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peu près les moeurs en quelques points. L'art
ajoute encore à la n a tu re lle gouvernement &
la cour de Lisbonne fe modèlent fur ceux de
Madrid.
Le Portugal a auffi fon Pérou : l'ufage qu'il
fait de l'or n'eft pas de faire des conquêtes en
Europe j mais on ne voit pas qu'il l'ait encore,
.appliqué à fe fortifier, ni à fe rendre heureux :
fatisfaire le luxe ou quelque caprice, voilà les
défauts de la royauté : ces défauts deviendroient
des vices chez un conquérant.
En comparant les abus du gouvernement portugais
avec ceux de lefpagnol, on y trouvera
un principe qui n'eft pas indifférent en politique j
c'elt que plus un état eft p etit, mieux il fe gouverne
par proportion avec un plus grand de la
même efpece : que de conféquences à- tirer de
cette preuve ! Il eft donc utile de divifer les foins,
& les diftri&s, & chaque fphère d'intérêts > plus
leur objet elV ménagé, plus les refforts en1 font
vifs & foutenus; mais de fa voir jufqu'où doit fe
porter cette réduction des objets, ce feroit peut-
être uns des premières '8c des plus elfentielles
parties de la fcience pratique du gouvernement.
On trouvera donc en Portugal le bon & le
mauvais , étant de même efpèce qu’en Efpagne 5
le bon eft meilleur , & le mauvais eft moindre..
Les colonies portugaifes font mieux, gouvernées
que celles d'Efpagne j elles rendent davantage à
proportion : on y fraude moins , les monopoleurs
y font plus rares .& mieux punis j mais tout
cela eft encore mieux gouverné dans les colonies
hôllandoifes qui dépendent d'une république.
Le dedans du Portugal eft moins miférable &
mieux adminiftre qu'en Efpagne, les provinces
plus peuplées.
Les portugais n'ont point eu toutes les fourcës
de dépériflement : nous en avons parlé à l'article
Espagne 5 mais ils 'y ont participé. r
S e c t i o n V I Ie.
Des intérêts -politiques du Portugal.
Le royaume de Portugal ayant été rétabli dans
fes anciennes limites par le traité de 166% y & la
maifon de Bragance ne pouvant avoir de prétention
à la charge d'aucun fouverain., il n'eft
guère poflible que cette cour puifte former des
projets d'agrandiffement en Europe 5 car ni l'état,
de la nation, ni celui de l'armée & des flottes
portugaifes, ne peuvent donner des moyens.de
conquêtes. Mais fi cette puiffance n'eft . pas fort
redoutable aux autres, il parpît, que fa fîtuàtion.
locale l ’empêche de rien craindre de leur part :
d'ailleurs , les.puifTances.qui pourroient y envoyer
des troupes capables de faire des defeentes fur
les côtes, font toutes intérefleas à la conferva-
KÏon du Portugal par des intérêts de commerce.
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Mais , comme cet état a eu autrefois les poffef-
fiods les plus confidérables dans les autres; parties
du monde,- & qu'il en- a encore de fort importantes,
il doit veiller à la garde de fes provinces
éloignées } 8c s'il n'a plus lieu d'efpérer une oc-
cafion favorable pour fe rétablir dans celles qu'il
a perdues , protéger 8c encourager fon commerce
& fa navigation par tous les moyens pof-
libles. C et objet occupera toutes fes- forces , car
il manque prefque de tout, ce qui fert à la
guerre, & il eft obligé de tirer fes munitions des
autres peuples. 1. .
Il n'a de voifins que l'Efpagne, qu'il redoute,
tant- à caufe- de fes anciennes prétentions qu'à
caufe de la fupériorité de fes forces. Mais di-
verfes raifons. peuvent rafïurer la cour de Lisbonne.
i° . Les prétentions de l'Efpagne femblent
avoir été éteintes dès le douzième fiècle., lorsque
le pape Alexandre I I I , érigea le Portugal
en royaume particulier par une bulle qu'il donna
à cet effet, le 10. juin de 1179. 20. C e royaume
a été déclaré, indépendant parlé traité de Saint-
lldefonfe, en 1668 ; 8c ce traité fut confirmé
dans toutes fes claufes, & étendu non-feulement
par la paix d’Utrecht, mais par divers traités
particuliers que les deux couronnes ont fait entre
elles. 30. Il y a entre les deux couronnes
une. alliance cimentée par plufîeurs . mariages.
4°. L'Efpagne a peu de moyens dé faire fubfif-
ter une nombreuse armée j & les portugais font
en état d'oppofer des forces égales. L'indolence
des efpagnols. & la nature de leurs provinces
limitrophes les empêcheroient d’établir de gros
magafins , ou de faire fuivre les provifions par
charroi ; & chacun connoît les avantages d’un
pays, qui défend fon territoire, fur-tout;fi fes
habitans.ont de l'antipathie & de la haine, pour
ceux qui prennent part à l'invafion. 50. Les puif-
fances maritimes .& fur-tout l'Angleterre iroie.nt
au fecours du Portugal, Il ce’ royaume étoit menacé
de quelqueinvafion. Ils y enverroient promptement
des efeadres chargées de troupes, & pourvues
de toutes les munitions de guerre, : ces fe-*
cours ont fait échouer plus d'une fois les entre-
prifes des efpagnols.
La France ne penfera vraifemblablement. point
à attaquer le Portugal dans fes pofTeffions en Europe,
elle en eft réparée par l'Efpagqer* & le
fuccès d'un armement naval -feroit douteux : elle
n'a point de présentions fur ce royaume qui n'eft
point à fa bienféance. La france ne peut guère
fonger à envahir les pofTeffions du Portugal en
Amérique. i p. Parce que leurs pofTeffions ne font
pas limitrophes. 2°. Parce que les portugais y font
établis de longue-main, ce qui eft important
pour les pays éloignés 5 30. parce qu'ils y ont des
ports dont on ne pourroit fe rendre maître qû'en
y envoyant des efeadres confidérables. 40. Parce
que l’Angleterre accoureroit au fecours du Portugal
5?» Parce qu’ il eft de Tintéiét de la France
que
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que ce royaume' fe maintienne avec fes.pofïef-,
£ons contre l’Efpagne, 8c. même contre la Hollande
y. - qui autrefois penfqjt | s'agràqdir, 8c. a
faire des. [conquêtes en Amérique aux dépens, du
Portugil-}.. t.e,,Portugaf cherche donc à fé faire up
allié ut-île. ,de la France , qui profite a. ion; tour
d'une partie de fon commerce , duquel l^s conditions
de ce commercer ont été réglées par le
traité d'Utrécht entre,la France, 8c 1 e Portugal,
conclu en 1713. . ?. ■ .
De toutes les puiffanées de .l'Europç, 1 Angleterre
eft celle dopt. le Portugal y. a, le-, plus-paé-
nagé l'amitié 5 d'abord à. raifon..des. grands.^ipte- ;
rets de!,commerce ,.,& enfuiteà,c,aufe.des-féçours 1
prompts & ‘.efficaces que le Portugal ;peut ,tou,;;
jours e f péter de la Grande Bretagne.- II. paroitpar
les liftes annuelles des vaiffeaux marchands qui
arrivent dans les différens ports du Portugal^. que
ce royaume fait plus dé cpmmerce avec F Angleterre
feules qu'avec tout le .relie de 1 Europe
çnfemble j , &_ il ,y a • telle .& telle branche :de
commerce qu’ il ne peut faire, qu'avec dès ;$.rj-
glôis ; (l'exportation des vins de Porto, par exemple
j , il '.'n'y a point de nation qui aime ces. vins
forts.autant que les. Anglois, ni ;qui en.Faffe une
auffi .grande confommation. Les. manufactures
angloifes , fur-tout celles de laine, femblent être
lès plus convenables, au Portugal 3c à fes. pofTef-
fions d’Amérique, j auffi ,l'Angleterre 8c Portugal
concIqrent-ils> à Lpndres, dès 1642 , ç eft-a-
dirè, peu ’ de .temps . après., là, grande. .révolution
arrivée en 1640 , un!.traite, d’amiyé 8e de, commerce
, qui eft fort favorable. C e traité fut
confirmé en 17,13, par celui d’Utrçchf 5 & par
des conventions particulières, faites, entré- .les
cours de Londres 8c de Lisbonne, à différentes
époques. Enfin l'intérêt mutuel a refferré les
liens entre les deux nations 3 ,& toutes -les" fois
que le Portugal^ été menacé-, les; flottes angloifes
ont volé ,a fvn fecoursFOh en a vu de ,ffequens
exemples,. 8c entre! autres,en 1728. Le 'Portugal
ayant été menacé par l'Efpagne, l'amiral Norris
parutfôudaiïemeht dans.lé Xageavec une efeadre
formidable, & fa feùle prëfehce fit avorter tous
les deffeins de^ la cour de Madrid. Ces feçours ont
été bien payés par lé P o r tug a lmais à ces petites
converiancès. nous avons oppofé. dans, la -feéliop
fixième , des raifons eri faveur d'un nouveau fyf-
•Cemé, & nous avons expliqué Comlbien il eft- né-
ceffafre aux portugais; ders'raffranchir du joug de
l’Angleferre. ’ .
Le commerce 8c la. navigation dans les Ind.es,
ont produit long-temps une rivalité extrême entré
les portugais & les nojlahdois, ces derniers s'étant
etnpa^és,..du, Brefîi!-•& d^s, In^s.ôuientaks,
tandis que,le pànûgkr^kbaf fous.la donpi'naclçin
des;.èfp'àgnpls,' qitte Tivàfité! ejfoit, c&prto£-dpg.éflçrfi
en üné gu'érré ouverte. AprèààvQÎf recpuyi^ fpfi
frtdebep!dàriçèf, s il rpçfierqna^Çai^it^'i cfés. prp^ipjr.
ces-unïes', q u i, 'malgré' res” traites“' continuèrèrit
(Scott, polit- diplomatique. Tome. 1IU
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à.lui -faire une guerre fourde. La cour de Lisbonne
fongea férié ufement à fa défenfe, 8c reuffit, en
i 65.8 , à; chaffer lés ., hplfirndois dss étàbliffe-
mëns qu’ils ; avoient ! formés!.au B refil C. voyez
l’arèicle Brésil). Cette guerre fut terminée par un
traité’ de pqix $c d’alliance .entre le Portugal les
provinçêsrunies, conclu à la Haye le 6 août 1661.
Les contraélans demeurèrent en pofïeffion des villes,
châteaux, places, 8cc. qu’ils avoient faifis,
foit aux Indes orientales , foit ailleurs : chacun
d’ eux' renonça, aux prétentions .qu’il pouvoir former..
Les proyincès-unies, renoncèrent à toutes
leurs,^pfétèntiqhs fur lé prëfil, à. condition qu il
leur, feroit permis d’y faire toute efpece de commercé!,
à F exception de celui dii .bois de prefil 3
elles fe réfervèrent la mêmé permiffion dans tous
les ports, rades, havres & autres placés que lés
portugais àvoient fur les côtes d’Afrique. On déclara
que, fi le roi de Portugal violoit quelqu'un^
des conditions de cette paix , les provmces-ünieè
î rentreroient.dans tous les droits , auxquels ' elles
renopçoient ; & que ceux de fa majefté portu-
gaîfe .reviyroienr également dans le cas ou les
états-généraux vièndroient à enfreindre-'‘quelque'
article du traité. La teneur & les conditions de ce
traité ayant été confirmées par celui d'Utrécht ,8c
par plufieurs conventions particulières^ mettent le
Portugal en fureté contre les attaques des hollan-
dois. ji la pofitron aêluelle de la république, & lai
forme de fon ^gouvernementné peuvent lui mf-
piïer des-projets de conquêtes v-fa;maxime-eft de
fe. contenter, de ce; qu'elle :poffède -& de 11e fe
fervir de'fes> efeadres que pour protéger- fon commerce
; elle à; éprouvé au Brefil' ce que petivenc
lés forces du Portugal, lorfqu’il veut faire des efforts}
& enfin l’Angleterre ou un autre pays ne laif*
feroient jamais ce royaume fans fecours 5 ces pu:f*
fances'font jaloufes des progrès que la Hollande
arfaits dànsdes Indes. D'un autre côté-, les por-
füga/f.ne.font pàs.en état d’attaquer les établiffe-j
mens de la Holland e.,r. qui a en Europe 8c en A fie
des années1 .& iune marine infiniment fiipérieures
à l a leur.: -i - -
D'après ce qu'on a dit plus haut, le Iedeur
voit aÎTez qu’ excepté l'Efpagne , le Portugal ne
fduroit guère avoir .de vrelations - qil’avéc-les-nations
comme r çant e sqü' ainf i fli-république
helvétique , la- pluparc-ides: édts ;#Italie , des
princes :d'Allemagne * Jà Pofe^né' &' la Rufiie ,
efivrent pour peu de jehoffe idans fon < ftlleme politique.
Car le- roi âe Portugal n’enmetient point
de troupes fuiffes ; fes fujets ne font peint de
commerce'direét avec l’Italie , ni avec l’Allemagne,
fi ce n’ eft avec les villes Anféaïiques ;
. les... portugais 2t^;jeS::;polqnois nef doivent jamais
fe. rencontrer îui refte ,, la Ruffie & le Portugal
viennent, de -fig^or un cpaito de commerce : -elles
n'avoient pas eq jufqu'ici de liaifpns direéle?.
Les liailÔns dè parente /qui fubfillent entre la mai