
marque une autre ra c e , dont la peau eft noire.
Tous ont les cheveux crépus ; ils aiment à les
rougir au moyen d’ une terre ferrugineufe. Ils
s’épilent le corps & fe tatouent. Ils fe livrent à
l ’agriculture : c e ft un crime chez eux que d’ abattre
un cocotier. ( 3. H .)
SANTQRINO ou Santorin , eft une île fituée
par 23 degrés de longitude & 36 degrés 25 minutes
de latitude. C e n’eft point la plus importantes
des îles Cyclades, fa circonférence n’eft que
de 13 lieues, mais c’ eft l ’une des plus intéref-
laintes en géographie phyfique Sc en géologie, par
la nature des roches qu’elle renferme. Dès la plus
haute antiquité elle fut célèbre fous les noms
de Cahfle & de Thera. Pofiidonius, Sénèque,
Hérodote 8c Pline ont parlé de fes éruptions volcaniques.
C e dernier prétend même qu’elle doit fa
formation aux feux fouterrains ; Hérodote n’ étoit
point de cette opinion, mais l’ on fait pofitivement
aujourd’hui que les monts Saint-Etienne & Saint-
É-ie qui s’élèvent fur fon fo l, font entièrement
compofés de marbres. C e qui a pu induire en
erreur les anciens géographes, c’eft que 1 lie a la
forme d’ un croiffant, ce q u i, avec les matières
volcaniques qui en couvrent une partie, lui donne
l ’apparence d’un cratère dont la moitié fe-feroit affamée
fous les eaux. Cependant on ne peut douter
qu’elle n'ait été agrandie par l’a&io.n des feux
fouterrains, puifque depuis les temps les plus
anciens jufquau dix-huitième fiè c le ,l’ hiftoirenous
a tranfmis la mémoire de neuf éruptions, produites
par fon volcan fous-marin. Pline rapporte que dans
la quatrième année de la 135e. olympiade, c ’eft -
à-dire 236 ans avant notre è re , une éruption
forma l’île de Therafia, fituée à l'entré-du- golfe de
Samorin, & cette île qu’il nomme Thera. Nous
venons de faire obferver que, relativement à cette
dernière, e ’eft une erreur du naturalifte romain,
erreur qu’Hérodote même avoir reconnue. Breiflak
penfe que Pline s’eft trompé, 8c qu'il-a voulu
parler d'une éruption antérieure de quelques
années à c e lle - c i, & dont l’effet fut d’augmenter
les dimenfions de Santorin. C e géologue
fait obferver que l'antique éruption dont il s’agit
dut fe faire jour à travers la roche calcaire. Olivier,
dans fon j^oyage dans /’ Empire Ottoman, parle des
deux montagnes que nous venons de citer, & dit
qu’elles font couverteS'de pierres ponces & d’autres
produits volcaniques : il eft probable qu’ ils
auront rempli les fraétures de la roche. 130 ans
après l’éruption rapportée par Pline, la lave forma,
près de Santorin, une nouvelle île que l’ on nomma
lera j l’an 4 de notre ère, une nouvelle éruprion
produifit l’ ile de Thia. Pline, Strabon, Sénèque,
Plutarque, Paufanias,Caffiodore 8c Dion Caüius,
en font mention. L’ an 47 de l’ère vulgaire vit
s’élever encore une île auprès de celle de Santorin.
L’ an 727, le volcan de Santorin fe ralluma
8c , par fa lave, réunit l’ îlé de Thia à celle d'Iera ;
Paul Diacre & d’autres auteurs parlent de cet
événement. En 1417, l’île s’augmenta d elà maffe
de lave qu’ une éruption forma. En 1573, le volcan
produifit une nouvelle île que l ’on appelle la
petite Kammeni : le fait eft rapporté dans les Tran-
fadlions philofophiques. Kircher a donné la relation
de l'éruption de i6 jo . En 1707, la lave augmenta
la petite Kammeni : on en trouve le récit dans les
Mémoires de l ’Académie des Sciences de 1708.
C e qu’il offre de remarquable, c’eft que l’ on
vit forcir de la mer une roche calcaire, couverte
d’une terre argileufe & à laquelle hn grand nombre
d’huîtres étoient attachées : c’ étoit propablement
le fond de la mer, c’eft-à-dire le réfultat des
dépôts qui s’ y forment journellement. Trois fe-
maines après l’apparition de ce phénomène, la
fumée fe manifetta en grande abondance, & l’on
vit paroîti e à la furface de l’ eau des dépôts volcaniques
qui fe réunirent aux dépôts marins que nous
venons de mentionner, 8c dont ils formèrent une
île. Enfin, en 1767, le volcan fous-marin de San-
torino eut une nouvelle éruption qui produifit
1 île Noire, près de la petite Kammeni.
'On pourroit, fur ce qui s’eft paffé. à Santorin
même & à l’entrée de fon g o lfe , faire des conjectures
allez. plaufibles fur la manière dont fe font
formés les dépôts alternatifs de calcaire & de
laves, fi communs dans les contrées couvertes
d'anciens volcans. Nous n’ entreprendrons point
cette tâche, dont Breiflak s’eft fi bien acquitté;
voici ce qu’il dit en thèfe générale fur les éruptions
des volcans fous-marins, d’après celle que nous
venons de rapporter : « Le fond de la mer, foulevé
« par la force explofive du volcan, commence à
» 1e hauffer : jufqu’ à ce qu’il parvienne en haut,
» on ne remarque pas d’ autre phénomène ; mais
» lorfqu’il eft forti de l’ eau, la lave fe montre,
» 8c elle eft douée d’une telle fluidité & pouflée
>3 avec tant de force par l’aCtion du volcàTi,
»3 qu elle peut couler même dans l’eau. Enfuite,
»» lorfque le fommet du cône eft hors de l’eau, il
»3 s’ ouvre, 8c les matières commencent à être
»* vomies par la bouche. Si le gouffre s’ouvroit au-
»3 defl’ous de la fuperficie de la mer, la maffe des
>» eaux s’y précipiteroit 8c étéindroit la com-
33 buftion, quelque grande qu’elle fût. Il eft donc
*3 poflible qu’une roche que j’appellerai lave
3» 6c que d'autres nommeront bafalie 3 trappe
33 wacke, & c . , fe trouve placée au-deffous d’une
« roche calcaire, même primitive, ainfi que la
» lave dont il s’agit ici devoit l’être au-deffous
»3 de ce marbre blanc , peut-être primitif, qui le
» trouve au fond de la mer. 33 Plus loin il ajoute :
« Si par fuite de quelques-unes de ces révolutions,
33 qui certainement font arrivées plufieurs fois fur
»3 le globe, la mer venoit à fe retirer de l’îîe de
>3 Santorin, devrions-nous être furpris en voyant
« neuf couches de hves ou de matières volca-
33 niques, alternant avec neuf couches de dé-
»3 polirions marines ? Et qui fait combien de fois
OC A4 iT)l
» ce phénomène s’ eft répété avant le temps où
31 l’hiftoire a pu nous tranfmettre la notice de ces
33 événemens? Comme il y a préfentement au
s» milieu de la mer plufieurs bouches ignivomes ,
33 8c que beaucoup d’îles font en tout ou en partie
» volcaniq lies, il eft facile de concevoir que, même
» aujourd’h u i, les phénomènes de l'île de Santo-
33 rino peuvent fe répéter dans beaucoup de
sa,parties du globe. »,
- C ’eft fuitout dans la partie feptentrionale de
l’î l e , que le volcan de Santorin a laiffé les traces
les plus nombreufes : à partir de la crête des
rochers calcaires qui s’élèvent vers le fud , le terrain
s’incline doucement, il n’eft partout recouvert
que de fçories de ponces & de laves. ^
La végétation de l'île efl belle & pourroit etre
très-productive fi l’agriculture y étoit plus avancée
: on y récolte du b lé , de l’orge 8c des
légumes; la vigne, le Eguier 8c l’amandier y font
très-répandus..
la- précédente par fa direction, fa conftitution
géologique 8c les métaux qu’elle contient, forme
les montagnes de la Narra.
Enfin, la dernière & la plus imporrante chaîne
commence aux Boczhe di Bonifacio, au nord
d e l ’ î e , 8c fe termine au midi dans la mer, au
cap Carbonara. E le eft appuyée, à la partie
feptentrionale, par les monts Lymbarra, p.aeés
dans une direction perpendiculaire à ceile de la
maffe , tandis qu’un fécond rameau para'lèle , les
monts du Goceano, ou Monte-RaJ'o , fe féparent
de la maffe centrale par la belle vallée du Tirfe,
8c s’y rattachent par les montagnes de Palada
8c de Badufo.
Les maifons des habitans font prefque partout
creufees dans une roche volcanique analogue à 1
celle que l’on appelle pépérine ; ils n’ont point J
d’autre eau que celle qu’ ils recueillent dans les
citernes. L’ île ne poffède ni fources ni ruiffeaux.
L’ air n’ y eft point malfain, mais c’eft probablement
à fa vivacité qu’il faut attribuer l’efpèce
d’étifie dont beaucoup d’habitans font attaqués.
La population totale de Santorin eft évaluée à
12,000individus. (J. H .)
SAONE. Affluent du Rhône. Voye\ ce mot.
SARDAIGNE (I le d e ) . Elle eft fituée entre
le 30e. 8c le 41e. deg. de latitude nord, 8c
s’étend de y deg. 4 y min. à 7 deg 3 y min. de
longitude à i’eft du méridien de Paris.
Placée au midi de la C o r fe , & , pour ainfi
dire, à un point central des côtes de la France,
de l’Ica ie , de la Sicile, de la Barbarie 8c de
l ’Efpagne, cette ile eft traverse par fept chaînes
de montagnes. Les deux premières ne méritent
pas ce nom : l’ une forme la colline de
Cagliari, l’autre celle de Sajfari; la troifîème,
qui s’élève , en que ques endroits, à plus de
700 mètres au-deffus du niveau de la mer, fe
compofe des montagnes à’Aies, dont le Morgon-
giori 8c la Trebia font les cimes les plus élevées.
La quatrième chaîne, qui eft réellement une
fuite de la précédente, préfente, comme elle, des
terrains de fédiment 8c plus qu’elle encore des
yoches d origine ignée. Cette chaîne part du village
de Milis 8c finit à Boloitona, tandis qu’un autre
rameau pafle à Bofa, & aboutit à la mer de Corfe,
près de Cafiel Sardo.
Malgré l’ opinion d’une partie des habitans de
l ’île , qui regardent comme le point le plus élevé
la cime du Lymbarra, appelée Gigantina, le
Gennargentu doit occuper la première pla ce, 8c
conferve feul de la neige pendant prefque toute
l’ année. D’après les obfervations barométriques
de M. de la Marmora, auquel on doit une excellente
C’ eft aux terrains primitifs & de tranfition
qu’appartiennent les trois autres chaînes : l’ une
commence près du lac d‘ Oriftano, & fe termine
au cap Toulada3 tandis qu’un de fes rameaux fe
détaché à l’e ft, vers Pala ,• l’autre, qui répond à
description de la Sardaigne, le Gennargentu
eft élevé de i83o mètres au-deffus du niveau
de la mer, 8c le Lymbarra feulement de 1217.
Toutes ces montagnes on t, en général, leur
direêtion dans le fens de la longueur de l’î l e ,
c ’eft-à-dire du nord nord-eft au fud fud-oueft,
& les rameaux fuivent parallèlement les chaînes
principales. La grande chaîne peut être confidérée
comme le point central de l’îie : fon verfant occidental
eft recouvert a fa bafe par des roches ftra-
tifiées, inclinées de l’eft vers l’outft; ce qui rend
fa pente beaucoup plus douce que celle du verfant
oriental, qui eft également beaucoup moins étendu.
Sous le rapport géo'ogique, il eft évident que
la grande chaîne centrale a formé le noyau primitif
de l’î e , 8c qu’autour de lui font venus
fe grouper, dans une direction parallèle, les
terrains de formation pollérieure. C e noyau fe
trouve dans la même direction que la chaîne
centrale de 1 lie de C o r fe , 8c occupe en largeur
à peu près le même efpace que cette î.e , qui
paroît, fous ce rapport, l’avoir mise à l’abii
d’un courant pouffé du nord au midi.
Depuis le golfe de Porto-Torres jufqu’ à celui
de Cagliari 3 les collines conftituenc une grande
I bande de calcaire tertiaire ; elles appartiennent
aux dernières formations, 8c doivent leur origine
à des dépôts marins-qu’on pourroit fuppofer y
avoir été amenés par un canal creufé dans les
roches anciennes. En effet, celles-ci, antérieures
aux êtres organifés, fe retrouvent 8c fe correi-
pondent dans les chaînes latérales, mais manquent
abfolument dans cette longue bande où l’ on trouve
une allez grande quantité de corps marins. Il eft a
remarquer , d’ un autre c ô té , qu’ ici la Sardaigne
n’eft plus couverte par la Corfe dans la partie ue
fon flanc occidental.
En admettant la fuppofition de ce canal, il
auroit pu être formé par un courant q u i, Ion»
B b b i