tricien Te crouvoit préfent : c'eft Uli trait curieux
, puifque Nuremberg paffe pour une ville libre.
Les jeunes patriciens regardent les plus ref-
pe&ablesde leurs concitoyens avec une hauteur in-
fupportable.
Il y a deux cents ans qu'on portoit les habitans
de Nuremberg à foixante-dix mille âmes ; on en
compte actuellement 30,000. Scaliger dit que, de
fon temps, la ville de Nuremberg avoit plus de revenus
que l'éle&eur de Saxe. Cette ville contribua
& contribue encore autant aux dépenfes de 1 Empire
que le royaume de Bohême, & que les deux
principautés réunies d'Anfpach & de Bayreuth.
En général, les villes libres furent impofées en
1521 plus que les autres états de l’Empire. Ces
derniers ne furent taxés qu'en proportion de leurs
domaines ; les villes le furent en proportion de leurs
revenus. Les revenus de Nuremberg'font évalués àfix
millions de florins $ mais il eft vraifemblable qu'ils
ne paffent. pas deux millions. Comme les patriciens
prétendent qu'ils ne doivent compte a per-
fonne qu'à l’empereur , on leur reproche de partager
eritr'eux le produit des impôts. Maigre ces
revenus confidérables, cette ville ell chargée de
beaucoup de dettes. On évalue l'avantage d etre
né patricien à la fomme de cent mille florins. Le
magiftrat de Nuremberg fait un grand fecret de fes
revenus. Les impôts de la ville font exorbitans.^
La ville a confervé jufqu'ici beaucoup de crédit
, à caufe de la régularité avec laquelle on paie
les arrérages des dettes de l'etat. Indépendamment
des impôts, le citoyen eft encore affujetti
à une foule de dépenfes dont il ne peut fe dif-
penfer, & qui font très-onéreufes. Par exemple 3
l'enterrement d'un homme d une fortune moyenln
e , coûte cinq à fix cents florins; une noce}!
8 à 1200 florins ; un baptême, 100 florins. Il y a
des gens prépofés à ces cérémonies qu'il faut payer,
même quand on ne s'en fert point. Les préfens
de la nouvelle année montent, pour une maifoit
d'une fortune moyenne, de 75 à 100florins. Il faut
payer encore une taxe affez confidérable , quand
on fait un teftament ou quelqu'autie difpofition
de ce genre. Si un particulier laiffe 50,000 florins
dont il a difpofé en faveur de fes enfans, il y a ,
dit-on., près de 2000 florins de dépenfes indif-
penfables à faire, tels que 1000 florins pour l'enterrement
& les habits de deuil, 250 florins pour
la taxe du teftament, 450 flor. pour l'inventaire,
& c . & c . Il faut que l'efpnt d'induftrie & de commerce
ait pouffé des racines bien profondes dans
cette ville, pour n'être pas entièrement détruit
par une pareille adminiftration. Nuremberg cependant
fait encore des affaires très-étendues. L'in-
duftrie y fleuriffoit déjà, dès le treizième & le
quatorzième fiècle. On y trouve une induftrie pro-
digieufe , & l'exaditude nurembergeoife eft en
réputation.
Nuremberg entretient huit compagnies d'infanterie
i compofées chacune de 100 hommes en
temps de paix, & de 185 hommes en temps de
guerre : deux compagnies de cuiraffiers, de 85
hommes chacune , & deux autres compagnies de
foldats vétérans, dont la totalité fe monte à 116
hommes. La milice bourgeoife eft rangée fous
25 drapeaux de 300 à 400 hommes chacun. La
ville a en outre 200 canoniers, deux compagnies
de cavalerie .& deux compagnies de dragons ,
qui en temps de paix font en garnifon dans la
fortereffe de Lichtenàu.
o
O B E R M U N S T E R , abbaye princière d 'A llemagne
, fîtuée dans la ville de Ratisbonne.
Cette abbaye de femmes a été fondée par Hem-
m.i , époufe de Louis le Germanique , en 887.
Le titre de l'abbeffe eft t- par la grâce de Dieu ,
princeffe du Saint-Empire-Romain , abbeffe de la
très-noble aïbbaye impériale & immédiate d'Ober-
munfter à Ratisbonne. Elle occupe à la diète de
l'Empire la quatorzième place fur le banc du
Rhin , parmi les prélats , & la huitième ou dernière
aux affemblées circulaires de Bavière. Sa
taxe matriculaire fut fixée en 1684 à 10 fl- Elle
paye à la chambre impériale un contingent de
50 rixdales, 67 & demie kr. L'éleéteur de Bavière
eft avoué & protecteur de l'abbaye, laquelle
d'ailleurs eft du çüocèfe de Ratisbonne. Les
religieufes ne font pas foumifes aux règles clauf^
traies , & elles peuvent fe marier. L'abbeffe tenta
vainement d'obtenir en 1707, 1710 de 1711 la
fupériorité territoriale fur les terres fuivantes ,
fituées en Bavière, qui font de fon domaine ,
favoir : les prévôtés de Sallach , de Mettenbach
& d'Ottmaring, & les territoires nobles d'Ott-
maring, Ober-Traubling, Pifendorf & Ober-
Pærbing. ' *
O CH L O C R A T IE . Abus du gouvernement
, démocratique, qui a lieu lorfque le bas peuple fe
rend maître des affaires.
L ochlocratie doit être regardée comme la dégradation
d'un gouvernement démocratique : mais
il arrive quelquefois, que ce nom ne fuppofe pas
tant un véritable défaut ou une maladie réelle de
T é tâ t, que quelques pallions ou méconteritemens
particuliers qui font caufe qu'on fe prévient contre
le gouvernement aCtuel. Des'elprits orgueilleux
qui ne fauroiént fouffriîr légalité d'un état
populaire, voyant que chacun a droit de fuffrage .
dans les affemblées où l'on traite des affaires de
la république , & que cependant la populace y
eft en plus grand nombre, appellent à tort ce.t
état une ochlocratie \ c'eft-à-dire, un gouvernement
où la canaille domine , & où les perfonnes
d'un mérite diftingué , tels qu'ils fe croient eux-
mêmes , n’ont aucun avantage fur les autres ; c'eft
oublier que telle eft la conftitution effentielle d'un
gouvernement populaire , que tous les citoyens
ont également leurs voix dans les affaires qui,
concernent le bien public. Mais , dit Cicéron,
on auroit raifon de traiter d'o ch lo c r a t ie , une ré-
publiqueoùla populace, feraitles ordonnances 5 par
exemple , celle des anciens Ephéfîens, q u i, en
chaffant le philofophe Hermodofe, déclarèrent
que' perfonne chez4 eux ne devoit fe diftinguer
des autres par fon mérite. Voye£ les articles G ouv
e r n e m e n t & D é m o c r a t i e .
O CH S E N H A U S E N , abbaye princière d Ab
Iemagne , au cercle de Süabe.
L ’abbaye d'Ochfenhaufen , ordre de famt-Benoit
, eft; fituée entre le» villes impériales de Mem-
mingen & de Biberach : elle fut fondée en 1100
à titre de prieuré , dépendant de l abbaye de faint-
Blaife dans la forêt noire. Mais en 1391
affranchie de fa dépendance & érigée en abbaye
particulière. En 1397 l'empereur W en ce flas le -
xempta de la jurifdi&ion des préfidiaux , & ce
privilège lui fut confirmé en 1434 par Tempereur
Sigifmond, & en 1452 par l'empereur Frédéric:III.
En 1548 Ferdinand I. lui accorda fa protection
fpéciale & celle de l'Autriche, fous laquelle elle
ie trouve encore. L'empereur Jofeph invertit
i'abbé en 1706 de la jurifdiétion civile & criminelle
fur tous les bourgs , villages & terres
de fon abbaye. Elle paye annuellement a la pre-
feéture d’Altôrf un droit de protection d e fo n .»
& elle en paye 10 pour Umendorf. Le titre de
l’abbé eft : très - révérend prélat & feigneur du
faint-Empire , abbé régnant de l'abbaye immédiate
, libre & impériale d’Ochfenhaufen, feigneur
des Kgronies de Thanheimb , d’Umendorf , du
haut Ifc du bas Sulmintingen , d'Hornbach &
de Fifchbach. Il fiége à ' la diète de l’Empire
entre Weirigàtten & Yrfée ,, fur le banc des
prélats de Suabe ; mais aux états du cercle. fs
place eft marquée entre Elchingen & Weingarten.
Sa taxe matriculaire eft de 100 florins, & fon contingent
, pour l’entretien de la chambre impériale
j de 139 rixdaters 69 kr. Les appels des jü-
gemens rendus dans les bailliages de 1 abbaye vont
au confeil de régence 3 , compofé d’affeffeurs Se
d’officiaux eccléfiaftiques & féculiers. Fijyq; l ’ar-
ticle SüABH.
O DENH E IM , prieuré impenal ou fouveram
d’Allemagne, au cercle du haup-rhin On l’appelle
auffij le chapitre noble de Bruchfal.
C e prieure n’etoit d’abord qu’ un couvent de
bénédiâins ; Brunonéleifteur de Trêves , & fon
frère Papp.on , tous deux comtés de Laufen , le
fondèrent à Odenheim ou Nfigolsberg en m l ,
& ils fe réfervèrent le droit de patronage pour
- eux pour leurs defçendans : la fondation obtint
l’agrément des papes P a fca l, Céleftin I I I , Ho-
norius & de l’emperaur Henri IV . Mais à l’ex-
rinction de la maifon de Laufen, 1 abbe Berui-
ger , de . l’ avis de fon couvent, offrit le droit
dé prorcciion à l'empereur Frédéric II & à fes
fucceffeurs. Louis de Bavière tranfmit le droit de
pvote&ipn à l’ évêque Gérard de Spire , aux fuç