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dans fos .Campagnes & même dans les villes , les
auguftes fondions du facerdoce. <
, C e i l cependant dans - eet état: qu’ un prêtre eft
d'abord- qbligéf.de :fouffrir: pendant un grand nom-i
b^e d'anhées; Mal logé,'anal vêtu mal nourri y
ii; lutte. Contre les maux: qui l’aifiègent yn & . il
s-,e{Fraie, de: ceux qui peuvent venir l'attaquer.
Comment réfiftera*t-iL aux,maladies ; aux dnfir-'
mités ? I l n’y. a d'égal ià cette affligeante fituation
. c3ue i excès des travaux qù'il eft obligé de faire ,.'
les mortifications qui accompagnent la perception
de les modiques revenus, qui, pour la plupart, -font'
arbitraires , &: confiftent en quêtes 8c en cafu,el',:
dépendent pu de,fa facilité adonner, le.sffacre-;
mens .pii du caprice du payeur; ,8c le.mépris dont'
ïe couvrent ordinairement, ceux au.xquqlsc.il'- eft:
charge d'annoncer l'Evangile,. ou même celui
que lui prodigue le fecrétaire de' fon évêque.
Ajoutez à ce tableau l'incertitude même de relier
dans, fon état, de continuer à en faire les fondions
& l’impoffibjUté d'en prendre un autre. •
S.i fon .évêque daigne enfin jetter un regard fur
lui 3§eTâppejler. à, une cure , où,elle eii - fuffifa.m-
merjt.dqtee, ou, elle, ell a fimplq portion congrue.
J en e ipe hafarderai pas à ren o u vell er iciles pifinies*
fi anciennes . 8c fi biejy fondées fur la nature
des congrues. Il n'ell point de mon objet de prouver
le tort énorme que là mifère des curés fait au
mîniftèie, à I'églife, aux paroiffes & aux pauvres
qui lés composent dans la plus grande partie.
Il n'eft pas non plus. de mon objet de proun
ver combien les revenus confacrés à l'exercice du
miniftère, font éloignés deleur deftinaffon ; que
les dîmes, originairement le , patiimoine àtsprêtres
travaillans dans les paroilfes , des pauvres de ces
mêmes pàrôifles 3 font aujourd’hui pour la plupart
hors" des mains .de leurs propriétaires imprefcrip-
til es; que les curés ne font devenus ainfi, au détriment.
du peuple & dû peuple chrétien, que des
hommes aux gages dés bénéficiers fansfonCtion ,
ou dont les fonélioh’s n'ont pas, à Beaucoup près ,
la même importance ; qu'il feroit jufte ,J plus'facile’
qu'on' ne péfifc, infiniment utile , qu'il va
peut-être arriver ie * temps de ‘rétablir les chofes
dans leur état primitif, avec les modifications
qui ont été rendues indifpenfables. Ces idées font
travaillées depuis plus d'un fiècle par les têtes les
mieux organisées. Là révolution eft faitè dàtîs les
_efprits. O n , font, généralement que dans un état
_auftère, humble, fajfit & exemplaire , fes trop
grandes rieheffes., 8c l’oifiveté. font dangereufes
& ridicules que tous les fonds doivent être confacrés
au travail, au travail le plus indifpenfa-
b le , & qu'il, eft fâcheux que malgré les biens
immenfes du clergé, le pauvre ne puifie recevoir
certains facreméos qu'il ne les paye.. ■> : i .
Nous devons aux évêques de ces derniers temps j
la juftice - de dire; queces principes leur deviennent
très-faqiiliers, que la. mifère profonde de
leurs côopërkteuis commence à les attendrir 8c I.
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à les Élire réfléchir ; que plufieurs cherchent à les
confoler. Le clergé même, après une délibération
! lente, mûre & prorogée- pendant plufieùvs de fes
aliembléès y s'elL déterminé à faire uneefpèce de-
: fâcrifice.'Mais il y .alieu-d'efpérer qu'éclairé de
toütes parts par les lumières impérieu>fe& .de- nos-
ennemis, par lès repréfentàtions humbles, & oe-
I pendant quelquefois-publiques •& dès-lors- v id a-
rieufes que font; lés congruillés , par fintérêtcom- .
mun de déraciner toute caufe de trouble , de
' foutenir l'état eccléfiaftique fur le penchant de fa
ruine, on prendra enfin le parti de rappeller les.re-
venus de I'églife à leur deftination, de féconder les'
■ paroilfes en leur rendant une plus grande partie de
■ ceux qui leur appartiennent fi légitimement. Nous*
présentons tout ce qu'opérera la délicateffe du;
haut clergé «d'ans une affaire où’ il eft queftion de,
faire des facrifices pécuniaires.'’ i
Il eft donc bien évident que-les curés à portion
congrue ne font point dans le cas de faire
aucune réferve pour le temps des infirmités & de.
la vieilleffe.
Mais pourquoi feroit-il queftion de u réferves
faites par un.curé ? Quelque pauvre ou quelque-
riche que foit fon bénéfice, il doit lesconfacfer
à fa paroiffe- Le fyftême des réferves d,e ce: genre
eft foudroyé par tous les réglemens de difcipdine
eccléfiaftique. La moindre flexibilité fur cet ar-«
ticle ouvrirait la porté aux abus:les plus■ nuifi*.
blés, 3c donneroit une efpèce de fanétïon ail
penchant qu'on reproche à quelques eccléfiaftiques
d'aimer à amaffer. Rendons hommage à la dignité
des l’oix que I'églife - nqus impofé :, à l'honneur
des fondions qui nous font confiées, Pouvons-:
nous penfer légitimement à faire des réferves au
milieu des pauvres qui font recommandés à notre
charité. O mon frère ! vous êtes appellé par une
fami.lle nombreufequi vous; appelle fon pere. Les
auteurs de cette génération font attaqués d'une
maladie qui fait craindre pour leurs jours. Les en-
fans leur demandent du pain, qu'ils ne peuvent
plus leur-donner par leurs fueurs. Il n'y- a dans
cette màlheureufe habitation ni lit, ni linge, ni
remèdes'y ni bouillon y ni pain. O' mon frère!
cet affreux fpeétac-le eft fou vent fous vos. veux ,
& vous pourriez lui réfifter , faire, des referves
pour vos vieux jours 1- ah ! -fi le torrent des mi-
fères qui coulent fous vos y eu x , vous permet
de faire des réferves c’eft pour le temps où il
fe débordera , où tous les'.fléaux viendront accabler
votre malheureux peuple* Pour vous ;
tenez à honneur , que la religion 8c la fociété vous
aient choifi pour être fa viélime. Vous vous en-?
richiffez véritablement, en vous appàuviifîant &
en prodiguant votre vie 8e tout ce que vous
avez de plus précieux pour le foulagement des
malheureux.
Il eft donc eficorë évident qu'à l'épôquè ôù les infirmités
8c l'âge viennent aççabler un eccléfiaftique
m in îfté r ie lil ell tout moyen,d'exifir
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ter 8c de fournir à la multitude de fes befoins
qui augmentent. A la vérité , les, cures font
moins, malheureux , parce que leur bénéfice eft
une reffource.. Ou ifs le confervent , ou ils le
réfignent avec. penfion ; car peut - on demander
qqe n'ayqnt aucun revenu, 8c përfonne ne venant
à leur fe'cours, ils fe démettent purement 8c fim-
plement? ... ..
S'ils confervent leiir cure , 8c ils y font Souvent
obligés, parce qu'ejle eft trop modique pour
qu'ils puiffent, en la quittant la grever d une
penfion. Quel inconvénient pour le peuple .qui
leur eft confié !. L ’anarchie la.plus confufe s établit
8c ravage tout fous, le débile empire d un
pafteur invalide. Alors ceffent toute inftruélion,
toute vigilance fur les ouailles. Le minillère de
I a pénitence eil abfolument déferté. Tous - les.
devoirs paftoraux qui demandent de l àélivite 8c
des forces , font négligés ; 8c le bien que cet
homme de Dieu avoit tait pendant le cours d un
long miniftère , fe détruit rapidement dans-les
dernières années de fa vie. Souvent'ipeme la cure
n'eft pas affez forte pour l’entretien d’un vicaire
qui lui feroit néceffaire j 8c , quel qu'il fo it, il
n'a jamais l’ autorité fuflifante pour s oppofer^ au
progrès des vices & des abus qui veulent s éta
blir pendant la vieilleffe du pafteur.
La réfignation avec penfioji paroît j quand elle
elle eft polfible, le feul moyen de remédier à
ce torrent de, maux qui va affliger, une paroiffe ;
mais ce moyen a deux inconvéniens.: il ne prépare
plus une fubfiftance honnête, au vieillard qui
réfigne, & il grève le fucceffeur auquel W eft fi
important de ne pas oter la facilité de faire bien.
II fuffit en effet d'avoir une çonnoifîance . légère
de l'état eccléfiaftique , pour juger combien ces
penfions écrafentdes fucçeffeurs , & par-là retombent
de tout leur poids fur les paroiffes.
• Le bien public, la juftice due aux travaux des
miniftres âgés ou infirmes de la religion, réclament
donc des fecours certains & fuffifans pour
le temps -auquel ils ne peuvent plus remplir leurs
fon&i.ons> Il eft certain auffl que cette perfpec-
tive les foutiendra dans leurs fatigues , leur fera
moins redouter les facrifices fi fouvent néceffaires
de leurs intérêts, 8c les rendra moins diftraits
par l’incertitude de l'avenir 8c la crainte de la
nftfère.
. ' Mais eft ce des afyles , c ’eft-à-dire , des mai-
fons de retraite, qui doivent préfenter ces fecours
à l’infirmité , à la -vieilleffe des prêtres ï ~ ^
Telle a dabord été l’idée des évêques qui fe
font attendris fur le fort de leurs coopérateurs.
Il a étéétablijde çes'maifons de retraite dansplu-
lieurs diocèfes j mais aucune n'a réufli , malgré
les avantages qu'on s'étoi.t efforcé d'y raffembler.
Nous, n'en connoiffons même aucune qui fubfifte
aujourd’hui en France y fi. ce n'eft celle de faint
François-de-Sales auprès de Paris. Eh encore !
CQmbien. ce dernier établiffement eft-il .frappant
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par fa mefquinerie , par l'infiiffifance de fes.
moyens , par la difproportion du nombre des'
places.avec le grand nombre des prêtres néceffaires
a c e diocèfe, par les réglemens qui gouvernent la
mai fon 1. Nous n’entreprendrons pas d’en tracer
ici lè tableau ; il révolteroit nos leéteurs.
Quoi qu’il en fois, il nous femble que des
hommes accoutumés à la liberté, vivant, depuis
un grand nombre d’années dans leur ménage A
n’ayant à prendre l’heure de perfonne pour leur
j lever, leur coucher, leurs repas, & tous les
j exercices de fa v ie , ne fe plient pas aifémenr
1 fur leurs vieux jours à l’empire d’une règle qui
enferme , dans fon cercle journalier, toutes les.
heures. Jufqu'alôrs ils n’ avoient eu de fupérieur
j que; leur évêque, auquel la fo i , la discipline
. de I'églife leur apprennent, à obéir, dont le gouvernement
eft'généralement paternel, dont les
i ordres tombent plutôt fur les devoirs de religion
que fur les perfqnnes , & qui , par l'importance
. 8c l’efprit de fa place , eft plutôt un appui, un
. protecteur qu'un maître. Dans ces maifons de
retraite, ils o»t à leur tête un fupérieur pris fou-
| vent dans une claffe înférieuré à la leur, 8c qui
: n'ayant, par fes lumières & fes fervices, aucune
’ importance à leurs y eu x , leur rend néceflaire-
mént le joug plus infupportable. Quelque douce
que foiE la règle 8c la vie commune , on ne s'y
façonne pas dans un âge avancé. D'où partent
les réclamations contre- l’édit qui recule l'époque
des, voeux religieux', fi ce n'eft qu'on * ne peut
' trop tôt fe former à une règle fous laquelle on
mourra ? Quelle idée fe faire d’une communauté
où la fympathie des caractères, des humeurs n'eft
pas la première condition de l'entrée dè fes membres,
mais où les feuls titres, pour y être reçu, font
l'âge , les infirmités & la pauvreté. Cette corn-
1 munauté n'eft > dans la réalité, qu'un hôpital.
Ç'èft encore une obfervation bien conftatée
i que les perfonnes qui ont vécu toute leur yie
; dans- une communauté, commencent à y être
malheureufes 8c très-malheürreufes , lorfqu'eUes
- deviennent infirmes & vieilles- Quel eft l'homme
qut-n'a pas été attendri & révolté à la vue du
. mépris , du délaiffement qu’elles éprouvent dans
les cloîtres? La vieilleffe eft-elle donc le temps
de les y, faire entrer ? ou voudroit-on aflimiler
le fort des miniftres invalides de Jefus-Chrift à
celui de la claffe la plus miférable de la fo-
ciété, trop heureufe d'aller trouver un afyle dans
un tombeau, c'eft à-dire , dans un hôpital ?
D ’ailleurs , fi on veut confacrer aux anciens prêtres
tout le revenu qu'on peut leur deftiner, l'é-
reélion , l'entretien des bâtimens, les frais infé-
parables des communautés ne font-ils pas autant
de larcins ( s'il eft permis de parler ainfi) qu'on
leur fait ? C e n'eft donc pas dans de femblables
maifons que le facerdoce infirme doit languir.
Les prêtres qui voudront finir leur carrière dans
I une maifon de retraite, en trouveront affez. Il