
nations plus favorifées encore. j ° . Les fujets ;&
négocians de l’empereur pourront, fans être tenus
dorénavant à ce qui avoit été ftipulé a cet égard
dans le traité de Paffarowitz, naviguer librement
pour affaires' de négoce fur mer & dans les rivières
, en paffant ou repaffant de l ’une dans les
. autres , ‘ & vice versa avec des bâtimens, pavillons
& matelots allemands, fans qu’on puiffe en
• exiger plus que lefdits droits d’exportation ou
d’importation , qu’ils n’ acquitteront qu’ une feule
fois. 6°. Quant au commerce de rranfit fur les
• côtes & par les détroits & canaux dans la domination
ottomane, & nommément par le canal
de là mer Noire , les bâtimens des fujets & né-
goeians impériaux venant fur mer ou dans les
rivières des provinces allemandes , & fous pavillon
impérial, & ' allant dans des ports étrangers
5 oïl venant des ports étrangers & allant dans
des provinces allemandes , pourront le faire fans
aucun empêchement quelconque, & fans acquitter
le moindre droit, & ils ne pourront pas non
plus être forcés de débarquer leurs marchandifes,
bien entendu cependant qu’ils paieront pour
les marchandifes qu’ils débarqueront volontairement
pour la vente, les droits ordinaires de
douane, &■ qu’ils ne feront ce commerce que
dans des bâtimens du port de ceux accordés aux
fujets de la Ruffie. Il fera accordé & donné aux
fujets & négocians de l’empereur, pendant leur
féjour dans les provinces ottomanes , toute l’affif-
. tance dont ils pourroiént avoir befoin , & ils
feront traités comme il convient de traiter les fujets
d’une cour qui vit avec la fublime Porte dans
les liaifons de la plus étroite amitié. Au relie ,
comme les bâtimens , naviguant fur des rivières,
ne pourront guère être employés fur mer, il fera
permis à ces bâtimens, lorfqu’ ils feront arrivés
dans des endroits près de la me r , de décharger
leurs marchandifes dans des bâtimens propres à
la navigation de la mer Noire , fans qu’on en
puiffe demander aucun droit. 70. Dans le cas où
il furviendroit des difficultés par rapport à l’exécution
de l’un ou de l’autre article du préfent fev
nedy & particuliérement par rapport aux marchandifes
prohibées par les traités de Paffarowitz
&: de Belgrade , la fublime Porte fera toujours
prête de les lever par un accord réciproque ,
fondé fur l’équité dans le cas où elles ne pour-
roient pas être arrangées de cette manière, la
fublime Porte convient qu’elles feront accommodées
amicalement, 8c fur le pied établi à cet
égard dans le traité de commerce conclu l’armée
dernière avec: la Ruffie., & cela d’une manière
convenable au commerce allemand. Dorme à Conftantinople
, le 2 du mois de xèbynlahyr de l’an
de l’hégyre 1198 ( ce qui revient au 21 février
)• . • s | | i -
La maifon d’Autriche a formé en fuite d’autres
prétentions encore plus importantes : voici le
précis de celles qu’elle a fait valoir dernièrement 3
■ mais il paroît que la Porte ne les a pas encore accueillies
, & nous ignorons où en eil cette négociation.
i° . La cour impériale exige que la fortereffe
de Wihacz foît comprife dans la ceffion de la
Croatie qui eft en-deçâ de l’Unna, parce que cette
fortereffe lui eil abfolument nécelîaire pour arrêter
les brigandages, & empêcher la défertion.
2°. Si la Porte confent à lui céder la partie de
la Valachie turque, qui s’étend jufqu’à la rivière
d’AIuta , la cour impériale -confent, de fon cô té ,
à renoncer à l’extenfîon des limites au-delà de la
Save, & à ce que les frontières du côté de la
Bofnie $c de l’H erzowine, relient in. fiatu quo. 30.
La Porte fera tenue,' toutes les fois qu’ elle dé-
pofera un prince de Valachie, ?i’en déduire l'es
raifons a la cour impériale, & de lui nommer le
fujet qu’elle delline à cette dignité. Le hofpodar
de Valachie fera auffi tenu de remettre à l’empereur
tous les déferteurs de fes troupes. 40. La
fortereffe d’Orfowa fera remife à la cour impér
riale.
Aujourd’hui que la guerre eft déclarée, l’empereur
fedifpofe à foutenir l’impératrice de Ruffie
, félon la -teneur de fon traité av-ec la cour de
Ruffie j & il fournira, lors des négociations de
la paix, des prétentions plus ou moins grandes ,
félon que les armes des ruffes & des autrichiens
auront eu plus ou moins de fuccès.
Les rapports politiques de la Porte avec les
autres puiffances de l’Europe , n’ intéreffent pas
auffi immédiatement fa fureté : nous allons entrer
dans quelques détails.
Le Portugal & l’Efpagne n’ont prefque aucune
liaifon avac la porte ottomane. Les anglois & Jes
autres nations commerçantes font le métier de
faéteurs ou de voituriers de mer , entre ces peuples.
Ils tranfportent, par exemple , les bleds
d’Egypte , de l’Archipel & des côtes de Barbarie
jufqu’en Portugal & en Efpagne. Mais cette
branche importante du commerce des anglois 8c
des vénitiens pourroit bien leur manquer. On a
parlé autrefois d’un arrangement entre les cours de
Vienne 8c de-Lisbonne ., d’après lequel la maifon
d’Autriche auroit livré au Portugal tous les grains
dont ce royaume peut avoir befoin : on difoit que
ces grains dévoient fe tirer de Hongrie ; on devoit
les tranfporter à Fïoume ou Triefte , où ils pour-
roient être embarqués & envoyés dans un des
ports portugais. On affuroit que'le Portugal s’é-
toit engagé à prendre pour deux millions de cru-
zades de ces grains , qui lui reviendroient à
meilleur compte de huit pour cent que ceux que
les anglois y ont apportés jufqu’ici.
La France eft de toutes les puiffances de l’Europe
celle que là Porte confidère & eftime le plus.
Il y a eu prefque de tout rems des liaifons affez-
étroites entre les cours de Versailles & de Conf-
taminople : ce fyftême s’ell établi à l’époque où
les turcs pouvaient faire de puiffantes. diverfions,
lorfque la maifon d’Autriche ou la Ruffie vou-
loient montrer trop d’ambition. Alors les cours
de Vienne & de Petersbourg, foutenues par l’ Angleterre
& la Hollande, tenoient, pour a nfi dire ,
en échec la France , l’Efpagne, la Porte ottomane x
la Suède , la Pruffe 8c quelques princes d’Allemagne.
Toutes ces forces mettaient la balap.ee fi
faméufe de l’Europe dans une forte d’équilibre j
mais depuis que la France a un traité d’alliance
aveç l’Autriche 8c un traité de commerce avec la
Ruffie, elle n’a plus d?autres intérêts à foutenir fes
liaifons avec la Porte , que pour conferver.
fon commercé du Levant & arrêter l’aggran-
diflement de la maifon' d’Autriche & de la Ruffie :
élle entretient cônftamment un ambaffadeur à
Conftantinople, qui y jouit d’une grande confî-
dération , & qui a beaucoup de crédit dans le ferrai!
On en a: vu un exemple bien remarquable
il y a peu de tems. Le grand-vifir ayant été gagné
par la Ruffie , & s’ étant montré trop favorable
à la cour de Petersbourg dans toutes les occafions,
le minillre de France le Ht dépoter 8c releguer à
l ’ifte de Rhodes; Le commerce entre les provinces
méridionales de la France & les états du grand-
feigneur, fitués fur'la' mer méditerranée , eft important.
La France entretient des confuls à Smy rne,
au Caire , à Alexandrette & dans les principales
vi-lles du Levant.
L ’Angleterre & la Hollande n’ont prefque que
des intérêts de commerce à régler avec la Porte.
Comme le fyftême. politique de ces deux puiffances
n’eft pas conforme aux vues de la cour de Conftantinople
, les ambaffadeur s anglois &hollandois
y négocient avec difficulté , 8c ils font obligés- de
corrompre les principaux officiers du ferrail , s’ils
veulent réuffir dans leurs affaires. D'ailleurs ,
le commerce entre ces nations étant plus à l’avantage'
des anglois . & des hqllaodois que des
turcs , les mini lires ottomans , fiers de leur naturel,
ne font pas fort cornplai fans pour ces nations.
Mais ils craignent- la puiffance formidable des anglois
par mer 3 & c’eft par cette raifon qu'ils les
ménagent.
Le commerce de l’Angleterre à Conftantinople
& dans .la Turquie entière , fe fait par un certain
nombre de marchands anglois , dépendants de la
compagnie de Londres, pour le commerce de la
Turquie , qui lui font paffer une feule fois par an
la qualité & la quantité des marchandifes qu’elle
juge pouvoir vendre ou' échanger facilement.
Cette précaution empêche la perte que la trop
grande abondance pourroit faire éprouver dans
les prix des marchandifes 3 & maintient la grande
vogue qu’ont toujours eue lès marchandifes apportées
d’Angleterre. Les principaux articles de
ce commerce font, le plomb, l’ étain , les montres,
toutes fortes d’ouvrages d’horlogerie , la quincaillerie
, les étoffes de laine de différentes qualités,
les épiceries 8c la verrerie. Il confille principalement
eft marchandifes de grand prix, & dont la
vente eft affûtée, raifon pour laquelle toutes les.
maiforts angloifes établies en Turquie font opulentes.
Les. puiffances maritimes ont des confuls
dans Isa plupart- des grandes, villes de Turquie,
qui y jouiftent de tous les privilèges du droit
des gens.
La- république des Suiffes n’a- rien à démêler
avec la Porte ottomane. L ’Italie au contraire à
beaucoup de liaifons avec elle. Le pape autrefois
a trouve le moyen de foulever tous les princes
chrétiens pour la conquête de. la Terre-Sainte. On
n’a plus à craindre que la fingulière manie des
croifades féduife de nouveau l’efpiit des princes
dans un fièele auffi éclairé que le nôtre. Le pape,
qui regarde les turcs comme les ennemis naturels
de toute la chrétienté , & comme des infidèles ,
peut encore faire beaucoup de mal à l’empire ottoman
, par le crédit qu’il a dans les/ cours des
puiffances catholiques, & par les ennemis qu’il peut
fufeiter aux turcs 3 il permettoit autrefois aux
princes chrétiens de lever le dixième fur tous
les biens, eccléfiaftiques dè,s qu’ils avorent déclaré
la guerre aux mufulmans 5 mais les princes
taxent aujourd’hui les biens eccléfiaftiques fans
l’aveu du pape. Le grand-duc de Tofcane forme
encore des prétentions fur la Paleftine, & il réclame
le titre de roi de Jérufalem , comme le roi
de Sardaigne prend celui de roi de Chypre. Quoique
ces titres ne foient au fond que des chimères,
ils peuvent au befoin inquiéter les turcs. Quand
tout eft tranquille dans le mondé, de pareilles
chofes ne fignifient rien 3 mais lorfque tout eft
agité par l’ efprit de la guerre , les plus petites
étincelles caufent des embrafemens. Une puift’ance
qui excite plus l ’attention de la Porte , c’ell la
république de Venife , qui a fait de "fi fréquentes
guerres contre les turcs. La Porte a conquis beaucoup
de domaines fur les vénitiens ; & quoiqu’ils
foient peu rédoutables aujourd’hui, elle paroît
toujours craindre leur reffentiment. Au refte, la
république de Venife fe tient maintenant fur la
defenfive , & ce fyftême eft plus que convenable 3
elle ne veut plus s’expofer à de nouvelles perfes ,
& elle cherche à maintenir fon commerce aveç lé
Levant, qui lui eft avantageux. L e fénat de Venife
témoigné beaucoup de ménagement & de complai-
fance pour la Porte. Il n’en elTpas de même des
chevaliers de Malthe, qui font, par leur profef-
fion , dans un état de guerre continuelle avec les
turcs. Mais comme le petit nombre de ces chevaliers
8c leur peu de forces ne leur permettent
pas de tenter de grandes entreprifes, 8c qu’ ils fe
bornent à enlever quelques vaiffeaux, ou à attaquer
les pirates d’Afrique , la Porte ne s’ en venge
pas à préfent : elle a fongé ' plufîeurs fois à les
exterminer : mais elle connoit la fituation formidable
de l’ifle de Malthe, fes fortifications toutes
taillées dans le r o c , l’aétivité confiante des che