
cône , 8c qu'elle émettoit même encore beaucoup
4e chaleur & de vapeurs par Tes crevafiës.
y*. Il n’y a pas de doute que la lave, comblant des
fifiures ouvertes , a produit ces dikes ; mais nous
ne favons rien de la date de leur formation, fi ce
n’eft qu’elles font poftérieures à l’année 79 ; & ,
nécefiairement, elles font plus modernes que
les laves & les fcories qu’elles traverfent. Un
nombre confidérable de couches fupérieures ,
qu'elles ne traverfent pas, doivent être dues à
des éruptions poftérieures, fi les dikes ont été
remplies par en bas. Il eft bien connu que les
tremblements de terre qui précèdent invariablement
les éruptions occafionnent des déchiremens
dans la marte’j & , en 1822, trois mois avant que
la lave coulât, les fiftures ouvertes qui émettoient
des vapeurs chaudes étoient nombreufes. Il eft clair
que de telles crevàrtes peuvent être remplies par
la matière fondue, lorlque la colonne de lave
s 'é ’ève ; de cette manière, l’origine des dikes
eft aifément démontrée, ainfî que la grande
folidité & la nature criftalline de la roche qui
les compofe, & qui a été formée par de la lave fe
refroidilfant lentement fous une forte preflion.
» Quelques perfonnes ontpenféque ducôté.op-
pofé à la portion de la Somma qui exifte encore,
la projeétion nommée Pedamentina ou Contrefort \
étoit une partie de l’ancien cratère, renverfée
vers la mer, & fur la côte de laquelle les laves
modernes fe font répandues, l’axe du cône ac- j
tuel étant précifément, fuivant Vifconti, à égale '
dillance de l’efcarpement de la Somma & de la |
Pedamentina; mais on a objeété avec quelque
raifon, que fi la Pedamentina & l ’efcarpement
de la Somma étoient les reftes du cratère primit
i f , ce cratère auroit eu plufîeurs milles de
diamètre, & eût été plus énorme que la plupart
de ceux qui font connus fur le globe. C ’eft
pourquoi il eft plus probable que l’ancienne montagne
étoit plus haute que le Véfuve aéluel, qui,
comparativement parlant , eft un volcan peu
élevé ; & que les explosions de Tannée 79 , non-
feulement lui firent rejeter le contenu du cratère
, qui avoit été long-temps rempli, mais encore
renverfer une grande partie du cône même, de
forte que la muraille de la Somma & la crête ou
terrafle de la Pedamentina rie furent jamais les
bords du cratère, mais font les reftes d’un cône
détruit & tronqué. On voit (fig. X , pl. fupplém )
que les couches inclinées du cône du Véfuve deviennent
horizontiles à TAtrio del Cavallo, où la
bafe du cône nouveau rencontre le précipice ef-
carpé de la Somma; car lorfque laJave coule vers
ce point, comme il arriva en 1822, fa courfe def-
cendante eft arrêtée, & elle coule alors dans une
autre dire&ion, le long de cette petite v a l lé i, en
tournant autour de la bafe du cône. Le fable & les
fcories auflï, enlevés par les vents, fe réunifient
à la bafe du côn e , & font enfuite balayés par les
torrens, de forte qu’ il y a toujours en cet endroit
une petite plaine afièz plate, comme on le Voit
dans Je deflin. De la même manière, le petit cône
intérieur doit être-compofe de lits inclinés fe terminant
en une plaine horizontale; car pendant
que ce monticule gagnoit graduellement de la hauteur
par les éjections fucceflives de lave &■ de
fcories en 1828, il étoit toujours entouré d’un
étang uni de lave demi-fluide, dans lequel étoient
jetés les fcories & le fable.
» L’efcarpement de la Somma de ce cône an-
téri;ur aux époques hiftoriques, préfente une
ftrutture précifément femblable à celle du côn ;
du Vé fu vè , mais les couches font entrecoupées
par un plus grand nombre de dikes. »
Defcription des Champs Phlégréens. «Lorfque du
fommet d’une montagne élevée, dit Amaury
Duval, on jette un regard fur les Champs
Phlégréens, /ur cet amas de cratères dont les
uns font devenus des lacs, d’autres des plaines
arides & fumantes, d’autres des forêts ou des
champs fertiles, ce fpeétacle, unique peut-être
au monde, frappe d’admiration & d’effroi. Quelle
affreufe époque que celte où des torrens embralés
fortoient à îa fois par toutes ces bouches ! &
cette fumée qui ne cefie de s’exhaler de quelques-
unes , n’annonce t-elle pas que dans des cavernes
louterraines & profondes l’incendie dure .encore?«
Les Champs Phlégréens s’étendent dépuis les
bords du Sebeto & du Samo jufqu’aux rivages de
la mer, près de l’emplacement occupé jadis par
Cumes. Au fud, ils font baignés par la Méditerranée.
(V o y . pl. 33.) Dans cette région volcanique,
on remarqué le lac Averne, que les
Grecs appeloient Aornos3 parce que les oifeaux
fuyoienr fes bords, d’où s’ exhaloient fans doute
des vapeurs peftilentielles; mais qui, aujourd’hui,
les attire par L’abondante nourriture qu’ il leur
offre. C e la c , fitué à 3 lieues & demie à l’oueft
dé Napies, pavoît avoir été le cratère d’ un ancien
volcan; fa profondeur eft de 180 pieds dans
certains endroits. Il ne préfente plus TafpeCt
fombre & lugubre fous lequel nous le peignent
les hiftoriens & les poètes de l’antiquité. » Les
vieilles forêts qui couvroient fes bords efcar-
pés, détruites par Agrippa, gendre d ’Augufte,
font remplacées par des taillis & des buiflons
qui confervent leur verdure toute Tannée. Les
marais infalubres qui Tenvironnoient ont été
convertis en jolis vignobles. On remarque encore
fur une partie de fes b ords , d’un côté,
les reftes d’un temple d'Apollon; de l’ autre,
la célèbre grotte de la sibylle de Cumes. Enfin,
rien de plus romantique & de plus pitcorefque que
Tafpeét de ce lac, que les Anciens regardoient
comme l’entrée des - enfers.
Le lac -Lucrino , ou Licola ( lacus Luc ri nus) ,
voifin du précédent, avec lequel il communiquoit
jadis par un canal que fit conftruire Agrippa, ne
nourrit plus les huîtres qui le rendoient célèbre
dans
dans l’antiquité*- Depuis, l’éruption fubite -de
Monte-Nuovo, ce n’eft plus qu’un étang dans
lequel on ne pêche que des anguilles. Ce lac
a été. rempli en partie par l’éruption qui forma le
Monte-Nuovo, & en partie par la déftru&ion du
port Julien.
Entre le lac Lucrino, & Naples, cel,ui d* Agnano3
aune lieue deux tiers au.sud-ouelt de cette ville,
eft évidemment le cratère d’ un ancien volcan : il a
une demi-lieue de cireonféreficeçfes bords font
garnis de châtaigniers ; fes eaux font poiflbnnen fes.
A droite s’élèvent les' vapeurs d’aeide carbo-.
nique de la Grotte, du Chien; à gauche, celles
qui remplifietjt-les étuves dz.San-Germano3 & la
célèbre. fource des Pifciarelles, dont on vante
1 s effets fuiutaires. Les rives & le fond du lac
font formés de pépéri ne ponceufe, renfermant des
fragmens de laves ; on n’y découvre aucun filon :
ce qui fait préfumer avec raifon, ainfi que l’a
remarqué Spallanzani, que ce cratère n’a produit
que;des éruptions boueufes. Malgré la beauté du
fite, l’oeil ne décôuvre'aux environs que quelques
habitations épar fes : les habita 11s de cette terre
font folbles. & languiflans.
Non loin du lac d’ Agnano eft Ajlrani, autre
cratère formé en même teriips que celui d’Averne.
Sa profondeur eft de io z pieds ; il eft rempli d’arbres
grands & majeftueux, formant le* Teiil bois aux
environs de Naples qui rappelle les belles forêts
du nord.
Suivant le doéieur Eorbes, TAchéron ou le lac
Fufaro 9 qui communique avec la mer, eft au milieu
d’ un fol alluvial. Au füd s’élève le Monte
di Procida} compofé d’un conglomérat porphy-
rique. 11 contient des fragmens de granité & de.
fyénite, §t fe termine dans la mer par le Scoglio
delle pieire Arfe3 qui eft formé d’une réfinite couverte
de lave terreuTe.
Nous ne citerons' pas tous les lieux q u i, dans
la contrée volcanique des Çkamps Phlégréens3
exhalent ces vapeurs fuIfureufes appelées fumerolés3
d’où Ton extrait non-feulement du foufre, mais
de l’acide hydrochlorique, du fel marin , de l’alun,
du fel ammoniac/de Tacide borique, &c. La pins
célèbre'de ces localités eft la Solfatare, connue
jadis fous les noms de vallée de Phlegra ou Forum
P"alcani 3 refte d’iih cratère de forme elliptique
dont le grand diamètre eft de 1,200 pieds, & qui
eft environnée de collines formées de. laves, qui
furent jadis les parois de cet entonnoir volcanique.
(Voyez Solfatare ). Le fond de ce cratère eft
à 300 pieds au - deflTus du niveau de la mer.
Aux environs, le fo l , caverneux & fans doute
d’une foible épaifleur, retentit fous les pas du
voyageur. Il eft à remarquer que les exhalai-,
fons dé j à Solfatare ne cefîent que lorfque le
Véfuve eft en éruption.
Toute la partie méridionale des Champs Phlégréens
3 depuis le Chat-au de T (Eu f ÇCafiel del
Géographie-Phyfique. Tome. V .
FOvo) jufqu’au cap Misène (capo Mifeno) eft
compofée de roches d’origine volcanique. La
montagne, ou plutôt la colline du Pauftlippe
( Voye1 ce mot ) , eft formée de pépérine ponceufe,
qu’il a été facile de percer pour former la route
fdüterraine que Ton appelle la Grotte de Pou-[^ole3
parce qu’elle conduit de Naples à cette ville.
Dans la caverne de Misène, creufée par l’a r t,
un peu au-defliis du niveau de la mer, dans une
roche analogue à celle de Pouzzole, on voit des
efflorefcences d’hydrochlorate d’alumine tapiffer
continuellement les parois.
Examinons maintenant les deux cimes volcaniques
les plus remarquables des Champs Phlé-
greens : le Monte - Nuovo & le Monte-Bar-
baro. M. Lyell & le D r. Forbes vont nous fournir
des renfeignemens propres à tracer Thiftorique
de ces deux cônes volcaniques.
Depuis - Tan i j e o jufqu’en 1(338., le repos
qu’éprouva le Véfuve rendit plus extraordinaire
la formation foudaine de la première de ces montagnes.
De fréquens tremblemens de.terre tourment
oient les environs de Pouzzole depuis plus
de deux ans, lorfque le 29 feptembre 1538,
environ deux heures après le coucher du foleil,
un gouffre s’ouvrit entre la petite ville de Tri-
pergola, fur l’emplacement de laquelle eft placé
le Monte-Nuovo 3 & Tétablifiement des bains qui
étoient très-fréquentés, furtout au printemps.TJne
large fiffure s’étendit jufqu’ à la ville avec un bruit
épouvantable, & commença à- lancer des pierres
ponces, des blocs de lave non fondue, des cendres
mêlées avec de l’ eau & quelquefois des flammes.
Les cendres tombèrent en immenfe quantité,
à Naples ; elles, furent lancées à 30 lieues à la
ronde & même jufqu’en Calabre, tandis que -les
environs de Pouzzole étoient abandonnés par
leurs habitans. La mer fe retira foudain de 200
verges, & laitïa une portion de fon Ut à fec. Une
partie du fol alluvial qui couvre la bafe du Monte-
Barbaro fut foulevée ; & Ton vit fortir de l’eau
froide du pied de la montagne nouvelle. Au troi-
fième jour de l’éruption, il s’étoit formé un cratère;
au quatrième, c’ eft-à-dire le 3 octobre, le
calme fe rétablit ; de forte que la colline, dont la
grande maffe avoit été lancée dans un jour & une
n u it, fut acceffible, & ceux qui y .montèrent
rapportèrent qu’ils avoient trouvé au fommet une
cavité irrégulière en forme d’entonnoir. Ta hauteur
du Monte-Nuovo a été récemment déterminée p. r
le minéralogifte italien Pini : elle eft d’environ
440 pieds au-deffus du niveau de la baie; fa bafe
eft d’ environ 8,000 pieds , ou un mille & demi de
circonférence. D ’après Pini, la profondeur du cratère
eft de 421 pieds anglais ; de forte que le fond
n’eft qu’à 19 pieds du niveau de hfmer. Aucune
J ave ne coula de cette cavité ; mais les matières
rejetées confiftoient en fcories poreufes & en maflès
de.trachytes, quelques-unes d’elles fehifteufes, les
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