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France avoit à la ville de Milan pour la perfe&ion
des arquebufes & des moufquf ts , que le maréchal
de Stozzi avoit fait connoître à la cour de Henri II.
C e commerce eft à p'réfent tombé dans la plus
grande décadence.
4 On a calculé, dit M. Grofley, qui mettoit peu
d'exaétitudedans fes écrits, que les foies du Mi-
lanes rapportaient au pays 8 millions, argent de
France 3 l'exportation du bled produit, à ce qu'on
prétend, i , jpp,'ooo livres, ; les fromages 700,000 ;
les vaches fk lqs chevaux , le lin , le chanvre &
les laines non cardées, peuvent encore produire
cinq millions 3 -ce qui forme un total de 15 millions
argent de France, pour un pays où l'on ne compte
qu'un million d'habitans.
Il ajoute que l'empereur, aujourd'hui maître
du Milanes, lève un peu, plus de fept millions par an
fur ce duché. Mais on compte, dit M. de la Lande,
qu'il n'en paffe a Vienne tous les ans que 400*000
liv. tous frais faits, parce que le furplus.de la
fommë eft prefque entièrement employé au paiement
des troupes & à l'ac.quit des charges; de l'état.
Il eft vrai, àjoute-t-il, que les fept millions
en temps de guerre paffent en entier en Allemagne.
Il fembleroit cependant qu'en temps de guerre, le
Milanès de vroit plutôt retirer de l'argent que d'en
Jaifler fortir. M . Grolley a vu cet objet de finance
autrement que M . de la Lande, & nous allons citer
fes paroles •: « La cour de Vienne, dit-il, tire
» chaque année huit à neuf millions de livres de
y> France en efpèces : exportation dangereufe qui
» caufera dans la fuite un épurfement total, dont
»3 les funeftes effets fe font déjà fentir par la dimi-
»' nution du commerce & des habitans'.. . . Une
» maifon à porte cochère, en 17^8, aucèntre de
» la ville, & dans un des plus beaux quartiers de
» Milan, deux appartemens complets, avec ecu-
» ries, remifes, caves & cuifines, ne fe louoit
» par ah que 400 liv. argent de France ».
M . Roland de la Plâtrière, que nous citions
tout-à l’heure, obferve que le Milanes ejlvigou-
reufemènt exercé en finances; que tout calcul fait,
les biens-fonds y payent la moitié de leur revenu ,
& bien plus encore, fi l'on déduit les frais de culture
; puifque la taxe eft le tiers du produit total,
fur l'eftimation de ,1a valeur en capital de la terre,
fans y cQmprendre les réparations & les non-valeurs
3 que les taxes fur les denrées font très-fortes
j qu'il y a des droits fur la farine, la viande,
l'huile & le v in, aliénés par le prince, pour des
fommes reçues & perçues fans la participation
du peuple & qu'enfin les financiers font beaucoup
de mal en cette contrée.
Le gouvernement du Milanes eft entre les mains
de l'archiduc Ferdinand depuis l’année 17713 mais
c'eft le minilîre plénipotentiaire de l'empereur qui
dirige la plupart des affaires de l'adminiftration. Le
fénat de Milan, compofé d’un préfident & de
dix fénateurs, eft le tribunal fuprême & fans appel
dans toutes les eaufes civiles & criminelles. Les affai*
M I E ’
res qui concernent les finances, les monnoîes 5: les
impôts, &c. font foumifes au confeil fuprême
d'économie & de commerce. Le capitaine de juf-
tice veille à l’exécution des fentences & à la sûreté
publique. Le vicaire de provifion eft le premier officier
de la bourgeoifie. C'eft à lui non-feulement à
veiller à ce que les vivres ne manquent pas , mais
a en fixer le prix. Les arts & métiers dépendent
auflj de lui. Le confeil de guerre a l'infpeétion des
affaires qui regardent le bien de la ville de Milan.
Les membres de ce corps font des nobles de Milan,
& la dignité dont ils fout revêtus paffe du père au
fils, non par la loi» mais par l'ufage. Le magiftrat
décide les affaires de juftice. Le tribunal héraldique
établi à Milan en 17 70, reçoit les preuves de no-
bleffe, & veille à l'obfervation des loix qui regardent
l'ordre des nobles. La jurifdiétion civile, qui
étoit autrefois exercée fur les perfonnes ecclé-
fiaftftjues/& fur leurs biens par le pape & les évêques,
a été conférée, en vertu d'un ordre émané
du prince en 1767, à un magiftrat établi à Milan.
Dans le même temps, il fut ordonné à tous les ec-
clefiaftiques de vendre tous les fonds/aent ils avoient
acquis le domaine depuis 1722, grOn les affujettit
aux mêmes impôts que les laïcs. Il fut auffi défendu
à tous les fujets, eccléfiaftiques ou laïcs, de demander
quelque grâce à la cour de Rome fans la
permiffion du magiftrat 5 on excepta feulement les
brefs d indulgence & les induits de la pénitencene*
Telle a été jufqu'en 1786 la forme d'adminiftra-
tion établie dans le Milanes ; mais l'empereur qui
réforme toutes fes provinces, n'a pas oublié le
Milanes. Une ordonnance de ce prince, publiée au
milieu de l'année 178(3, déclara , qu'à compter
du premier novembre, l'ancien fyftême d'admi-
niftration cefferoit dans la Lombardie, & que toutes
les affaires de cette province feroient traitéeSjCon-
formément au régime établi dans les autres états
de l'empereur : qu'il y auroit dans chacun des huic
cercles une chambre fupérieure qui, foumife immédiatement
au gouvernement, feroit chargée des
affaires d'adminiftration , de politique & d'écono-.
mie ducercle.
La ville de Milan fe garde elle-même, & jouit
du privilège de ne recevoir jamais de troupes. En
temps de guerre feulement, la milice prend les
armes. L'empereur ne peut avoir des troupes à
Milan que dans la citadelle 3 auffi a-t-il grand foin
que la citadelle foït toujours bien garnie, afin de
contenir des habitans fort jaloux de leur liberté.
Quant à la juftice eccléfiaftique, elle étoit ad-
miniftrée au civil & au criminel, par des clercs
que choififfoit l'archevêque 5 mais nous croyons
que l'empereur a changé ce régime.
Le peuple de Milan ne jouit plus du droit qu’il
avoit de nommer fes.archevêques , droit dont tous
les peuples chrétiens jouiffoient autrefois en Europe
, & qui depuis a été attribué aux rois, comme
un apanage de la royauté.
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Loix•
L'état de Milan a toujours été gouverné
par les loix de fon fouverain. Charles-Quint fit
raftembler dans un feul volume les décrets & les
conftitutions des prëcédens ducs, avec les droits
& les coutumes des fiefs, par Philippe Saques,
préfident du fénat de Milan , & par Lampugnanus
& Gilles Bofius, fénateurs & jurifconfultes 3 c'eft
cette colleélion qui renferme le droit du Milanes.
On a recoiirs, dans les occafîons, au droit romain
comme au droit commun.
Nous avons parlé- du Mantouan à l'article M a n -
TOUE : nous allons dire ici quelques mots,
Des principautés de Caftiglione & de Solferino,
qui dépendent auffi du Milanes : elles fontfîtuées entre
le duché de Mantoue & le Breffan , & font des
fiefs de l'Empire. Les princes de Caftigliorte, à qui
elles appartenoient , defcendent de Rodolphe de
Gonzague, fils cadet de Louis, marquis de Catti-
glione & prince du S. Empire. Le màrquisRodolphe
Jaiffa deux fils, François, prince de Caftiglione ,
Chrétien, comte de Solferino. Le fils de ce
dernier réunit en 1675 Caftiglione & Solferino. Il
s'éleva une telle méfîntelligence entre Ferdinand
Gonzague fon fils & fes fujets, que ce prince fut
obligé d'abandonner fon pays. Tant qu'il vécut
, il ne put jamais y rentrer 3 & fa famille
n’a pu jufqu'ici recouvrer fes états, quoiqu'on
ait fait à ce fujet des inftances très-vives non-
feulement lors de la paix de Bade auprès de l'empereur
, mais auffi auprès des couronnes de France
d'Efpagne. Voye^ les. articles A u t r i c h e ,
P a y s -Ba s , H o n g r ie , B o h ê m e , & en-général
tous les articles fur les poffeffions de la maifon
d'Autriche.
M I L I C E , M I L I T A I R E . Voye^ l'article
T r o u p e s . Voye^ auffi ces articles dans le dictionnaire
de l'art militaire.
M IL IT S CH . Voyeç S il é s ie p r u s s ie n n e .
M IL L EN D O K . Voye% M y l l e n d o k .
M IN D E LH E IM & SCHW A B E C K . Seigneuries
fouveraines d’Allemagne au cercle de
Suabe. La première eft fituée dans l'Algau, entre
la feigneurie de Schwabeck, l'abbaye d'Yrfée ,
le Marggraviat de Burgau, le territoire des comtes
Fugger & quelques autres domaines. Son étendue eft
d'environ deux milles en tous fens. Elle appartenoit
autrefois aux ducs de T e c k , qui la conservèrent
après avoir perdu le refte de leurs terres, J-ors de
leur extinétion, elle paffa à la maifon de Rech-
berg , qui la tranfmit à celle de Frendsberg. Lorf-
que cellè-ci s'éteignit , les familles de Fugger &
de Maxelrain s'en difputèrent la pofleffion.- Enfin ,
cette dernière céda fon droit en 1612 au duc Maximilien
de Bavière, qui s'empara dé la feigneurie
de Mindelheim, & la tranfmit à fa poftérité. L ’é-
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leCteur de Bavière ayant été mis au ban de l'Empire
en 1706, l'empereur érigea cette feigneurie
en principauté, & en inveftit le duc de Marlbo-
roug, général anglois, qu'il venoit de créer prince
de l'Empire. Il engagea même le corps germanique
à lui accorder, à titre de cette terre, voix &féanee
à la diète de l'Empire & à celle du cercle de Suabe
fur le banc des princes. Mais à la paix de Raftadt
& de Bade en 17 14 , Mindelheim fut rendue fous
le titre de feigneurie à l'éleCteur de Bavière, auquel
elle donna voix & féance dans le collège des
comtes & barons du cercle de Suabe 3 il paroît
qu'il ne jouit pas des mêmes droits à la diète'de
l'Empire. La taxe matriculaire de cette feigneurie
eft de trois cavaliers & de dix fantaffins, évalues à
76 florins 3 elle paye 92 rixdales 2 un quart kr. pour
l’entretien de la chambre impériale.
La feigneurie de Schwabeck3 fituée entre celle '
de Mindelheim & l'évêché d'Augsbourg, qui com- J
mença, dit-on, par s’en emparer en 1208, l'acheta
dans la fuite : cet évêché l'a toujours réclamé depuis
5 & lorfque l'éleéteur de Bavière fut mis au
ban de l'Empire en 170(3, il en obtint la pof-:
feffion réèllé 5 mais il n'en jouit que jufqu'à la paix
de Bade, éqoque où cette feigneurie fut rendue à
l'éleéteur. Voye£ l'article A llemagne & Pa l a -
TINAT.
M IN D E N , principauté d'Allemagne au cercle
deWeftphalie. Elle eft bornée vers le couchant par
l'évêché d’Ofnabruck 5 vers le nord par les com- >
tés de Diepholz & de Hoya 3 vers l'orient par le
comté de Schaumbourgs & vers Je midi par le
comté de Ravensberg. Son circuit eft d'environ 24
milles. C e pays offre en général de bonnes terres
labourables; & comme elles font très bien cultivées,
il peut fournir des grains, & furtout du froment & de
l'orge aux provinces voifines. On cultive .& exporte
beaucoup de lin. Les prairies & les pâturages y
rendent l'entretien du'bétail très-utile. On y trouve
en outre de très-bonnes falines, Iefquelles four-
•niffent de fel les provinces appartenantes au Brandebourg,
ainfi que les provinces voifines. Le
Wefer traverfe ce pays, & facilite fon commerce.
Il y a dans cette principauté deux villes immédiates,
deux médiates & un bourg 3 le bourg
& les deux villes médiates dépendent des bailliages
où ils fontfîtués. On y trouve 121 villages & hameaux,
46 biens & fièges nobles & une comman-
derie. On y a compté en 1783, une population
de 57*117 âmes, fans le militaire. La population
dans les villes étoit de 7887 habitans, & celle de
:1a campagne de 49230. Les états font compofés du
grand chapitre de Minden 3 des prélats & de la
nobleffe des villes & des bourgs. Il y a i c i ,
de même que dans les autres pays du cercle
de Weftphalie, des ferfs qui, en cas de réfiftancc
& de déiobéiffance, peuvent être punis par leurs
feigneurs. Les catholiques n'ont l’exercice de leur religion
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