
■ d’une moindre confîdération a ou avec lefquelles
elles ont peu d’intérêts à négocier.
Quelquefois les grands princes n'envoient point
de minillres du premier ordre , pour éviter les
difficultés du cérémonial & de l'étiquette.
Une raifon d'économie détermine aufli à envoyer
des minières du fécond ou du troifîème
ordre, dans des cours où il n'y a point de négociations
à faire.
Les électeurs & les princes d'Allemagne donn
a it la main chez, eux aux ambafladeurs de Franc
e , aufli-bien qu'aux ambafladeurs de l'empereur ;
n\ais ils n'envoient en France que des minillres
du fécond ou du troifîème ordre. Ils fe font mis "
dans cet ufage „ parce que le roi n'a pas voulu
accorder à leurs ambafladeurs les honneurs qu'ils
demandoient. Les capitulations des trois derniers
empereurs d’Allemagne expliquent le traitement
que, les ambafladeurs des électeurs doivent recevoir
à la cour impériale : ce Et comme depuis
» long-temps , dit un article de ces capitulations,
M les ambafladeurs des puiflances & républiques
01 étrangères, & ceux particulièrement de celles-
?3 c i, fous prétexte que leurs républiques doivent
H être regardées comme égales en dignité aux
** têtes couronnées., prétendent la préfeance fur
** les ambafladeurs des électeur», à la cour & dans
” les chapelles^ de l’empereur & du roi des ro-
" mains , l'empereur, ne doit ni ne veut plus fouffrit
telle chofe à l'avenir. Les ambafladeurs des
*» rois véritablement titrés, couronnés & régnans,
I l ou des reines douairières & des rois mineurs
** étrangers, auxquels le gouvernement doit ap-
” partenir dès qu'ils auront atteint l'âge compé-
** tent,précéderont les ambafladeurs électoraux5
& céuxrci les ambafladeurs de toutes les ré-
53 publiques, même lés princes préfens en per-
*> donne. Quand un électeur aura plufieurs ara-
» baffadeurs du premier ordre,- foit dans l’Em-
« pire ou. au-dehors , il ne fera plus fait aucune
« diflinétionentr'eux, & il fera rendu à tous &
« à chacun d'eux, le même honneur qu'aux am-
w baffadeurs des. rois-«. Mais quoique-! empereur
d ’Allemagne faite jouir dans fa cour les électeurs
d'un honneur qu'il leur a promis, le roi très-
chrétien qui ne fe trouve pas dans les mêmes cir-
conffances que ce prince , a continué de traiter
les ambafladeurs de Venife & d'Hollande, en
ambafladeurs royaux, & de refufer cet honneur
à ceux des éleveurs. Il traite les miniftres de
ceu x -c i comme les princes-d’Italie non rois.
Les ambafladeurs des princes d’Italie qui ne
font pas. co u ro n n é s fo n t reconnus dans toutes
les cours de l’Europe ; mais ils n'y ont pas le
traitement d’ambafladeurs : aufli n'y envoient ils
en général que des miniftres du fécond ou du
troifîème ordre. Le marquis Viteîli, ambafladeur
extraordinaire de Tofeane à Rome, fut reçu avec
les cérémonies qui s'étoient obferve'es fous le
ppntificat île Clément X , à. la réception du matquîs
Rîccardi ; mais le comte de Martinitz, ambafladeur
de l'empereur d'Allemagne, le traita
en ambafladeur de tête couronnée ; ce qu'on n’a-
voit jamais vu. Martinitz defeendit quatre marches
de fon efcalier pour recevoir Vitelli ; il. lui
donna le titre d'excellence & la main : puis , ail
fo r tir , il l’accompagna jufqu'à fon carotte, &
ne fe retira que lorfque le carotte du florentin fut
en mouvement;, nouveauté que l’ambafladeur d’Allemagne
fouhaitoit d’introduire pour quelque con-
fldération particulière, mais à laquelle aucun autre
ambafladeur de tête couronnée ne voulut fe
conformer.
Les électeurs ont ceffé d’envoyer des ambaf-
fadeurs à l'empereur : i° . pour éviter les difficultés
du cérémonial entre leurs ambafladeurs &
ceux de Venife & de Flollande, & encore entre
leurs ambafladeurs & les princes de l’Empire préfens
: 2e*. par la raifon générale d’économie :
30. par une raifon particulière aux ambafladeurs
des électeurs protell ans , lefquéls , félon l’étiquette
d eVienne, feroient obligés de fe trouver
aux chapelles que tient l’empereur; & ils neveu-
lent pas autorifer , par leur préfence i des cérémonies
de la religion catholique. La cour impériale
elle-même a toujours fomenté avec foin la
méfintelligence qui régnoit pour le cérémonial
entre les électeurs & les princes du corps germanique,
tant aux diètes générales de l’Empire
qu'aux diètes particulières des cercles, pour avoir
la facilité de rompre les délibérations, lorfqu’el-
les ne lui feroient pas agréables.
Les ambafladeurs doivent mefurer toutes leurs
démarches, & ménager la dignité de leurs princes
, aufli- bien que leurs intérêts. L'éclat de
leurs démarches nuit fouvent au fuccès de leurs
négociations ; au lieu que les miniftres du fécond
ou du troifième ordre, qui vont & qui viennent
fans appareil, ont fouvent achevé une négociation,
avant qu’on fâche qu'ils l’ont commencée. .
Le fécond ordre des miniftres publics eft composé
de trois ou quatre fortes de miniftres, dont
nous parlerons ici.
Le titre d'envoyé eft plus récent que celui de
réfident,, Les princes envoyoient , dans certaines
occafions, des gentilshommes de leurs maifons
pour faire des complimens, ou pour des affaires
qui ne demandoient ni la préfence, ni Us foins
d'un ambafladeur. Ces gentilshommes n’eurent
d’abord , dans les cours étrangères , d’ autre qualité
que celle qu’ ils pottédoient dans leur propre
pays, c’eft-à-dire, la qualité de gentilshommes
d'un tel prince. Leur million étoit connue : on
difoit, en parlant d’eux, c'eft un. gentilhomme
envoyé par un tel fiouverain pour une telle affaire.
On s’accoutuma infenfiblement à joindre l’idée
d'envoyé à celle de gentilhomme, & on les ap-
pella gentilshommes envoyés. On retrancha dans la
fuite le mot de gentilhomme, & fis furent Amplement
appelles envoyés.
Au mot d’envoyé > on joignit bientôt celui A'extraordinaire
9 »pour défigner les envoyés dont la
çonimiflion étoit bornée à quelques affaires , après
l'expédition defquelles ils dévoient retourner à
. leur cour, & les diftinguer de ceux dont la mi film
n étoit plus longue. Mais comme le titre A’am-
hajfaâeur extraordinaire fembloit encore plus honorable
que celui d’ambattadeur ordinaire , &
qu on s'étoit.mis dans l’ufiage de qualifier ainfi
les miniftres qui féjournoient long-tems dans les
cours, on en eft venu aufli à donner le titre
A'envoyé extraordinaire à des miniftres chargés des
memes affaires que les envoyés ordinaires, & qui
refîdent comme eux. On a cru donner plus de
.relief parla à ces miniftres, & les envoyés extraordinaires
ont en effet un traitement plus honorable
que les ordinaires. A parler en général ,
le titre A'envoyé extraordinaire eft aujourd’hui le
premier de tous, après celui d’ambaffadeur. Cela
eft arbitraire, & dépend .des ufiages des cours ,
auxquels on doit toujours le conformer.
Nous avons parlé ailleurs des internonces mi-
niftres du pape ; il faut remarquer ici que la Po-
' logne donne aufli ce nom à fon miniftre à la
Porte. Cette république n’eft pas la feule puif-
fiance temporelle de l’Europe, dont les miniftres
Forent ainfi qualifiés ; mais c'eft la feule qui ap--
pt\\e nonces ies députés qui font envoyés à fes
diètes. A Vienne , on donne ce titre par imitation.
à certains miniftres dü grand-feigneur.
Le titre de plénipotentiaire donné fans celui
d'jmbafiadeur, même à un grand feigneur, ne
conftitue qu’un miniftre du fécond ordre. Une
naiffance illuftre & une dignité perfonnelle rele-
-vent le caraéière du miniftre ; mais c'eft au caractère
feul & non à la naiffance, aux dignités ,
aux qualités perfonnelles, que les honneurs font
rendus. Le plein pouvoir honore, parce qu’il
marque la confiance du maître ; mais il ne délï-
•gne qu’un procureur dont la procuration eft amp
le , & ne regarde que l’étendue des traités. La
qualité repréfentative & les honneurs éclatans ne
font attachés qu’au titre d’ambaffadeur ; & nul
ne 1 eft , nous l'avôns déjà dit., f i, dans fa lettre
de creance ou dans fes pouvoirs, il n’a nommément
le titre d ambajfadeur. Le plénipotentiaire ne
doit pas prétendre aux honneurs réfervés aux am-
baffadeurs, à caufe du droit de repréfentation
qui eft attaché éminemment à ce feul titre d’ambaffadeur.
Le prince Cantimir vint en France avec la qua- ■
lité de miniftre plénipotentiaire de la czarine. Il
ne put d’abord avoir audience du ro i, parce que
le caraétère de miniftre plénipotentiaire n’axoit
pas encore donné droit dans la cour de France
à cette audience immédiate ; mais, fur les inllan-
ces de, Cantimir, la cour changea fon étiquette,
& il eut audience du roi. C et exemple eft devenu
une règle. Schmerling, miniftre plénipotentiaire
de l'empereur Charles V I en France ,
eut une audience de congé du ro i, & il y fut
conduit par l’intfoduéteur. Du T h e il, miniftre
plénipotentiaire du roi à Vienne, avoit reçu le
même hoilnëür à l'a cour de cet empereur.
Les Provinces-Unies des Pays-Bas, qui avoient
en France un ambafladeur depuis plüfieurs années,
y envoyèrent dans le même terris deux minillres
extraordinaires & plénipotentiaires. Ils furent ,
chacun à fon arrivée, conduits -par l'introduCteur
à l’audience particulière du roi.
Les envoyés & les autres miniftres du fécond
ordre ne font point d'entrée comme les ambafladeurs
; mais ils ont des audiences du roi , fans
que les gardes prennent les armes pour eux. Ils
y font menés dans les carottes du prince par l’ in-
I troduéteor des minillres étrangers : au lieu que le
réfident & les miriiftrts du troifième ordre n'ont
point de traitement, ne vont point à l'audience
du ro i, & ne voient ordinairement que le fecrè-
taire d'état qui a le département des affaires étrangères.
Le titre de réfident & tous les titres des
miniftres , dont nous parlerons au paragraphe des
miniftres du troifième ordre , font des titrés inférieurs
à ceux d'envoyés & de plénipotentiaires.
Ces miniftres ne font pas de la même clane que
les envoyés & les plénipotentiaires, puifqu’ils ne
reçoivent pas les mêmes honneurs. C ’eft par fes
lettres de créance, par fon admiffiôn & par les
honneurs qu’ il reçoit, qu’il faut juger du caractère
d’un miniftre public.
Des miniftres du troijïeme ordre.
On appelle de différens noms les miniftres du.
troifième ordre ; mais, fous des qualifications di-
verfes, leur état eft le même.
Du réjident,
Cette qualité n’étoit point connue îorfque toutes
les ambaflades étoient extraordinaires. L ’u-
fage , en introduifant des ambaflades ordinaires ,
introduisit aufli le nom de réfident. On le donna
alors aux ambafladeurs ordinaires,, pour les dif-
tinguer des extraordinaires , dont la miflion n'é-
toit que paffagère. Ce même ufage, qui-prouonce
fbuverainement fur tout ce qui eft arbitraire, a ,
depuis environ cent fbixante ans, laiffé le nom
de réftdens aux miniftres qui n’ont aucun titre dans
une cour , & qui font eenfé's y devoir toujours
réfider. La qualité de réfident commença à perdre
de fon éclat, lorfqu'on vit la cour de France 8c
la cour d’Autriche mettre de la différence entre
les réfidens & les envoyés , & traiter ceux - ci
avec plus de considération que ceux-là. Prefic;ue
tous les minillres qui portoient en France le nom
de réfidens, le quittèrent alors & reçurent de leurs-
maîtres la qualité A'envoyés. C e titré de réftdent
fubfîfte néanmoins eiicoie à Rome , chez quelques
princes & dans quelques républiques.