fervées en Ecoffe par M. Boué, & dans les Vofges
par M. de Bonnard.
Dépôt filiceux.
§. 22. Q uartzite ? C’ eft avec quelque douté
que nous hafardons de défigner fous ce nom la
roche appelée quarts fecondaire par M. de Hum-
boldtj & qu’ il a obfervée dans les Andes du
P é ro u , entre les 7e. & 8e. degrés de latitude auf-
trale. 11 regarde ce quartz en roche, dont la formation
eft jufqu’à préfent particulière à l ’Amérique,
comme parallèle au grès rouge. C ’eft un
quartz compacte, grenu , non celluleux & fans
aucun mélange de mica ni d’autres fubftances. Sa
couleur eft le jaunâtre ou le blanc-grilâtre. 11 eft
entièrement dépourvu de traces de corps orga-
nifés & de couches fubordonnées. Enfin, il n’ a
aucun des caraétères des roches arénacées ou
fragmentaires. Cette roche repofe indifféremment,
dit M. de Humboldt, fur des porphyres de ^ transition
(environs de S an -F e lip e , pente orientale
des Cordillères) ou fur le granité primitif. (Chala
près des côtes de l’Océan pacifique. )
ce Cette fuperpofition fur des roches d’un âge
*• très -différent, ajoute-t-il, prouve Yindépendance
de la formation que nous faifons con-
»• noître. »
A la pente occidentale des Andes elle atteint
une épaiffeur de plufieurs milliers de pieds, me-
furée perpendiculairement aux pentes de ftratifi-
cation. Elle y remplace le grés rouge.
SSDIUENS MOYENS.
Premier dépôt calcaire.
§. 23. C alcaire compacte fin. ( Zechfiùn des
Allemands.-— Magnefan limejlone des Anglais. —
Calcaire alpin des géognoftes français.) Les principaux
caractères de ce calcaire,improprement appelé
alpin, font d’avoir une texture ferrée , compacte,
d’apparence homogène, une caffure con-
choïde. Sa couleur varie entre le gris-cendré, le
blanchâtre, & quelquefois le jaunâtre & le rougeâtre.
Il eft généralement fuperpofé au grès
rouge ( pféphite) & conftitue une formation indépendante*
Les principales roches qui fe trouvent fubordonnées
à ce calcaire font les fuivantes :
* Grés. En petits grains à ciment argileux,
formant une roche facile à fe déliter, & contenant
quelquefois de la houille & du fer hydraté,
comme l’ a remarqué M. de Charpentier. (Vallée
de Giftain & autres localités des Pyrénées. —
Montagnes deCumana en Amérique. )
* Marne argileufe & bitumineufe. Renfermant
des poiffons foffiles. (Plaines du Bréfil. - 7 Andes
du Pérou. — Plateau de Potofi. — Rives de
l’Amazone dans la province de Jaen.)
* Sckiftes bitumineux cuprifères. (Environs- de
Mansfeld.)
* Brèches calcaires. C elles qui ont été obfervees
dans les Pyrénées par M. de Charpentier font principalement
formées de fragmens arrondis de divers
calcaires com p a re s , au milieu defquels on
remarque des fragmens de fc’nifte argileux, fili-
ceux & micacé, de quartz hyalin , de jafpe fchif-
teux, & c ., agglutinés par un ciment calcaire, gri-
fâtre, jaunâtre ou rougeâtre. (V allée de Bai-
gcrry. — Marboré, & c .)
* Calcaire lucullite. ( Calcaire fétide , fiinkftein .)
De couleur brun-grifâtre, plus ou moins foncée,
accompagnée d’argile fchifteufe & de marne. (L i-
virons de Mercenac, deSaravilla, & c ., dans les
Pyrénées.)
* Calcaire compare celluleux. (Rauhkalk, hoie-
kalky rauhfiein de Leonhard. — Calcaire ferrifere de
Humboldt.) Roche quelquefois grenue, d'autres
fois compaCte, & fouvent caverneufe ou ceilu-
leufej d’ une couleur brunâtre, jaunâtre ou gri-
fâtre. Elle eft fréquemment pénétrée de fer fpa-
thique, 8c forme des couches dans les aftîfes fu-
périeufes du çechftein. ( Cammfdorf. —7 Henne-
oerg, &c. ) Quelquefois traverfée par leç fehiftes
cuivreux, dit M. de Humboldt, elle prend un tel
développement, qu’elle remplace toutes les aftîfes
inférieures du çeckflein. Le nom de rauchwake lui
eft donné en Allemagne lorfqu’elle eft d’ un gris-
noirâtre, caverneufe & chargée de bitume.
* Calciphyre. Quelques variétés de cette roche,
mais principalemènt celle que M. Brongniart a
appelée mélanique. (Près du pic du Midi, Pyrénées.)
* Cipolin. (Dans les Vofges.)
* Ophicalce. La variété appelée réticulée. (Vallée
deCampan)
* Calchifte. La variété veinée. (Montagne de
Salat & autres localités des Pyrénées.)
* Calcaire globulaire. (Quelques localités dans
les Alpes.)
* Calcaire marbre. (Diverfes localités. )
* Douille. Noire, à caffure conchoïde, dif-
'pipfée par couches. ( Roc de Caffalet, entre Nal-
ien & Pareilles dans les Pyrénées.)
* Sal^thon (de M. de Humboldt), argile mu-
riatifére. Grife, noirâtre, brune & brune-rougeâtre.
Contenant du fel gemme (Williska en
Pologne. — Reichenhall en Bavière. — Environs
de Salzbourg. — Zipuquira dans la Nouvelle-Grenade.)
* Sel gemme. ( Sel marin rupeftre de Brongniart.)
Il eft fouvent uni au gypfe. (Plateau de Santa l é
de Bogota. )
* Gypfe- Sa texture eft grenue ou compaéte.
(Thuringe.) Il forme dans le zechftein plutôt
des amas irréguliers que des couches étendues.
(Llanos de Venezuela. — Plateaux de Cuença,
de Bogota , & c . )
* Dolomie, ( Calcaire magnéfifere. ) L’efpèce
eompaBe & l’efpèce grenue, quelquefois d’un jaune
paille & d’ autres fois d’un blanc-rougeâtre, fouvent
nacrées & brillantes dans Jeur caffure. (Environs
de Nottingham en Angleterre.)
Suivant M. Marafchini, la dolérite & le ba-
falte forment des bancs dans le calcaire compaéte.
Les métaux qui conftituent, foit des amas ftra-
tifiés, foit des filons, dans les dépôts du calcaire
compaéte , font : le plomb fulfurey quelquefois
argentifère (Tarnowitz en Siléfie.
Slankow en Pologne. — Montagnes du Hartz) >
le fer hydraté & le zinc oxidé (environs d lle-
feld au Hartz ) j le mercure fulfuré (Idria en Car-
niole. — Environs de Huancavelica. — Montagne
de Silacafa au Pérou). Enfin, fuivant M. de Charpentier,
on trouve aufli dans quelques dépôts de
la même roche, du cuivre pyriteux, du fer fulfuré
& du foufre. (Vallée de la Cinca. ) Le foufre,
d it- il, eft empâté dans un calcaire rempli de
corps organifés fofliles.
Quant aux feftes organiques que l’on trouve
communément dans le calcaire alpin , ils appartiennent
aux pentacrinites , à quelques orthocera-
tucs, à des prodùiïus, généralement différensy de
ceux de la formation intermédiaire, à des térebra-
tules, à des gryphées, à quelques ammonites, à des
bélemnites, à des nautiles & à plufieurs mollufques
bivalves, tels que des peignes & des moules.
Les reftes de vertébrés de ce terrain appartiennent
à dès reptiles & à des poiffons ('voy£{'notre
article fur les Ojfemeris fojjiles ) , & les empreintes
végétales, à dès lÿcopodiacées & a diverfes
plantes dicotylédones..
Le calcaire alpin, toujours ftratifie, conftitue ,
dans certaines contrées, des montagnes afièz importantes
: en France, celles du Dauphiné en font
e - partie formées. Dans les Pyrénées cette roche
ne s’élève point à une grande hauteur fur le ver-
fant feptentrional, au pied duquel s’étendent les
plaines du Languedoc j mais fur le verfant méridional,
elle fe prolonge jufque vers le faîte de la
chaîne, 8t forme le Mont-Perdu, dont l’élévation
eft de 3410 mètres, & la Tour du Marboré,
qui en a 3138. Enfin, elle conftitue, fuivant les
obfervations de M .C o rd ie r , une grande partie
du loi de la Catalogne, & M. de Charpentier a
remarqué qu’ elle forme les deux tiers des rochers
fecondaires de cette chaîne.En Amérique, M. de
Humboldt a reconnu que c’ eft à ce calcaire qu’ il
faut rapporter la roche dont fe compofent la plupart
des montagnes de la Nouvelle-Andaloufie.
L ’ afpeél des montagnes de calcaire alpin fe dif-
tingue par des formes très-variées. Les chaînes
qu’elles conftituent font ordinairementa&très-con-
fidérables. Elles font efearpées & rocailleufes
comme celles de calcaire intermédiaire. Leur
grande élévation, la roideur de leur maffe, leurs
pentes arides & nues, les rochers inacceffibles
q ui, femblables à des remparts en ruine & à des
tours gigantefques, s’élèvent fur leurs fommets ,
ou paroiffent prêts à rouler dans les abîmes
qu’ils dominent, rempliflent l’ame d’une forte
de terreur. L'oeil mefureavec peine la hapteur de
ces m.affes , ou la profondeur des précipices &
des crevaffes qui divifent ces montagnes dans
toutes lès direéiions. Les montagnes moins élevées
offrent quelquefois des pentes moins roides
& des contours arrondis.
Le fommet des montagnes formées de cette
roche fupportent fouvent des lacs, dont la profondeur
femble être en rapport avec leur élévation
8c la rapidité de leurs pentes. Ces lacs font
ordinairement plus confidérables & plus profonds
que ceux que l ’on remarque dans les chaînes granitiques.
Premier dépôt aggloméré.
§. 24. Brèches 8c poudingues. Nous réunif-
fons ces deux efpèces de roches, q u i, lorfque
leurs c ara été u es font tranchés, diffèrent par la
forme des fragmens qui les compofent, 8c q u i,
dans les premières, font anguleux , 8c dans les
fécondés, arrondis. Mais on remarque fouvent le
paffage infenfible des unes aux autres, par le mélange
plus ou moins vifible de fragmens anguleux
8c arrondis.
A. Brèche calcaire. Cette roche à ciment calcaire,
dépofée ordinairement par couches inclinées,
eft formée de fragmens tantôt émouffés ou
arrondis, dont quelques - uns atteignent un 8c
même plufieurs pieds de diamètre. (Environs
d’Aix en Provence.) M. Bertrand-Gefiin a re marqué
que fes couches inférieures contiennent
principalement des morceaux anguleux , qui appartiennent
au calcaire compaéte précédent, fur
lequel cette roche repofe dans la localité ci-deffus.
B. Poudingue polygénique. Formée de divers
fragmens ordinairement arrondis, cette roche
doit plutôt être confidérée comme un poudingue
que comme une brèche. La nature des roches qui
la compofent varie fuivant les localités5 fa pâte
eft également variable. Ordinairement elle eft
formée de cailloux roulés appartenant à des granités
, à d’ autres roches anciennes & au calcaire
compaéte (environs d’ Aix) j à des ferpentines, à
des jafpes , à différens quartz (environs de Be-
fançon); à des argilolites, à des aphanites, & c .
(environs deBaden).
Ces brèches & ces poudingues atteignent une
affez grande puiffance lorfqu ils ne font point
recouverts par d’autres dépôts. Quand ils font
fubordonnés à d’autres roche s, ils femblent plutôt
avoir rempli les fentes qui divifent certaines
montagnes élevées , qu’ils ne paroiffent y avoir
formé des couches régulières.
On a quelquefois remarqué dans ces roches
des débris de corps organifés, mais rarement des
végétaux.