
terre,il exifte une formation marneufe au-deffus du
calcaire conchylien 3 c’ eft probablement à la même
formation qu’il faut rapporter les argiles marneu-
fes de couleur gris-bleu que l’ on remarque aux
environs de Poully en Bourgogne, au-deffus du calcaire
à gryphée. C e dépôt marneux acquiert une
allez grande puiflance dans la vallée du Necker,
où elles forment un dépôt remarquable par les
bancs de fel marin rupeitre qu’ elles recouvrent.
Les couches qui lui font fubordonnées font le
gyp le, le fel marin, des marnes fétidejs, des grès
argileux , plufieurs efpèces de calcaires} quelquefois
on y trouve des traces de fulfate , de ftron-
tiane & de baryte, & des métaux , tels que le
cuivre & le mangânëfe.
C e dépôt eft remarquable par les fiffures qui
traverfent les ü rate s & qui y forment des divifïons
allez régulières.
Les grès de cette formation font fodvent formés
de petits grains de quartz mêlés à des parcelles
de mica, réunies par Un ciment toujours argileux
& ferrugineux.
Ce.dépôt marneux, très-puiffant en Angleterre,
y conllitue des collines qui atteignent quelquefois'
plufieurs centaines de pieds d’ élévation. Quant à
l ’épaiffeur du dépôt lui-même, elle varie entre
cent & trois cents pieds.
Second dépôt fille eux.
§. 29. Quadersandstein ( grés de Kcenigftein
de M. de Humboldt,grés blanc deM. de-Bonnard).
Cette roche à grains très-fins, à ciment tantôt argileux,
quelquefois argilo-calcaire ou quartzeux, j
renferme peu de mica, mais ce mica qui manque ;
quelquefois, eft ordinairement blanc. On y remarque
fouvent des veines quartzeufes 3 il ne
contient jamais ces maffes argiîeufes ou ces bancs
d'oolithe qui fervent à caraétérifer le grès bigarré.
Il eft divifé en couches légèrement inclinées &
très-épaiffes, coupées tranfverfalement par des fif-
lures, & qui le rendent propre à être exploité en.
pierre de taille, ulage qui lui a valu le nom de
quaderfandftein ou de grès a carreaux. Cependant
quelques-uns de fes lits fe décompofènt fouvent
en un fable très-fin.
Les lits qu’il renferme confident en poudin-
gues quartzeux ou bancs d’argile fehifteufe, en
marne fablonneufe; quelquefois il contient de petits
dépôts de houille paffant au lignite (environs
de Quedlimbourg en Pruffe).
Les fubftances qui foi ment des filons dans cette
roche font le quartz (environs de Blakenbourg) ,
la chaux carbonatée fibreufe ( Quedlimbourg )-.
On y remarque aufli du fer hydraté (pays de
Hanovre ) 3 le même fer y forme quelquefois des
nodules (environs de Me tz ), comme nous avons
eu occafion de l’ obferver.
Le quaderfandftein eft a {fez riche en reftes or-
ganifés 3 on peut citer parmi ceux qu’on y rencontre,
des moules, des peignes, des turritelles,
des huîtres (plufieurs localités de la Siléfie); quelques
obfervateurs prétendent même que dans fes
couches inférieures on trouve quelquefois des
ourfins , des térébratules (environs de Drefde ) ,
& fouvent des gryphées, des ammonites, des bé-
iemnites & même des empreintes de poilTons. Les
végétaux fofliles très-variés que l’on y remarque,
appartiennent aux plantes dicotylédones.
C e qui nous détermine à confidérer ifolément
les dépôts de quaderfandftein, c ’eft la diverfité
des roches auxquelles ils font affociés ou fuper-
pofés Tantôt il repofe fur le grés bigarré ( près de
Nuremberg en Bavière) 3 d’autres fois fur le muf-
chelkalk (environs de Schweinfurt fur le Mein );>
comme M. de Raumer l ’a reconnu 3 ‘tantôt alternant
avec des couches marneüfes & des conglomérats,
il eft placé fur le gneifs (Freiberg eh
Saxe), ou fur le grès, houiller (en Siléfie, en
Bohême). D’autres fo is , dit M. de Leonhard, le
quaderfandftein, la grauwacke & le thonfehiefer
font appuyés l’un contre l’autre (Blankenbourg &
Wernigerode près Goflar) ; ou bien le quaderfandftein
eft placé fur le prétendu calcaire alpin
(Baflè Saxe).
Le quaderfandftein conftitue fouvent à lui feu 1
des montagnes a fiez confidérables, mais plus
fouvent, comme le dit M. de Bonnard (article
T errain du Nouveau Dictionnaire d'Hifioire natu-
rellt) , « il forme des collines baffes & coniques,
» couronnées à leur fommet par des roches qui
» préfentent des formes bizarres & quelquefois
*> affez. femblables à des ruines ; ou bien il repofe
*> fur le flanc des montagnes plus anciennes, &
» en forme feulement une partie des pentes. »
M. Beudant {Voyage minéralogique & géologique
en Hongrie, tomé I I , page 569 ) a remarqué
que les montagnes fitnées entre Moerifch Eriban
& Zwittau , font entièrement' compofées de grès
de couleur claire, grifâtre ou jaunâtre, très-fin,
à ciment argileux, dont lés mafies, d it-il, préfente
nt des efearpemens à pic , fouvent d'une,
grande hauteur, des rochers grotefques, divifés
en couches horizontales, & dont les montagnes
fe terminent par des plateaux.
*« Ces grès , ajoute-t-il, font précifément la
33 continuation de ceux que M. de Buch a décrits
33 dans la Siléfie, fur les frontières de la Bohême,
» & qu’ il a défignés fous le nom de grés nouveau
y» (jieurer fandflein )j M. Raumer les a décrits fous
*» le nom de quaderfandfiein, exprefiion adoptée
» depuis long-temps par Werner. Ces grès ou
» quaderfandfiein diffèrent par tous leurs caractères
*» minéralogiques du grèshouiller : la figure qu’af-
33 feôtent les montagnes qu’ils compofent, les
« fait reconnoître avec la plus grande facilité dans
» la Nature; & enfin ils font plus modernes, puif-
33 qu’ils fe trouvent à la partie fupérieure du grès
H houiller, & que dans d’autres points, ils font
>» même appuyés fur des terrains plus nouveaux.
Ces
»» Ces grès particuliers fe prolongent au (fi dans les
»5 plaines de la Bohême, où je les ai trouvés fur
»» ia route dans un grand nombre de lieux : ce
33 fontençore ceux que l’on voit au bord de l’Elbe,
» à Pirna, & qui vont, à ce qu’il paroît, fe con-
33 fondre avec le Ploener, qui conftitue le fond de
33 la vallée aux environs de Drefde. 33
M. Beudant fait déplus remarquer que ces grès
contiennent fouvent de petits grains de cette matière
verdâtre appelée chlorite, matière que M.
Berthier a reconnue pour du filicate de fer ; ce qui
leur donne minéralogiquement la plus grande analogie
avec le grès vert ( greenfand des Anglais).
Cependant cette analogie ne fuffit pas pour confidérer,
comme l’a fait M. Buckland,le quaderfandftein
& le greenfand comme analogues, puifque l’ on
trouve la chlorite au milieu des grès houillers. Enfin
M. Beudant fait remarquer que fous le rapport
minéralogique, le quaderfandfiein offre encore de
l’ analogie avec les grès à lignites ou mollaffes, qui
font évidemment plus modernes , comme nous le
verrons ci-après.
De toutes ces anomalies on a depuis long-temps
conclu que ce n’ eft point fur les caractères minéralogiques
qu’ il faut diftinguer certaines roches
fédimenteules, & principalement les grès qui ne
lont que des roches formées des débris pulvéru-
lens de roches filiceufes préexiftantes.
Troifiéme dépôt calcaire.
§. 30. C alcaire a gryphées & calcaire ooli-
thique. L’ importance de chacun de ces deux calcaires
eft telle qu’on pourroit les confidérer comme
deux formations 3 mais comme ils ne font point
féparés par d’autres dépôts importans ; comme
le calcaire oolithiquere îferme fouvent les mêmes
fofliles que le précédent, comme enfin ces deux
calcaires ont été réunis par M. de Humboldt, fous
le nom de calcaire jurajfique , nous les confidére-
rons comme deux ièétions .d’ un même dépôt.
A . Calcaire a gryphées ( lias des Anglais. — Par-'
tie inférieure du calcaire jurajfique de M. de Humboldt).
Cette roche argilo-çalcaire, qu’à l’ exemple
de la plupart des géognoftes nous défignons fous
le nom de lias, offre pour caractères d’être d’un
gris plus ou moins bleuâtre, d'avoir une pâte plutôt
ferrée que compacte, une caffure généralement
terne, quoiqu’on y voie quelquefois briller
de petites- lamelles fpathiques, & donner une
forte odeur argileufe lorfqu’on l’ h 11 me été. Tels
font du moins l’afpeét & l’ odeur qui diftinguent
les dépôts-que nous avons eu occafion d’examiner
(côte de Normandie.— Environs de M etz).
La formation que conftitue le lias eft fouvent
très-variée par l'alternance des couches qui la
compofent. L’argile domine principalement dans
les affifes inférieures de ce. terrain 3 mais plus on
remonte vers la partie fupérieure, plus les lits de
çalcaire-marneux deviennent puiflans & nombreux3
Géographie-Hhyfique. Tome K.
j car les dépôts de lias font ordinairement compo-
fés de calcaire gris-bleuâtre argileux, d’argile
| fehifteufe & de calcaire marneux. On trouve quelquefois
des filex dans les lits inférieurs.
Le calcaire du lias, dit M. C. Prevoft , qui l’a
étudié avec foin en France & en Angleterre , eft
ordinairement plus ou moins bleu 3 cependant les
aflifes inférieures de quelques localités en offrent
de blanc , un peu cendré.
« Quelle que foit fa couleur, ajouté-t il (a r-
35 ticle L ias a i l Dictionnaire clajjique d3 H ifi o ire na-
33 turelle), il eft: généralement compaéte, d ur,
» fans cavités, homogène dans fes parties, &
33 donnant une caffure conchoïde 3 quelques va-
» riétés peuvent prendre un beau p oli, & être
: 33 employées comme marbre3 quelques-unes font
33 furtout remarquables par un grand nombre de
33 petites ammonites changées en fpath calcaire
33 blanc, & par d'autres qui ont confervé une par-
33 tie noire de leur teft, dont l’ intérieur eft rempli
» de criftaux de chaux carbonatée. Le lias blanc
33 peut fervir de pierre lithographique. »
Le lias en.;général , ainfi que M. J. Defnoyers
l’ a obfervé dans plufieurs localités des départe-
mens de la Manche & du Calvados (Carentan ,
I Longjeau, &c .), comprend des amas d’argile & de
marne feuilletée ou endurcie, variant du bleu au
brun ou quelquefois jaunâtre, alternant, dit-il,
jufqu’ à vingt fois avec un calcaire compaéte de
même couleur.
Parmi les fubftances qui font fubordonnées au
lias, nous citerons la dolomie, le gypfe falifère,
le grès argileux èz micacé, la chaux carbonatée
fé tid e , &c.
Les minéraux contenus dans fes dépôts fo n t ,
d’après ce qu’en ont publié MM. Conybeare &
j Phillips ( Outlines o f the Geology o f England and
Wales, bc. ) , le fer fulfuré, ou le fer ox idé, uni
à l’argile, mais jamais il ne s’y préfente en filons 3
le plomb fulfuré & le zinc fulfuré ( environs de
Whitby )• On y a aufli trouvé les fulfates de baryte
& de ftrontiane ( environs de Gloucefter &
de Watchet). Les filex en bancs, de même que le
fable & le grès, y font rares, quoiqu’on les trouve
dans les dépôts placés au-deflous & au-deffus du
J lias. Mais la filice à l’état de quartz y forme quel-
quefois des veines, comme à Cowbridge dans la
partie méridionale de la province de Galles. D’autres
fois la matière fibreufe y pénètre les moules
de divers corps organifés 5 telles font les gryphées
changées en calcédoine, que l ’on trouve à Aber-
S thaw & à Dunraven.
} Le fer fulfuré eft fi commun dans la formation
des lias en Angleterre, que c ’eft à la décompofî-
1 tion de ce minéral qu’eu dû le fulfate d'alumine
(exploité en grand à Whitby5 c’eft fans doute à la
même caufe, difentMM. Conybeare & Phillips,
qu'on doit attribuer l’inflammation fpontanée ob-
(ervée plufieurs fois dans le terrain de la vallée
! de Charmeuth en Dorfetshire.
, Vv