
i M L I V
suffi avantageux pour Te commerce en été que
les traîneaux le font en hiver. Les villes de Riga,
de Revel & de NarWa font un commerce confi-
dérable, 8c celui de Pernau eft bon ; mais il
pourroit être d'un plus grand produit, & enrichir
davantage le pays.
Commerce. Le petit nombre de villes caufe beaucoup
dé préjudice au commerce intérieur. Lorf-
que le payfan eft obligé de conduire fes denrées
à d ix , vingt 8e même trente milles d'Allemagne
jufqu’ à une ville maritime, les frais du charoi en
abforbent le produit. A l'égard du commerce
extérieur , fi l’année eft bonne & fi l'expor- .
tation des bleds n’ell point défendue , les ha-
bitans vendent au - dehors plufieurs milliers
de lafts d'orge & de feigle, ainfi que de l'eau-
de-vie 8e du gros bétail, objets principaux de
leur exportation : celle du lin , du chanvre, de
la graine de lin Se de chanvre, de ta c ire , du
miel 8e des planches eft moins importante. La
ville de Riga exporte aufli des marchandifes qui
lui viennent par la Düna , de la province de We-
likoluk, dans le gouvernement de Nowogorod ,
d'une partie du grand-duché de Lithuanie, de la
L iv o n ie polonoife 8e de la Courlande ; elle exporte
en particulier trois fois plus de bled qu'il
n'en croît en L iv o n ie . L ’exportation des productions
du pays 8e l'importation des marchandifes 8e
denrées étrangères fe font par les feuls vaiffeaux
étrangers.
R e lig ion & régime ecclejiaftique. Les habitans
profelfent prefque tous la religion évangélique luthérienne
; les réformés 8e les ruffes exercent aufli
librement la leur.
En Ellhonie , les curés 8e la cathédrale
de Revel , dépendent de la nobleffe.^ Il n’^
en a que quarante dans tout ce duché , d'ou
l ’on peut juger de l'étendue des f*roifles. Elles
font diftribuées en prévôtés, 8e cette diftribu-
tion eft la même que celle des cercles. Le con-
lîftoire de la nobleffe eft compofé d'un préfideilt
(qui eftconfeiller provincial), des prévôts, des
miniftres de la cathédrale de R e v e l, 8e de quelques
autres affeffeurs. Outre ce tribunal, il j a
pour les affaires eccléfiaftiques le confeil fupreme
des appels, dans lequel fiègent, fous la préfi-
dence du gouverneur, quelques eccléfiaftiques 8e
quelque* confeillers provinciaux 8e autres membres
de la nobleffe. En Livonie, ou dans le gouvernement
général de Riga , on compte cent vingt curés
ou pafteurs, qui dépendent aufli de la nobleffe.
Ils font tous fous la direétion d'un furin-
tendaut qui liège à' R ig a , que la nobleffe préfente,
8e que le fouverain confirme : il n’a l’adminiftra-
tion particulière d’aucune communauté. Le con-
fiftoire fuprême, dont le préfident eft confeiller
provincial, liège également à Riga. Dans les affaires
mixtes, on peut appeller de ce tribunal au
■ confeil aulique de l’empereur j 8c dans les affaires
purement eccléfiaftiques, l’appel doit être porté
L I V
au collège de juftice de Saint-Pétetsbourg. Cha»
que cercle a un confeiller provincial, commç
infpeéteur eccléfîaftique. Les pafteurs de Pernau ,
de Dorpat 8c d’autres petites villes de Livonie,
font fournis au furintendant général : mais les
villes de Riga , de Revel & de Narwa ont leurs
confiftcires particuliers , & leurs magiftrats ne
dépendent point du corps de la nobleffe.
Adminiftration , cohege, tribunaux. En Efthonie,
le pouvoir exécutif & les affaires de police appartiennent
au gouvernement, lequel eft compofé
du gouverneur 8c d’un confeiller. Le tribunal Supérieur
du pays , qui fiège tous les ans depuis la
mi janvier jufqu’à Pâques, ne connoît que des
affaires de juftice , 8c remplit d’ailleurs les mêmes
fonctions que le confeil aulique de Riga. Ses
membres font le gouverneur ( qui en eft le pré-
fîdent ) & douze confeillers provinciaux, pris
dans le corps de la nobleffe & ayant rang de
généraux-majors. Les confeillers provinciaux ont
le droit de remplir les places vacantes par une
libre élection , fans avoir befoin de la confirma-
tion du fouverain ; & le plus ancien parmi eux
admimftre quelquefois le gouvernement, en cas
d’abfence du gouverneur j mais il faut pour cet
effet un ordre du fénat de Pétersbourg. C e tribunal
a dans fon reffort, des juftices inférieures,
appellées maungerichte, & il commande aux ha-
kenrichters.
Le hakenrichter de chaque cercle d’Efthonie a
deux adjoints $ fes fondions font de veiller à l’entretien
des ponts 8c chauffées, de faire rentrer
les fommes accordées par l’affemblée de la nobleffe
> .& dans les difcuflions de limites & autres
cas , il forme un tribunal de première inf-
tance. Le maungerichte eft compofé d’un juge ,
de deux affeffeurs & d’un fecrètaire. Il connoît
des affaires de limites 8c de liquidation, & il a
le droit d’informer & de juger les caufes criminelles
: mais fes jugémens doivent être confirmés
par le tribunal provincial. X e s haken-
richters 8c les maunrichters font nommés par le
collège du confeil provincial , choifis parmi la
nobleffe , & ils changent tous les trois ans.
Dans la règle, les adjoints paffent à la place d’af-
! feffeurs } les affeffeurs à celle des hakenrichters, j & ceux-ci deviennent maunrichters. Comme toutes
ces juftices ne fiègent qu’ à certaines époques,
les parties font obligées préalablement de s’a-
dreffer au gouverneur général.
Le premier collège en Livonie eft la chancellerie
du gouvernement, autrement la régence ,
compofée du gouverneur & de deux confeillers,
j outre un fifcal & deux fecrètaires du gouvernement.
Le dire&eur général d’ économie a une
chancellerie particulière. Le confeil aulique eft
compofé de quatre confeillers provinciaux ( c ’eft-
à-dire un par cercle ) , dont l’un eft vice-préfi-
dent, la place de'préfident n’étant prefque jamais
remplie ; il y a d’ailleurs fept affeffeurs-,
t o c
tirés du corps de la nobleffe, M a is , comtîie pour
remplir la place de vice-préfident on fait plus
attention aux connoiffances du fujet qu à la qualité
de confeiller provincial, il arrive fouvent
qu'il n’y a dans le confeil aulique que trois confeillers
provinciaux , lefquels , dans ce ca s , ont
le rang fur le vice-préfident. Les tribunaux inférieurs
font appelles lani-gcrichte 8c ordnungs-ge-
richte : leur jurifdiétion eft la même que celle des
juftices d'Efthonie. De tous ces lièges, l'appel eft
porté au collège de juftice d Efthonie 8c de Li~
vonie, qui fiège à Pétersbourg, 8c dont les ju-
gemens peuvent être réformés en dernier reffort
par le fenat dirigeant.
Revenu s. Les revenus du fouverain viennent :
I®. des biens domaniaux, auxquels appartiennent
beaucoup de hakes, dont une partie a été aliénée
à titre de don, 8c l’autre donnée à ferme à des
employés du duché 8c à des officiers, moyennant
un canon ou cens annuel de 40 , yo à 60 pa-
tagons, 8c même quelquefois au-delà, félon la
différence des terres.
î ° . Des droits régaliens. Ils comprennent principalement
les péages, 8c en particulier les péages
qui fe paient dans les ports de mer.
5°. Des contributions des fujets. Chaque hake
paye, fous le’ nom de fervice de cheval 8c d’argent
de ftation , onze patagons 8c trois gros.
Les fujets livrent d’ailleurs aux troupes, moyennant
un prix fixe , du bled , du gruau 8c d'autres
denrées. I l y a des droits d'accife fur la bière,
I’eau-de-vie, la farine 8c le vinaigre : le papier
timbré a été introduit dès l'année 1695. On dit
que la L iv o n ie , l'Efthonie 8c la partie ruffe de
la Finlande rapportent annuellement environ 7 ou
800,000. roubles.
Depuis que ce pays eft fous la puiffance de
la Ruflie, il eft divifé en deux gouvernemens
8c une viile. Voye^ l’article R u s s ie .
LO D OMER IE , partie de la Pologne qu’ a obtenu
la maifon d’ Autriche , lors du partage de
cette contrée." Vrryeq l’article P o l o g n e .
L O C A R N O , en allemand Luggarus , un des
quatre bailliages que douze captons fuiffes pof-
fèdent en commun en Italie. Appenzell eft exclu
de cette domination commune , parce qu’il n’a
été reçu dans la confédération helvétique qu’a-
près leur conquête. Louis Sforze que'les fuiffes
avoient rétabli dans fon duché de Milan, leur
céda ces bailliages par reconnoiffancè en 1512..
François I " , roî de France , confirma cette cel-
fionen iy iô comme duc de Milan, 8c les fuiffes'
les poffèdent depuis ce temps-là. Ils les font gouverner
par dès baillifs pris’ tour-à-tour dans les
divers cantons , 8c dont la préfecture dure deux
arts.
Le bailliage de Locarno a fix lieues de longueur
fur une de largeur. Les parties montueufes font
riches en pâturages. Les vallons produifent un
peu de froment .d e s châtaignes 8c beaucoup de
L O C ijy
fruits. Les environs du lac Majeur font très-fertiles
en vin , en grains, en truits & en mûriers
blancs. Les payfans élèvent beaucoup de vers
à foie.
La population eft d’environ 30,000 âmes. Les
habitans font fournis à l’évêque de Corne pour
les affaires eccléfiaftiques , à l’exception de Brifago
qui dépend de l’archevêque de Milan.
La réformation s’ introduifit dans ce pays, fur-
tout à Locarno $ mais en 1555 les réformés furent
chaffés par les cantons catholiques, qui
avoient la pluralité des voix pour eux. Un grand
nombre de familles furent forcées de quitter leur
patrie ail milieu de l’hiver, & de s’établir chez
les grifons, à Z u r ic , à Berne, à Bâle , & c .
Plufieurs de ces familles fubfiftent encore dans
ces villes , fur-tout les Muralti, les Orelli 8c les
Peftalozzi, & c .
* Le baillif a le titre de commijfaire. Son pouvoir
eft très-étendu. Il l’eft trop, ainfi que nous le
dirons à l’article L u g a n e . Il décide feul des
caufes civiles 8c criminelles. Les adjoints, peut-
être par abus, n’ont que la voix eonfultative ,
excepté dans le cas de crimes dignes de mort ;
alors le baillif n’a que le droit de grâce »
mais on appelle de fes fentences devant les députés
que chaque canton envoie chaque année
dans le pays 5 il y a encore appel de ce fyndicac
pardevant les cantons mêmes.
Toutes les caufes civiles fe jugent en allemand,,
quoique l’italien foit la langue du pays.
Le bailliage a un confeil de vingt-une perfonnes.
C e confeil réglé les affaires du pays , le prix des
denrées, les poids & mefures, ce qui a rapport
à la fanté, aux chemins & à d’autres dépenfes
publiques. Le bourg de Brifago , la Riviera di
Gambarogno & le val Vetzafca. n’ y envoient de
dépurés que lorfqu’il s’agit , du pays en général.
Ils ont leur propre juftice, dont on appelle devant
le baillif. Ils payent aufli les impôts fépa-
rément.
Locarno eft un bourg très-grand, bien bâti &
dans une fituation riante. Au huitième fiècle , il
appartenoit à l’évêché de Côme. Il paffa fuc-
ceflivement entre les mains des Muralti, des ^if-
conti 8c des Rufca. Les fortifications ont été ra-
fèes par les fuiffes. Les habitans font partagés en
nobili, en terrien 8c en cittadini. Brifago a des
privilèges particuliers. Ses habitans furent fi bien
fe conduire q u e , dans lé partage de ces bailliages
, ils furent tout à-fait oubliés, & ne furent
adjugés à perfonne. En 1520, ils fe fournirent
volontairement aux douze cantons , qui leur accordèrent
plufieurs franchifes. Ils ont leur propre
juftice, dont on appelle, il eft v ra i, devant le
baillif j mais celui-ci eft tenu d’aller à Brifago
même pour y juger lès procès.
Ils choififfent leur podefta , qu’ils font obligés
de prendre dans la famille des Orelli. Celui - et
avec trois confoli, nommés pareillement par la