dans la PouilJe fur-tout, finguliérement perfectionner
la qualité j dont nous tirons beaucoup en
France , principalement pour alimenter nos fabriques
de draperies ordinaires du Languedoc, &
qui palfent ainfi à Rouen pour celles de Darne-
tal & des environs : ces laines, dis-je, font af-
fujetties a des droits de fortie , après que les animaux
qui les donnent, ont été afllfjettis à un
droit particulier de pacage. Les légumes ne peuvent
pas toujours fortir : on a befoin de permif-
fions, & toujours on paye des droits ».
« Il y en a enfin fur tous les objets d’exportation,
excepte' pour les confitures, le chocolat, les bonbons,
dont le commerce fe fait en exemption
de droits j attendu ceux qu’ont payés à Tentrée
les matières premières, le fucre, le cacao, &e »,
. “ P n a entrepris à Naples différens genres de
fabrique qui y avoient très-bien réuffi : des hol-
fandois y en avoient monté une de draps,. & ils
en faifoient de très-beaux 5 mais loin de les fa-
von fe r , on fembloit les regarder de mauvais oe i l,
parce que, dirent les pubiicains, ces fortes d’éta-
bliflemens qui arrêtoient l’importation , faifoient
tort aux douanes du roi ».
« II eft vrai qu’il n’y a ici , ni taxes d’induftrie
proprement d ite, ni imposition fur les maifons ,
ni capitation .5 & c ’eft un grand point de ne pas
fournir aux corps municipaux & de metier, les
moyens de vexer ceux de leurs concitoyens ou
de leurs Confrères dont ils font jaloux , ou contre
iefquels ils ont quelque haine ou vengeance à
exercer j mais les taxes fur les denrées, fur rentrée
& la fortie des marchandes qui font autant
payer le pauvre que le riche, ont bien auffi leurs
inconvéniens ».
« Les maccharoni, les femolella, les ^Vermi-
celli & autres pâtes, dont Naples fournit l’Italie en
grande partie, & dont la confommation ne peut
fe concevoir que par ceux qui y Ont voyagé, font
dans le cas du bled : fouyent l’extraélion en eft
prohibée, & l ’on veille a ce que les bâtimens
n’ en prennent que pour leur provifïon. Il ne fort
guère de vin que par la voie de Naples, des environs
& jufques par-delà Pouzzole. L ’objet eft
de peu de valeur, parce que les droits font trop
forts». *
« Il y a des papeteries affez confîdérables dans
les environs de Sorrento j & quoiqu’on n’y fafle
que;du papier ordinaire, il paye cependant des
droits pour entrer dans la ville, comme tous les
objets qui fe fabriquent dans la ville en paient,
pour refluer dans" les'provinces. De l’habitude de
tirer de l’étranger tous les papiers'de qualité au-
deffus de l’ordinaire, & des droits trop forts fur
cerné dü pays, il réfulte qu’on ne cherche point
à le perfectionner, . non plus qu’à en e'tendre la
confommation. La France fournit à Naplesh plus
grande partie du papier à lettres qui s’y confom-
me, non qu-on l’y juge meilleur que celui d’Hollande,
que les françoïs même préfèrent au leur
pour cetufage, mais parce qu’ il elFmoins cher ».
fc Les droits d’entrée à Naples fur la draperie
font fi confus , fi bizarres, fi difproportionnés
aux objets , par la manière de les percevoir & de
les paye r, qu’il feroit difficile ou trop long de
les déterminer avec préeifion. Èn rapprochant
leurs différences à l’égard des diverfes efpèces,
on prétend que le taux commun-fe préfente de
2.0 a 24 pour cent ; mais qu’ au moyen des factures
fimulées , des bons aunages , & c . on en el-
quive une partie, & qu’on les réduit de iZ v à iy
pour cent ; mais on prétend aufli que les anglois
qui fourniffent beaucoup de ces articles, par la
nature de ceux qu’ils fourniffent, ne paient guère
que moitié des droits que’nous payons. Ceci leur
facilite tellement ce commerce, dans les parties
fur-tout où leurs laines de bas prix & de bonne
qualité peuvent entrer, que les françois mêmes ‘
établis à Naples leur donnent des commiflioris.,
fur lefqùelles ces premiers, gagnent encore autant
que fur les marchandifes de leur propre
pays^. M g | . ' . §È$£M
« Il feroit important pour la nation françoife
défaire régler ces droits d’une manière plus uniforme',
ainfi qu’on l’a demandé en nombre de
circonftances : s’il eft quelqu’avantage à' procurer
, quelque faveur à accorder, c e doit plutôt
etre à l’égard de la famille qu’au profit des étrangers.
Cette inégalité qui favorife aujourd’hui
l’Angleterre, équivaut à un impôt" égal fur la
France ».
« Les napolitains ont bien des manufactures de
draperies ; ils fabriquent les draps d’uniforme pour
les foldats, ceux pour les gardes du' roi qui n’en
diffèrent pas extraordinairement , & beaucoup de
ceux employés en livrées, qui font ufi objet im-
menfe. Ils y emploient des laines du c ru , qui font
bonnes & à bas prix ÿi ainfi que la main -d’oeuv
r e , & rien né femble manquer à ces établifîe-
mens pour profpérer 5 cependant, fans avoir atteint
un haut degré de fplendeur, iis font déjà
déchus : une main étrangère les a élevés' & fou-
tenus. Abandonnés à l’induftrie nationale, ils dé-
çérifient : ils font aujourd’hui dans le plus grand
état de pauvreté, &*la multiplicité de leurs pratiques
, fans concourir à en perfectionner les productions,
ne fert qu’à les enrichir davantage. Ils
ne favent même pas dégrailfer les laines j ils n’entendent
rien ni au foulage, ni à l’apprêt des draps,
ni d’aucune étoffe $ & 1 on vient de fe voir forcé
de donner des commiflions- à un fabricant d’EI-
bei f , qui eft ic i, pour fournir à toute la livrée
du r o i, dans les différentes qualités »; ‘
« On eft neuf dans les opérations, de la fabri-'
que des étoffes de fo ie , à commencer par l’é-
cruage des foies, & fur-tout par les teintures
dans lefqùelles on eft fort ignorant, jufqu’à l’exécution
des defifeins , dont l’imitation refte grof-
fière, & dont l’invention eft à naître ».
N A P
•« Lés droits d’entrée, de 20 à i f pour cent ;
fur les foieries étrangères, feroient bien forts , fi
la rufe ne venoit de temps en temps au fecours
pour les diminuer fur quelques parties. Ceux fur
les bas font de 4 & demi carlins par paire , &
l ’on ne_ fauroit s’habiller qu’avec des bas de
•France'; mais il en encre plus de la moitié, peut-
etre les trois quarts en contrebande. On m’ a.af-
furé avec le ton de la perfuafion , que fi cette
taxe étoit réduite à un carlin par paire, elle rapporterait
davantage au fifc »- On ne peut guères
en douter, & l’accroiflement des revenus de l’Angleterre
par la diminution des droits fur le thé ,
en eft une bonne preuve.
•e Le peu de toile qui fe fait dans le royaume
de Naples, eft commune & groflière, Prefque
tout ce qu’on y en confomme, fe tire de la Siléfie
ou de la Suilfe, & toutes les toiles peintes de
ce dernier pays , celles de France, en général,
font trop chères pour les italiens ».
" Il fe fait quelque fer dans le royaume de
Naples 5 mais la plus grande partie fe tire de la
Suède & de la R uftie. Il eft en ferme avec le.fel I
& le tabac, comme ces deux derniers objets en
France. Le fel coûte environ 2 fols 6 deniers la
livre 5 & la culture du tabac eft défendue à toute
autre perfonne qu’aux religieux, qui peuvent en
avoir tant de plantes par individu pour leur confommation
».
Un auteur napolitain , M, Michel T o r c ia , a
préfenté en 1784 à l’académie des fciences &
belles-lettres, un état de la navigation nationale
far toute la cote orientale. de ce royaume ; & on
trouve, dans cette differtation qui eft imprimée ,
des remarques curieufes.
La longue & fertile côte depuis Reggio jufqu’à
•Crotone, n’a pas un bâtiment marchand, pas
même un bâteau pêcheur.
L ’ opprelïion féodale y emporte à elle feule,
en bien des endroits, le quart fur le produit
d e là pêche, & trente pour cent fur l’article du
pain, ,
Ce pays n’ eft pas feulement fournis à l’oppref-
fîon des barons, il l’eft à celle des abbés com-
mendataires, des évêques & archevêques , des
couvens de religieux & de religieufesi des prieurés
, bailliages & commanderies de Malthe, des
villes & autres communautés qui jouirent des
droits baronaux fur leurs villages.
Si le cultivateur récolte plus de bleds qu’ il
tfen faut pour la fubfiftance de fa famille & de
fes ouvriers, il ne peut vendre le fuperflu à l ’é tranger
, avant que le feigneur du village ait vendu
le fien. Il ne peut même leS voiturer chez
lu i, avant que le feigneur ait achevé de fe fer-
vir de. fes voitures, & , en plufîeurs endroits,
fans rien payer.
Sous Charles III on avoit reprimé quelques abus
de la tyrannie des baions ; mais nous venons de
les voir repulluler de nos jours parla défuétude,
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5c même le mépris ou on a laififé tomber fes
fages loix.
Des barons du premier ordre viennent de s’emparer
de diverfes forêts appartenant aux communautés^
ils les ont coupees 5 ils en ont vendu
les bols, & ils en ont converti le fol en terres
labourables , en vignobles & châtaigneries pour
leur unique profit.
Les mêmes caufes ont produit des effets aufli
funeftes fut 1 autre côte non moins longue & non
moins fertile, qui fe trouve depuis Cortone jufqu’
à Tarente.
On peut, voir, dans l’ouvrage indiqué tout-à-
l’heure, là multitude de ports du royaume de
Naples qui fe font combles ; les caufes qui ont
réduit à quelques rades les dieux où abordent les
bâtimens i la mifère des campagnes & du commerce
; les moyens de revivifier l’un & l'autre.
C e tableau eft affligeant.
On a fait fur l’adminiftration du royaume de
Naples un très-bon livre , intitulé N a p l ïs : il
eft à propos d’indiquer ce livre, & d’en donner un
extrait.
L ’auteur de cet écrit dit dans le 4e chapitre ,
en parlant de la nation napolitaine.
« Elle habiteroit un pays fertile, qui produi-
roitde tou t, Se ce feroit peut-être cette grande
abondance qui feroit ion malheur ; elle fe repo-
feroit trop fur la bonté de fon climat. Si elle eût
occupé un terrein plus ingrat, fes befoins l’au-
roient avertie d'etre plus induftrieufe ; 8e fa fia-
tilité , en la forçant au travail, lui eût donné
une aétivité que fa fécondité lui auroit refufée.
Ainfi il arriveroit qu'avec tous les avantages d’une
nation du midi, elle éprouverait tous les inconvéniens
de celles du nord
« Quoique les fujets fuffent pauvres, le roi ferait:
riche ; 8e il le feroit bien davantage, fi fes
prédéceffeurs n’avoient vend<! l’état en détail
pour avoir de l’argent en gros. Ils auraient engage
les revenus de la couronne pour un temps,
ou pour toujours, à des particuliers qui feroient
aujourd’hui les fouverains en fécond; & le peup
le , qui auroit par-la un roi & plufi.nrs petits
■ monarques, n’ en feroit que plus ma! ».
Cet auteur traite des avantages’du royaume de
Naples fur les autres états de l ’Europe ; il pre'-
tend que tout manque à plufieurs, beaucoup de
chofes a tous, & que ce royaume poffède, 0»
peut tout pofféder. La réforme .du luxe , l ’éta-
bliffement des pragmatiques ; des loix fomptuai-
res , attendu que toutes les chofes du luxe fe tirent
du dehors ; des réglemens & des encoura-
gemens, parce que la réforme du luxe ne fuflSt
pas , lui parodient néceflaires, ainfi que des
chambres d’agriculture en faveur de cet art, dont
il donne un éta t, & qu'il montre très-négligé En
parlant du bled, des laines, des foies , du fafran ,
: des huiles, &c. il avance qu’on pourrait augmenter
& perfeâionner toutes ces chofes.
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