
Quoiqu'il ne foit pas impoflible que le carbone
& le gaz acide fulfurique, combinés avec le calorique,
forment du fourre dans l’atmofphère, c ’eft à
la préfence du pollen jaunâtre de quelques végé- ;
taux qu’eft due l ’apparence de ces pluies de fou- i
fre dont on a quelquefois parlé.
Toutes les fubftances qui, p/»; leur légèreté,
peuvent être tranfportées par les vents, font fuf-
ceptibles d’être entraînées par les pluies vers la
terre. ■
Ces différens phénomènes ont été confignés
dans les Annales de'chimie & de phyfique.
Il eft naturel de penfer que plus l’évaporation
qui fe fait à la furface de la terre eft confidé-
rable, plus la pluie & la rofée font abondantes. I
Ainfi , d après le réfultat des obfervations météo- [
rologiques, on pourroit clafler diverfes contrées
dans l'ordre ci-après, qui indique l’abondance de
l’évaporation aqueufe & l’abondance des pluies.
Quantité de pluie tombée dans différens pays , année
commune , & évaluée en centimètres.
Suède. . .,. Up fal.. . ....................... ..
Ruffie------. Pétersbourg............................
f Londres. . . . . . . . . . . . . . .
\Manchefter................ .............
Angleterre. /L iv e rp o o l.. . . . . . . . . . . . . .
i Douvres.................. H . . .
(K endal..............................
ÇUtrecht............................ ......
Hollande. >? La Haye . . . . . . . . . .U. . . . . . .
^Leyde........... 7 .
Allemagne. Wurtemberg............................
Suijfe. . . çZurich.......................................
cG en ë v e .....................................
f Paris.........................................
France. . . ) Lille...........................................
{L y o n .........................................
Efpagne. . Carfagnana...............................
TRoma ........................
IV e n i fe ................. ..
] Naples.....................
Italie . . . (P a d o u e ................................. ..
43
86
9 Î
86
130
mS 249
1
81
94
124
IG ên e s.......................... 140
flolmezzo (Frioul ) . . . . . . . . 220
ICorfuguana (Apennins). . . 247
foûné,2W e. I Char,eftQ'yn- • • • ................ 150
Amérique r . . „
méridionale./ era"Cruz .............................. 162
Î Martinique.... ........................ 217
Guadeloupe.................. 21.7
Grenade. ................................. 284
Barbade........... ......................... 162
H ü ïti... fSanto-Domihgo.............. .... 400
cCap-Français, ...................... 308
I n d e .... S '^ lc u t ta .............................. 205
cArracan.................. , ............... 800
On a remarqué que la quantité moyenne de
pluies qui tombent â la bafe méridionale des
Alp es , eft de ^4 à f y pouces par an; dans quelques
endroits elle eft de 80 à 90, & dans^d’autres
de 36 à 37. Dans les plaines qui s’étendent au
pied des Apennins, elle s’élève à 27 ou 28 pouces,
& n y dépafte jamais 3 2 /Dans la partie orientale
de ces plaines, elle y eft plus confïdérable que
I ° ar,s la partie occidentale. Dans les premières on
| a pouces , tandis que dans les fécondés la
| ne s’élève qu’ à 39 ou 40. Au pied méridional
des Apennins, elle eft aufli plus confîdé-
rable que fur les pentes oppofées. M. le profef-
feur Schouw a cherché les.' caufes de toutes ces
différences ; elles nous paroiffent généralement
expliquées avec tant de clarté, que nous croyons
utile de les développer ici : «« Les vents qui appor-
teDj k J^u*e en Europe, d it- il, font ceux du fud
& de l’oueft, parce quë les vapeurs qu'ils enlèvent
à la furrace de la mer, fe condenfent en
panant des régions chaudes dans des régions
froides. Les vents du fud-oueft en apportent davantage,
parce qu’ils réunifient les deux circonf-
tances néceffairès. Si un courant d’air chaud, rempli
! 4e vapeurs, fe porte par le fud-oueft fur la côte
de Gênes, au pied des Apennins, le courant
fp ou v an t de la réfiftance, & partant de régions
inférieures chaudes pour aller vers des régions fu-
périeures froides, il en réfultera une condenfa-
tion de vapeurs q u i, arrivées à un certain degré,
tomberont en gouttes plus ou moins abondantes.
^u,r je .revers oppofé de la chaîne, dans les parties
méridionales de la plaine qu’arrofe le P ô , la pluie
fera généralement moins confïdérable ; parce que
le courant d’air aura déjà perdu une partie de fa
vapeur en traverfant la cime des monts, & qu’il
dans des régions plus chaudes que celles
qu il vient de traverfer. Le courant continùant fa
route recueillera de nouvelles vapeurs en traversant
la plaine, & s’ il fe dirige contre les Alpes,
il y répandra une pluie confïdérable, car arrivant
à une région plus é le v é e , les cimes des Alpes
étant plus confidérables que celles des Apennins,
les vapeurs s’y condenferont en plus grande quantité.
Les mêmes caufes s’appliquent aux courans
des vents ihéridionaux. Quant-à ce qui fe paffe
dans^ la partie orientale de la plaine de la Lombardie
,. au fud de laquelle il n’y a pas de chaîne
de montagnes comme au n ord , 011 conçoit que-
les vapeurs doivent fe précipiter du haut des
Alpes; aufli la quantité de pluie qui tombe dans
la mer Adriatique eft-elle plus confïdérable qu’ à
la partie oppôfée. On comprend aufli que le vent
d’oueft, qui traverfe les Alpes maritimes, paflant
d ’un air froid dans un air chaud, produira moins
de pluies dans la partie occidentale de la plaine. »
On pourroit trouver, pour les différè’ntes directions
qu’ affeCt r les courans d’ air dans les différentes
parties des Alpes & des Apennins, une
foule d’applications aux caufes que nous venons
d’expofer; mais nous ferons feulement remarquer
que f i , depuis Gênes & Florence jufqu’à 1 extrémité
de l'Italie, la quantité de pluie diminue,
jufqu’à n’être plus que de 20 ou 21 pouces par an
dans cette dernière région , il faut en voir' la
caufo dans la nature du fol fec & aride dé l’A frique
, que traverfent cès vents.
En Italie, comme ailleurs, la plus forte quantité
de pluie tombe pendant la. dernière moitié de
l ’année, dans la région la plus feptentrionale , en
forte que l’ été même eft très-pluvieux. Dans les
régions moyennes & feptentrionales de ce pays,
plus on avance vers le fud, plus on trouve de différence
entré l’été & les autres faifons. A Bolo
gn e , par exemple, dit l ’auteür , il pleut beaucoup
plus l’hiver que l’automne, & beaucoup plus
l ’automne que l’é té , dans une proportion q u i,
pour ces deux dernières faifons, dépafte celle.de
2 à i .A P i f e , dit-il, il pleut quatre fois plus
en automne qu’en é té , &r en hiver deux fois plus
qu’en été. A Rome, Les pluies d’hivèr'approcnent
de celles d’automne, & celles d’automne fur-
paflent ptefque de trois fois celles d’été. Enfin,
à Païenne, les pluies d hiver font plus confidé-
rables que celles d’automne , & elles font huit
fois plus confidérables que celles d’été.
A Lisbonne, fuivant l’auteur, l’hiver eft treize
à quatorze fois plus pluvieux que l’été. En Ef-
pagne, la proportion eft plus confïdérable encore.
En Grèce, le même effet a lieu ; la faifon de l’été
èft généralement peu pluvieufe. La nature & la
direction des vents font les principales caufes de
ces inégalités.
Ainfi que nous l ’avons dit plus haut, la configuration
de ceitains baflins, l’ influence de certaines
montagnes J peuvent augmenter la quantité
de pluie qui tombe dans certains pays placés fous
le même parallèle. Sans cette influence, il feroit
facile de vo ir , par le tableau ci-defliis, que la
quantité d’eau tombée dans une année fur la fur-
face de la terre ,. augmente généralement en allant
du pôle vers.l’ équateur. Relativement à la quantité
de jours pluvieux, le nombre moyen en a été
obfervé par plufieurs phyficiens, & de leurs obfervations
il réfulteque, du 12e. degré de latitude
feptentrionale jufque vers le 43e. , on compte
attirent une plus grande quantité de nuages ; on
fait, par exemple, que les régions équatoriales
font expofées à des pluies fi confidérables qu'elles
y gênent la navigation, qu’elles y défolent les
marins. Les pluies de Cayenne font renommées
par leur fréquence & leur abondance ; au Gabon
en Afrique, il pleut presque continuellement ; à
la côte du Malabar, les. pluies durent aufli tout le
temps que foufflent les mouflons.
Certaines caufes locales changent, il eft v rai,
confidérablement la proportion que nous venons
, d’exprimer, & produiferit de grandes exceptions à
la règle qui a été reconnue par quelques phyficiens.
Ainfi, à la Guadeloupe & à la Martinique , le
nombre des jours de pluie eft d’environ 230 à 2co
par an , parmi lefquels il faut comprendre, d’après
les obfervations de M. Moreau de Jonnès, 100 à
120 jours de pluie ordinaire, 7 y à 90 jours de
pluie par grains’plus ou moins fréquens, & 3 y à
40 de pluie diluviale. Aux Antilles, le nombre de
jours de pluie s’ élève annuellement à 24^.
M. Moreau de Jonnès a remarqué en outre que
plus les montagnes des îles fituées fous le 14e. ou
' le 15e. parallèles font élevées, plus la quantité
! de pluie y eft confïdérable. A la Barbade, par
exemple, la quantité de pluie tombée , comparée
à celle qui tombe à la Guadeloupe, eft dans le
rapport de 3 à 4 , & l’élévation de leurs plus
hautes montagnes eft dans celui de 1 à y.
70 à 80 jours de pluie dans l’ année; du 3e. au
46e. , 10c à 110 jours ;du 46e. au yo€., 130 a 140;
ainfi à Paris, il pleut pendant cent quarante jours
de l’année; enfin, du yoe. au 60e-, 160 à 170
jours. Il eft donc à remarquer que la quantité de
pluie tombée eft en raifon inverfe du nombre de,
jours pluvieux. Sous l’équateur, cette progreflion
s’arrête, foit que l’électricité y ait une plus grande
influence, foit que les montagnes plus hautes y 1
Le même obfervateur a encore remarqué que
les lieux fitués fous le vent qui vient des montagnes;,
reçoivent une quantité de pluie qui excédé
d’un quart, & même d’ un tiers, celle qui tombe
dans les localités dont l’expofition eft tout-à-fait
contraire. .. .
Plufieurs phyficiens ont penfé que les pluies
augmentent fur la terre au lieu de diminuer. Quelques
remarques faites depuis un fïècle femble-
roient le faire croire ; cependant d’autres phyfi-
ciens font d’une opinion tout-à-fait contraire. Les
obfervations météorologiques ne font point encore
aflfez nombreufes pour pouvoir fervir à décider
cette queftion ; cependant, comme l’expérience
nous démontre qu il pleut moins vers les
pôles que vers l’équateur, il eft naturel de penfer
que dans l’état où fe trouvoit la terre avant les
époques hi dorique s , les pluies dévoient être bien
plus fréquentes à fa furface qu'elles ne le font de
nos jours. C ’eft peut-être à leur influence qu’il
faut attribuer ces immenfts .formations d'eau
d ou ce, que les géologiftes ont obferyées dans
plufiéurs contrées. La terre alors plus chaude,
i’atmofphère plus chargée de vapeurs , dévoient
néceflairement occafionner des pluies plus abondantes.
Mais fi notre planète s’eft refroidie, les
pluies ont dû y devenir moins fréquentes, & fans
doute que la diminution de fa chaleur centrale
amènera aufli la diminution des eaux pluviales.
Les pluies ainfi que la. neige font un bienfait
I pour l’homme & les animaux; fans ces météores,