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» plus ou moins bien prononcés de nautilites &
» d’ammonites, des piquans & des écufTons
» d’Ourfins, & des fragmens de beaucoup de bi-
» valves difficiles à déterminer; les bélemnites,
» ce genre de foffile - qui donne la torture depuis
» long-temps-aux naturaliftes, & q u i, à la honte
» de la fcience, confeive encore un nom abfurde,
*» s’y trouvent en grande abondance, ainfi que les
»» différentes articulations de palmier marin ; il y
»> a des couches entièrement pétries de difco-
»» lithes lenticulaires & nummales. »
C ’ eft au-deffus de la roche calcaire qu’il vient
de décrire; que Fortis trouva des dépôts confidé-
rables d’offemens. Ils étoient raffemblés dans de
grands trous qui femblent y avoir été creufés par
les eaux depuis la furface, & qui forment des interruptions
qui ont jufqu’à dix ou douze pieds de
diamètre. « Comme on le remarque, dit-il, le long
»» des côtes pierreufes qui bordent les mers ac-
« tuelles, ou les vagues foulèvent, morcèlent,
9> entraînent pièce par pièce les maffès les plus
>* folides & y multiplient lesemplacemens creux ,
99 qui ont en profondeur ce que la couche avoic
99 en épaiffeur. »
Les offemens fe trouvoiçnt dans ces trous au-
defïous de la terre végétale j mais c ’eft à tort que
Fortis attribue ces amoncèlemens à la main de
l ’ homme. Il eft facile de voir, par fa defc.ription,
que les trous au milieu defquels il les trouva r.ef-
femblent beaucoup aux crevafi’es qui fervent de
gifement aux autres brèches ; & s’il en falloit
trouver une autre preuve,41 fuffiroit de faire re marquer
que les fragmens pierreux mêlés à l ’argile
qui comblent les cavités qu’ il décrits que les
concrétions calcaires criftallifées qui unifient ces
pierfes., que les o s , que de l ’oxide de fe r , font
butant de caraéïère* analogues à ceux des autres
brèches offeufes.
« Les off.mens, avant d’avoir été réunis par
» une concrétion pierreufe, ajoute-t-il, avoient
99 déjà fouffert beaucoup & fe trouvoient épar-
9» pillés ; il paroît même que le dépôt a été
9s remué & bouleverfé à plufieurs reprifes avant
9> de devenir, en dernier reffort, une malle com-
99 paéle. Les plus grands os ont été brifés en dif-
99 férens fens ; il y en a dont lès fraétures ont été
9» reffoudées par de groffes croûtes de fpath cal-
39 c aire, qui s’ eft criftallifé entr’eux. Leurs ca-
» vités tubuleufes font remplies d'un mélange
9» pierreux renfermant beaucoup de détritus de
9» moindres oflemens. Enfin, il y en a des blocs
» dont le feul ciment eft le fpath calcaire, où l’on
dillingue quelques coquillages auffi fpathifiés. »»
Ces coquillages paroilïent être terreftres.
Ces détails prouvent combien Fortis s’ eft î
trompé en attribuant à une inhumation faite de !
main d’homme cet amas d’ offemens foffiles, qu’il |
crovoit être le réfulcat de quelque exhumation
ancienne. I
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M. Cuvier a reconnu comme Fortis, parmi ces
o s , des reftes d’Eléphans.
Les os de Rumînans font enveloppés d’une
concrétion rougeâtre'creufée , comme nous l’avons
d it, de petites cellules remplies de grains
bruns & durs. Ils fe rapportent à des Cerfs qui
s’éloignent peu des nôtres, mais qui font d’une
taille fupérieure à celui du Canada. D’autres appartiennent
au Boeuf & à un Carnaffier du genre
Canis.
Nous devons faire obferver que dans les
brèches offeufes, les offemens d’Eléphans & d’autres
grands Pachydermes font affez rares. C e fe-
roic, félon nous, un indice d'une antiquité moins
grande que celle des terrains d’alluvion dont nous
avons parlé, & qui font fi riches en débris de
ces animaux. Au lurplus il fe pourroit que des
obfervations faites avec foin , prouvaffent que la
formation des alluvions, des b’eches & des cavernes,
appartient à des époques différentes, donc
| quelques-unes pourroient être contemporaines.
Plufieurs hreckes offeufes, par exemple , portent
tous les caractères des véritables alluvions. Telle
èft la brèche à offemens qui occupe une fiffure découverte.
fur Hutton HiU en Angleterre, dans
laquelle on a trouvé, au milieu d’une argile rougeâtre,
un grand nombre de dents d’ Eléphans.
Les environs de Koeflritz-fur-l’Eifter, enSaxe,
offrent aufh , dans des lits fîliceux remplis de fîlex
réfinite, des fentes, des crevaffes, des cavités
remplies d offemens enchâffés dans l’argile ou
dans un tuf calcaire. M. de Schlotheim en a reconnu
plufieurs qui ont appartenu à une efpèce
de Rhinocéros inconnu, que Blumenbach a appelé
Rhinocéros antïquitatis. D’autres débris/ont
évidemment ceux d’une efpèce de Cheval inconnue
; quelques-uns appartiennent à des Cerfs x
à des Hyènes, à des Lions,
Cavernes. -~ Nous avons vu dans l ’énumération
que nous venons de faire des différentes efpèces
d’animaux dont on retrouve les offemens foffiles,
qu’à l’exception des Hyènes, les Carnaffiers font
généralement fi rares dans les terrains de transport
& d’aliuvion, qu’il eft probable qu’ il en exif-
toit très-peu d’efpèces à l'époque où les Rhinocéros
, les Eléph^is, les Mammouths , les Mafto-
dontes, les Hippopotames, les C e r fs, les Boeufs
& autres Herbivores peuploient nos continens.
Carnaffiers. Les C arnaffiers foffiles font donc
les animaux qui ont dû fuccomber à la révolution
la plus récente de notre planète. Le gilement de
leurs débris a cela de particulier , que c’ eft principalement
dans des cavernes qu’on les retrouve,
foit qu’ils y aient cherché un refuge lors de la
derniere irruption des eaux qui ont envahi nos
continens , foit que les eaux aient amoncelé dans
ces cavités les offemens de ces animaux noyés.
Queftions que nous examinerons ci-après. Quoi
qu’il en foit, le nombre de ces cavernes, la
grande quantité de débris qu’on y trouve deo
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puis long temps, font des faits dont l’explication
exercera encore fouvent la fagacité des géologiftes.
Il feroit trop long d’énumérer ici toutes les
cavernes connues par les offemens foffiles qu’ on
y trouve. Nous nous contenterons de décrire les
plus célèbres par le nombre de débris qu’elles
renfermoient, ou les plus remarquables par leur
difpofition.
Les montagnes du Hartz contiennent beaucoup
de ces cavernes , dont la plus importante eft celle
de Bauman. Elle eft compofée de cinq grottes
qui communiquent de l’une à l’autre , & qui font
à des niveaux très-différens. De la première à la
féconde , on defoend trente pieds ; de la fécondé
à la troifïème, il faut fe hiffer avec les pieds &
les mains j enfin, après avoir alternativement monté
& defeendu, on arrive, par un couloir fort en
pente, à un autre qui fe trouve fous les autres
grottes, & qui eft rempli d’eau. Cette partie,
rarement v ifitée, contient une grande quantité
d’offemens qui appartiennent généralement à des
Ours, à des Hyènes & à des Tigres, On cite
encore, au pied du château de Scharzfds, la
caverne dè la Licorne , qui eft compofée de cinq
grottes auffi extraordinaires pa-r- leur difpofition
& la différence de leur niveau.
On en connoîr plufieurs dans les monts Çrapacks ;
elles font fituées fur leurs pentes méridionales.
Elles font connues de la plus haute antiquité
fous le nom de Grottes des D ra g o n sque leur
donne le peuple de ces contrées. Les os qu’on y
a trouvés fe rapportent généralement au genre
Ours, & furtout à une efpèce q u e , pour fa
taille , M. Cuvier appelle grand Ours des cavernes.
Les cavernes d’Allemagne les plus riches en
offemens font celles que l'on corinoît dans le
royaume de Bavière, principalément fur la rive
gauche de la rivière de Wiefent , qui fe jette dans
la Régniez. ( Voye^ ce mot. ) On y a trouvé dés os
de Lions ou d’Hyènes.
Celle de Gaiienreuth renferme ; fuivant
M. Goldfufs, des offemens d’Ôurs, d’Hyènes, de
Tigres, de Loups , de Renards , de Gloutons; dè
Putois, & quelques reftes d’ iierbivores , entre
autres de Cerfs. Suivant M. Soemmering, on
meme retiré une portion de crâné-
d’Eléphant. M. Rofenmuller dit y avoir découvert
des os de Chevaux , de Brebis, de Boeufs,
de Chevreuils, de Blaireaux, de C hiens, de
Renards, & même d’hommes; mais d’après fës
recherches, ces offemens doivent y avoir été
dépofés plus récemment que les autres. On y a
reconnu encore dés offemens de Lions, ainfi què
des dents:, des m â c h o ir e s u n e tête complète,
qui tout en ayant des points d’ analogie avec les
°^em_ens dans la-'Panthère , ont prétenté'
a M. Goldfufs , deux efpèces inconnues , dont la
plus grande a été appelée par lui Fdis fptUa,
& dont Ü plus petite a été-nommée par M. Cuvier
relis antiqua.
O S S 91
Dans le tu f de la caverne de Gaiienreuth,
M. Cuvier a encore reconnu des offemens de
petits Carnaffiers appartenant aux Martes, parmi
lefquels plufieurs fe rapprochent confi.lérable-
nrént du Putois d’Europe, mais plus encore du
Zorille du Cap de Bonne-Efpérance.
.-Cette caverne recèle auffi des offemens de Cerfs
& de Chevreuils ; mais ils font bien moins nombreux
que’ cejix des animaux carnaffiers. Ainfi on
a calculé que fur mille , le nombre de ceux-ci
fe trouveroit réparti dans la proportion fuivante :
Hyena fpel&a. . . . ......................... 2f ’S
Canis fpel&us......... . . . . . . . . . . . . . JO 1
F élis fpeUa........... .......................... 25 1
Gulo fpeUus . . . . . . ..................... 50 > IOOO
U/fus arcloideus. .
Urfus fpel&us.........
Les os de la cave rne de Gaiienreuth ne font
point roulés, ils font feulement brifés, ce qui
annonce qu’ils n’y ont pas été apportés de loin
par les eaux avec le limon qui les entoure. Il
eft encore à remarquer que la terre argileufe
durcie, qu’on retrouve dans toutes ces cavités,
eft tellement imprégnée de matières animales,
que M. Laugier* qui a fait l’analyfe de celle de la
caverne de Gaiienreuth, y a trouvé les fubftances
ci-après :
Chaux mêlée d’ un peu de magnéfie &
combinée à l’aciàe carbonique.. . . . . . . . . 31,00
Acide carbonique & uir peu d’humidité
................................................................... • 24,00
Phofphate de chaux................................... 21,50
Matière animale & e a u .. . . . . . . . . . . . 10,00
Alumine colorée par un atome de mangànèfe
. . . . ..................................................... 4,00
Silice colorée par du fe r .......................... 4,00
Oxide de fer combiné peut-être à l’acide
phofphorique.. . . . . . . . . M . . . . . . . 3,50
P e r t e . . * . . . . .........., .................................. 1,00
100,00
- Le Hoteherg bu la Montagne crenfe offre un en-
femble de huit ou dix grottes communiquant de
l ’uné à l'autre fur une longueur de deux cents
pieds ; & préfentant deux iflues. Elles renferment
dans divers' enfoncemens latéraux des ofTemens
de Cerfs & de Cochons.
Sur le revers des Alp es , le long de la grapde
route de Laybach à Triefte , on connoîé une caverne
remarquable par fon étendue. M. de Volpi
en a publié une dèfcription C ’eft une réunion de
grottes qui .communiquent de l’une à l’ autre, de
manière qu’elles forment un vafte labyrinthe,
dans lequel l’auteur afiute avoir fait plus de trois
lieues prefqu’ en ligne direète , après lefquelles il
n’a été arrêté que par un grand lac P C ’^t à deux
lieues de l’entrée qu’ il découvrit des offemens qui
appartiennent tous au grand Ours des cavernes.
Toutes les cavernes dont nous venons de parler
font tapiffées de ftaladtites élégantes & contour