
meftiqaes, 8c publie les édits , déclarations, & c.
l'article P a y s -Ba s au t r ich ien s ? ;
N A N T E S ( édit de ) , édit que le roi Henri IV
ligna à Nantes le 30 avril 1598, lorfqu'il étoit
allé en Bretagne pour foumettre cette province ,
ou. le. duc d,e Mercosur. re,fiifo,it encore de re-
connoître fon. roi -légitime.
Le *’ but de est édit étoit de fixer en France
l'état des proteftans ou réformés , qui ayant
abandonné la religion romaine, où ils apperce-
voient des abus dans le dogme pu le culte ,
dans le gouvernement eccléfiaftique, dans là d if - 1
.ci pline , dans les moeurs du clergé 611 dans 1
la morale , fuivoient les opinions des réformateurs.
Les réformés avaient fait des progrès
confî,dérables en Allemagne, en Angleterre 8c en
France , fous les règnes de Henri VIII roi, d'Angleterre
, de Charies-Quint empereur d'Allemagne
8c de François T 1' roi de France. Le clergé
les regardant comme des; ennemis dangereux , mit
tout on ce livre pour les partir,e.î il Les peignit .aux
princes comme les pnnemïs des rois , & comme
des hommes qui déclaçpient la -»guerre à Dieu.
Tous les princeF qui fe laiffoient conduire par le
clergé romain , crurent ne pouvoir mieux faire
que dJempioyer leur pui/Fance contre la nouvelle
do&rine. François Ier^, <roi eje France , ennemi
de Charles Quint , Foutenoit, en Allemagne '
les réformés à qui l'empereUr faifoit la guerre 5
mais la fôibleffe du gouvernement françois > les
malheurs que le roi s'attira, ne-permirent pas d'arrêter
le progrès des réformés 5 lé nombre de ceux
qui embràflpient leur fééle , devint-très-confîdé-
rable , malgré la févérité dont on lifoit^ à leur
égard. Ils demandèrent ouvertement la liberté de
profeffer leur religion 5 desfeigneurs ambitieux &
remiians les excitèrent, & fe mirent à leur tête
pour réfiftèr à leurs pèrfétuteurs. C e fut fous.les
régnés de François I I , de Charles IX , de Henri III
que commencèrent les troubles civils , dont la religion
■fut le prétexté. r
Tandis que le peuple réformé combàttoit pour
la liberté de confcience, les chefs avoient pour
la plupart des vues d'ambition 8c de politique j
& tandis, que dans le parti oppofé, le peuple fui-
voit là haine qu'on lui infpifoit contre Iesàréfor-
més, : qu'on dêfioriçoit comme des hérétiques dignes
de là Hainé d-e D i e u d e s hommes, la cour
les - chefs catholiques chefchoient à augmenter
leur .-pouvoir.'Ces fguerres civiles furent tantôt
favorables ,•tantôt funeftes; a;chaque parti. On
favorifoi t les réformés , ou bien on les traitojt à
la rigueur ; s'ils avoient le deffus, on leur aecor-
doit'ia paix , mais dès qu'on le pourvoit, on man-
qùoit ù-là parole qu'on leur avoit donnée; -En
1 éé.3 François I I , dans un :confeil tenu;- à Fontainebleau
, promit fur-une requête de l'amrral de
Colighi , de. kiffer les ‘ calviniftes fftranquilles.
Sous Charles IX, au nam de qui Catherine de
Médicis Ta mère gouvernoit, la cour donna, à
Saint - Germain un édit daté du mois d'é juillet
iy 6 i , qui ordonnoit aux deux partis de vivre
fans s'inquiéter réciproquement. Au mois de janvier
de l'année fuivante , un édit royal accorda
pour la première fois aux réformés, d'une .manière
formelle , le libre exercice de leur religion.
On exigea feulement d'eux, quant a,u dogme ,
qu'ils n'avanceroient rien de contraire au concile
de Nicée-, au fymbole apoftoliq.ue 8c aux livres
de^ l'ancien' & du nouveau Teftament. Les réfor-
mes jpuiiïoient ainfi de toutes les prérogatives de
citoyens j & ils auroient été contens ; mais de
nouvelles violences., 8c en particulier le maffacre
qu'on fit de pluiîeurs d'entr'éux à Vaffi, où ils
etoient ah em b lés pour fervir Dieu félon leur religion
, rallumèrent la guerre. Le parti catholique
fut encore obligé, de faire la paix avec les réformés
en 1565 j ce qui valut à ceux-ci un nouvel
édit plus favorable, daté du 19 maïs j mais l'année
fuivante on dérogea à cet édit par un autre,
qui diminuoit ÿg| privilèges accordés aux réformés.
En 1 y6) là guerre recommença parce que
les réformés furent avertis qu'on tramqit leur
P'erte. En ryôS on Ht la paix , & on rappella f é r
dit de 1 y<53 ; mais elle fut de peu de durée. La
reine ayant voulu faire arrêter le prince de Çondé
.& l'amiral de Coligni, ch:ef des réformés, donna
l'eu à une nouvelle..guerre qyi dura affez] long7
temps. C e fut l'année. fuivante que Jeanne d'Al-
bret, reme de Navarre, amena à l'armée des ré?
formé? fon fil? Henri , prince de Béarn, . connu
fous le nom de Henri IF . Il ,fut alors déclaré
- chef du parti, & la guerre continua. La cour ,8c;
les chefs du parti catholique voyant que la force;
ouverte ne réufliroit pas , jugèrent à propos d'employer
la ru fe , & .d'endormir les réformés, dans,
une faufle fccurité. O it leur accorda , en iyyo,
une paix avantageufe , qui fut figné.e au mois d'août
a Saint-Germain : cette paix tranq.mllifa, les uns.,
& donna aux autres de la défiance. On attira 1^
. reine de Navarre à Paris par le mariage projette
de fon fils le prince de Béarn avec Marguerite,,
, fçseur de Charles IX. On y attira aufli l'amiral 3e
Coligni j fous le prétexte, d'une ... guerre contre;
1 Efpagne, dans laquelle on vouloit, difoit on x
.fe fervir de fes talens.. ,Qn mit en oeuvre la pluss
profonde difiiniulatio.n , pour faire croire aux %é-
' formes qne,la paix étoit. fincère & la réconciliation
- entière ; mais. le. ma fiacre de la S. Bar.the-’
;lemi du 24 août 1572 , leur fit voir combien peu,
’ ils dévoient compter fur tout ce,que. les catholiques
leur promettoient. On leur avoit donné dçs,.
places de fureté où ils étoient les maîtres j ils
refufèrent de les . rendre & de défarmer : on
, renoùvella là -guerre. Sous Henri III- le fort, des.;
; réformés ne fut pas meilleur ; on continua1 à les"
■ attaquer , & ils continuèrent à fe .. défendre :•.en
ôri fit- avec eux une paix la plus a Van ta- geufe qu'ils eufient encore obtenue ^ elle fué coh-«
N A N
àm\ée par un édit de pacification enrégiftré au
parlement : c'eft le cinquième édit formel que les
calviniftes éuftent obtenu : on leur açèorda 1 exercice
libre & public de leur religion, qui y eft
nommée religion prétendue réformée. On leur accorda
des chambrés mi parties, c'eft-à-dire, com-
pofées d’autant de réformés que de catholiques,
dans les huit parlemens du royaume. : on cafia
les arrêts prononcés contre ceux qui avoient ete
•mis à mort à la S. «JEkrthelemi j mais bientôt il
fe .forma une ligue de catholiques contre l'execution
de cet édit > elle prit le, titre de ligue fainte '.
on-in fui ta ouvertement, dans plufieurs villes , les
huguenots,. L'édit fut révoqué, & la ligue fut
lignée par le roi lui.même. Ainfi commença cette
faméufe ligue qui a caufé tant de maux à la
France. En iy y y Henri IÎI accorda une nou--
velle paix aux calviniftes, moins favorable que la .
précédente, qui ne fut pas plus obfervée : on
n'exécutoit de la pait des catholiques rien de ce
qui avoit été, conclu & promis. Le prince de
Béarn, devenu roi de Navarre , , reprit les armes.
En 15-80 il y eut une nouvelle paix entre le
roi & les huguenots > mais elle ne fit pas cefiçr
la guerre qui duroit encore, dans quelques provinces,
& fur-tout en Guienne. La ligue devint fi
puifiante que le roi H.euïi I I I . n avoit nulle autorité
5 il s'adrefia au roi de Navarre pour le fou-
tenir, en lui propofant de changer de religion,
ce que Je roi de Navarre refufa.’ Henri III manquant
de fermeté , fe vit fans appui, fit la paix
avec les calviniftes, & fournit à la ligue les moyens
de.,Ce fortifier ; & comme elle vouloit fur - tout
détruire les huguenots & fermer, au roi de N a varre
le chemin au trône , dont il étoit le plus
proche héritier après le r o i, les calviniftes reprirent
les armes, pour-défendre les droits de leur.
eheL Enfin , en 1589, Henri III s'allia avec, le
roi dè; Navarin ç il. vint avec lui former le fiège
: de Pans5;. mais ce' roi foib.le. y fut thé-par le ja:
cobin Jacquies-Glément• Henri qui. Fut le quatrième
roi dé France de ce nom » quoique reconnu
, par; la.pkis grande partie des;feigneurs catholiques
proteftahs , ne fut. véritablement roi que.lorf-
qu'en 1494 il eût embrafte la religion romaine :
il avoi.t renouvelle avant ce tems-là les édits de
pacification en faveur des réformés, & dès-lors-
il les adroit maintenus dans la jouifiaiice,des privilèges
qu'il leur accordoit, fi Ton trône eût été
bien: affermi. . ; ''
■ , Enfin la Bretagne ayant été foumife .en 1 y98 ,
. MfenfL IV figna à Nantes en faveur des protef-
\tans , le fameux édit qui porte le nom de cette
ville. Le préfident de Thou & Calignon, chan-
. celîër de Navarre , dreflerent les mémoires d'après
lefquels on le • rédigea. Les réformés four-r
nirent des écrits, où ils expofoient leurs plaintes ,
leurs droits, leurs demandes j Daniel Charnier ,.
habile miniftre .proteftant, y travailla plus qu'un
autre, le préfident jeaijnm 8c M. de Schom-
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berg furent aflociés à cet ouvrage. L'édit accordoit
aux proteftans le libre exercice public de
leur religion , par-tout où il avoit été-établi dans
les années i y 96 8c z y97 5 chaque gentilhomme
pouvoit l'exercer dans , fon château. Les réformes
pouvoient être élevés aux emplois 8c parvenir a
toutes les charges 8c à tous les honneurs du
royaume , dans l'état civil ou dans l'état militaire
5 ils eurent des chambres mi parties, &c.
Ainfi cet édit fut une confirmation des édits pré-
cédens, faits fi fouvent en faveur des huguenots
8c fi fouvent violés.
Le parlement refufa long-temps d’eprégiftrer
cet édit .: une- partie des. membres de ce corps
étoit encore attachée à la ligue, 8c s'oppofoit à
tout ce ^ui fembloit favorable aux réformés ; cependant
le roi leur parla avec tant de force 8c de
fagefife, qu’énfin le 1 y février 1^ 9 Ledit fut
enrégiftré. comme loi fondamentale du royaume
8c comme édit perpétuel 8c irrévocable.
Si le gouvernement françois avoit eu quelque
vigueur, les deux partis auroient pu vivre en
paix , 8ç rendre ce royaume, l'état le plusflorifTant
de l'Europe. Mais , d'un c o té , cet édit déplaifoit
8c devoit déplaire à la cour de Rome , qui ne
négligea rien pour lé prévenir 8c en empêcher
l'exécution, Les catholiques en général, 8c le
clergé, çp particulier , voyoient avec dépit les
huguenots., marcher de pair avec les partîfans de
la'..religion dominante 5 8c après la mort du roi
Henri IV , on fe .permit contre cet édit une multitude
d'infra&ions, pour le (quelles il fallut demander
8c donner tien des .explications. D'un autre
côté., les troubles du royaume fous Louis X I I I ,
la ■ .fôi’bleffè de l'adminiftration , l'habitude qu'on
contracta alors, de fe révolter, les mécontente-
mens des.grands -feîgneurs catholiques,, qui fe joignirent.
fouvent aux réformés, enhardirent ceux-
ci à ’demander avec hauteur le redreflement de
leurs griefs , ' auxquels on donnoit lieu trop
fouvent. Ils pouffèrent même leurs prétentions
bien plus loin que fous Henri IV. Au dedans 8c
au-dehors on foufiloit le feu de la difeordej le«
; divers partis fe rendirent coupables : on prit fréquemment
les armes , & on lés p.ofa fans avoir mis
les .çhofes fur un pied fiable, Les réformés furent
vaincus,. L.e cardinal de Richelieu leur porta ,
ainfi qu'aux grands du royaume, des coups,.qui
■ les abattirent 8c rendirent le roi maître abfolu
dans fes états. Le cardinal ,, qui régnoit fous le
nom deXouis X I I I , ne voulut pas, cependant ôter
ouvertement aux réformés les privilèges, qui leur
avoient été accordés par le précédent roi 5 il laiffa
fubfifter l'édit de Nantes, qui fut confirmé par
beaucoup d’édits fubféquens, 8c toujours envi-
fagé comme une loi fondamentale, à laquelle 011
avoir donné, par toutes les formalités requifes,
le caraftère de loi irrévocable 5 mais il voulut
que l'éd it, par lequel il accordoit la paix .aux
calviniftes , fût un édit de ÿ-àce'. Il efpéroit
C c c z '