
dans cette localité, où le calcaire eft recouvert
par le grès rouge. Quant à la polïtion du même
calcaire dans les Pyrénées, quoique M. de Charpentier
ait remarqué que la roche qui le fupporte
Toit le fchijle micacé, autrement dit micafchijle,
nous devons faire obferver que, comme il'a également
remarqué, dans la même chaîne, le fchijle
argileux primitif fai Tant partie du fchijle micacé,
8c paffant infenfiblement de l’un à l’autre , la fi-
tuation qu’affe&e le calcaire dans ces montagnes
n’eft point en oppofition avec la place que nous
lui a (lignons. Nous devons même faire obferver,
qu’en confidérant ce calcaire primordial comme
jubordonné au micafchifte ou au fchifte argileux,
il fe trouvera encore à peu près à la même place
que celle que nous lui aflignons en le claffant
ifolément parmi les formations indépendantes.
Nous défignons cette roche fous la dénomination
de-calcaire jlatuaire , parce que celle de calcaire
primitif nous paroît peu précife & pourroit le
faire confondre, fous le rapport géologique, avec
les bancs fubordonnés à d’autres roches anciennes.
D ’ailleurs, comme un marbre, pour être propre
à l'art ftatuaire, doit avoir une texture grenue ou
lamellaire, ferrée, on nous pafiera probablement
la dénomination peu fcientifique de calcaire jlatuaire.
Cette roche fe divife minéralogiquement en
plufieurs variétés que nous allons rappeler.
a . Calcaire faccaroïde. Sa texture eft grenue &
criftalline; fa couleur eft le blanc & le blanc
veiné, ou le gris & le gris veiné.
Le plus ancien calcaire appartenant à cette variété,
paroît être celui dont le grain eft le plus
gros & dont la texture eft la plus criftalline, quoiqu’il
y ait cependant plufieurs exceptions. Çette
roche n’eft point ou ne paroît point être ftratifiée.
Cependant M. d’Aubuifton de Voiiïns cite un
exemple remarquable du contraire, c’eft celui
d’un rocher calcaire qui domine la petite ville de
Sorè ze , à l’extrémité de la montagne Noire. Il
fait partie d’une couche de plus de cent mètres
de puiffance, & il eft entièrement divifé en petites
plaques de quelques pouces d’épaifleur,
exactement parallèles au plan de la couche. Ce
calcaire repofe, d it- il, au milieu d’unr fchifte
micacé.
C ’eft à cette variété qu’appartient le calcaire
primitif des Pyrénées ; fes grains font de moyenne
groffeur.. « Lorfque ces grains, ou plutôt ces
m pièces féparées, dit M. de Charpentier, de -
» viennent fi petites que l’oeil ne peut plus les
diftinguer, la caffure paroît compacte, mais
» elle n’eft jamais aufli compacte ni aufli lifte que
»» dans certaines variétés de calcaire fecondaire,
» principalement de celle dont on le fert pour la
»> lithographie. Quelquefois les pièces féparées
« font fi peu adhérentes entr’elles , qu’elles fe
» désagrègent par la fimple preflîon des doigts
** & que la pierre fe laiffe facilement réduire en
» fable. »>
Les fubftances que Pon trouve accidentellement
dans cette roche font le quarti (vallée d’Ar-
ran) ; l’amphibole blanche ou la trémolithe (montagne
deBouiche près Vicdeffos. — Vallée d’Erce.
— Col de la Trappe); l’épidote ou piftazite (pic
de Mont-Béas & localités ci-deffus) ; la fubftance
que M. de Charpentier a appelée provifoirement
couderanitet du nom de Coûterons 3 contrée dans
laquelle il l’a découverte (gorge de Salex); la
mâcle (vallée de Ger ) ; le talc (vallées de Suc,
de Caftillon, & c . ) & le mica (montagne de
Colas).
Le feldfpath a , fuîvant Dolomieu & M. Brochant,
été obfervé dans le calcaire des Alpes.
Quelques localités le montrent accompagné d’ al-
befte.
Les métaux que M. de Charpentier a fignalés
dans le calcaire faccarpïde font le fer fulfuré & le
fer oxidé hydraté (montagne de Colas). Selon
M. Cordier, on y a trouvé, mais rarement, le fer
carbonaté.
Le marbre de Carrare contient aufli des Veines
& des taches qui font dues au fer oxidé ou au fer
fulfuré. C e métal altère la blancheur dé ce beau
marbre, mais M. Rapetti a obfervé que l'écoulement
des eaux entraînant les molécules métalli*
ques, lui donne une teinte parfaitement blanche
8c uniforme.
> Le calcaire ftatuaire renferme des couches de
diverfes roches dont nous relaterons les principales.
* Pyroxène Iher^olithe. Cette fubftance verdâtre
que plufieurs auteurs, &en tr ’autresM. Brongni'ait,
confidèrent avec raifon comme une roche, eft le
pyroxene lamellaire des minéralogiftes. Son nom
lui vient de ce que le premier échantillon dont
Lametherie donna ladefcription, avoit été trouvé
par M. Lelièvre près de l’étang de Lherz dans
les Pyrénées. Elle renferme plufieurs minéraux,
tels que l ’amphibole lamelleufe, le talc , l’asbèfte,
la chaux carbonatée, ainfi qu’ une fubftance qui a
quelque reffemblance avec la gadolinite, & que
M. de Chapentier, pour rendre hommage à M.
Picot de Lapeyroufe, a propofé de nommer P icot
ite.
Cette roche eft ordinairement ftratifiée. M. de
Charpentier l’ a obfervée fur une longueur de plus
de deux lieues 8c demie depuis le Planel de Ber-
nadouze jufqu’au palfage d’Erce , où elle conftitue
les principales montagnes de cette contrée, & il
eftime que fon épaiffeur furpafife 6oo mètres. Ses
couches font inclinées de yo à 6o degrés vers le
fud. Les monticules qu’elle forme fur la .montagne
de Colas 8c fur le plateau qui porte l ’étang
de Lherz, font, dit-il, affez arrondis & couverts
en grande partie par des gazons ; mais autour de
l’étang dont elle forme l’ enceinte méridionale, elle
s’élève en rochers arides 8c efcarpës.
* Brèche calcaire. M. de Charpentier a reconnu
lin -dépôt de cette brèche de deux pieds d’é-
paiffeur, conftituant un filon ou peut-être une
couche dans le calcaire faccaroïde ou ftatuaire.
(Vallée d’Erce dans les Pyrénées.}
* Cipolin marbre. Cette roche à bafe de calcaire
faccaroïde 8c renfermant du mica ou du talc,
eft d’une texture grenue criftalline. Elle eft non-
feulement ftratifiée, mais fouvent meme fa ftruc-
ture eft Effile.
Elle renferme le pyroxène fahlite , l ’épidote ,
l’amphibole, 8cc. (îles de la Grèce. — G iellebeck,
route de Dramen à Chriftiania en Norwège).
* Calciphyre. Roche à pâte calcaire contenant
des criftaux de feldfpath 8c d’autres fubftances.
M. Brongniart la divife en cinq variétés, dont
nous allons citer celles qui fe trouvent dans la formation
du calcaire ftatuaire.
1°. Calciphyre feldfpathique. Calcaire prefque
compacte, renfermant des criftaux de feldfpath
( C ol du Bonhomme au Mont-Blanc }.
2°. Calciphyre pyroxénique. Calcaire^ prefque
compacte, avec criftaux de pyroxène fahlite (Tyri,
l ’une des Hébrides). -
3°. Calciphyre amphibolique. Calcaire grenu avec
diverfes variétés d’amphibole (environs d eM a -
rienberg 8c de Meiffen en Saxe. — de Premitz en
Bohême).
b. Calcaire lamellaire. Ce calcaire, dont le fur-
nom indique la nature de la texture, efi blanc ou
grifâtre. C ’eft à cette variété que fe rapportent les
marbres de Paras, de l'Archipel grec & de la
Dalmatie. Il eft ftratifié comme le^calcaire facca-
loïde.
Le calcaire grenu otl faccaroïde & le, calcaire Lamellaire
paffent infenfiblement de l’ un à l’ autre, de
telle forte que les diverfes nuances qu’ils préfen-
tent font quelquefois £ peu tranchées, qu’il eft d if ficile
de dire où finit la texture faccaroïde & où
commence la texture lamellaire. C ’ eft probablement
pour cette raifon que M. de Leonhard reunit
les marbres de Carrare & de Parcs fous la dé-,
nomination de calcaire grenu (koerrùger kalk).
C e que nous avons dit des minéraux ou roches
contenus dans le cz\ciive faccaroïde peut donc s’appliquer
généralement à la variété lamellaire. Nous
ajouterons feulement que c’eft encore à cette variété
qu’il faut rapporter le marbre blanc du
mont Pentèle-, appelé marbre pehtiliquc, & le marbre
d'un blanc un peu grifâtre qui conflitue le
mont Hymette. . ' ,
Il paroît queda fuperpolition du calcaire a gros
grains du plateau de Quito eft la même qu'aux environs
d’Athènes. SuivantM. Dodwell, les calcaires
ftatuaires de l’Attique fèmblent repofer fur le
micafchifte, roche qui probablement, dit-il, forme
la bafe de toutes les montagnes de cette contrée.
Il eft donc encore bien incertain fi la grande
formation calcaire des terrains antérieurs aux êtres
oraanifés doit êite affociée au. micafchifte ou au
fchifte argileux. Cependant la difficulté de iiftin-
guer certaines variétés de ces deux roches qui
paffent de l’ une à l’autre, l’exemple des Pyrénées
& de la Grèce, où le calcaire n’eft point recouvert,
celui de Quito où il eft couvert d’un grès
rouge, nous font pencher vers l ’idée que le calcaire
jlatuaire appartient aux derniers dépôts des
roches criftalline s inférieures.
* Dolomie granulaire. Plufieurs montagnes calcaires
de la Turquie & de la Grèce contiennent
des couches magnéfifères qui paftent à cette
roche.
Le calcaire grenu ou faccaroïde atteint fouvent
une hauteur confidérable. Les montagnes qu’il
forme fe diftinguent par leur blancheur & par
leurs déchiremens, qui préfentent des pointes
aiguës, des efcarpemens décharnés & remplis de
fragmens arrondis.
Second dépôt aggloméré.
§. 14. B rèche calc aire. M. de Charpentier a
remarqué dans les Pyrénées une roche compofée
de fragmens calcaires plus ordinairement anguleux
qu’arrondis, de différentes groffeurs, réunis par un
ciment également calcaire, blanc, à petits grains.
On y remarque aufli des fragmens de Pyroxène en
roche & de grunjlein. Ces maffes de brèches acquièrent
dans certains endroits une épaiffeur de
plus de cent pieds.. Elles repofent fur le calaire
ftatuaire. C ’eft ce qui nous engage, à les coufi--
' dérer comme formant un dépôt particulier, & non
comme des amas fubordonnés, quoique leur formation
foit peut-être Amplement locale. Cependant
M. de Charpentier les a reconnus fur plufieurs
montagnes (p ic de Vicdeffos. — Montagne
de Colas. — 1 Roque Puo , &c. ) , &
M. d’Aubuiffon de Voifins en a obfervé de fenv-
blables dans quelques- localités des Alpes.
Dépôt ferpentineux.
§. 1 y. O ph io l it e ( fepentin de Lêonhard).
Cette roche établie par M. Brongniart, eft carac-
térifée par fa ftruêture compacte & par fa pâte de
ferpentine. Dans fa claflification minéralogique des
roc hes, le favant que nous venons de nommer
comprend cinq variétés d’ ophiolites ; favoir : l’o-
phiolite commun, Y ophiolite diallagique , Y ophiolite
granatique , Yophiolite grammatiteux & Y ophiolite
quart^eux; mais cette dernière variété paroît appartenir
aux terrains poftérieurs aux êtres orga-
nifés.
i° . Ophiolite commun. Nous avons mentronné-
cette roche comme étant fubordonnée au gneifs ;
mais il eft probable qu’on la retrouve aufli dans
les derniers dépôts des terrains pro^diques-.
2°. Ophiolite diallagique (Gabbro des mihéralo-
gifles. tôfcans. & de M~ de Buch. — Euphocide