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Les premiers ne s'éloignent .pas de. la . porte & /
de tout endroit où (le; fui tari fa'iT fa réfidence. Ils
portent différens noms : nous ne" parlerons que
des janiflaires qui furent inftitués par le fultan
Amurat; il compofa ce corps,d'enfans, chrétiens
prifonniers , qu'il forma aux exercices militaires.
On dit que le nombre ;èn|',eflr.fixé: à ,46,9.90,; Se
qu'ils font diftribués à Conflantinople en 162
odas ou . compagnies qu'un . autre porte . à
19 6 , favoir, i « i de jàjabey , 6 1 de boluki &
34 de feymenÿ , tous enfemble au nombre de
54,222 hommes Ces foldats ont lé rang fur tous
les autres foldats 5 ils ne font plus comme autrefois
îurbulens , toujours prêts à fe révolter & ne refr
pirant que la gu.erçe ;. apfljjfphtrfils, pouf Ja plupart
maries.
Le corps des. janUTair.es , ,d£ç. le baron dé T o t t ,
compofé dans fon origine 'd'efçlavés, enlevés O a
guerre par lés. turcs fur lés chrétiens, a été Iprig-
temps recruté par les enf^ns. de, tribut 5 mais les
privilèges accordés à cette nouvelle. milice, . déterminèrent
les turcs à y faire infcrjre jjeûrs en-
fans. L'abus du privilège 8c le nombre des jpre-
tendans s'accrurent l'un par l'autre : on ne vit
plus de fûreté.que fous la protection de-.ce corps.
Le^s grands s'y firent infcrire. Le grand-feigneur
lui-même voulut lui appartenir, & perfonnè ne
s'apperçut que ménager fon infolence, c'étoit
travailler à l'accroître. La règle établie foutint
long-temps ce corps contre fes propres défprdres ;
mais ils1 ceffèrent enfin de fé maintenir, dans l’indépendance
individuelle, -Chaque jâpifTaire devint
propriétaire 5 8c rèntrés aujourd'hui dans l'ordre
général par l'intérêt particulier > ce corps a cefle
d ’être redoutable à fes'maîtres.
Leur folde eft par jour de trois afpres, deux
pains & une certaine quantité de mouton., de riz
& de bëürr'é, qu’ on leur fournit tout, cuit .&
préparé.,D'autres évaluent leur fblfie(. à fept afpres
:‘ils coihptënt Tans, doute la valeur des cÜôfes
qu'où leur fournit e,n ! pâture.
Les ferratculy font entretenus par les gouverneurs
des provinces > & à .leurs ordres'5 ils font
deftinés à renforcer les janiflaires. La cavale rie ,
partie1 de l'armée la plus nombreufe,, ( car l'Empire
abondé en cheya.ux > eft compofée de .capi-
ciiîy offfpahis, fi“une autre efpèces' dé cavaliers
que; les pachas êntrètiénnent jr & des ferratculy
employés a la garde des frontières : c'eft là cavao
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I le rie. du meilleur ufage > elle- eft formée de celle»
que les pays tributaires , favoir , les tartares 8e
les princes de la Moldavie 8c dé la Valaehie, font
obligés de fournir. .
La cavalerie turque, connue fous le nom de
fpahis 3 .eft compofée de, fayms, de tymariothes-
& de. fpahis proprement dits. Le corps des derniers
eft de j 12000 hommes j leur paie prife du
tréfor de l'empire va de 12 à 8p. 8c ,m,eme îQO
aspres par jour. Leurs armes font un fabre large ,,
des piltolets, des carabines. Les Tâyms- & les
tymariothes. font armés de même 5 un grand nombre
cependant portent encore des lances 8c
d'autres, furtout ceux d'Afié,, Te. fervent, de l’arc
8c de la fléché. Ils font feudataires militaires, de;
l'Empire, & pofsèdent dés.terres qui rapportent'
annuellement aux tymariothes de 6060 à 1,9^9^
afpres , „Seaux faynis,de 20,006 à 100,000 afpres »
mais pour cela ils font obligés de fe donner les
chevaux & les armes 8c en outre de fournir favoir r
les fayms un cavalier tout- armé pour chaque terre:
du produit de 5000 afpres , 8e les tymariothes uns
cavalier pour chaque terre de .3000,afpres de Wg?
venus. On peut évaluer, le total de ce corps a
11 y ,2 5 4 ' hommes. ( 1 ) . Il eft vrai que ce nombre
devient plus confidérable lorfquèjçe corps fe mer
én marche > mais ,ee font des volontaires , qut
dans l ’efpérance d’obtenir un fief militaire,. fo n t .
la campagne à leurs frais. Quelque-uns de ces
fiefs font héréditaires, 8c. on permet a fiez coin-,
münèment aux Ivieùx vanàfix militaires de cédée
leurs fiefs à leurs enfans' ou à leurs parens. Il eft:
d’üfage'd'ans-la Romejie que ces.'fiefs foient partagés
entre les fils. Les dfehiebehdfçhy font répartis
en 6o ôdas, dont chacune doit être, compofée:
de • 560 •hommes 5. mais ce corps n'étant prefque
jamais complet, .on ne peut porter chaque pda.
qu'à 3op,.hojnpaes. Les feghbâhy ou thoprakly
font fournis' par les ’ hachas.. Lis ‘ combattent à
cheval 8c,à pied, font préfque toujoursdu.corpsF
de referye 8e gardent les .bagages. On,,peut les
porter au nombre de 4060 hommes. Les forden-
gietshy font des volontaires > dont le nombre fe
monte fouvent; à iqooq hommes. Leur paie par
jour eft de 12,,afpres f i l
On publia en 1783 l’état fuivant de Tàrmée-
de l’Empire ottpman. i
l Infanterie • janiflajfes 113,4005 thoptfchiy
15,600 5, kumbardfchiy 20005. mehterfchiy 6000.,,
(1) Bufinell»porte le total à 131,044 hommes; mais on ne peut guère compter fur ceux de Diarbelcir ^
(Se Damas , d’Idin, de.Tripolj & d’Alep , qui forment environ un total de fé,8ôb hommes parce qu-ils font
trop éloignés de la capitale , & que d’ailleurs on fait combien peu.lçs ordres du.grand-feignent font refpec-r
tés dans,’ce gouvernement* '
i i ) Büfiùelld ajoute ento're.àîa cavalerie'<5b^o miklàdïchy ; mais comme ils ne font que les valets des ba-
xhas.,- que chaque bacha eh amène quelquefois'avec lo i^ jùfq'tfâ 300,r€c qtfiïsùe- combattent-jamais, Hs'né
méritent point de place parmi les troupes du grand-feigneur. On les prend fouvent pour recruter l’armée.
L’auteur de l’état préfènt des forces turques-ajoute ertcore aux forces turques- les Sernoedkuln, 'qui font fur
les frontières de l’Empire ottoman, & on dit enfin qu’en cas de befoin l'armée peut être- augmentée,de
icjooo bofniaques & arnautes. . -l
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"hôftandfchiy 1200P 4 ferradfche ^009 5,milice'du
Caire- 3000 5 leveüti 3 & >n?arjpe. ,1.^,09'P];
tocail 207,400. Cavalerie : fpahis..: 19,0904 fayms
tte timar 132,0544 dfchebehdfchiy ^ûoqîVQlon- ;
• taires, 10,000 ; -tart-ares-èo,oco :: total 240,054,. i
L'infanterie & la p aval cri e-, réunies forment; donc i
enfemble 447,454 hommes. Tous cependant pe ’
-peuvent entrer en campagne: il en faut 5060 pour
Je fer vice de mer , 20000 pour la; gatnifon de
Conftantinople j, 1 op,ooo; pour les autres garnirons
<les forterelies & villes de l'Empire : ces. trois
.nombres réunis forment un total fie -170 , 000
-hommes; refte doncpourles armées de terre277,454
^hommes ; fi on, en “déduit les 6"ooo tar ares, ( la
,Ct'imée'»étant, ■ aéluellement. foumife à l ’Empire
.Kuflfe , J ,& encore 20000, .hoijnmes malades , maraudeurs,
ou morts en roure, l’armée entière eft
réduite à1 environ^ 170,000 hommes. Quand l'armée ;
centre én campagne fous les, ordres du grand V ifir, ■
i l eft fuiyi de la chancellerie militaire , du minif-
-tère* d’une partie de chaque corporation d 'a r - 1
tifans de la, capitale, d ’une fouleaemarchands,;
de juifs , & c . , qui en tout peuvent aller à 50900
perfonnes. Les turcs ont une artillerie nqmbreufe ,
ils -excellent à fondre les canons., Le cuivre e f t ,
.en partie , tiré fies mines; d 'À fîe , & ’ êp partie
achetédes anglois, des bollanfiois, ,fies;fran;Çois & \
des fuédois* Quant à l'étain ^qu’on y emploie la
plus grande partie vient d'Angleterre. Leurs canons
font de différens calibres : .fis portent; des j
boulets de 80 , 100 , 120, hyr.es , 8c même
rp lu sm a is la plupart font petits-, de 6 3 8 , g jjo|
livres. Les turcs .ont auflî des obus, &c des mor- i
.tiers. O n dit- que de ces derniers , .3.z Çont; .aux
Dardannelles , dans le château fitué én A fîe ,
8c .28 dans :çelui d’Europe. Lfarméë étant en
.marche , les canons ne reftent pas fur leurs affûts.
On emploie des chariots -très folîcles , dont l'un
eft chargé du canon même, & l'autre fiel'affut : 1
ce qui caufe des embarras infinis 8c force les
ottomans, en fe retirant, à abandonner leur ar-
tfierie, M. de T o tt nous a appris d’afileurs, juf-
qu’où va lear: ignorance , 8c les ,inconcevables
moyens-qu'ils-emploj'efit pour remuer une pièce
fi’ artillerie. Ils n'en font guère d’ ufage en attaquant
: éloignés encore de deux à trois rmille
pas de l'ennemi , les turcs s'y précipitent le fabre
à la main, laiflant leur , artillerie en arrière, fiont
ils ne fe fervent que fi?ns des cas d'attaqué. Le
nombre des canons, ,fians toute l'armée , eft de;
£yo à 300. A la bataille de Belgrade, en 1.717 ,!
les turcs perdirent 131 canons 8c 3 y mortier^.'
, I^Qrfque l'armée .efjt canipée , chaque foir , durant;
la prière , on entend crier les mots Allah î Allah- /i
.,c'eft-à-dire, Dieu l pieu ! Auffitôt. après ils font!
une falve générale, d eioüs lés cations , morfiërs §c
pbus, mis en batterie dans les. tranchées. & partout
ailleurs. yApr^ :Qupl r,êgn"e ,nn . fiïence ) pro-
tond. C'eft leur fignal fie retraite , qui fe répété i
-fsRqÿ® foir .: Çeçte .défharge , inutile
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difpepfiieufe coûte, par; jour trois quintaux de
poudre*. Dans, les; cas ordinaires , . l'armée turque
refte, chaque ,annçe, environ 180 jours campée.
Chaque, campagne , qui n‘eft pas prolongée au-
de-îà fie,ce terme , leur fait donc confumer pour
le feul lignai de retraite, 540C0 livres de poudre.
Qu’o ù , juge de la quantité prodigieufe fiont leurs
magafinSj doivent être pourvus ! L'armée turque
elt toujouçs embarraffé,e d’ une quantité étonnante
d’équipages : chaque , officier , fupérieur peut avoir
à faAifppfiuon autant de chariots qu’il veut.
Les j aniffaires devant marcher, font répartis par
efcouades( chacune compofée fie dix hommes :
! un valet, qui fait en merrte-tems les fonctions de
cuifinier , 8c un cheval; de}hât > deftiné à porter
las manteaqx 8c les bn.çnus équipages , font à la
fuite; de chaque efeouade* On accorde énebre
un chameau 4 deux eÇcouadés:, fur lequel on
.charge deux tenteSr^^ -fieux grandes ’ couvertures ,
deux marmites, des çaffetières 8c quelques outrés
remplies d’eau fràiche. L ’armée eft pourvue de
tentas ; celles.,dqs, officiers de rang font magni-
.fiques , f doublées en dedans d’étoffes riches 8c
brofiées à fleurs d’or. La tente du grand-feigneur,
perdue après la bataille de Zentà , valoit 40,000
florins;fie;l’Empire. Une de leurs armées de cent
millq hommes , eft ordinairement compofée de
60,000. cavaliers 8c de 40,000 fàntaffins :.fuivant
leur manière de s'équiper , les derniers ont 10,000
chevaux d'équipage , 8c les premiers 2o,coo , fans
cpmpter ceux qui; fervent aux officiers. A la tête
d'une armée Ijnombreufe , fe.trouvent ordinaire-
ment.6o fcjachas, dont les principaux entretiennent
plus .de 30'Orchçvaux. Pour donner une preuve
de l’immenfité du train, qui embarrafle les ottomans
en campagne'5 en 1685 , après la bataille
de Vienne , on trouva dans leur camp 8000 cha!-*
• riots de munitions, 10,000 boeufs, x9,000 buffles ,
5000 çfiameaux, 100,090 muids de fruits, 8cc-
L'armée turque devant fe fçrmer en corps au
commencement d’unç guerre, les bachas 8c les
. %ngialçs j afiemblent les troupes de leurs gou-
vernemens. La cavalerie & l’ipfapterie de chaque
diftribl marchent féparément, chacune fous fon
.propre firapea# , au lieu de l'aflemblée, qui eft
Andrinople. Là , le grand vifir , en préfence
du. gçand feigneur, palfe l'armée çn revue 8c
en fait ie déppmbrement. A peine cette revue
eft a.cheyée, iqu'yn grand nompre retourne à fes
Toyers ;.,dès-lors Târmfie fe trouve dp j à çonfîfic-
rablement diminuée'. Lorfqu'on entre en campagne,
j les troupes font fuivies d'une quantité exceffive
. d’argent rponnoyé. Il y a deux tréfors, celui de l’empire,
& Je tréfor particulier de fahauteffe. Le pre-
! m:er .de. pes tréfors fousla fiirefftiôu du Teftedaf, pu
: tréforier - general, eft quelquefpis évalué à 20. mil-
, lioiis fi'écus, 8c fibijt fipfyayer toutes les chargesquel-
CPbquçSij occalionnées par l’entretien des troupes*
. L ’ardeur fies foldats pour combattre , eft pro-
portipnhcc aù'pîus 011 du moins d’éfpècès Tonnant^
- \