
Tont été trop tôt: Pierre avôit le génie imita tif
il - h ’avoir pas !e vivib-génie- , celui* -qui crée 8c
fait tout de rien. Quelques-unes des cÜofos qu'il
fit étoient bien, la plupart croient déplacées. Il
a vii que fon peuple étoit barbare , il n'a point
Vu qu'il n’étoit pas mûr pour la police j il l'a
voulu civilifer quand il ne falloit .que l'aguerrir.
11 a d'abord voulu faire des allemands , des an ;
-glois , ‘quand il falloir commencer par faire des
•rûffes ; il a empêché fes-fujets de jamais devenir
ce qu'ils pourroient erre , en leur perfuad&nt
qu'ils étoient ce:qu'ils ne font pas. C 'eft ainfî
qu'un précepteur français forme fon élève pour
’briller un moment dans fon enfance , 8c puis ;
îî'être jamais rien.
• II y a dans tout corps politique un maximum {
cie force qu'il ne fauroit paffer, 8c duquel fou-
vent il s'éloigne à force de s'agrandir. Plus le
lien.foçial s'étend, plus il fe relâche, & en général
un petit état eft proportionnellement pli» fWt
qu’ un grand.
. Mille raifons démontrent cette maxime. -Pre-j
-miérement Tadmimftrarion devient plus pénible
dans les grandes diftances, comme un poids devient
plus lourd au bout d'un plus grand levier. '■
Elle devient auffî plus onéreufe à mefure que les
‘degrés fe multiplient ; car chaque ville a d'abord
J a fienne que le peuple p aye , chaque diftriCt la
fienne encore payée par le peuple 3 en fuite chaque
province, puis les grands gouvernemens , les fa-
trapies , les vice - royautés qu'il faut toujours
payer plus cher à mefure qu'on monte, 8c toujours
aux dépens du malhgar^ux peuple 5 enfin
vient l'adminiftration fupréme’ qui écrafe tout.
Tant de furcharges épuifent continuellement les
fujets ; loin d'être mieux gouvernés par tous ces
ditférens ordres , ils le font moins bien que s'il
n'y en avoit qu'un feul au-deffus d'eux. Cepem \
dant ià peine refte-t-il des r effourçes pour les cas ;
extraordinaires ; 8c quand il y faut recourir , l’état
eft toujours à la veille de fa ruine.
C e n'efVpas tout } non-feulement le gouvernement
à moins de vigueur & de célérité pour
faire obier ver les loix, empêcher les vexations ,
corriger les abus , prévenir les entreprifes fédi-
tieufes qui peuvent fe faire dans des lieux éloignés^
mais le peuple a moins d’affeCtion pour fes
chefs qu'il ne voit jamais, pour la patrie qui eft
à fes yeux comme le monde , & pour fes concitoyens
dont la plupart lui font étrangers. Les
mêmes Jeix ne peuvent convenir à tant de provinces
différentes., qui vivent fous des climats
-opposés, & qui ne peuvent fouffrir la même forme
de gouvernement, Des loix différentes,n'engendrent
que troubles & confufion parmi des
peuples q u i, vivant fous les .mêmes chefs & dans
•une communication continuelle, paffent ou fe
marient les uns chez les autres., & , fournis à
d'autres.coutumesne Lavent jamaisjfî leur pa-
-trimpiaç ç# b iehi Tes taie ns font enfouis,,
les vertus ignorées, les vices impunis dans cette multitude d'homme^ inconnus les tins aux autres^
iefiège de .l'admimftration fupr.ême raflemble
un même lieu. Les chefs , accablés d'affar-
res, ne voient rien par eux-mêmes, -des commis
gouvernent l'état. Enfin les mefures qu'il faut
prendre pour maintenir l'autorité générale > à la*-
; quelle tant d'officiers éloignés veulent fe fouftraire
ou en impofer, abforbent cous les foins publics ;
il. n en relie plus pour le -bonheur du peuple $ à
peine en refte-t-il pour fa défenfe au befoin , &
-c eif ainfî qu’un corps trop grand pour fa confi-
; titutioh , s'affaiffe 8c périt écrafé fous fon propre
:poids.-
i II D'un autre c ô té , l'état doit fo donner unfc
certaine baie pour avoir de la folidité, pour ré-
; fifter aux fecouffes qu'il-ce manquera- pas d'e*
prouver, & aux efforts qu'il fera contraint de
faire pour fe foutenir : car tous les peuples ont
une efpèce de force centrifuge, par laquelle ils-
agiffent continuellement des uns contre les autres,
& tendent à s'agrandir aux dépens de leurs
voifîns comme les tourbillons de Defeartes. Ainfî
. les foibles rifquent d'être bientôt engloutis , &
nul ne peut guère fe conferver qu'en fe mettant
avec tous dans une efpèce d'équilibre, qui rende
la eompreflion par-tout à peuprès égale.
On peut mefurer un corps politique de deux
manières} favoir, par letendue du territoire 8c
par.le nombre du. peuple:, .& il y a entre l'une &
1 autre de ces mefures un rapport convenable
pour donner à l'état fa véritable grandeur : ce font
les hommes qui font l ’état, & c'eft le terrein qüi
r.ourrit les hommes : ce rapport eft donc que là
terre fuffife à l'entretien de fes habitans, 8c-qu'il
y ait autant d'habitans que la terre en peut
nourrir. C'eft dans cetteproportion que fe trouve
le maximum de'.force d'un nombre donné de peitr
pie } car s'il y a du terrein de trop, la garde en
eft onéreufe j la'culture infuffifante, le produit
fuperflu 5 c'eft la.caufe prochaine des guerres dé-
efenfi-ves ; s'il n'y en a. pas allez , réra: fe trouve
pour le fupplément à la diferétion de fes voifîns;
c'eft la caufe prochaine des guerres offenfîves.
Tout le peuple qui n'a , par fa pofîtion , que
l'alternative entre le commerce ou la guewe, eft
foible -en luiVmême; il dépend de fes voifîns } il
dépend des événemetis ; il n’a -jamais qu'une
a^Kiftenee -incertaine 8c courte. Il fubjugue' 8c
change de Situation , ou, il eft fubjugué Sc n'eft
rien. II ne peut fe conferver libre qu'à force de
petiteffe ou dç grandeur, •
On /ne peut donner en , calcul un rapport fixe
centre l’étendue de terre & le nombre d'homme«
qui fe fuifi-fent l'un,à d'autre , tant à caufe ides
différences, qui fe trouvent dgns les qualités du
terrein , dans fes degrés de fertilité , dans la nar
ture. de fes prpdlierions', dans l'influence des
cclimatSc,-. que de . celles qu'oii [remarque dans lès
I teqjpçr^mens des -hommes qui Jes- habitent 3 donï les
les uns consomment peu dans un pays fertile,
les autres beaucoup fur un fol ingrat. Il faut encore
avoir égard à la plus grande ou moirfSre
fécondité des femmes, à ce que le pays peut
avoir de plus ou moins favorable à la population,
à la quantité donc le légiflateur peut concourir
par fes établiffemens > de forte qu'il ne doit pas
Fonder fon jugement fur ce qu'il v o it, mais fur
ce qu'il prévoit'^ ni s'arrêter autant à l'état actuel
de la population qu'à celui ôù elle doit naturellement
parvenir. Enfin il y a mille occafîons
où les accidens particuliers du lieu exigent ou
permettent qu'on embraffe plus de terrein qu'il
ne paroît néceffaire. Ainfî l’on s'étendra beaucoup
dans un pays de montagnes, ou les productions
naturelles, favoir, les bois , les pâturages,
demandent moins de travail, ou l’expérience
apprend que les femmes font'plus fécondes que
dans les plaines, & où un grand fol incliné ne
donne qu'une petite bafe horifontale, la feule
qu’il faut compter pour la végétation. Au contraire,
on peut fe relferrer au bord de la mer,
même dans des rochers & des fables prefque fté-
riles , parce que la pêche y peut fuppléer en grande
partie aux productions de la terre } que les hommes
doivent être plus raflemblés pour repouffer
les pirates , & qu'on a d'ailleurs plus de facilité
fïour délivrer le pays par les colonies, des ha-
bitans dont il eft furchargé.
A ces conditions, pour inftituer un peuple, il
en faut ajouter une qui ne peut fuppléer à nulle
autre, mais fans laquelle elles font toutes inutiles;
c'eft qu'on jouifle de l’abondance de la
paix : car le temps où s'ordonne un é ta t , eft
comme celui où fe forme un bataillon , à l'inf-
tant où le corps eft le moins capable de réfiftance
& le plus facile à détruire. On réfifteroit mieux
dans un défordre abfolu que dans un moment de
fermentation, où chacun s'occupe de fon rang &
non du péril. Qu'une guerre , une famine, une
fédition furvienne en ce tems de crife , l'état eft
infailliblement renverfé.
C e n eft pas qu'il n'y ait beaucoup de gouver-
Siemens établis durant ces orages ; mais alors ce
font des gouvernemens mêmes qui détruifent l'état.
Les ufurpateurs amènent ou choififîent toujours
ces temps de troubles pour faire paflTer à
la faveur de l'effroi public, des loix deftruàives
que Ie peuple n'adopteroit jamais de fang-froid.
Le choix du moment de l'inftitution eft un des
caraéteres jes plus fûrs , par lefquels on peut
diftinguer l'oeuvre du légillateur d'avec celle du
tyran.
Celui qui, fe trouvant déjà Jié. par quelque unioi
d origine, d'intérêt ou <fe convention , n'a poin
encore porté fe vrai joug des loix ; celui oui n';
ni CQututnesj fuperftitions bien enracinées
celui ,q,ui ne craint pas d'être accablé par uni
fobjte, qui, fons entrer dans les querelle
(açcn, & polie. diplomatique. Tome LlU
de fes voifîns, peut réfifter feul à chacun d’eux,
ou s'aider de l’un pour repouffer l'autre ; celui
dont chaque membre peut être connu de tous ,
& où l'on n'eft point forcé de charger un homme
d'un plus grand fardeau qu'un homme ne
peut porter ; celui qui peut fe paffer des autres
peuples, & dont tout autre peuple peut fe paffer;
celui qui n'eft ni riche ni pauvre , & peut fe
fuifiro à lui-même ; enfin celui qui réunit la con-
fiftance d'un ancien peuple avec la docilité d'un
peuple nouveau. C e qui rend pénible l'ouvrage de
la légiflation , eft moins ce qu’il faut établir que
ce qu'il faut détruire ; 8c ce qui rend le fuccès
fi rare, c’eft l’impoflibilité de trouver la {implicite
de la nature jointe aux befoins de la fociété.
Toutes ces conditions, il eft v rai, fe trouvent
difficilement raffemblées. Aufli vofoon peu d'états
bien conftitués.
P FU L LEN D OR F , ville impériale d'Allemagne':
elle eft fituée dans le Hegau , entre les
comtés de Heiligenberg & dé Sigmaringen. Quelques
auteurs prétendent que l’ancienne ville de
Bragodurum, dont parle Ptolomée, étoit fituée
dans fon emplacement. Cette ville profeffe la
religion catholique. On dit qu’elle avoit anciennement
des comtes particuliers I dont le dernier
nommé Rodolphe, mort en 1180, fans autre
poftérité qu'une fille unique, fe laiffa perfuader
de remettre fon comté à l’empereur Frédéric L
Les empereurs Charles I V & Wenceflas lui ont
affuré fon itnmédiateté. Elle a la vingt- fîxième
voix à la diète & la vingt - quatrième dans les
affemblées du cercle parmi les villes impériales.
Sa taxte matriculaire étoit autrefois de 104 flor. 5
mais elle fut réduite en 1685 à 4} , & portée
en 1728 à 46. Sa contribution pour l'entretien
de la chambre impériale eft de ; ; rixdales
69 & demi kr. Elle paye encore une redevance
annuelle de 5 liv. pfennings à la préfecture d'Ab
torf.
PH EN IC IE . ^Ancien état de T y r 8c des Phé*
niciens, nous n'en dirons que quelques mots.
Les phéniciens n'étoient qu’ une nation très-
bornée dans fon territoirre 8c dans fa puiffance;
& c'eft la première dans l’hiftoire des nations,
Il r.'en eft aucune qui ne parle de ce peuple. I l
fut connu par-tout} il vit encore par fa renommée
; c'eft qu'il étoit navigateur.
La nature qui l’a voit jette fur une cote aride/
entre la Méditerrannée & la chaîne du Libaq, fem-
bloit l'avoir féparé, en quelque forte, de la terre,
pour lui apprendre â régner fur les eaux. La pêche
lui enfeigna l'art de la navigation. Le mu^*
r e x , fruit de la pêche, lui donna la pourpre. Le
fable de fes rivages lui fit trouver le focret du
verre.
Il faut avouer qu’il étoit heureufement fîtué
p.our faire le commerce de l ’Univers. Placés au*
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