voir qu’un ennemi qui defireroit né-
ceffairement, qui procureroit peut-être fon op-
preflîon. Cette inquiétude le précipita dans les
bras de l’Angleterre q u i, accoutumée à'tourner
tous les événemens à l’avantage de fon commerce,
ne pouvoir manquer de' faifir avec chaleur une
oceafîon fi favorable à fes intérêts. Son ambaffa-
detir Methuen, négociateur profond & délié ,
figna, le 27 décembre 1703, un traité par lequel
la cour de Lisbonne s’engageoit à permettre l’entrée
de toutes les étoffes de laine de là Grande-
Bretagne , fur le même pied qu’avant leur prohibition
, à condition que les vins de Portugal
paieroient un tiers de moins que ceux de France
aux douanes d’Angleterre. Nous rapporterons ce
traité-à l’article T raité de commerce.
in Les avantages de cette ftipulaiion, bien réels
pour l’une des deux parties contractantes, n’é-^
toient qu’apparens pour l’autre. L’Angleterre ,
qui obtenoit un privilège exclufif pour fes manu-
fàCtutés-, puifqu’on laiflbit fubfifter l’interdiétion
pour celles des autres nations , n’accordoit rien
de fon c ô té , ayant déjà établi pour fon intérêt
particulier , ce qu’elle montroit à fon allié fous
rafpeCt d’une faveur tout-à-fait fignalée. Depuis
que la France ne tîroit plus de draps de la Grande-
Bretagne, on s’étoit appërçu que la cherté de
fes vins nuifoit trop à la balance, & Fon avoit
cherché à en diminuer la confommation, par
l’augmentation des droits. Cette rigueur a été
pouffée plus loin par les mêmes motifs, fans qu’on
ait cefie dé la faire envifager à la cour dé Lif-
bonne comme une preuve de l’attachement qu’on
avoit pour( elle.
Les manufactures portugaifes ne purent foute-
1 nir la concurrence angloife : elles difparurefit. La
Grande - Bretagne habilla fon nouvel allié 3 & ,
comme ce qu’elle achetoit dé vin, d’hüile , de
fel , de fruits , n’étoit prefque rien en comparaison
de ce qu’ elle vendoit, il fallut lurlivrer l’or
du Brefil. La balance pencha de plus en plus dé
fon côté , & il n’étoit guère pofiible que cela fût
autrement-. ‘
Tous ceux qui fe font élevés à la théorie du
commerce , ou qui en ont fuivi les révolutions,
favent qu’un peuple aCtif, riche ÿ intelligent ,
qui eft parvenu à s’en approprier une branche
principalene tarde pas à s’emparer des autres
branches moins confidérables. I l a de fi grands
avantages fur fes concurrens, qu’il les dégoûte,
& fe rend le maître des contrées qui fervent de
théâtre à fon induftrie. C'eft ainfi que la Grande-
Bretagne parvint à envahir tous les produits du
Portugal & de fes' colonies.
Elle lui fournifloit fon vêtement, fa nourriture,
fa quincaillerie , les matériaux de fes édifices, tous
les objets de fon luxe ; elle lui renvoyoit fes propres
matières manufacturées. Un million d’anglois,
artifans ou cultivateurs, étoient occupés de ces
travaux utiles.
Elle lai vendoit des vaiffeaux , des munitions
navales, des munitions de guerre pour fes éta-
blilfemens du Nouveau-Monde , & faifoit toute
fa navigation dans l ’aneien.
Elle avoit mis dans fes mains tout le commerce
d’ argent du Portugal. O11 en empruntoit à trois
ou trois & demi pour cent à Londres, & on le
: négocioit à Lisbonne, où il en valôit dix. Au
bout de dix ans, le capital étoit payé par les inté
rê ts , & il fe trouvoit encore dû.
Elle lui enlevoit tout le commerce intérieur.
Des maifons angloifes , établies à Lisbonne , re-
cevoient les marchandifes de leur patrie , & les
diftribuoient à des marchands répandus dans les
provinces , qui les vendoient le plus fouvent pour
le compte de leurs commettans. Un modique (a-
laire étoit le fruit de cette induftrie , aviliftantç
pour- une nation, qui travailloit chez elle - même
au profit d’une autre.
Elle lui raviffoit jûfqü’ à la commiflion. Les
flottes deftinées pour le Brefil apparterroient en
entier aux anglois. Les richeflès qu’elles rappor-
toient, dévoient leur revenir. Us ne fouffroienr
pas feulement que ces produits-paiïaffent par les
mâins des portugais, dont ils n’empruntoient 8c
n’achetoient que le nom, parce qu’ ils ne pouvoient
s’en palfer. Ces étrangers difparoiflToient
auffi-tôt qu’ ils étoient parvenus au degré de for -
tune qu’ils s’étaient propofé, • & tènoient l’état,
aux dépens duquel ils s’enrichififoient 3 dans un
épuifement continuel. Il eft prouvé , par les re-
giftres des flottes , que , dans l efpace de foixante
ans, c’eft-à-dire, depuis la découverte des mines
jufqu’ en 17 y6 , il étoit forti du Brefil , en
or , deux milliards quatre cents millions de livres.
Cependant tout le n Unie rai rë du Portugal fe ré-
duifoit, à cette dernière époque , ( à quinze ou
vingt millions, & cet état en devoit cent ou
davantage.
Mais ce que Lisbonne perdoit, Londres le ga-
gnoit. L’Angleterre n’étoit appellée, par fes avantages
naturels, .qu’ a être une ptîiflfance du fécond
ordre. Quoique les changemens arrivés fucceflî-
vement dans fa religion , dans' fon gouvernement,
dans fon induftrie, euffent amélioré fi fituation,
augmenté fes forces, développé fon génie, il ne
lui étoit pas poflible de parvenir à un premier
rôle. Elle avoit éprouvé que ces moyens qui ,
dans les.goùyernemens anciens , pouvoient élever
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