
a de l’air comprimé propre à alimenter la combuftion
des corps inflammables f e à entretenir
l*a#ivité des feux fouterrains. M. du Commun
prétend expliquer par là pourquoi ces feux ne
font pas éteints ou par le manque d’oxigène, ou
par leur pofition fous la mer; pourquoi des îles
volcaniques apparoiffent f e difparoilfent, f e pourquoi
les tremb'emens de terre fans explofions,
fans éruptions, fe propagent à une fi'grande dif-
tance f e font plus deftru#ifs que les éruptions
elles-mêmes.
M. S i l l im a n , dans le même recueil, a fait plu-
fieurs objections à M. du Commun : les principales
font que les gaz comprimés paffent à l’état
fluide; que le mélange de ce fluide avec l’eau dépendra
ae leur affinité mutuelle; qu’on ne conçoit
pas ce paffage de l’air fous l’eau, &c. Mais
M. du Commun répond en rappelant que des
expériences ont démôntré que l’air peut • être
porté à une denfité fupérieure à celle de l’eau,
fans perdre de fon élafticité, qu’il n’y a pas com
hinaifon, puifque la denfité des deux fluides eft
différente, que l’eau eft faturée d’air, f e que Partons
a prouvé qué fous la preffion de 800 atmof-
phères , deux tiers de l’eau étoient encore aéri-
f ormes, f e que fous celle de 1,200 atmosphères,
un tiers n’eft pas encore liquéfié.
Malgré les explications de M. du Commun,
fon hypothèfe ne nous paroît pas admiffible.
M. A l . B r o n g n ia r t ( article V o l c a n du D i f t ia n -
n a ir e d e s S c ie n c e s n a tu r e lle s ') modifie les hypcthèfes
de Davy & de M. Gay^Luffac. 11 rejette avec raifon
l ’opinion qui admet pour aliment aux déflagrations:
volcaniques le foufre, les pyrites, les houilles, les
bitumes & les métaux des terrés & des alcalis.
« On neconnoît nulle part, dit-il, dans les couches
de la terre, des amas de foufre allez puiffans ; on
n’obferve pas, dans les produits des éruptions,
des dégagemens affez prédominant, des produits
affez abondans de la combuftion du foufre, pour
admettre une pareille fuppofition : nous ne la
pourfuivrons pas. Il en eft de même des houilles
f e des bitumes ; la rareté de çes matières, leur
peu d’abondance, comparée à la multiplicité des
terrains volcaniques, tant a&uels qu’anciens, à la
continuité de la déflagration d’un grand nombre
d’entre eux ; le défaut complet d’analogie entre
les produits volcaniques, l’abfence de toutes
matières charbonneufes dans les laves, & enfin
ce qu’on fait avec précifion fur la pofition des
terrains houiîlers, dans l’écorce du globe f e fur
celle,des foyers volcaniques, placés évidemment
dans des terrains inférieurs f e différens, ont fait
abandonner complètement une hypothèfe à laquelle
on eût fait peu-d’attention, fi elle n’eut été oré-
fentée par le célèbre Werner, féduit par quelques
rdTernplances entre les roches volcaniques f e les
altérations produites fur les roches ichifteufes
par dés houillés en combuftion. « Il faut, fuivant
M. Brongniart, admettre néceffairement, dans
toutes les hypothèfes, l’a#ion de la décompofi-
tion de l’eau, & la confi.lérer comme une puiffante
caufe d’éruption & de foulèvement. On peut
| mêm? croire que fi les pyrites ne jouent pas le rôle
principal, dans les vo'cans, elles y interviennent
quelquefois, f e même#très-fouvent. Mais c’eft
principa'ement à l’eau marine que M, Brongniart
attribue l’a#ion dont il cherche la caufe ; il penfe
que cette eau eft, dans les volcans, en partie
décompfée f e en partie vaporifée ; « que ces com-
binaifons f e vaporifations rapides font naître une
température affez élevée pour fondre les mélanges
terreux voifins des lieux où fe produit cette vive
a#ion chimique ; que les gaz f e vapeurs, dégagés
en grande abondance, par toutes ces réa#ions,
ébranlent & foulèvent l’éçorce du globe, & répandent
av-c violence, dans l’atmofphère, des
fluides élalliques mêlés d’eau en vapeur, de gaz
hydrogène fulfuré, de ga? acide muriatique,
d’acide fulfureux même. ” . . . ,« Ces hypothèfes,
ainfî modifiées f e combinées , expliquent affez bien
la plupart des grands phénomènes volcaniques, les
tremblemens de terre, les foulèvemens de fol, le
dégagement fi abondant de gaz f e de vapeurs
aqueules, l’incandefçence f e la fufiondes laves, la
préfence des alcalis f e de la filice en diffolution
dans les eaux minérales: on fait que la filice naifi
fante eft diffoluble dans l’eau ScjfiS? le fuîfure de
filicium eft décompofé par ce liquide. Elles expliquent
enfin la grandeur du phénomène, fes in->
termittençes, ou fa continuité, fuivant que l’eau
a.accès, rarement, abondamment ou partiellement,
dans les parties de l’écorce du globe où
font encore des métaux non-oxydés, des terres &
des alcalis,le foufre, f e c . »...« Non-feulement,
dit-il en terminant, l’a#ion des métaux hété-
ropfides, de ieprs fulfures ou de leurs chlorures
fur l’eau, ou toute autre a#ion chimique violente
qui s’exerceroit fur de grandes rnaffes, explique
très-bien, f e le dégagement confidérable de ena-
dçur qui doit en résulter, f e lafufion d’une mufti-?
tude de minéraux & de roches qu’ils composent,
& la production d’une quantité immenfe de-gaz f e
de vapeurs qui,agiffant pour s’échapper avec toute
leur puiffarice d’expanfion, çaufent des tremblemens
de terre, des éjections de laves, de
pierres, f e c . Mais cette théorie va plus loin:
elle prétend expliquer jufqu’à l’élévation des
plus grandes & des plus hautes chaînes de montagnes
, foülevées par cette force prodigieufe qui
a pu & dû fe développer à une grande profondeur,
fur une étendue très-confi iéiàhle. On conçoit
qu’un tel phénomène n’a pu avoir lieu fans
que les couches de la terre aient été brifées,
renverfées, triturées même, & que leurs débris
aient été mêlés de toute manière. Telle eft l’idée
qu’on peut fe former de la puiffante a#ion volcanique,
& de Ton immenfe influence geognoftique;
idée qui femble accueillie par les géologues &
les phyficiens les plus célèbres f e les plus difficiles
en théorie. »»
Dans fa théorie du foulèvement des montagnes,
M. E l l e d e B e a um o n t confidère comme le principal
agent des phénomènes volcaniques les fubftances
gazeufes dont l’exiftence, au fein des matières
liquéfiées qui forment les courans dè laves, eft
atteftée par les vapeurs blanchâtres qui fe dégagent
de leur furface jufqu’à leur entière confolidation.
Ce favant géologue penfe qu’auffitôt qu’un point
de la maffe fluide interne fe trouve, d’une manière
quelconque, en communication avec l’extérieur,
l.s gaz venant à fe dégager dans tous les points
de cette maffe qui ne font pas trop éloignés de
l’ouverture, pouffent, à travers le nouvel orifice,
unepartie de cette même maffe devenue elle-même,
plus légère parla quantité.debulles gazeufes dont
elle eft pénétrée, f e qui lui donne, en quelque
forte $ la ftrudture d’une éponge liquide; phénomène
analogue à celui qui fe paffe lorfqu’une
boiffon en fermentation s’échappe du vafe où
elle étoit enfermée. ;
M. d 'O m a l i u s d 'H a l l o y , dans fes E lém e n s d e
G é o lo g ie , examine la théorie de M. Cordier f e
celle de M. Elle de Beaumont. Quelle que foit,
dit-il, celle de ces deux hypothèfes auxquelles on
donne la préférence, on voit que l’afcenfion &
l’éjaculation des matières peuvent, ainfi que
les autres phénomènes volcaniques, être con-
fidérées comme une conféquence du refroidi f*
fement du globe. D’un autre côté, on conçoit
également que fi cette force qui pouffe des matières
liquides & folides de bas en. haut, rencontre un
obftacle fur fon paffage, f e que cet obftaele foit
d’une nature telle que la croûte folide fléchiffe
plutôt que de fe laiffer traverfer, il en réfultera que
cette croûte fe foulevera jufqu’à ce que l’extenfion
de fa capacité ait rétabli l’équilibre entre la pouffée
& la réfiftance , ou jufqu’à ce que l’écartement f e
la fraéture de l’écorce ait permis l’éjaculation au-
dehors ; de forte que les foulèvemens volcaniques
font un effet du refroidiffement graduel
de la t,erre j c’eft-à-dire d’une caufe que l’on
peut confidérer comme conftatée par l’application
des lois de la phyfique aux réfultats de i’obferva-
tion fur la température intérieure de l’écorce du
globe. Cette caufe eft d’autant plus fatisfaifante,
que, non-feulement elle eft confiante; que rien
ne peut en arrêter les effets, & qu’elle peut s’affocier
avec plufieurs autres explications auxquelles on a
été conduit par l’ex'.men des faits, particuliers.
C’eft ainfî, par exemple, qu’elle pourroit très-bien
s’affocier avec l’hypothèfe de la décompofition
de Peau par les métaux des terres f e des alcalis,
puifque la principale objection contre cette
hypothèfe, prife ifoîément, devient fans force
dès qu’on admet le refroidiffement; puifque ce
phénomène, produifant l’afcenfion de portions
de la maffe inférieure, donne un moyen de mettre
les métaux non oxydés en conta# avec des réfervoirs
d’eau dont les conduits pourroient être con-
fidérés comme étant, en quelque manière, débouchés,
à de certains intervalles, par les phénomènes
des éruptions.
Telles font les differentes hypothèfespréfentées
parles auteurs : fi nous les examinons, nous verrons
qu’il n’en eft aucune qui puiffe fervir à expliquer
d'une manière fatisfaifante la caufe qui produit les
volcans f e la variété des phénomènes volcaniq ues. Si
Bourguet, Buffon, Lazzaro-Moro, Delamétherie,
Melograni, Pryftanowski, Werner, f e quelquts
autres encore, ont prétendu que les pyrites ,
par leur décompofition, enflammant le bitume,
le foufre & les autres minéraux combuftibles ,
offrent la principale caufe & le principal aliment
des volcans, il eft facile de détruire leurs hypothèfes,
en faifant remarquer que, d’abord, les
pyrites ne s’enflamment pas fans le conta# de l’air,
f e qu’il eft difficile d'admettre que, dans le fein de
la terre, elles aient affez d’air pour pouvoir entrer
en combuftion ; que, dans ce cas, leur combuftion
feroit tranquille f e lente, f e qu’elles ne développement
pas un grand degré de chaleur; que la combuftion
des houillères, ainfi que plufieurs exemples
le prouvent, f e que nous avons pu l’obfer-
ver nous-mêmes, ne donne lieu à aucun phénomène
analogue à ceux des volcans, tels que
tremblemens de terre f e éruptions de laves ; qu’en-
fïn, la plupart des volcans ne fortent point du fein
des formations houillères, ou riches en fulfure de
fer, f e que tout attefte même qu’ils ont leurs foyers
dans les terrains granitiques, ou même au-deffous
de ces terrains.
Si L’Emery attribue lesphénomènes volcaniques
à la réâ#ion mutuelle du foufre, du fer & de l’eau,
on peut obje#er que le mélange employé par
ce phyficien, exigeant auffi le conta# de l'air, ne
repréfente nullement ce qui fe paffe dans l’intérieur
des volcans; que fi le foufre étoit néceffaire pour
le développement des phénomènes volcaniques, il
devroit fe trouver en rnaffes confidérables dans les
terrains d’où fortent les volcans f e fe montrer dans
toutes les laves.
1 Si Patrin voit dans la décompofition de l’eau par
l’acide fulfurique, dans le fluide éle#rique f e dans
la folidification de certaines fubftances gazeufes les
principales caufes des éruptions, on peut lui répondre
que fes deux premières fuppofitions font
tout-à-fait gratuites, f e que la troisième eft contraire
aux lois de la faine phyfîque.
Nous ne ferons aucune obfervation fur l’hypothèfe
de Bernardin de Saint-Pierre; mais fi BreifLk
f e Bergman confidèreht le pétrole enflammé par un
courant de matière éle#rique & transformant l'eau
j en vapeur, comme le principal agent volcanique,
on peut faire obferver qu'il faudroit une immenfe
quantité de pétrole pour expliquer la formation
d’un des plus-petits volcans du globe ; que
fera-ce donc s’il s’agit des grands volcans d’Amérique
?
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