
animaux généralement a fiez voifîns des efpèces
vivantes.
Les breches ojfeufes, ainfi appelées de l’immenfe
quantité d’offemens ou de débris d’offemens dont
elles font pétries, rempliffent les fentes dé certaines
rocnes calcaires ; elles font un compofé
d’argile rougeâtre mêlée de divers fragmens pierreux
& d’o s , cimentés par une concrétion c a lcaire
due au fui âtè ment des eaux qui, entraînées
continuellement fur la roche , en a diffous quelques
parties qui ont pénétré l ’argile. On n’ y trouve
jamais de coquilles marines, mais très-fréquemment
des coquilles d’eau douce châtiées de
divers points de la furface des terrains voifîns, par
l’écoulement des eaux. D’après ce que nous venons
d ed ire , les breches à offemens font le ré-
fultat d’une forte de dépôt d’alluvion , qui s’ eft
opéré feulement dans les fentes de certaines
roches calcaires. Quelle eft la date relative de ces
brèches comparées aux terrains d’alluvion ? C ’ êft
une queftion efientielle à réfoudre, avant de
parler des animaux dont on retrouve les offemens
dans ces deux fortes de dépôts.
Dans fes Inflitutiom géologiques , Breillat k a
traité cette queftion ; nous nous en tiendrons à
fon opinion que nous partageons complètement.
Suivant lui, les brèches offeufes ne font point le
réfultat d’irruptions marines, puifqu’ on n'y trouve
point de coquilles marines ; elles lontpôftérieures
à la plupart des terrains d’alluvion, puifque ceux-
ci recèlent des offemens d’animaux prelque tous
différens de ceux qui vivent fur la terre, tandis
qu’à quelques exceptions près les brèches ne renferment
que des offemens d’animaux connus 8c appartenant
aux dernières créations. Ainfi ce font
des débris de boeufs, de mouton, d’ânes, de
chevaux, de lièvres, 8cc.
Les cavernes naturelles exiftent dans les roches
calcaires d’ancienne 8c de fécondé formation";
mais c ’ eft furtout dans celle-ci qu’elles fontnom-
breufes 8c qu’ elles acquièrent une grande étendue.
Elles font toutes plus ou moins irrégulières,
plus ou moins vaftes, plus ou moins profondes.
11 n’entre point dans notre plan d’effayer de rechercher
la caufe qui a produit ces fingulières
excavations : ces phénomènes remontent peut-
être aux époques qui ont précédé la formation
des terrains tertiaires. Mais quant aux ofiemens
que ces cavernes recèlent, leur réunion n’ y peur
avoir eu lieu qu’ à une date affez rapprochée des
derniers événemens géologiques qui ont laiffé des
traces fur notre planète.
Il eft allez difficile de décider fi les offemens
que l ’on trouve dans les cavernes font contemporains
de ceux qui exiftent dans les terrains de
tranfport & dans les brèches offeufes ; cependant,
comme les os de ces deux dernières claffes de
gifement appartiennent généralement à des animaux
herbivores ; que ceux des cavernes, au .
contraire > appartiennent principalement à des
| carnaffiers, Si que ceux-ci n’ont du être abondans
fur la terre qu’après qu’elle fut fuffifamment peuplée
d’autres animaux propres à les nourrir, on
feroit tenté de regarder les animaux foffiles dr $
caverhes comme appartenant à l’époque la plus
rapprochée de nous. Mais pour éviter toute hy-
pothèfe harfardée, nous confidérerons les trois
fortes de gifement que nous venons d’énumérer,
comme fe rattachant aux derniers cataclifmes que
la terre a éprouvés.
Terrains <£'alluvion. — De tous les terrains ex ploités
jufqu’ à ce jou r, ceux qui ont fourni la
plus grande variété de quadrupèdes pachydermes
fofliies, ce font les terrains d’attéiîffement ou
d’alluvion.
Tapirs.: Avant de décrire les quadrupèdes d’un
ordre fupérieur par leur taille, nous dirons un
mot de ceux q u i, dans les terrains d’alluvion, fe
rapprochent le plus des Tapirs.
On en a trouvé un grand nombre d’offemens en
France , & principalement des dents. Les localités
les plus connues font celles que nous allons citer.
Entre Auch Si Mirande (département du G e r s ) ,
les coteaux d’Arbeichan : le terrain eft un fable
contenant de la marne jaunâtre 8c de gros grains
de quartz roulés; foh épaiffeur peut avoir environ
fix pieds.
Près de Grenoble, fur les bords de l’Ifère.
Près de Car lat-le -C om te (département de
l’Arriège), à peu de diftance de la petite rivière
de S è ze , & fur le penchant.d’une des chaînes de
collines qui defcendent des Pyrénées : en faifànc
fauter un petit rocher, on découvrit, dit M. Cuv
ie r , une couche de terre fablonneufe d’environ
cinq pieds d’épaiffeur, repofant fur un banc de
marne àrgileufe très-profond ; les os fe trouvèrent
entre le fable 8c la marne.
Aux environs de Chevilly, à trois lieues au nord
d’Orléans, dans une fablonnière.
Au bord de la vallée de la Loire, enrre Mer
Si Beaugency (département de Loir & Cher),
dans un lit de fable renfermant des petits fragmens
calcaires & de quartz roulés, de groffeur & cia
couleur différentes, & pofé fur un banc de calcaire
d’eau douce qui conftitue en grande partie
le fol des départemens du Loiret Si de Loir 3c
Cher.
En Allemagne, on connoît encore deux localités
: une fablonnière des environs de la périt«
ville de Furth , fur la rivière de Chain , en baffe
Bavière; un terrain d’alluvion fitué près du Felds-
berg, non loin de la frontière de la Moravie.
f a plupart de ces offemens appartiennent à
un Tapir gigantefqne, dont la taille devoir être
de dix-huit pieds au moins de longueur, fur onze
de hauteur. Ceux des environs de Carlat & de
Chevilly dévoient être un peu moins grands.
Rhinocéros. Les offemens folliles de cet animal
font très-cemmqm dans les terrains de tranfport.
On
: On en. découvrit plufieurs os fur le pied méridional
dû Hartz en 17J1 & en 180S.
En Pruffe, on en déterra en 17*8 dans plufieurs
localités. On y a trouvé depuis le R. tricha-
rinus.
[> Sur les bords du Rhin, dans le pays de Darm-
ftadt, on en découvrit plufieurs en 1782.^
Dans le pays de Worms, dans les environs de
Mayence, de Strasbourg & de C olo gn e , on en
trouva plufieurs crânes Si d’autres o s , depuis
iySijufqu’en 1786. A cette époque, l ’Allemagne
feule avoit déjà fourni les fragmens de plus de
vingt-deux individus.
Près de Lippftadt en Weftphalie, on découvrit
un crâne entier; 8c près de Vienne, deux dents
furent trouvées en i 723.
M. de Schlotheim rapporte que près de Gotha
on découvrit des dents 8c des os de Rhinocéros,
Si que près de Tonna des ouvriers en trouvèrent
Si en briferent un fquelette entier en 1784.
A Politz fur l’ Elfter, on a trouvé auffi, avec
d’autres offemens , des pieds 8c des vertèbres de
Rhinocéros dans une argile qui rempliffoit les
fentes Si les cavités d’un banc de calcaire ancien.
Une mâchoire du même animal fut trouvée en
178y en Bavière, Si ce pays en a fourni beau-,
coup d’autres offemens.
> En France on en a découvert, ou plutôt on en
a moins fignaîé qu’en Allemagne 5 cependant,
parmi les lieux où on en a déterré x on doit citer
les focalités ci-après :
Dans le département de Saône Si Loire, le
bourg de Chagny, où ils furent trouvés à cinquante
trois pieds de profondeur , fur un lit de
fable & fous differentes couches d’argile Sc de
fable ferrugineux.
Dans le département du Loiret, Chevilly près
d’Orléans, ou ils gifoient au milieu d’une fablonnière
avec d’autres offemens.
Dans le département de l’Hérault, Moffon
près de Montpellier, dans une couche de gravier
a douze pieds de profondeur.
. Dans le département de Loir 8c Cher, Avaray
.près Beaugency,
Dans les lables de la vallée de la Somme, près
d’Abbeville.
Dans un dépôt de gravier aux portes d’Amiens.
Dans le département de l ’Ifère, aux environs
de Grenoble.
Dans le département du Gard, Crozes , près
Sajnt-Laurens-des-Arbres, au -milieu d’ un fable
argileux rougeâtre.
Enfin, dans le département de Tarn 8c Garonne,
près deMoiffac , on en découvrit en 1820,
en creufant un puits fur une colline , dans une
marne durcie mêlée de gros fable 8c de fragmens
de quartz, à foixante-douze pieds de profondeur.
La coupe de ce terrain a préfenté les couches
fuivantes :
Géographie-Phyfiquc. Tome V.
i° . Terre végétale................................. 2 pieds.
2°. Marne compacte.._........................ 10
30. Gros gravier..................................... 1
40; G rè s .................... 1
y°. Sable...................................... 1
6 °. Couches alternatives de grès 8c
de fable ......................................... 41
70. Argile mêlée de fable..................... 2
8°. Sable.................................................. i z
T o ta l....................................... 72
C ’eft: dans la dernière couche que l’on trouva
des offemens de Rhinocéros mêlés avec des dents
de Crocodiles 8c des os de Tortues. Le Rhinocéros
auquel ils appartenoient étoit muni d’inci-
fives, ce qui conftitue, fuivant M. Cuvier, une
efpèce particulière ; il différoit auffi des autres
efpèces par fa taille bien moins élevé e, qui pou-
voit ne pas même égaler le Tapir.
L’ Italie ne fe montre pas moins riche en offemens
de Rhinocéros; le Val d’A rn o , en Tofcane,
en renferme qui paroiflent appartenir à une efpèce
différente de celle qui domine en Allemagne. On
les trouve à près de deux cents mètres au-deffus
du niveau de l’Arno, dans des collines argileufes
8c fableufes qui forment le premier échelon des
montagnes.
On en a trouvé auffi en deçà des Apennins :
telle eft la mâchoire inférieure qui fut découverte
en 1719 par l’abbé Ranzani, dans un gravier mêlé
de coquilles marines, fur le montBlancano, l’une
des collines du pted de l’Apennin, à quelques
lieues de Bologne, 8c dont le fommet s’élève à
néuf cents pieds au-deffus du niveau de cette
ville.
Aux environs de Plaifance, dans une colline
parallèle au mont Bulgnafco, on à découvert en
i8 o f le fquelette d’ un Rhinocéros. Il étoit recouvert
de plus de deux cents pieds de fable.
Les offemens afiez bien confervés fe compofoient
d’une tête entière, de dix vèrcèbres, de quatorze
côtes , de deux omoplates 8c de deux jambes de
devant.
Quelques années plus tard, on découvrit fur le
mont Pu/gnafco deux humérus pétrifiés 8c une
mâchoire inférieure. Ces os étoient dans un terrain
rempli de coquilles marines; les deux humérus
étoient même chargés d’huîtres ; des offemens
de Baleine gifoient auprès.
En Angleterre on trouva, en 1668 8c en 17 73,
à une lieue de Cantôrbery , des fragmens d’ os de
Rhinocéros à dix-fept pieds de profondeur.
En 1813 on en découvrit, avec des offemens
d’Eléphans, de Boeufs 8c de C erfs, près de Brent-
forc, non loin de la Tamife, au milieu d'un terrain
d’eau douce 8c dans un lit de gravier.
A Thame, dans le comté d’Oxford, on trouva
trois dents de Rhinocéros qui fe rapportoienc à
l ’efpèce à narines non c.loifonnées qui a été dé-
i couverte en Lombardie.
K