
la pente du Rhin n*cft que de trois pieds par ic co
toiles.
L’effet de l'augmentation de la mafle d’eau d’une
rivière eft très-fenfible : l'on remarque fouvent
qu’ un orage ou qu’une .pluie abondante, après
en avoir groÆ le cou r s , lui donnent une rapidité
telle , que fi.elle le réunit à une autre, elle
s’y jette avec ufie fi grande fo r c e , qu’elle en
arrête momentanément le cours, & -refoule les
eaux de c e lle -c i contre lelir pente naturelle.
Souvent même, ce mouvement a été a fie/- fort
pour faire tourner en feus inverfe des roues de
moulins.
Cependant on auroit tort de croire que l’augmentation
de vi telle &r de volume d’eau produite
par l’ abondance des pluies contribue à mélanger
plus facilement les eaux de deux rivières réunies ;
c ’eft au contraire dans ce gas qu’il eft plus aifé
d’ obferver combien ce mélange fe fait difficilement.
Ainfi, par exemple , les eaux de l.i Marne
& dè la Seine font d’ une nuance différente, &
quoiqu’il y ait une diftance a fiez confidérable
de Charenton, où fe forme le confluent des
deux rivières, jufqûe dans le fein même de
Paris, il eft fouvent facile de remarquer ces
deux nipnees au-delTous du Pont-Neuf, à la
pointe de l ’ile fur laquelle repofe le milieu de ce
ponj. Et s’il a plu en Bourgogne, & qu’il n’ait
point plu en Champagne, les eaux jaunâtres de
la Seine feront même en cet endroit une ligne de
démarcation bien fenfible avec celles de la Marne.
Si l’on veut fe faire une idée de la force qu’ acquiert
le cours d’un fleuve à fon embouchure,
en raifon de la pente & de la mafie de fes eaux,
il fuffira de dire q u e , dans la l'aifon des pluies,
en mars, par exemple, l’Amazone, dont le cours
eft très-rapide, s’ élance dans l’ Atlantique fans
que fes eaux , fur un efpace de cent quatre-vingts
. lieues en ligné droite , fe mélangent avec celles
de l’Océan. On les reconnoît à leur couleur v erdâtre
» on en fent le courant, & cependant fa
pente ceffe à une diftance allez confidérable de
fon embouchurej mais fa riiafie d’eau, jointe à
l ’impulfion qui lui eft donnée dans la plus grande
partie de fon cours, fupplée alors au peu de
rapidité de fes dernières pentes.
L’ inclinaifon du terrain produit encore dans les
fleuves & dans les grandes rivières ce qu’ on appelle
des rapides, c’eft-à-dire des pentes tellement
fortes , que le fleuve ou la rivière s’y preftè
avec une vitelîe que le navigateur tenterait imi-
tilement de vaincre pour les remonter, quoique
de fimples barques#bien dirigées fuffii'ent pour
en defeendre le courant. On prétend même que
dans les pafiages relferrés ces rapides acquièrent
une fi grande imoétuofité, que l’impulfion qu’ éprouve
l ’eau lui aonne la force de fupporter, fur
une étendue aflez confidérable, les corps les plus
lourds : entraînés parla rapidité des ondes , l'action
de leur pefanteur fe trouve neytralifée. C et
effet fe produit furtout dans les fleuves ou les rivières
qui traverfent les ouvettiires qu’offrent
cettaines chaînes de montagnes d’où ils defeendent
dans une plaine, ou qui s’élancent d’ iÀ) plateau
élevé vers les vallées qui s’étendent au bas.
bes rapides les plus connus font ceux du fleuve
Saint - Laurent, du Potomac, de la Delaware en
Amérique; du Burampooter {veyej.ee mot), du
Gange dans l’Inde 5 du Zaïre, du Sénégal & du
Nil en Afrique.
L’inégalité des terrains que traverfe un fleuve-
ou une rivière produit les rapides, lorfque les
eaux defeendent fur une pente plus ou moins inclinée
; mais lorfqu’elles tombent du haut d’une
falaife coupée perpendiculairement, elles forment
ce qu'on appelle un faut, une cataracte. Ç'eft
en grand ce qu’eft la cafcade que produifent les
eaux du torrent ou du ruiffeau qui s’élancent du
haut d’un roc efearpé.
' Les plus célèbres des cataractes font celles du
N i l , prefque fous le Tropique; celle du Gange;
celle au Tequendama formée par le Rio de Bogota ;
celle de l’Orénoque à fa forue des montagnes de
la Parime ; celle du Niagara que forme l’Qntario ;
enfin celle du Rhin près deSchaffoufe en Suiife.
I e mouvement continuel de ces chutes d’eau
, doit produire à la longue , fur les roches qu’elles
traverfent, des dégradations qui tendent à diminuer
leur hauteur, de même que les fleuves
& les rivières doivent, à la fuite des fiècles,
diminuer de volume ; il eft donc probable qu’avec
'le temps les célèbres cataractes que nous venons
de citer feront loin d'être ce qu’ elles font
aujourd’hui. C ’eft ainfi que dans l’état primitif de
nos continens les fleuves, plus confidérables que
de nos jours , defeendant de plateaux en plateaux,
dûrent creufer, avec une facilité que l’efprit a de
la peine à concevoir aujourd’h ui, ces larges &
profondes vallées qui partagent & coupent les
chaînes granitiques & calcaires. Les cataractes
qu'ils formèrent dépafToient de beaucoup celles
que nous connoiffons aujourd’hui, puifqu’eîles
dévoient égaler la hauteur des montagnes qui dominent
ces vallées. Combien dûrent être im-
menfes celles que produifirent les eaux qui rompant
leurs digues, & entraînées vers l’Océan, dé-
pofèrent dans les fentes de certaines falaifes les
brèchès ofTeufes qui s’étendent le long de la Mé*
diterranée ! (J. H .)
PÉPITES. On défigne fous ce nom les morceaux
d-'or natif que l ’on trouve dans quelques
terrains d’ alluyions, où ils fembîent avoir été
ufés & arrondis par le trarifport & le frottement.
Dans ces dernières années , on en a trouvé dans
les environs de Nijnoi-Novogûrod en Sibérie,
qui pefpient jufqu’à huit livres. Mais la plus
extraordinaire eft celle dont.parle le jéfuite Feuil-
lée dans fon Journal d’observations, tome I , page
4.2$. Elle pefoit, dit il > trente-trois livres & queb
qties onces. Il paroît qu’elle avoit été trouvée au
Pérou dans un terrain d’alluvion. Voyej O r &
Orpailleur. (J. H .)
PÉRIGORD. Voyej Gironde,
PÉRIPLE On entend par ce mot un voyage
maritime fur les côtes d’un pays. Tel eft celui
qu’entreprit le Carthaginois Hnnnon , dans le but
d’explorer les plages occidentales de l’ Afrique, 1
afin d’y trouver quelques emplâcemens conve- \
nables pour y fonder des colonies.
Tout ce que nous pourrions dire à ce fujet
étant principalement du reftort de la géographie
ancienne, nous renvoyons le leCteur au mot
C ôtes du Supplément, (J. H .)
PÉRISCIENS. f^oyei Zones.
PERLAS (Iles de las). Ces île s , au nombre
de quarante.-trois, dont les plus importantes font
Ocoqué , San Pedro, San JoJ'e, Galtra &> l ’île del
Reyt font fituées dans le golfe de Panama. ( Voycj
ce mot. ) Elles font célèbres par les pêcheries de
perles qui y font et «Mies depuis long temps. C e pendant
elles y ont perdu beaucoup de l’ aéiivité,
qui y préfidoit jadis. Les pintadines margaritijères '
( meleagrina margaritifera) ces belles coquilles
bivalves qui produifent les' perles , y font fem-
blabîesà celles que l’on pêche dans le golfe Per-
iique ; mais les perles de l’Orient tk la nacre'des
avicules de ces parages, de ceux de.Ceylan & des
côtes du Japon, ont toutefois la préférence^ur
celles du golfe de Panama.
En général, il en eft de la pêche des perles
comme de l’exploitation des mines d’or. Ces
mines & c:es pêcheries ne produifent point autant
de richeffes qu’ on le fiippofe; les frais^ énormes
qu’elles uéceftitent s’y oppofent. Audi la recherche
des* perles .eft-elle, même aux Indes,
beaucoup moins fuivie que jadis. Suivant quelques
voyageurs , on ne doit pas eftivner à plus de
200,000 francs la valeur des perles que. l'on recueille
dans les parages des îles- de las Perlas.
Les perles que l’ on pêche autour de ces îles
font généralement d’ un bel orient, & quelquefois
remarquables par leur, groffeur. En 1579 o#
en préfênta à Philippe II une qui étoit de la groffeur
d’ un oe uf de p igeon & qui avoit la formé"
d’une poire.
Ce feroit peut-être ici le lieu d’examiner pourquoi
les mollufques conchifères, qui produifent
des perles fi recherchées, le trouvent en abondance
principalement dans certains parages, tels
que les îles des Perles, les côtes ae Ceylan & lés
mers de là Nouvelle-Hollande. Nous nous occuperons
de cette queftion à l’article Géographie
zoologiqûe. (J . H .)
PERLES. Voyej ci-defîus Iles de las Perlas.
PF.RNICIEUSFS. ( île s ) . Lorfqti’en 1721 le
capitaine hollandais Roggeween parcourait l’Océan
équinoxial, fon efeadre futpouflce une nuit
par les vents au travers d’un groupe d’îles entourées
de rochers & de récifs, fans qu il pût
reconnoître d’abord le pafiage par lequel fes vaif-
lèaux avoient pénétré au milieu de ces écueils.
L’ un de ces bâtimens, la galère l'Africaine, fe
brifa contre les rochers qui bordoient l’une de
ces îles, ce qui lui fit donner , par l’ amiral
hollandais, le nom de Shaddyk Eyland ( l ’ île Per-
nicieufe ). Mais les dangers qu’il courut pendant
plus de cinq jours d’ inquiétudes, apres lefquels
il parvint feulement à regagner la haute mer, auraient
pu lui faire donner le même nom aux
autres îles de ce groupe.
Cependant deux autres furent appelées par lui
fe Broeders (les Frères), & une quatrième het
Zofier (la-Soeur ).
Ces quarres îles, qui font les principales de ce
groupe, ont chacune environ quatre à cinq lieues
de circonférence; les autres font peu importantes
ne méritent point d’être décrites.
M. Claret-Fleurieu a , dans un Mémoire lu le 3
octobre 1796 à lTnftitut, prouvé que les quatre
îles appelées Palijfer par C ook font les mêmes que
lès Skadelyk Eyland ae Roggeween. Les preuves
qu’ il réunit dans ce but font de nature à entraîner
la conviction. Ainfi, le morceau de bois fculpté
& vermpuiu , les morceaux de fer & de cuivre ,
& les înftrumens que le commodore Byron trouva
en 1765 chez les naturels de l’ île de KingGeorgc^
à vingt-cinq lieues des îles Pernicieufes, que ces
peuplades vont fa$s doute vifiter, doivent être
les relies de la-galère P Africaine , puilqu’on fait
furtout que depuis le naufrage de ce navire, juf-
qu’ au voyage de Byron, aucun navigateur ne palfa
dans ces parages. Les autres preuves naiffent de
la comparaifon des Palijfer de Cook avec les
Skadelyk Eyland de Roggeween. La plus grande
des quatre, que le capitaine anglais côtoya, eft
très certainement, d’après la defcription qu’ il fait
des côtes rie fa partie fud-e ft, la Pernicrcuje ; à
quatre ou cinq lieues de là , il en vit une fécondé,
puis une troifième, ce font les Deux-Fr'eres ; puis
en ferrant la côte occidentale de la plus éloignée
de ces deux île s , il en aperçut une quatrième au
nord, réparée de la première par un canal de fir
lieues, c ’eft la Soeur. Enfin, d’après les calculs de
la relation hollandaife, les îles Pernicieufes feraient
fituées par 15 degrés 4^ minutes de latitude
méridionale; & d’ après les obfervations de
C o o k , les Palijfer feraient placées par iy degrés
38 min. un quart : ce qui ne feroit , pour les deux
relations comparées, qu'une différence de 6 min.
trais quarts ; différence peu importante, relative-
. ment à la queftion q u i, félon nous, eft réfolue
par les nombreux points de comparaifon que nous
venons de rapporter pour l’identité' la plus vrai-
femblable entre les pernicieufes 3c les Palijfer.