
T a b l e au des végétaux fojfiles des bajfins tertiaires d*Aix (Bouches-du-Rhône), & de
Narbonne (Aude).
A. -Dicotyledons.
B. Monocotylédons
PHANEROGAMES. CRIPTOGAME.
C. Acotylêdons.
En totalité 19
Monocotylédons, do
tiennent à la feule f
Amenracées, 6c 3 ,
Conifères.
Familles. Genres.
Palmiers. . . i° . Palmacites.
Joncs.............i° . 1Sagittaria,
Familles. Genres.
Equifécacées. 1®. Equifetum.
Fougères. . . i°. Polypodium.
Naïades... . i ° .Chara.
En totalité 5 genres de Monocotylédons.
Familles. Genres.
Mou (Tes. i°. Mucites.
Algues.. i°..Ofcillaioria.
En totalité 2 genres
d’Acotylédons. En tout,
26 genres diftinâs.
Ce tableau prouve que la proportion entre les
monocotylédons & les acotylêdons enfevelis dans
.les dépôts tertiaires d’Aix & de Narbonne*, eft
prefque égale à celle que l’on obferve entre ces
différentes claffes dans le temps préfensj car les:
dicotylédons compofent à peu près la moitié de
cette antique végétation , tandis que les mono-
cotylédons n’en forment que le quart, & les acor
tylédons feulement le dixième, du moins des
genres. Les dicotylédons paroîtroient encore plus
nombreux, fi l’on faifoit attention au. nombre''
des individus qui en font partie. Ce tableau
prouvé encore que les genres actuellement les
plus frëquens font auffi les plus nombreux parmi
les fofliles; en effet, les genres des'Conifères &
des Amenracées compofent à eux feuls plus de la
moitié des genres fofliles, & les efpèces qui en
font partie femblent analogues à nos efpèces vivantes,
Parmi ces dicotylédons lï femblables par leurs
formes aux efpèces qui vivent encore fur notre
fol, il eft cependant un genre tout-à-fait étranger
à nos régions, c’eft celui qui paroît rapproché
des S t e r c u l ia & faire partie de la famille des
Malvacées. Mais l’on fent combien la détermination
du genre, qui repofe uniquement fur les
caractères tirés des feuilles, eft incertaine, &
qu’il feroit très poffible que ce préteudu S t e r c u l
ia fût une tout autre efpèce, & appartînt
à un végétal dicotylédon d’une tout autre famille,
& par exemple à un P la ta n u s . S i cèpendànt
ce genre fe rapportoit réellement aux S t e r c u l ia ,
il annonceront, avec les P a lm a c it e s & les M u f c i t e s 3
que des efpèces étrangères à nos climats peuvent
fort bien fe retrouver dans les mêmes terrains avec
des efpèces femblables à celles qui vivent encore
dans nos régions. Cependant, fi cela eft cèrtain
relativement aux S t e r c u l ia , ce point de fait eft douteux
pour les deux autres, dont le premier n’eft
peut-être qu’une efpèce perdue de C h am oe r op s &
le fécond qu’une efpèce également perdue du
genre H y p n um . Mais toujours feroit-il vrai de
dire, ce que d’autres terrains nous apprennent,
que des efpèces perdues lé trouvent confondues
dans les dépôts tertiaires les plus récens, avec
des efpèces qui paroiffefit analogues à nos efpèces
actuelles. Quoi qu’il en foit, il réfulte du tableau
de la végétation des terrains tertiaires, que cette
végétation eft peu différente de celle de notre
époque, & particulièrement de celle que l’on
obferve fur le fol même où ces plantes foffiles
font enfevelies. Ainfi, à mefure que des dépôts
tertiaires fe produifoient, à des époques de plus
en plus rapprochées de la période géologique
aftuelle, les débris des corps organites q u i s re.
celoient devenoient de plus en plus femblables
i ceux de notre époque; & comme lors de ces
dépôts les c imats étoient bien dimnets oc les
dations auffi diverfifiées qu'elles le font dans
l’époque aétuelle, les efpèces animales &
taies devenoient de plus en plus nombreuses t x de
plus en plus diverfifiées; car à cette époque,
comme dans la période aéluelle, la quantité des
efpèces vivantes, fur un efpace donné, paroît
avoir dépandu eflentiellenrent de la diverlité de
dation comme d’une température élevee, 8r le
maintenant dans une affez grande uniformité, pu
rede, ce qu’il y a de certain, c'ed que les efpeces
organifées enfevelies dans le baffin tertiaire d Aix
annoncent que ce baffin devoit etre conftitué a peu
près comme il l’ed aujourd’hui^ & que Ton fol
devoit préfenter des terrains plutôt fecs fx arides
qu’un fol humide & marécageux.
C. De Valternance des dépôts fluviatiles , avec les
formations volcaniques.
Le baffin tertiaire de Pézenas offre de nom-
breufes alternances entre les depots fluviatiles &
les formations volcaniques, comme entre lés premiers
de ces dépôts & lès terrains marins; c’eft
auffi ce baffin que nous prendrons pour exemple.
Le plateau volcanique de Nizas, près Pézenas,
dont le fommet ed recouvert par un immenfe
maffif de laves compactes & fcoriacées, mérite
furtout d’être fignalé, C ’edau-defious de ces laves
que l’on obferve de nombreufes alternances entre
des calcaires fluviatiles & des tv.fiis volcaniques
(pépérines grifatres & rougeâtres). Ces alternances
, qui ont lieu dans certaines parties de ce
plateau jufqu’à fept ou huit reprifes differentes,
font d’autant plus remarquables, que les lits fuc-
ceffifs de calcaires à planorbes & à lymnées, &
de pépérine, ont confervé une horizontalité &
un parallélifme affez coudant. Ces lits, difpofés
en «ratification concordante, ont du fe-depofer
dans le fein des mêmes eaux . lorsque les érup-
tions volcaniques n’avoient point encore termine
leur a&ion, puifqu’ils font furmontés par des
bancs puiffans de laves & de pouzzolanes.
De pareilles alternances exiftent également dans
le baffin de Riège-, près Pézenas, baffin circonfcrit
principalement au fud & au fud-eft par des terrains
volcaniques, à l’oueft, au nord & aunord-
eft par des dépôts marins» terrains qui font tous
fur le même horizon géognoftique. Ces alter-
nances méritent d’autant plus d’être citées, qu il
exifte de nombreux débris de .mammifères ter-
reftres, foit dans les couches fluviatiles, foit dans
les bancs volcaniques formés par voies d agrégation
mécanique, comme les pépérines.
Le dépôt fluviatile fe trouve dans le baffin de
Riège, où il eft immédiatement recouvert par le
diluvium des plaines ou par des laves compares oc
fcoriacées. Le diluvium eft compofé par un limon
rougeâtre ou noirâtre, dans lequel de nombreux
cailloux roulés, ou des graviers de calcaire d eau
douce ou marin, de quartz, de laves & de pe-
pérines, font difféminés. Sa puiffance peut etre
de 1 à 6 mètres. Au-deffous de ce diluvium'corn-
! mence le calcaire fluviatile a offemens. Ce cal-
caire offre de nombreux cailloux roulés ou des
graviers arrondis, Toit quartzeux, foit calcaires,
avec quelques fragmens de laves compactes ou
fcoriacées.
Cette roche eft difpofée en couches diftinéles
peu épaiffes dont l’inclinaifon & la direction font
très-variables; elle alterne avec des lits égalé-
ment peu puiffans de tufas volcaniques ou pe
pépérines grifâtres & brunâtres, lefquels ont faifi,
comme les calcaires fluviatiles, de nombreux galets
quartzeux. L’épaifleur de ces lits alternatifs
de calcaire & de tufa, qui fe montrent conftam-
ment en ftratification concordante, eft extrêmement
inégale. Cependant, le plus ordinairement,
elle fe maintient entre 3 à 4 mètres, quoique par
intervalle elle ait une puiffance plus que double.
L’inclinaffon de ces couches alternatives, qui fe
maintiennent affez parallèles, eft fort irrégulière j
car tandis qu’elle eft au lieu dit la B a t a i l lé r e de
l’oueft au nord-oueft, on la voit fur le plateau de
Caiffo du nord-oueft au fud-eft.
Ces calcaires fluviatiles & les tufas , qui fe
montrent en ftratification avec eux, deviennent
dans certaines parties du vallon de Riege, pat
exemple, à la defeente du chemin d Alignan à
Tourbes, plus folides & plus compares. Ces
roches fe divifent pour lors en fragmens parallé-
lipipédiques affez nettement terminés. En général,
les calcaires & les tufas offrent une plus
grande quantité de galets quartzeux ou calcaires
dans les couches fupérieures que dans les inférieures
> mais à mefure qu ils s étendent au fud
& au fud-eft, & fe rapprochent des formations
volcaniques de Tourbes, de Valros et de Saint-
Adrien, ils fe chargent d’une plus grande quantité
de fragmens de laves & de feories.
C’eft au milieu des lits de ces'calcaires & de
ces pépérines que l’on découvre de nombreux
offemens de mammifères terreftres & quelques
débris de mammifères marins. Ces offemens ont
été la plupart pénétrés par des fucs lapidifiques
qui les ont convertis en carbonate calcaire ; auffi
eft-il fort rare d’en trouver qui aient conferve
leur tiffu offeux. Il eft remarquable que les offe-
mens dépofés dans le baffin de l’ancienne mer,
foient en général pétrifiés & convertis en carbonate
de chaux, tandis que ceux qui ont du leurs