
& de imitons d’un Betjouana indique l’importance
de fa fortune.
J a g a s . Ce qu’on raconte de ce peuple, dont
les tribus nomades errent dans les vaftes contrées
défertes fituées à l'eft de la rivière'de Congo,
eft fi extraordinaire qu’on a peine à croire les
récits des voyageurs qui l’atteftent. Selon Lopez,
Battel 3c Carli, les Jagas ne cultivenc point la
terre, ils ne vivent que des dévaluations auxquelles
ils fe livrent chez leurs voifins; ils dévorent
leurs prifonniers, 3c frottent de graiffe humaine
le chef qui les conduit à la guerre & qui dans
les folemnités immole des victimes humaines,
ou fait lâcher, au milieu de fes fujets, ufi lion
furieux, au devant duquel ces fauvages fe jettent
avec une forte de fanatifme ep fe vouant à une
mort certaine. L.es femmes, dit on, enterrent
tout vivans leurs propres enfans, & adoptent
enfuite ceux de dix à douze ans, que les Jagas
enlèvent chez leurs voifins. Si l’on doit ajouter
foi à la peinture de ces moeurs barbares, on a
peine à concevoir que la vie errante & aventurière
de ces peuples leur f.iffe une néceflité d’être tellement
fouras à la voix de la nature, que pour éviter
les embarras fe l'allaitement, leurs femmes
facrifientaufli inhumainement leurs enfans, 3c que
les hommes accordent quelque intérêt aux enfans
des peuples vaincus.
G in g ir a in s . Ce peuple, qui habite les bords du
fleuve Zebée, eft d’une nuance moins foncée que
le Cafre , & a les traits auffi réguliers quel’ A.-
byflin 3c l'Européen. Non moins barbares que lès
Jagas, les Gingirains font fournis au plus abjeét
efclavage. Ils appartiennent tous à leur roi, qui
difpofe à fon gré de leur vie 3c de leurs perfonnes.
P e u p le s in fu la ir e s d e l 'A f r i q u e . Les principaux
peuples des îles orientales africaines, font les
C om o r o is 3c les M a d e c a jfe s . Nous ne parlerons point
des habitans des îles de France 3c de Bourbon,
ni de ceux des îles occidentales, telles que celles
du Cap-Vert 3c des. Canaries, parce que la population
de ces îles eft devenue tout-à-fait européenne.
C om o r o i s . l a population des îles Comores eft
un mélange de negres & d'Arabes. Les caractères
phyflques du peuple font ceux des noirs de la
côte de Mozambique ; les nobles fe diltinguent
par une phyfio norme arabe. Suivant Us voyageurs,
i'idiôme que l’on parle dans ces îles eft un com-
pofé de la langue arabe 3c de celle de Zanguebar.
Ce mélange de deux peuples de races différentes
a produit une population qui jouit d un
degré de civiüfation plus élevé que celle qui paroît
exiiter dans la plus grande partie de l’Afrique 6c
des îles voifines. Il faut dire aufiî que la fertilité
des Comores n’a pas peu contribué à produire ce
réfultat, & à développer au lein de ces lies une
indu'.!rie viaim.nt remarquable.
La religion des Comorois tient à la fois du
mahométisme & du fétichifme, furtout chez le
peuple. * •
M a d e c a j f e s . Les habitans de l’île de Madagafcar
fe partagent en vingt peuples , différens par leur
race 3c par leur- origine. Les blancs & les bafanés
qui habitent les côtes, paroiffent être defcendils
des Arabes, qui ont fubjugué jadis une partie de
l’île. Les peuples du centre ont la peau noire, les
cheveux crèmes, 8c quelques autres .caractères
qui diftinguedîr les Caftes. Plufieurs de ces peuplades,
au fud & au centra de l’île, fubfiftént de
leurs brigandages ; elles font pauvres, groffières
& cruelles, 3c méprifent les travaux de l’agriculture.
Mais la plupart des infulaires, hommes ro-
buftes, font cultivateurs & pafteurs dans leurs
plaine? fertiles & dans leurs belles vallées, ou
artifans , fabricans & manufacturiers dans les villes.
Les Madecaffes font donc en général des peuples
affez induftrieux & civilités » ils jouiffent même
d’une inftitution qui feroit envie aux peuples les
mieux policés : c’eft celle de leurs ca b a r e s ou af-
femblées publiques, qui forment chez eux une
forte dé repréfentation nationale. C’eft là que fe
traitent les affaires publiques & que fe jugent les
procès. On affnre. même qu’il s’y prononce des
di(cours dont la mâle éloquence feroit honte à
plus d’un orateur européen.
Les Madecaffes paroiffent avoir reçu des Arabes
des traditions relatives à Noé , à Abraham ou
Ibrahim, à Moïfe 6c à David. Ils pratiquent la
circoncifion , mais ils ne font pas mahométans ; ils
reconnoiffent plufieurs bons 6c mauvais anges ; ils
font adonnés à certaines pratiques fuperftitieufes ,
mais on ne leur connoît aucune cérémonie extérieure
du culte.
Leur population eft eûimée à 2,000,000 d’individus.
O cé an ie. Afin d'éviter des répétitions inutiles,
nous ne parlerons q ;e des peuples les plus imp or-
tans, de cette partie du Monde, 3c furtout de
ceux qui n’ont point mélangé leur fang à celui des
Européens.
S a n d w i c h le n s . Ces infulaires ont,; fuivant Tes
obfervations des naturaliffes qui faifoient partie
de l’expédition du capitaine Freycinet, le teint
d’un brun-olive, ou plutôt, comme le dit M. J.
Arago , embarqué pour cette expédition en qua^
Iité de deftinat'eur, leur peau eli couleur de te rré#*
d e S ie n n e mêlée à un peu de jaune. Leur chevelure
noire feroit magnifique s’ils la Iailfoient croître;
ils fe rafent- les côtes, de la tête, & laiffent retomber
en arrière, jufque fur leurs épaules , les
cheveùx du front 3c du reite de la tête. « Leurs
m yeux font vifs 3c ont beaucoup ù’expreflion,
»s dit encore M. Arago; leur nez eli un peii aplati,
» mais on en voit beaucoup d’aquilins. Leur
m bouche & leurs lèvres font médiocrement
» grandes, . leurs dents magnifiques; 8c on ne
m peut que les plaindre de cette fatale fuperftition
« .qui
* qui leur fait.fouvent un devoir de s’en arracher f
m quelques-unes à la mort d’un ami ou d’un bien-
»3 faiteur. Ils ont la poitrine large, les bras ner- !
*> veux, le ventre peu gros, les cuiffes & les
jambes aflez fournies, les mains & les pieds
33 exceflivement petits. Tous, je crois, fans ex-
»» céption, fe font tatouer le corps ou quelques
>3 membres. >3 Les femmes ont les mêmes traits
& la même voix que les hommes, mais elles font
gracieufes 8c bien faites.
Les Sandwichiens font nonchalans, pareffeux
& fobres.
Leur religion eft un mélange de mahomérifme
& d’idolâtrie. Leur gouvernement eft monarchique.
Leur population eft, dit-on , de 400,000 âmes.
C a r o l in s . Les hommes de l’archipel des Caro-
lines font agiles, forts & bien faits; leur peau
eft brune'. Leur vifage ovafo, leurs yeux beaux,
leur nez droit 3c un peu gros, leur bouche
moyenne, leurs dents blanches & leur phyfiono-
mie expreffive, leur donnent un afpeét différent
de celui des autres habitans des 'archipels de
l’Océanie. Leur caratftère plein de franchife , de
douceur 3c de bonté, femble être le type de l’innocence
des premiers âges de^la civiliiation. / ’ 7
Ils font d’une grande adreffe dans les exercices
du corps, & furtout à la nage.
Malgré le zèle des miffionnaires, ces peuples
ont fait peu de progrès dans le chriftianifme ; ils
reconnoiffent un être.fuprême, mais ils ne paroiffent
pratiquer aucune cérémonie religieufe , fi
ce n’eft quelques prières pour diffiper les orages.
Leurs îles, riches 3c fertiles, produifent fans
peine 3c fans culture tout ce qui eft néceflaire aux
befoins bornés de ce peuple.
Un grand nombre de CaroünS font un commerce
avec les Manilles, où ils vont porter les
produits de leur induftrie nuiffante.
P k i i ip p in a i s . Les infulaires 'de l’archipel des
Philippines habitent le' centre de ces îles, doat
les côtes font occupées par les comptoirs ef-
pagnols. Les Philippinais ont la peau noire 3c les
cheveux crépus. Leur taille n’eft pas élevée, dit j
un àiiteur, mais' ils font forts 3c vigoureux, j
w Leur vie eft purement animale; les fruits, les
»» racines qu’ils trouvent dans les bois, font leur
*3 unique nourriture ; 3c lorfqu’ils ont épuifé un j
33 canton, ils vont en habiter un autre. Les efforts I
33 qu’on a faits pour les fubjuguer ont toujours été
33 vains , parce qu’il n’y a rien de fi difficile que de
»3 dompter dés peuples errans dans des endroits
»3 inaccefiîbles. «7
'Ces peuples, exafpérés contre les Efpagnols,
qui ont vainement employé la force ou les fup-
plices pour les convertir à la religion chrétienne,
nourriffent une haine implacable contr’eux. Sans
ceffè occupés du foin de leur vengeance, ils viennent
les harceler jufqu’aux portes de leurs villes, .
3c répandent partout la terreur 3c le pillage., 1
G é o g r a p h ïe -P h y f iq u e . T om e
Les autres habitans des Philippines , mélange
d’EfpagnoIs, de Malais 8c de Chinois , font tous
chrétiens ; mais également indifférens au crime &
à la venu, ils ont pris l’indolence 3c. la parefle
efpagnoles. qui, avec l’ignorance, la fuperftition
& la timidité d'un peuplé fauvage 8c corrompu ,
forment l’amalgame le plus affligeant pour l'oeil
du philofophe & du philanthrope.
La population des Philippines s’élève à environ
2,000,000 d'habitans.
M o lu q u o i s . L’archipel de? Moluques paroît avoir
été peuplé par des Javanais & des Malais, ou du
moins ces deux peuples leur ont donné des lois,
& le dernier y a naturalifé fon idiome. Les Moluquois
font généralement lâches .'•cruels & pareffeux.
Mais peut-être doit on attribuer ces défauts
à leur vie errante au milieu des montagnes,
où ils cherchent à fe foullraire à l’efcîavage des
Hollandais.
La religion de la plupart de ces îles eft un ma*
hométifme corrompu; cependant, s’il faut en
croire le récit de, quelques voyageurs, les naturels
de l’île de Ternate profefferoient une croyance
philofophique peu digne-d’un tel peuple. Ils adorent,
dit-on , un être fuprême , auquel il n’eft
pas permis d’élever plus d’un temple, comme
pour rendre hommage à l’unité de Dieu. Ce temple
nè renferme aucuss image, aucun autel. Cent
prêtres préfîdent au culte en filence, mais ce
culte confifte à reconnoîtreia bonté 8c lamajefté
divine. Ils montrent feulement du doigt une pyramide
fur laquelle font écrits ces mots : M o r t
e ls 3 a d o r e r D i e u ; a im e£ V o s f r è r e s , & r en d e? -
v o u s u t i le s a la p a t r ie . Du reffe, il n’eft permis à
qui que ce foir, pas même aux prêtres, ae parler
de religion. Si ce récit eft vrai, l'île de Ternate
ne connaît pas le fléau de l’intolérance.
Les Moluquois s’ occupent principalement de
la pêche, qui leur fournit, airfi que les productions
naturelles de leurs îles, leurs principaux
moyens d’exiftence.
P e u p le s d e s Hes d e S u m a t r a , d e J a v a & d e la
S o n d e . La population de ces lies eft compofée en
partie de Malais qui fe font établis à une époque
fans doute allez reculée , & d’une race qui paroît
y être indigène.
Les habitans de l’intérieur de l’île de Sumatra
forment deux nations diftinétes : l’une paroît avoir
confervé des reftes d’une antique civiiifation;
elle parle une langue particulière, elle connoît
l’art d’écrire, mais les caraéteres donc elle fe
fert fe placent de gauche à droite , en allant de
bas en haut : elle a des. lois écrites. Elle eft gouvernée
par des chefs indépendans, qui commandent
chacun un- village. L’autre nation diffère de
la première par fes moeurs 3c par fon langage.
Elle n’a point de rois, elle forme plufieurs tribu?
indépendantes, habitant chacune un village, &
toujours en guerre entr’elles. On prétend que ce
peuple mange les piifonniers qu’il fait. La poly