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fauvage dont le fruit a la grofleur d’une cerife,
& en arbrilTeaux à baies. Le rubus ckamoemorus3 le
rubus areticus, le vaccinum abondent, & fourni fient
des boiflons agréables. Les fteppes font couvertes
d’une efpèce de cerifier dont le fruit fert à faire
une forte de vin; le grofeillier à grappes croît
dans toute la Sibérie, l'abricotier ne vient qu’ en
Daourie & donne un fruit aigrelet. Plufîeurs espèces
d’orchies croiflent dans les forêts; Yophrys
monorchis 3 le bel orchis a capuchon , le lis des
vallées, l’ ellébore blanc & noir, l’ iris de Sibérie,
l’anémone aux fleurs de narcifle, les pigamons,
les violettes, les potentilles, l’aflragale des montagnes,
répandent une odeur & préfentent un
afpeCt qu’on aiiroit peine à trouver dans des
contrées plus méridionales. Dans les monts Altaï
on voit le joli robinier caragan > le daphnc altaïcas
l ’oeillet fuperbe, la faphora du Levant, l’amandier
nain, la potentille à tige d’arbtiiîeau, l’af-
phodèle alraïque, la gentiana altaïcay & la valériane
de Sibéiie. A leur pied le rofier à feuilles
de pimprenelle, l’after bleu & les tulipes, émail-
lent les collines & les prairies. C ’eft la Daourie
qui étale la flore la plus riche de la Sibérie. Là
les rochers font colorés de pourpre & d’or par
deux efpèces de rofages, par la viorne de Daourie,
par l’abricotier fibérique & ie violier à fleurs pâles.
A cet aflémblage de couleurs brillantes fe mêlent
des teintes d’une blancheur éblouiflante produites
par les fleurs du poirier fauvage, du fureau à
grappes, de l’églantier & de la fpirée à feuilles de
germendrée. A leur pied croiflent l’anémone
puifadle, la pivoine à fleurs blanches, la ftatice <
d’or & la fiat ce rofe, Yafler fibiricus, & vingt |
efpèces de centaurées & de potentilles, tandis
que la gentiana algida étale fes fleurs bleues &
blanches fur les cimes des Alpes glacées, & que
la rhodiole rofe orne les marais où le faule de
Sibérie balance fes branches dorées. La Sibérie
orientale produit beaucoup de lis ; le lis du
Kamtchatka & le lis faranne. L’heracleum panacea ik
Yheracleum fibiricum, le rhapontic, rheum undulatum,
croiflent dans les montagnes à l’elt de l’ inefléi. Le
faxifragj crajjifolia fe trouve fur lès montagnes
près de l’O b i, le polypodium f l a gra ns & le rhododendron
dauricum viennent fur les rochers delà Daourie:
dès qu’on a pafie l'Ienifléi, beaucoup de végétaux
difparoiflent. Près des monts Ouraliens ceux de
la Pannonie fe montrent’; vers les monts Altaï
les efpèces libériennes font affez rares & ne deviennent
abondantes qu’ à l ’elt du lac Baikal : la
Daourie eft leur véritable patrie. On trouve des
plantes des monts altaïques au nord-eft de l’Obi
fur les hauteurs.
L’ Obdorie ne voit prefque jamais la terre fe
dégeler. Elle eft co-vertes de marais où croif-
fent des joncs mêlés de ciftes, de faules ram-
pans , d’arbouliers des A lp e s , d’andromèdes
& de bouleaux nains. Les montagnes ont des
jnélèfes d'une toife de haut & quelques faules ;
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la ronce des marais & la ronce,du nord croiflent
au bord de la mer.
Des roliers fauvages, l’aubier, le troène, le
grofeiiler rouge, le faux acacia, le peuplier bananier,
le fureau blanc & rouge s’ étendent fur
les rives de l’Ouba. Le chanvre fauvage, la menthe
, l'hyfope, le houblon & de b lies fraifes
jaunes bordent la Schoulba ; le chèvrefeuille y
forme d’affez gros arbres. Dans les monts Altaï
la gentiane, le dryas à cinq pétales, le fainfoin
des Alpes, le polygala , le flpir&a altaïca, la valériane
& l’immortelle étalent leurs fleurs jufqu’ à la
baie des neiges.
L’Alîe centrale eft fl peu connue qu’on ne
peut avoir une idée bien jufte de fa végétation ;
on ne connoît encore de cette vafte contrée que
la fougère appelée polypodium baromet^ , qui croît
dans les fteppes, & les divers rheum qui fourni f-
fent la rhubarbe & qu’on recueille fur les montagnes.
Aux limites de la Mongolie, on voit des ormes,
des noifetiers & des trembles ; mais fur les montagnes,
les pins font petits & les chênes rabougris.
La côte orientale de la Mantchourie préfente
l’afpeCt le plus riant : le chêne & le pin ornent
les monts, tandis que l’érable, le faule, l’azé-
rolier, le bouleau embellifient les plaines que
parfument le li s , la rofe & le muguet.
Dans les Grandes-Kouriles, Uaip ou üuroup
produit des fapins & des merifiers ; Eptorpou pof-
fède de belles forêts; Konna-Sehir eft couverte
I de fapins & de mélèfes, le pinus combra y
profpère.
Au Japon, de- fuperbes bambous croiflent dans
les bas-fonds; le faule pleureur, le cyprès, le
mélèfe mêlent leurs verdures à celles du ci crus
japonica, du camphrier , du laurier indien , de
l’oranger, & du rhus vernix, de l’écorce duquel
on tire une gomme réfine qui fert i faire l'inimitable
vernis noir de l’Inde. Les haies font com-
po'ëes d’ orangers à trois feuilles, de viorne,
de thuya, de fpirée & de dolis à épis.
Les forêts occupent les montagnes des provinces
maritimes de la Chine; il y en a d’im-
menies vers l’ occident; les pins ik les mélèfes
font communs; le figuier d’Inde, Yhïbiflcus muta-
bilis y le thuya orientaiis, le faule pleureur, ik
beaucoup d’autres arbres & arbriffeaux forment
de petits bois.
Au T ib e t, on trouve le grenadier, le poir er,
l’oranger, le pêcher, l’abricotier & le pommier fauvage
ou cultivé. Parmi les arbuftres, une efpèce dé
laurier donne une racine dont le goût & l’odeur
font ceux de la cannelle, & qu’on nomme cannel-
lier bâtard; le cacalïa faracenica fert à faire une
liqueur fpiritueufe un peu acide ; le datura ferox
ou pomme ëpineufe eft regardée comme un pui fiant
narcotique. La bafe des montagnes eft entourée de
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forêts de bananiers, de bouleaux, de trembles,
d'ifs, de cyprès & de bambous; le pin & le fapin
font petits & rabougris, le frêne très-beau &
très-grand. Le rheum undulatum, efpèce de rhubarbe,
fe récolte fur les fommets neigeux.
Les arbres de nos forêts peuplent celles de
l ’Inde, mais des efpèces inconnues à nos climats
y font les plus nombreufes , telles font : le
powidy arbre toujours vert, qui fournir de beaux
mats, le nagas ou bois de fe r , divers robiniers,
l ’azédarach, le tek, bois dur prefque
incorruptible, le bore & \q J a gu. Ceylan donne
l’ébène, ainfi que le fandal rouge, le dragonnier,
& les gommiers à laque & à gomme gutte, qui
croiflent aufli dans le Décan. Les bigonnes, le
pandanus odoratifjima & les gueltardes ornent &
parfument les forêts; parmi les lauriers on dif-
tingue ceux qui fourniffent le camphre & la caffe,
le macis, & furtqut le laurier cannellier. La guil-
landine-mor.inga donne une gomme rouge.
Dans Tîle de Ceylan, les cocotiers forment
de belles forêts le long de la côte ; le bananier,
le palmier à fucre, le fagoyer, le cocotier
des Maldives, le borajfus flabeliiformis, font
les arbres dont fe composent les forêts du plat
pays. Lés feuilles du talipot fervent d’éventailv
& de panier; la racine du grand lis, qui au
Malabar eft un antidote, eft ici l’un des poifons
les plus aCtifs; le bandura contient, dans une
efpèce de bourfe, une eau fraîche & limpide;,
la mujfende couvre d’ une grande feuil'e blanche fes
corolles de pourpre foncé; une plante, que quelques
voyageurs nommentfindrimal, ouvre fes fleurs
à quatre heures du matin & les ferme le foir à la
même heure ; enfin, plufieurs arbres à gomme, le
camphrier & le théier complètent la flore ceyla-
naifè..
Les Maldives fourniffent le cantu, dont le bois
eft léger comme le liège.
La végétation de Vlndo-Chine préfente de fre-
quens contraftes ; les lieux où les eaux pluviales
ne peuvent s’ arrêter font defféchés par un foleil,
brûlant, tandis que les flancs des montagnes &
le bord des rivières offrent une verdure éternelle,
des arbres près defquels les géans de nos forêts
fcmbleroient des arbuftes^au pied de ces grands
végétaux, les plantes herbacées & les arbriffeaux
joigpent à la plus grande variété de fleurs &
de formes, les fruits les plus exquis & les parfums
les plus agréables. C e pays produit une
grande quantité de plantes propres à la teinture,
de plantes aromatiques & médicinales. Parmi ces
dernières on citeda caflïe, le tamarin,la réfine du
camphre, l’huile de ricm, le jus épais de l’aloës ,
le jalap, la feammonée, le fruit du ftrychnos vomique,
l’écorce du laurier culilaban & celle du nérium
antidyfentérique appelé codogapala. Les plantes
aromatiques fauvages omcultivees font le cannellier,
le mufeadier, le gingembre & le cardamome.
Les plantes propres à la teinture font
Géographie phyficiue. Tome P ,
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nombreufes : la carmentine donne une belle
couleur verte, l’écorce du rhizopkora gymno-
rhi\a fournit un beau rouge. L’ induftrie tire
aufli parti de plufieurs végétaux : l’ arbre à fuif,
dont le fruit donne une huile épaiffe, avec laquelle
on fait de la chandelle ; l’huile qu’on tire du cana-
rium oleiferum entre dans la confection du vernis
de la Chine; le fumac de Java, qui fournit aufli
du vernis; enfin, le croton lacciferum fur lequel
on recueille la laque rouge, que l’on croit produite
par une efpèce de fourmi qui y place fon nid
& en élabore la gomme.
La Cochinchine eft divifée en deux parties dif-
, tin été s , la plaine & les montagnes. C elles-ci
font couvertes de forêts qui fourniffent les bois
de rofe, de fer, de fandal, d’ébène, de fapan
& furtout le bois d’aigle, & le calambac, qui
fe vend à la Chine au poids de l’or. On y trouve
aufli la gomme laque, la gomme fang-dragon,
& l’arbre à fuif. La pl.iine produit une immenle
quantité de riz, tous les fruits de l’ Inde & de
la Chine, la citrouille, la canne à fucre, la plante
nommée dinaxang ou l’indigo v e r t , le tabac,
:1e co to n , le b é te l, l’ arec , le laurier-myrrhe, qui
donne une cannelle à odeur de camphre, très-
fucrée. Les Cochinchinois tirent une bonne nourriture
de plufieurs algues marines & de quelques
plantes falines, telles que la bacale & la fabline.
L’Océanie joint aux végétaux de l’Indo-Chine
& de l’ Inde diverfes autres productions. Le palmier
croît dans toutes les îles ik jufque fur les rochers :
l’ arbre à pain ( artocarpus') eft aufli d’ une grande
utilité; il s'élève à plus de 40 pieds, & produit
en grande abondance & pendant huit mois des
fruits de. la grofleur d’une tête d’enfant, qui
font d’tm goût agréable & très-fains ; fon ecorce
fert à fabriquer une étoffe, fon bois fert aux c°nf-
truCtions, & la lève donne une boiffon utile & de
la glu.
Les arbres fruitiers de l’ Inde abondent dans
les îles de la. Sonde & autres îles voifines. On
y voit toutes les variétés de grenades & d oranges
, le mango fucré, le fltodium & le cynomeira
qui portent des am indes huileufes & farineufes
comme la noifette, l’eugénie odorante, le tamarinier,
dont le fruit éteint l’ ardeur de la fievre.
La canne à fucre eft répandue jufqu à Taiti &
diffère de celle de l’ Inde; trois efpèces de ro-
feaux, le bambou, la canne & le nardus, s élevent
plus haut dans les marais de Java & de Sumatra
que fur les bords du Gange.
M. Zippelius, pendant le voyage qu’ il fit en
1818, dans les îles de l'Océanie, par ordre du
gouvernement des Pays-Bas, a remarque que la
plus grande partie du fol de 1 île de Banda eft
couverte de plantes appartenant aux deux genres
Ifchoemum & Panicum. Les troncs blancs & privés
de feuilles du canarium donnent, dit-il, le plus
fingUlier afpeCt à la partie occidentale de l'île
M ramm