
i°. V A . magnum, dont quelques fragmens de
mâchoires ont été trouvés non loin de Savone,
près du village de Cadibona, au pied de la chaîne
des Apennins , dans le même dépôt de lignites
dont nous venons de parler, qui repofent fur une
roche de gneifs , & qui font recouvertes par une
autre roche , que M. Brongniart affimile à celles
qu'il appelle ophiolites. Les dents de cet Anthra-
cothenum fembleroient fe rapprocher de celles du
Mafiodonte par les tubercules dont elles font
garnies.
2°. V A . minus, dont une dent a été trouvée
en Angleterre.
3°. V A . minimum; c’eft à celui-ci qu'appartiennent
les fragmens trouvés près du village de
Hautevigne.
4°. V A . alfaticum, ainfi appelé, de ce que
reconnu pour être d’une efpèce différente des
autres, fes débris qui conliftent en quelques dents
éparfes & une mâchoire, ont été trouvés en Ai~
face près de Wiflembourg, dans une terre noirâtre,
à peu de diftance d'une houillère.
5°. Enfin , VA. vellanum , dont le nom indique
celui de l'ancienne province où quelques dents de
cet animal ont été découvertes. C ’eft dans les environs
du Puy en V é la y , au milieu d'une marne
appartenant à un terrain d’eau douce, que ces
relies ont été tirés.
En réfumé, on peut dire que la quantité pro-
digieufe d’offemens foffiles recueillis depuis fi
peu d’ annéés que la géologie s’occupe à les raf-
fembler, prouve que les animaux perdus, mais
voifins des Tapirs, font très - nombreux i que
ceux qui fe rapprochent à la fois des Tapirs , des
Rhinocéros & des Hippopotames, font les Lo-
phiodons; que les efpèces reconnues jufqu’à ce
jour s’élèvent au moins à douze > enfin, que les
caractères génériques que leur afligneM. Cuvier
font : i ° . fix incifives & deux canines à chaque
mâchoire ; fept molaires à chacun des côtés de
la mâchoire fupérieure, & fix à l’inférieure, avec
un efpace vide entre la canine & la première molaire
: ce qui les rapproche des Tapirs.
2°. Qu’ils en different par une troifième colline
à la dernière molaire d’en bas, par une fuite
longitudinale de tubercules, ou un tubercule c o nique
& ifolé aux molaires antérieures d’en bas.
3°. Qu'ils fe rapprochent des Rhinocéros , en
ce que les molaires fupérieures ont leurs collines
tranfverfes plus obliques, & qu'ils en diffèrent
par l’abfence de crochets à ces mêmes
collines.
Quant aux terrains qui renferment ces nombreux
"débris, leur formation d’eau douce atteftée par la
préfence d’ un grand nombre de lymnées, de
planorbes , & c . , annonce l’exiftence de grands
lacs répandus à la furface de notre continent, &
particulièrement fur le fol aéluel de la France , &
qui ont été long-temps peuplés de Crocodiles,
de Tortues trionix & a Emides, animaux qui ha*
bitent maintenant les eaux douces des pays chauds.
Les dépôts calcaires qui annoncent la préfence de
ces lacs repofant tous fur des calcaires marins, prouvent
aufli le long féjour des eaux douces dans des
lieux abandonnés par les eaux de l’ antique Océan,
ou peut-être, dans certains entonnoirs reliés ifolés
après la retraite des mers, le changement de l’eau
falée en eau douce : comme l’ indique encore
l’exillence de certains lacs dans les deux conti-
nens. Mais, en outre , les dépôts marins qui recouvrent
prefque partout ces antiques dépôts d’eau
douce, annoncent' le retour de l’Océan dans des
lieux long-temps abandonnés par lui.
• Rongeurs. Plufieurs os de l’ordre des Rongeurs
ont été découverts dans les couches régulières
des fchilles calcaires & marneux d’CEningen.
Parmi ceux-ci, le favant profeffeur Blumenbach a
cru reconnoître les relies d’un animal du fous-
genre des Campagnols, mais M. Cuvier le regarde
comme un rongeur d’une efpèce entièrement
inconnue, quoiqu’il paroiffe fe rapprocher
du Cochon d'Inde.
Un autre rongeur qui fe rapporte un peu au
Campagnol, a été trouvé dans les couches fchif-
teufes fituées fur le revers des montagnes de
l’Erzebirg en Bohême.
Dans un tuf calcaire de la vallée de Toennillein
près d’ Andernach, on a trouvé Une portion de
mâchoire toftile ayant appartenu au genre Cajlor.
Ruminons. Il eft à remarquer qu’ on né connoît
encore qu’ un feul animal ruminant dans les couches
régulières pierreufes : il appartient au genre
C e r f ; mais comme il diffère -par des caraélères
effentiels de tous les Cerfs vivans, on doit le regarder
comme étant d’ une efpèce tout-à-finc inconnue.
On l’a trouvé dans le calcaire des environs
d’Orléans-
Carnivores. On en connoît peu dans les dépôts à
couches régulières, ou plutôt, jufqu’ à préfent,
on n’en a encore trouvé que dans les terrains
gypfeux des environs de Paris. Us paroiffent
avoir appartenu aux Chiens, aux Geriettes & aux
Ratons.
Le genre Canis, dont M. Cuvier a examiné la
mâchoire découverte dans un banc de gypfe,
diffère de toutes nos efpèces de Chiens. On ne
fauroit pas plus le rapporter au Loup , au Renard
ou au Chacal.
II eft en de même d’un fécond carnivore qui ,
bien que different de tous ceux que nous connoif-
fons, paroît appartenir à un genre d elà famille
des Coatis & des Ratons. Quelques-unes des
mâchoires trouvées dans nos carrières à plâtre
annoncent que cet animal étoitpar fa taille un peu
au-deffous du Loup ou de la Hyène. On conçoit
les ravages qu’ il aevoit faire parmi le s Anoplo-
theriums & les PaUotheriums.
Un troifième carnivore vivoit à la même
époque > il étoit du genre des Genettês. Plufieurs
de Ces mâchoires ont été découvertes dans les
, carrières de Montmartre.
Terrains volcaniques. •— Nous avons mentionné
plus haut un dépôt calcaire furmonté de coulées
de laves, à lT!e-de-France, & dans lequel on a
trouvé des refies de Tortues. Cette^ roche , qui
efl néceflàirement le réfultat d’ un fédiment formé
au fein des eaux, rentre naturellement dans la
! férié des formations calcaires, lie n eft de même
delà localité de Roche-SauVe en Auvergne, où
|l’on voit, fous un dépôt volcanique, une marne
calcaire renfermant des débris de poiffons. Mais
i on a été long-temps à douter qu’ il exiflat des amas
d’ offemens au milieu de terrains entièrement volcan
ique s, quoique Faujas ait trouvé des débris
d’ hlephans dans les roches évidemment volcaniques
des monts Coirons.
I C ’eft en Auvergne, fur le verfant oriental du
Mont-d’Or , qu’ un nouveau dépôt de débris d’animaux
vient d’ être obfervé. La découverte en
eft due à M. de Laizer, naturaliftezélé, qui a déjà
fait connoître plufieurs particularités intéreffantes
Tur quelques localités au Puy-de-Dôme.
I Les terrains de cette contrée préfentent dans
leur enfemble l’ordre de luperpofition fuivant :
Depuis Aurillac jufqu’ à Clermont, fuivant les
'obfervations de M. Brongniart, on remarque,
comme aux environs du Puy-en-Velay, la roche
primordiale ou granitique. Sur cette roche repofe
une efpèce de pfammite ou de grès à gros grains
& d’un afpea granitoïde; puis viennent dés
marnes & des argiles , des lits de gyp fe, & enfin
règne un valle dépôt de calcaire d'eau d ou ce,
dont la formation paroît être poftérieure au calcaire
groflier, autrement dit à la pierre à bâtir des
environs de Paris. C e dépôt lacuflre , ordinairement
blanc, tendre , & pour ainfi dire marneux;
quelquefois àffez dur pour être exploité comme
[marbre , ainfi que cela fe pratique à Nonnet aux
[environs d’ iffoire fur la rive droite de U Allier
, efl traverfé de tubulures finueufes & partagé
par des lits de filex noirâtres ou cornés , de filex
iréfinites de diverfes couleurs ou de filex rubanés
variés de nuances. L’origine de ce dépôt calcaire
eft prouvée par les nombreufes coquilles que l’ on y
remarque : elles font toutes d’eau douce. L’ en-
femble de ces différentes roches, que l’ on peut
étudier dans quelques vallées, eft furmonté de
brèches volcaniques fur lefquelles repofent des
. malles confidérables de laves compaéles.
C'eft dans les dépôts lacuftres fitués entre le
granité & la lave, que l’ on trouve des relies de
Tortues, & furtout ces nombreux offemens de
PaUotheriums que nous avons mentionnés.
i ' Nous voici arrivés enfin fur le terrain qui mérite
toute notre attention. Les dépôts volcaniques
placés fur le calcaire tertiaire & la cu ftre , font
compofés d’une férié plus ou moins nombreufe,
félon les loc'alités, de galets volcaniques, de fable
ferrugineux, de tufa volcanique, forte de lave
tendre, qui forment des lits & des couches dif-
pofés alternativement, & que dominent fur les
hauteurs de vaftes amas de bafalte. C ’eft dans
le fable ferrugineux volcanique, qui fe trouve
tantôt fous le bafalte, tantôt entre les lits de tufa,
que l'on a découvert tant d’offemens de quadrupèdes.
Les principales localités où ces dépôts ont été
obfervés font principalement fur la rive gauche de
l’Ailier, depuis Iffoire jufqu’ à Champeix.
Les découvertes qu’on y a faites n’étant pas
encore publiées, nous ne pouvons point entrer ici
dans des détails fiiffifans fur les diverfes efpèces
d’animaux auxquels appartiennent ces os foffiles.
La montagne de Boulade prèsPerriera cependant
paru mériter une -publication particulière , dont
il n’exiffe encore que quelques livraifons. Mais
en général tous ces offemens appartiennent à
cinq ordres de mammifères : aux Pachydermes,
auxRuminans , aux Rongeurs, aux Edentés &r aux
Carnaffiers. Ils forment, jufqu’ à préfent, trente
efp èces , dont plufieurs n’ont point encore été
décrites ; favoir :
Dans les Pachydermes, fix efpèces, un Eléphant,
un Rhinocéros , deux Hippopotames , un
Tapir plus petit que toutes les efpèces décrites ,
& un Maftodonte beaucoup plus petit que le
M. tapiroide.
Dans \esRuminans , neuf efpèces , favoir, deux
Boeufs, dont un fe rapproche de l’ Aurochs, cinq
Cerfs nouveaux, un Daim & un Chevreuil nouveaux
auffi.
Dans les Rongeurs, deux efpèces de Caftor ,
dont une paroît femblable à celle d’ Europe.
Dans les Edentés, une efpèce qui n’eft point encore
bien déterminée.
Dans les CarnaJJiers, douze efpèces, favoir : cinq
Felis analogues aux Panthères, deux Chiens, &
en efpèces nouvelles, deux Ours, une Hyène,
un Renard & une Loutre.
Les fables volcaniques qui renferment les débris
de ces grands animaux, repofent fous des dépôts
de laves appelées anciennes , dont la puiffance eft
d’environ ioo à 2co pieds. La roche fituée au-
deffous préfente quelquefois des empreintes de
poiffons.
Terrains d'alluvion , brèches offeufes, cavernes. —
Les terrains d’alluvion , d’attériffement ou de
tranfport, font le réfultat des dernières irruptions
caufées par des . amas d’eaux marines ou par des
eaux douces, q u i, après avoir franchi la barrière
où elles étoient renfermées fur des points élevés,
ont rompu les digues qui les retenoient & font
venues former les grands dépôts d’argile, de cailloux
roulés ou de fable qui rempliffent le fond des
vallées , ou qui couvrent le fol de certaines plaines
baffes d’une étendue plus ou moins confîdérable.
Ces. terrains, qui occupent une grande partie de
la furface de la terre , recèlent une énorme quantité
d’ offemens foffiles , qui ont appartenu à des