
dent à entretenir d’eau ces excavations. Quoi
qu’ il en foit, les eaux qui y font raffemblées
ont peut être donné l ’idée de regarder comme
des cratères certains lacs que l’on obferve dans
les pays d’ancienne & de moderne volcanifa-
tion. Ceux que nous avons eu occafion d’examiner
dans le département du Puy-de-Dôme
méritent quelqu’attention, comme fervant à prouver
que l'on peut être facilement trompé par
l’apparence, lorfque la forme prefque circulaire
de certains lacs, dans les contrées volcaniques,
porte à les confidérer comme d’anciennes Douches
ignivomes.
Dans les monts D o r , à côté des roches pyrogènes
les plus anciennes, on voit s’élever des
puys bafaltiques & même des laves poreufes d’une
époque toute différente : c’eft ce que l’on remarque
en fe dirigeant vers les monts Dor, du puy
de Dôme aux puys de Chambourguet, de Mont-
chai & de Cocudou. De ce dernier on peut fuivre
encore deux coulées de laves qui fervent à expliquer
la préfence de quelques-uns des lacs que
l'On remarque dans fes environs.
Je connoiflfois plufieurs de ces lacs par quelques
defcriptions incomplètes que j’en avois lu e s , &
j ’étois difpofé à les conlidérer comme occupant
l’emplacement de quelques anciens cratères. Le
lac Chauvet, le lac Chambedax & furtout le lac
Pavin, par leur forme circulaire, par les laves qui
les dominent, fembloient confirmer cette idéej
cependant l’opinion de M. de Montlozier jeta
fur ce point beaucoup de doutes dans mon ef-
prit : il d it , dans fon Ejfai fur la théorie des volcans
modernes3 que l’on connoît en Auvergne trois lacs
que l’on doit décidément confidérer comme des
cratères, Pavin3 Servières (pl. 44) Si Tamenai3 qui
ont des caractères de reffemblance frappans. c e pendant,
tout en les regardant comme des cratères,
ii les coofidère comme d’ une efpèce particulière
& comme ne paraiffant point avoir vomi de laves.
Le lac Chauvet, examiné avec foin, ne me parut
point occuper la place d’un c r a t è r e e n effet,
quoiqu’ il foit dominé par des produits volcaniques,
il n’ eft point au centre d’une montagne,
mais feulement à l’extrémité d’un petit vallon au
fond duquel fe raffemblènt des fources qui four-
niffent un ruiffeau dont la pente fuit une iffue
large qui n’eft point l ’effet de la rupturé d’un cratère.
Quant au lac de Chambedax, fitüé comme lé
précédent à peu de diftance du Cocudon, perfophe
ne le prendra non plus pour un cratère “rempli
d'eau : il occupe un vallon irrégulier qui ne fuit
nullement fes contours, & d’ailleurs on voit, la
fource qui l’alimente defcendre de plus haut, pour
en fortir après l'avoir travérfé.
Le lac Pavih produit une illufibn complète au
premier abord (voye^pl. 44 ) ; fa forme circulaire,
fes contours élevés, formés de laves & djfpofés
en entonnoir, donnent tout-à-fait l’idee d’ un ancien
cratère 5 mais l’ouverture par laquelle s’é chappe
au nord la petite rivière de la Coufej les
pentes par lefquelles fe terminent les deux extrémités
de fa malle volcanique circulaire, de chaque
côté de l'ouverture, n’ offrent point les traces d’ une
rupture opérée parla lave, puifque le cours de la
rivière n’eft a la fortie de ce lac encombré par
aucun refte de coulées. D’ ailleurs le diamètre des
parois du lac Pavin ne feroit point en rapport
avec leur élévation abfolue au-deffus du fol. Il
faut d on c , pour expliquer la formation de ces
parois, admettre, comme l’infpection des lieux
femble le prouver, qu’un courant de lave forti du
puy de Monchal, beaucoup plus élevé que les
laves du la c , s'eft partagé en deux branches circulaires
qui fe font terminées à l’endroit même
d’où fort la petite rivière : un effet aufli fingulier
dans la marche d’ une lave en fufîon a quelque
chofe qui doit furprendre, mais fans doute un
obftacle aujourd'hui invifible a déterminé la coulée
à fe partager ainfi. Quant à la profondeur du
lac lui-même, abfttaétion faite de la hauteur des
parois, on peut l ’expliquer en difant que la coulée
qui les a formées s’èft depofée fur un fol qui forme
encore le fond du là c , dont la profondeur eft
cependant de 110 pieds ; les laves fe feront répandues
tout autour en exhauffant le fol jufqu’à une
affez grande diftance. La petite rivière coule à la
fortie du lac fur les reftes du dépôt même de cette
lave, dont les derniers jets moins liquides fe feront
refroidis en formant les deux murs qui s’élèvent
au-deffus des eaux. Le réfultat de cette coulée
aura été un trou dans lequel toutes les fources
d’alentour ont accumulé leurs eaux, & l’auront
rempli jufqu’ à la hauteur du point où la lave forme
les deux extrémités en pente de la double coulée;
car l’eau qui fort du lac n'eft & ne peut être
que le trop plein de fon lit. Nous ajouterons
qu*en fuivant les contours du la c , on voit qu’à
partir d’une ligne tirée du fud au nord depuis le
uy de Monchal jusqu’ à fon contour, les deux
ords à droite & à gauche s’abaiffent fenfiblement
de hauteur jufqu’aux deux extrémités feptentrio-
nales.
Relativement au lac Chambon3 nous n’avons pas
befoin de prouver qu’il r/occupe point un cratère:
un coup-d’oeil fur la planche 44 le démontre fuffi-
fameri f d’ailleurs, formé par le raffemblement des
eaux de la vallée de laCoufe, arrêtées par la lave du
Tartaret, l’étroite porte que fes eaux ont ouverte
à travers cette la v e , & d'où s’échappe la Coufe,
explique fa forme, & les collines qui l’environnent
ne laiffent aucun doute à cet égard. Les contours
de ce lac font irréguliers : fa longueur eft d’environ
97/ mètres & fa largeur de y8p
Le laç Aidât a été évidemment formé par jes
courans de laves fournis par le puy de la Vache
& celui de la Gravoufe, qui ont arrêté les eaux du
ruiffeau qui ferpehtoit au mjlieu de la petite vallée
d’Aidât. Les granités qui fa bordent ont été recouverts
par là laÿé; Ûn remarque“mêmé que les eaux
accumulées
accumulées par la digue qui eft venue les arrêter,
en a couvert les parties les plus baffes. Le ruiffeau
qui fort de ce lac eft alimenté, comme celui qui
fort du lac Pavin, par l’excedant des eaux retenues
par la digue. ( V'oyei pi. 45. ) C ’est à un effet
analogue produit par le même courant de laves
que le lac de la Cayiére au nord du précédent a dû
fon origine.
Quant au lac de Guéry, entouré de produits des
feux fouterrains, fillonné par plufieurs petits ruif-
feaux qui descendent au fond d’ un vallon qu’il
occupe, on conçoit qu'il a dû fe former comme
les lacs qui occupent des terrains d’ une origine
non volcanique, par l’accumulation des eaux qui
continuent encore à l’entretenir & dont le trop
plein va fe jeter dans le Chanat. ( Pl. 4 3 .) Nous
ne multiplierons pas les exemples en fai faut voir
que les lacs de la MouJJiniére & de la Bourbouloufe
( pl. 4 3 ), & celui de Servières ( pl. 44), rentrent
dans la catégorie à laquelle appartient celui de
Chambon : & qu’ ils ont été formés, comme ceux
de Pavin & d’Aidât, par des courans de laves qui
ont arrêté dans leur cours les eaux qui traverfoient
leurs vallées.
Nous fommes donc fondés à croire qu’il n’exifte
point de lacs occupant des cratères dans toute la
contrée volcanique du département du Puy-de-
Dôme. Ceux qui offrent cette apparence, font
deS’enfoncemens naturels formés par des coulées
plus ou moins élevees, d’où les eaux s'écoulent
dans la partie baffe ; ou bien ils ont été produits'
par des coulées qui fe font accumulées autour
d’anciennes fources. Il eft vrai que le Trou de
Soucy, fitué au fud du lac Pavin, au bas des pentes
du puy de Monchal, femble faire exception à ce
que nous venons de dire : en effet, c’elt un entonnoir
d’environ iôo pieds de diamètre qui fe termine
par un trou étroit; il eft couvert de blocs de bafaltes
amoncelés par la main des hommes, afin que les bêtes
à cornes ne puiffent tomber dans ce gouffre, que
j’ai reconnu, au moyen d’une fonde, être profond
de 85 pieds & contenant 6 pieds d’eau. 11 donne
donc au premier abord l’idée d’ un cratère dans
lequel l’ eau a remplacé le feu; mais le peu d'élévation
de cette ouverture au-deffiis de la plaine
détruit l’idée d’une, femblable origine, & force
d’admettre que cette excavation (danslaquelle les
guides ont foin de tirer un coup de piftoîet, pour
étonner, par les détonnations long-temps prolongées,
ceux qu'ils Raccompagnent) eft due à
une forte d'éboulement qui aura été produit par
quelque commotion volcanique. Les gens du pays
prétendent que les eaux du trou de Soucy communiquent
avec le lac Pavin ; ce fait n’ a rien d'extraordinaire
: ce qui l’eft beaucoup plus, c’eft la
baffe température des eaux qui en occupent le
fond, & que M. Bertrand, médecin des eaux du
Mont-Dor, attribue à leur évaporation continuelle,
excitée par la porofité des roches volcaniques qui
forment cette curieufe excavation.
Géôj'apkie-PhyJtque. Tome K.
Les laves du lac Pavin font des bafanites compactes
dont quelques-uns font paridoteux & d'autres
pyroxéneux. Les bafanites du lac d’Aidât font compactes,
mais contiennent à la fois des pyroxènes
& des péridots ; on y voit aufli des fragmens
de diabafe granitoïde.
Nous ne prétendons point, en niant que la
plupart des lacs de l’Auvergne occupent d’anciens
cratères, qu’ il n’y ait, dans certaines contrées, des
cratères qui aient pu, après leur refroidiffement,
être transformés en lacs. Ainfi, le lac d’ Averne, près
de Naples, & ceuxdeNemi, à’Albano, AeRomiglione,
dans les Etats romains, font des cratères changés
en lacs par la réunion des eaux pluviales & de
celles q u i, par des canaux fouterrains, viennent
de réceptacles plus ou moins éloignés. Le lac du
Bouchet ( pl. 44 ) eft même regardé par M. Bertrand
Roux, dont l’opinion eft fans doute d’un grand
poids, comme un des cratères les mieux confer-
vés de ceux du département de la Haute-Loire :
il occupe en effet, au haut d’un volcan, une cavité
profonde dominée par quatre mamelons formés
de laves anciennes. Un fécond exemple, cite par
M. Bertrand Roux , atteftant que des laves peuvent
occuper d’anciens cratères, eft celui du lac
de Saint-Front (pl. 44) qui fe trouve également fur
une fommité, ou plutôt un plateau ; ce qui le diftin-
gue fuffifamment de ceux que nous avons obfervés
dans le département du Puy-de-Dôme.
La defcription de ces deux derniers lacs fera
mieux comprendre les différences qu’ils offrent
avec ceux que nous nous refufons a confidérer
comme occupant d’anciens cratères.
cc Le volcan du Bouchet, dit M. Bertrand-Roux,
eft fitué entre les villages de Cayres & du Bouchet
, fur le fommet de la chaîne dans laquelle
-on diroit qu’il a été creufé. 11 eft cependant dominé
du fud au nord-oueft par des montagnes
principalement compofées de fcories agglutinées
, dont l’une ( le Devez ) eft très-élevée. Sa
forme eft celle d’une coupe arrondie, dont la circonférence
eft d’environ 4,500 mètres. Au fond de
ce baflin eft uirlac ayant à peu près la forme d’ une
ellipfe, dont le grand axe eft de 825 mètres, &
le petit de 700 mètres. Sa plus grande profondeur,
mefurée én 1790 par le Dr. Wa llat, a été trouvée
de 28 mètres : elle correfpond au milieu du l a c , .
& va en diminuant vers fes bords. La profondeur
totale de ce baflin, au-deffous de la Croix de la
Chèvre, eft de 93 mètres. Comme ce lac n’ a aucune
iffue apparente, on fuppofe généralement
u’il fert de repofoir aux belles eaux qui jailliffent
ans les plateaux inférieurs : ii feroit poflible aufli
qu'il y eût équilibre entre la quantité d’eau qu’il
reçoit des fources qui l ’alimentent & celles qu’il
perd par l’évaporation. »
Quant au lac de Saint-Front 3 que M. Bertrand-
Roux cite comme préfentant aufli les traces beaucoup
plus diftinètes d’ un cratère, voici la defcription
qu’ il en donne :
S f f f