
eft de' t ;4 ? j lieues de 2,280 toiles, -ou à la
quantité de 6,^45,800 mètres, on verra que ce
qu’il connoîr de cette planète équivaut, fur un
globe de 10 pieds de diamètre, à'-^jde ligne, ou
à l’épaiffeur d’une feuille de papier. Veut* on
maintenant favoir quelle hauteur auroient les
montagnes exactement repréfentées fur notre
globe de 10 pieds de diamètre ? Le Mont-
Blanc , dont l’élévation ePt de 4,800 mètres, au-
roit 7 ligne> le Chimboraço, élevé dé
mètres, n’auroit que | de ligne; enfin, dans
l’ A fie , le colofTe de l’Himalaya, évalué à 8,400
mètres, n’auroit que f de ..ligne. Que l homme
s’en tienne donc à l’étude de c. tte pellicule; c’èft
pour la foiblelîe de fes organes un affez vafile
champ, d’obfervation. »
Cette étud e, q^e les méditations des Leibnitz
des Buffon ont depuis long - temps préparée ,
que les obfeivations dès Werner, des De lûc,,
des Sauffure, des Dolomieu , des. Fortis & des
Faujas ont approfondie' fur quelques points, ont
ébauchée fur beaucoup d’autres, a changé de face
depuis vingt-cinq ans; aujourd’hui l’on peut dire
que prefque toutes les contrées du globe font
foumifes aux inveft.igations du géologue, que les
faits s ’accurmfent fans ceffe, & que déjà ils
font affez nombreux pour que l’on puiffe en tirer
quelques généralités importantes qui ne feront
probablement point considérées par nos tfeveux
comme d ingénieufes hypothèfes.
Le globe terreftre parole avoir éprouvé dès
fon origine Lés effets d’ une ineandefcence comp
lè te ; fa température a dû diminuer graduellement
par l’effet du rayonnement, rélultat né-
ceffaire de la différence de celle dont jouiffoit
fa mafe, comparée à celle de l’efpace qu’elle
parcouroit. Sans cette diminution de températu
re , Jes animaux qui vivent fur la terre & dans
les eaux, les végétaux qui crqilfent dans ^les
parties fèches & humides, feroient néceffaire-
ment identiques avec ceux qui couvrent aujourd
’hui nos continens, nos marais & nos mers.
Ainfi, l’état primitif de la terre paraît avoir été
une efpèce de fluidité complète : c’eften quelque
forte celui que préfentent encore les comètes
Suivant l’ opinion de quelques favans, opinion que
nous partageons, à cette première période fuc-
céda celle qui vit les fluides élattiques paffer à
l’état liquide. Dans la troifième, diverfes com-
binaifons amenèrent la folidification des liquides :
on doit croire q uelle s’effeêtue encore, & que
la diminution de la chaleur centrale contribue à
augmenter la croûte folide de notre globe- ( Voy.
T empérature). La force expanfive des gaz renfermés
dans le fein de la terre, a dû foulever
une partie de fon écorce & former ces hautes
montagnes appelées primitives, qui femblent hér
iter fa furface aux yeux de l’homme, qui les
mefure à fa taille, tandis que, comparées à la
malle de notre g lo be , elle n’en altèrent pas fenlibrement
la rotondité, & l’on pour.oit dire la
furface unie.‘.Nous expo ferons plus- tard (au mot
Mo ntagnes du Supplément) les raifons qui portent
à croire que ces foulèvemens ont été produits
à différentes époques, & que nos diverfes
chaînes de montagnes appartiennent a diffère ns
âges. Ce qui dans ce phénomène dé géographie
phyfique & de géologie eft affez remarquable ,
ainfi que certains auteurs l’ ont fait obferver, c eft
que l’él vation des Pyrénées, des Alpes, des
Cordillières & de l’Himalaya,. forme une férié
de termes que l’on peut reprëfenter par les
nombres 1, 1 7* 2 , 2 7 , ^ forte qu en doublant
ces nombres pour faire difparoitre les fractions,
les cimes de ces montagnes, fe préfentent dans
le rapport des nombres 2 , 3 , 4 , f : ce qui^ fem-
bleroit annoncer une caufe uniforme, quoiqu ayant
agi à differentes; époques.
Le refroidiffement de notre planètre peut,
non-feulement fe prouver par l’épaiffeiir des couches
(lépourvues de débris organiques, mais encore
par la nature des animaux & des végétaux
doi t on trouve les débris dans les roches qui
fe font pvicipitées au fond des eaux, ou qui ont
été entraînées çà & là par celles-ci. Comment
douter que cette température étoit plus élevée
que celle que nous'1 éprouvons, lorfqu on a remarqué
qu£, quelles que foîent les localités que-la
fcience a explorées, il y a, dans les corps organisés
fofliles, plus d’efpè’ces perdues qui rappellent
celles des pays chauds que de celles qui vivent
encore fous les zones tempérées? C eft fans doute
à l’élévation de la température que l’on doit attribuer
la taille gigantefque de certains végétaux
foflifës, qui font huit, à dix fois plus grands que
ceux de nqs climats brûïans, auxquels on peut
les comparer. Ori pouyroit en dire autant des
animaux tels que ces grands maftodontes, ces élé-
phans dont la grandeur des débris étonne, ces oürs
& ces cerfs qui furpalfent tous ceux que nous
connaiffon’s aujourd'hui; enfin, ces ickthyofaures,
ces pléfiofaurcs, ces mofafaures & ces mégaiofaures,
reptiles dont les dimenfions furpalfent tous ceux
que nous connoiffons vivans, s’il n’etoit prouve
qu’à l’époque où la plupart de ces animaux ha-
bitoient notre fo l, l’homme, cet impitoyable def-
truéteur de tous les êtres-qui ne lui font point utiles,
n’exiftoit point encore , ou du moins , qu’ à la fth
de la période à laquelle appartiennent les maftodontes,
les ours. & les cerfs trouvés fofliles d.ans les
cavernes, fes races oh fes efpècesneformoient çà
& là que de petits groupes peu redoutables.
L ’abaiflèment graduel de la température eft
un fort argument en faveur de ceux q u i, pour
expliquer les phénomènes géologiques, rejettent
toute efpèce de caufe accidentelle & perturbatrice;
cependant la formation des hautes chaînes
de montagnes par foulèvement, formation qui
paroît s’être accomplie à des époques affez rapprochées
de celles qui ont vu le former les
terrains de. fédiment, atrefteroit de violentes
feçouffes, dont les réfultats. doivent avoir été
fuSitement funeftes à une foule, d’êtres organifés.
Nous ne partageons donc point complètement
1 opinion de ceux qui pretendent que toutes les
couches à débris, organiques ont été form.es par
des caufes analogues à celles qui agiflVnt encore à
l’embouchure de nos fleuves ou dans les profondeurs
de l’Océan.
M. Marcel de Serres , qui , dans un Traité de
Geognofie , examine cette qneftion , s’èxprime ainfi
à l’égard de la retraite des mers : «c Cette retraite,
confidérée en"elle-même , s’eft opérée
d’une manière fi régulière & fi graduée, que les
eaux femblent s’être féparées peu à peu, les
mers intérieures étant rentrées' dans leurs- badins
adluels poftérieurement à l’Océan. Auffi exifte-.
wl d’affez grandes différences entre les baflins tertiaires
qui dépendent des mers intérieures &
les baflins océaniques. L’ obfervation de ces divers
baflins 'apprend, en effet, que les derniers
dépôts que les mers y ont laides en fe retirant
font d’ autant plus anciens qu’ on les voit plus
éloignés des mers 'àétueîfes, ÎV d’autant plus récens,
qu’ils en font plus rapprochés. »
On ne peut nier que !a plupart des terrains
de Ldiment Supérieur annoncent, par l'horizon-
tafi.é &r le parallélifme d e leurs couches, qu’ ils
onc été dépofés dans un état de calme; que généralement
la foible élévation qu’ ils atteignent
prouve que le niveau des mers actuelles n’ elt pas
beaucoup plus bas qu’il ne l’etoit à l’époqüe où ces
derniers dépôts de fédiment fe formoienr. Mais ou
auroit tort de croire que ce n’eft que dans lës terrains
de fédiment moyen ou Secondaire .que l’on voit
des couches plus ou moins redreffées, q u i, dans
plufieurs localités, ont fait croire à quelques ob-
fervateurs que la mer avoit atteint une élévation
beaucoup plus, confidérable que celle à laquelle
elle eft réellement parvenue : il eft certain que
dans les Alpes, & particulièrement dans le Jura,
plufieurs dépôts qui appartiennent évidemment
à l’époque tertiaire, font tout auffi inclinés que
pourroient l’ être les terrains de l ’époque précédente.
Il y a donc eu des redreflemens opérés
par les foulèvemens qui ont donné naiffance à
nos grandes chaînes de montagnes. Ces redreffe-
mens fe rapportent à différentes époques, puisqu'ils
ont Soulevé les dépôts intermédiaires,
Lcondaires & tertiaires, enfin, tous ceux que
nous avons compris fous le nom de métafçiques.
(Poy. R oches.) Mais nous examinerons avec quelques
détails cette queftion dans un article fpécial. Il
eft donc, non - feulement probable, mais évident
q u e , malgré la régularité qu’affeétent, loin de
certaines montagnes , les derniers terrains de fédiment,
plufieurs localités démontrent que différentes
caufes violentes , qui n’agiffent plus aujourd'hui,
ont dérangé l'horizontalité de ces
dépôts, comme pour prouver que la dernière
époque géologique n'a pas été exempte de perturbation
, & que ce n’eft pas feulement aux
caufes qui agiffent encore fous nos yeux qu il faut
attribuer la difpàfition, nous ne cirons pas feulement
des terrains anciens, mais même des plus
récens. _
Ajoutons encore que , bien que Deluc aie vainement
effayé de, ramener tous les faits géologiques
aux caufes qui agiffent aujourd’hui, plufiuhs
geologift. s , étayant les idées de ce grand homme
par de nouvelles obfervations, ne ppurroient,
fans les modifier, les appliquer à certains phénomènes.
Nous fommss loin d’admettre que rouies
les alternances de dépôts marins & d’eau douce
annoncent les frëquens départs & letours de
j l’Océan fur les mêmes lieux ; mais nous ne croyons
pas non plus qu’on doive, fans exception, les
attribuer à l’aétion des fleuves, portant fans_ceffe
des matériaux au fein des mers qui les reçoivent.
Il eft certain que plufieurs dépôts fluviatiies ont
été entraînés dans les mers; qu’ils fe font mélangés
avec les fédimens de celles-ci; que fouvent
on voit qu’ils ont été percés en place par des
animaux marins; mais nous n’ admettons pas que le
départ & le retour de la mer fur nos continens doivent
être atteftés par des traces des anciennes
furfaces- continentales & des veftiges de l’ancien
terreau ou fol végétal, au point .Je contaêl
des deux fortes de dépôts. C e fol a trop peu
d’épailfeur, il eft trop facile à délayer & à entraîner,
pour qu’il ait pu réfifter à l’aétion des
eaux de l’Océan. D’ailleurs, encore, fi l’on eft
forcé d’admettre qu’ une force fouterraine a p u ,
à différentes époques, foulever certaines parties
du. globè & former des chaînes de montagnes,
ne comprend-on pas que ces foulevemens auront
néceftairement dû changer le niveau des mers &
provoquer leur' retour fur des points qu’elles
, avoient quittés ?
Voyons ce. que dit M. Al. Brongniart, oppofé
d’opinion à ceux qui foutienr.ent que tout s’eft
fait jadis comme nous le voyons encore aujourd'hui.
« Il s’agit d’ expliquer cette double a’ter-
. native du fol marin & du fol lacuftre. Sans cher-
j cher à en donner une explication de détails, ni
à remonter aux caufes premières, nous avons dit
qu’elfe indiquoit deux fois la préfence de la mer
fur notre fol & fur tous ceux qui lui reffembient,
& deux foi* le déîaiffement de la mer & la pré-
• fence d’eaux lacuftres. Nous convenons qu'il eft
difficile de trouver des caufes de ces deux in-
vafions des eaux marines & de leur, fejour; mais
de ce qu’on ne peut aller au-delà d’une induètion
qui paroît fi naturelle, qui n’admet aucune im-
poflibilité réelle, eft-on en droit de la nier pour
la remplacer par une hypothèfe qui nous femble
bien plus compliquée, & fujette à un bien plus
grand nombre de difficultés ? »
Le baflin de Paris a fervi fucceffivement
G g g g 2