
Mais jufqu’ alors les importations avoient.tou- J
jours été plus confïdérabies que les exportatiéns,
& cette année 1774 Majfachufett importa pour
391,000 liv. fterling.
Dans le territoire du Maine & de Sagadahock ,
qui , ainli que nou£ l’avons obfervé plus haut .,
dépend de, Majfachufett 3 mais qui obtiendra un
jour l’indépendance, le terrein, quoique moins,
fertile que celui du Nouvel-Hampshire, produit
de bonnes récoltes de feigle & de maïs. Les pâturages
y font abondans, . & on y trouve beaucoup
de bétail : ce dillridt eft arrofé par les belles
rivières de Penobfcot & de Kennebuk, qui font
remplies de poiffons de toute efpèce , & fur-
tout de faumons. Les habitans exportent les plus
belles planches & les plus beaux mats de l’A mérique
: ils exportent auffi des vergues & du
merrain : c’eft la Ruffie de l'Amérique. Le gouvernement
anglois y avoit fait arpenter 600 mille
acres qui contenoient des pins blancs très- ,
beaux: on les abattoit fur la neige, & on les
embarquoit fur de Idngs navires faits pour
cela. La baie de C a fco , au fond de laquelle eft
la ville de Falmouth , la capitale, eft fûre, excellente
& abordable dans toutes les faifons. Les
habitans de ce diitri6t font recommandables par
leur fnnplicité. & leur hofpitalité.
L’ ifle de Nantucket, dont le Cultivateur américain
a fait une defcription fi intéreffante, dépend
de la république de Majfachufett 3 & c’eft
un de fes comtés. Le fol y eft ftérile & d’une
étendue très-bornée 5 la pofition eft incommode :
on n’y trouve point de matériaux pour la bâtiffe
des vaiffeaux, ni pour la conftruclion des mai-
fons : on n’y trouve ni pierre , ni carrière : cette
ifle femble n’ avoir été créée que pour démontrer
ce que les hommes peuvent faire, quand ils jouif-
fent en paix de toute l’étendue de leurs reffour-
c è s , & lotfqu’on les laiffe livrés à toute leur
induftrie. Le leéteur y verra avec admiration un
diftriét fablonneux qui contient à peine 23 milles
acres, qui poffède plus de deux cents navires ,
& qui emploie, année commune, plus de 2500
matelots, dont les habitans vont au nord, fous,-
la ligne, fur les côtes de Guinée, du Brefil ,
près du pôle auftral, conquérir cet énorme poif-
fon q u i, par fa force & fa vîteffe , femble être
indomptable par l’homme : il y verra d’immenfes
troupeaux , de grandes richeffes', & , ce qui vaut
mieux, le bonheur & la tranquillité.
Les habitans de la Nouvelle-Angleterre ne vinrent
s’établir dans le nouveau-Monde que pour
fe dérober au pouvoir arbitraire de leurs monarques
qui, à la fois fouverains de l’état & chefs
de l ’égufe , exerçoient alors la double tyrannie du
defpotifme & de l’ intolérance. C e n’étoient pas
des aventuriers, c’étorent des hommes qui vou-
loient vivre en paix , & qui travaillaient pour vivre.
Leur doctrine enfeignoit l’égalité & recom-
mandoit le travail & l’indiiftrië. Comme la terre ,
peu fertile par elle-même , ne fournifloit que des
médiocres reffources, ils fe livroient à la pêche*
&. à la navigation} & , au moment préfent, ils
font encore amis de Wnduflrie & de l’égalité i
ils font pêcheurs & navigateurs.
V°ye\ l’article Et a t s -U n is & les articles par-;
tiçuliers des douze autres provinces.
M A T R IC U L E DE L ’EMPIRE. C ’eft le livre
ou l’on écrit , fous l’autorité de l’empereur & de
l’empire, le nom des états, & ce que chacun
d’ eux doit fournir pour les dépenfes communes-
C e livre doit fon origine, à l’empereur Sigif-
mond , q u i, dénué d’ argent & ayant perfuadé,à
l’Empire qu’il étoit de l’intérêt du corps germanique
d’exterminer les huffites de Boheme, obtint
des cottifations pour cette guerre. D e là naquit
la première matricule dont on ait connoiffance.
S’il y en a eu d’autres auparavant, comme le prétendent
quelques doéteurs, il n’en relie aucun
veftige.
La matricule de Sigifmond fut dreflfée à Nuremberg
en 1431. Elle fe trouve dans les aétes de
Brunfwick , fous le titre d‘anfchlag auf gemeiné
Jiander des reichts , \u Nuremberg , hulfe. wie-t
der die Boehmengemacht , unter dem rcemifchen keifer
Sigifnundo. Godalft en fait .mention dans fon traité
du royaume de Boheme. Cette matricule ne con-,
tient pas à beaucoup près tous les états de l’Em-
[ pire.
En 14 2 1 , la diète affemblée à Worms travailla
a une matricule génér'ale , où tous les états furent
infcrits & taxés, chacun félon.leurs forces.
Mais depuis cette époque, plufieurs états ayant
été exime's , & les uns ayant diminué & les autres
augmenté , plufieurs enfin ayant été affranchis par
les empereurs de toute contribution, ©n a tâché
de remédier à cet inconvénient • en corrigeant 8c
modérant cette matricule 5 les changemens n’ont
pas fatisfait tout le .monde. Lors de la révifion ,
chacun demanda que la matricule fût modérée à
fon égard, 8c foutint que fa quote-part étoit au-
deffus de fes moyens.
Comme on n’a pu s’accorder fur ce fuje t, on
a pris depuis long-temps le parti de taxer, non
tous les états de l’Empire en général, mais chaque
cercle en particulier. S i , par exemple , l’empereur
demande 300 mois romains, & fi la diète
les accorde, une partie de ce fecours doit être
fournie en nature, c’eft-à-dire en troupes, tant
d’infanterie que de cavalerie , & le relie en argent.
Mais lorfque les circonftances exigent qu’on
double ou qu’on triple les fecours de troupes ,
la taxe de la contribution pécuniaire eft de deux
florins par cavalier & de 40 kreutzers par fantaf-
fin } ce qui fait parfemaine, monnoie de France,’
cent fols pour chaque homme de cheval, &• 37
pour chaque fantaffin. Les chofes furent ainfi réglées
par le placitum de la diète en 1681. On di-
^ vile ces contributions en autant de parties qu’il y
& de cercles, & chaque cercle exige des états qui le
compofent, la portion qui lui eft alfignée.
Cette même année 1681, l’Empire ayant réfolu
de formet une armée de 40 mille hommes , la répartition
en fut faite de la manière fuivante.
cavaliers.. fantaf,
Cercle électoral du Rhin.., B 600 27°7
Cercles de haute-Saxe. . «.. 1321 ' 55°7
D ’Autriche......................... . 2521 H °7
De Bourgogne .................. I 311 2707
De Franconie.................... 1901
De Bavière....................... . 800 2493
De Soùabe.........................I 2.707
Du haut-Rhin................... ■ 49! 28)' 3
De Weftphalie.. . . . . . . . . 1321 27O7
De Baffe-Saxe.................. . . 1 321 . . i 7°7
Total ^......... .. . . 11997 2799é
Dans la guerre pour la fucceflion d’Efpagne,
le contingent fut triplé & i’armée de l'Empire
fut portée à 120 mille hommes} mais ce nombre
ne fut jamais complet, & il le trouva fouvent
réduit à la moitié : les uns ayant refufé de fournir
leurs contingens, & les autres les ayant fait
marcher très-tard , les loix de l’Empire ont tâché
de prévenir ces refus & ces lenteurs } mais
c ’eft une affaire délicate que de procéder par
Voie d’exécution contre les états de l’Empire un
peu confidërables. Le recès de la diète d’Augs-
bourg de 1555 , dans l’ article qui a pour titre
réglement dlexécution, & particuliérement aux paragraphes
82 & 97 , veut qu’on procède contre
les états qui négligent de fournir leurs contingens
comme contre des réfraélaires. Mais encore une
fois , l’exécution de ces fortes de décrets eft fu-
jette à de grandes difficultés. Nous avons dit à
l’ article Allemagne pourquoi l’armée de l’Empire
eft fi peu redoutable.
Les états fourniffent leurs contingens de troupes
, tout équipés, montés & armés. Ils pourvoient
à leur nourriture , comme fi elles fer-
' Voient dans leur territoire f & continuent de les
•entretenir fur ce pied-là pendant la durée de la
guerre.
Les contributions pécuniaires fe lèvent fur les
fujets des états & par manière de colleéte. C ’eft
de ces collectes qu’on forme la caiffe militaire
pour les dépenfes extraordinaires.
Enfin quelquefois les états accordent à l’empereur
une efpèce de capitation dont ils font eux-
mêmes les avances , fauf à obtenir le rembourfe-
ment de leurs fujets, rembourfement qu’ils ont
foin de demander : mais enfuite il n’ell pas permis,
à l’empereur d’exiger des contributions, des
fujets des états, fous prétexte de mois romains.
Cette capitation s’appelle en allemand reichs-
Jlener, capitation de l'Empire. L ’empereur ne
peut l’exiger que de l’avis & du confentement
des électeurs, princes & autres états de l ’Empire
} mais on n’a pas décidé fi ce confentement
s’établiroit à la pluralité des v o ix , ou s’il faudroit
l ’unanimité. A la diète même, les fentimens font
partagés à cet égard.
Dès que ces fommes font raffemblées , les receveurs
généraux doivent les faire dépofer dans
des villes de commerce , comme Francfort, Léip-
fick , Nuremberg, appellées à caufe de ces dép
ôts , leg-Jioedt.
L ’empereur eft tenu de n’employer ces fommes
qu’ à l’ ufage pour lequel elles ont été accordées
par l’Empire. Divers états ont reproché aux empereurs
d’ avoir employé les fecours d’ argent ,
accordés pour faire la guerre aux ennemis du corps
germanique, à des ufages tout différens , & de les
avoir requis, ou dans la vue d’appauvrir l’Empire
& de l’affoiblir, ou pour payer des dettes &
fournir à des dépenfes abfolument étrangères. Les
états proteftans fe plaignirent qu’en i6oy l’empereur
avoit livré aux efpagnols les fommes levées
dans l’Empire, fous le fpécieux prétexte d’éloigner
les turcs des frontières de J’Empire.
Le corps germanique s’eft engagé à la défenfe
de la Hongrie, qu’il regarde comme lé boulevard
de l’Allemagne contre la puiffance des turcs }
& les empereurs de la maifon d’Autriche ont
fouvent profité de cet engagement pour tirer des
fommes fubfidiaires de l’Empire , dans des tems
où ils fàvoient bien qu’ils n’avoient rien à craindre
d elà part des ottomans, & qu’ils étoient-fûrs
de la paix.
Pour obtenir ces fommes, les empereurs avoient
la politique de s’ adreffer aux diètes circulaires,
perfuadés qu’il étoit plqs aifé de gagner 'chaque
cercle particulier que de les gagner tous réunis
dans une diète générale. Aujourd’hui cela n’arrive
plus : i! faut que l’ empereur s’ adrelfe à tous les
états de ,1’Empire affemblés en diète , pour demander
des fubficfes pécuniaires en temps de
guerre ou en temps de paix. L ’article y de la
dernière capitulation l’ordonne : il paroît que cetre
claufe a été mife dans la capitulation , pour obvier
à l’inconvénient dont nous venons de parler.
Voye1 les articles Allemagne 8e M o is r o mains.
M A Y E N C E ( éleélorat de ) : la plus grande
partie de cet éleétorat eft entre le Palatinat &
Trêves autour du Rhin : mais il poffède des domaines
dans le Palatinat, dans la Franconie , la
Thuringe & la Heffe.
L ’éleéleur de Mayence poffède dans le cercle
du Bas-Rhin plufieurs vidamies , quelques mairies
& vingt-deux bailliages ; la ville d’Erfort avec
1 fon territoire , & l ’Eifchsfeld, diftricl placé en