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2°. Bancs puiffans de calcaire extrêmement
friable j renfermant divers moules de coquilles
marines dans lefquelles on ne peut reconnoître
que le cardiurn obliquum ;
3°. Marne compacte fragmentaire ;
4°. Marne blanche friable ;
5°. Sable quartzeux & quartz;,
6°. Marne blanche avec rognons calcaires &
zones horizontales, remplies ou compofées de
calcaire fpathique & criftallifé de la variété in-
v erfe, mêlé de petits criftaux de quartz bifalterne
& de chaux fluatée ;
7°. Marne blanche friable.
A ces couches fuccèdent les bancs pierreux de
calcaire groffier. (J . H. )
VAL LÉES, Les enfoncemens qui exiftent entre
les montagnes ou les collines portent le nom de
vallées. Lorfque CtS enfoncemens font d'une
grande largeur & d'une étendue confidérable,
iorfqu’ils (ont fillonnés par des fleuves ou des
rivières, ils portent le nom de bajfins. Souvent
même Iorfqu’ ils s’étendent confidérablement en
largeur & en longueur, fans préfenter de notables
inégalités-, on leur donne le nom de plaines : ainfi
la plaine de Saint Denis, près Paris, rentre dans
cette claffe 5 c’eft une portion de vallée bordée
d’un côté par les collines de Belleville & de Pantin
, de l’ autre par celles de Montmorency &
d’Argenteuil. T e lle eft encore la plaine deMont-
briffon ( 1 ) , grande vallée de ip kilomètres dans
fa plus grande largeur, & traverfée par la Loire
fur une longueur d’environ 50 kilomètres. Quoique
cette forte de plaine foit arrofée fur la droite
fur la gauche du fleuve par pîufieurs rivières,
telles que la CoLçe, la Flioranche, le Garollet &
h Loife d’un c ô té , la Mare, le Vi\e^i & le Lignon
de l’autre, fes terrains ont fi peu de pente que
de tous côtés les eaux font retenues dans des
marais.
Les enfoncemens dont H s’agit font-ils étroits,
profonds & garnis d’efcarpemens rapiies, ils
portent la dénomination de gorges ; font-ils formés
par les flancs arrondis de quelques collines, *ce ne
font plus que de Amples vallons.
Les plateaux ou les plaines élevées font ftë-
riles ou fertiles, félon la nature du fol;, mais les
vallées 3 celles même qui portent improprement
le nom de plaines, font toujours remarquables
par leur fécondité : les pays montagneux en offrent
une foule d'exemples. C ’eft ordinairement dans
les vallons que la plus belle verdure fe fait remarquer,
que les plus gras pâturages nourriffent
les plus beaux troupeaux ; les gorges même
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offrent fouvent à côté des roches les plus décharnées
une vigoureufe végétation, & prefque toujours
la fraîcheur de quelqu’eau limpide & courante.
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On doit diftinguer en géographie phyfique les
vallées hautes & les vallées bajjes. Nous venons de
faire remarquer que plufiéurs de ces dernières
portent le nom de plaines ; mais elks offrent des
finuofités anguleufes qui rappellent, en les parcourant,
que l’ on eft dans de véritables vallées.
Les vallées hautes portent d’autres caractères :
quoiqu’alongées, elles font rarement étroites &
plus rarement encore coupées par angles. Elles
font ordinairement placées le long de quelque
chaîne importante, entre des cimes fort élevées
& des montagnes de médiocre hauteur. D’autres
vallées élevées reffemblent encore plus à des
plaines : elles font très-grandes, & d’une forme arrondie;
leur fol femble être le fond de quelque
grand lac ou de quelqu’ancienne mer Cafpienne :
tel eft le centre du pays de Cachemire, tel eft
encore la grande vallée qui renferme le lac de Ti-
tacaca, au Pérou. On pourroit en trouver un grand
nombre d’autres exemples dans l’Afie centrale;
on en connoît auffi quelques-uns dans les Alpes :
telle eft la vallée qui renferme le lac de Joux.,
dans le Jura. Ces hautes vallées offrent quelquefois
de tous côtés des pentes égales; d’autres
n’ont qu’ une feule pente à l’oppofé de quelques
falaifes efçarpées. La plupart occupent les
fommets des' montagnes, que dominent à une
grande diftan.ce les cimes du groupe auquel
ces montagnes appartiennent. Tandis que les
vallées baffes s’élargiflent depuis leur naiffance
jufqu’aux plaines, avec lefquelles elles fe confondent,
les hautes vallées, au contraire, s’élargil-
fent rarement; prefque toujours elles fo.nt barrées
par un angle fhillant de la chaîne qui les entoure.
La vallée de Joux en fournit un exemple : elle
commence au pied du Noir-Mont & fe termine
aux Charbonnières ; fa longueur eft de 7 lieues ,
fa largeur de 2 environ. Le fond de cette
vallée eft occupé par le lac de Joux, dont
le niveau eft à 1,900 pieds au-deflùs du lac
de Genève , & à 3,000 au-deffus des mers. De
tous côtés elle eft barrée- par de grandes hauteurs
qui empêchent les eaux du lac de s’écouler
, du moins par une iffue vifible : elles ne peuvent
s’échapper que par les crevaffes qui tapiffent
le fond de la vallée, où par les intervalles dés
couches prefque verticales que préfente le calcaire
dont eft formée la chaîne du Jura.
Dans les hautes montagnes, l’efpèce de détroit
qui fert d’entFée aux vallées, par leur partie fupé-
rieure , porte le nom depajfe ou de défilé. Comme
les premiers peuples de chaque contrée fe fixèrent
d’abord dans -les vallées, on appela ces
paffage s les portes des nations, nom que l’ hîftoire
& les traditions ont confacré. Les plus célèbres
font : les Portes ( 1 ) Voÿe\ pi. 2. du Caucafe, les Portes Caf-
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piennti, h Pafe d’ I f t s , près des Portes Syriennes,
dans la chaîne du Taurus, à peu de diflance de
Ja ville antique, célèbre par la victoire d’Alexandre
fur les Perfes, les Thermopyles (v o y e z ce mot)
&r les Fourches Caudines en Italie. On connoît deux
paffes femblables dans, la péninfule fcandinave :
l’une eft fituée près de Skioerdal, elle eft formée
de plufiéurs maffes de rochers dont les flancs,
taillés naturellement en parallélogrammes, ne laifr
fent entr’ eux que des chemins étroits, bordés
de murailles à pic; l ’ a u t r e , taillée auffi perpendiculairement
, fe trouve dans le Portfield ou la
mon agne de la Porte. Ces ouvertures font femblables
à celles qui fervent de paffage au fleuve
Hudfon en Amérique, à travers les montagnes
qui fe féparent comme pour lui laiffer un libre
cours. Les montagnes Bleues ; les monts Jakfon
& les montagnes du Nord qui s’étendent parallèlement
aux monts Alleghany dont ils dépendent,
offrent un paffage femblable aux eaux qui vont
former le fleuve James que l’Océan reçoit près
de l’entrée de la baie de Chefapeake, ainfi qu’ au
Potomac, fleuve plus important qui fe jette dans
la même baie. E n f in , l’ Amérique feptentriohale
feule offre une fouie d’exemples du chemin que
paroiffenr s’être ouvert ïes_ grands cours d’eau de
ce continent ( 1). Les portes les plus remarquables
que l’on connoiffe font dans la cordillère des
Andes ; fuivant M. de Humboldt il y en a qui ont
700 à 800 tôifes de profondeur.
La plupart des vallées font arrorées par des
cours d’eaü proportionnés à leur grandeur; les
montagnes qui les garniffent à droite & à gauche
ou à leur naiffance, font fiUonnées par une multitude
de fources & de ruiffeau'x ; d'autres valleés
mbins importantes aboutifL nt toujours à la principale,
& fourniffent des affluëns aux cours d'eau
qui occupent le fond de celle ci. Dans les hautes
montagnes, elles fe difpofent de deux manières
differentes dont Sauflure a déterminé les principaux
caractères avec fa fagacité habituelle; ainfi
il a d:ftingué les vallées longitudinales des valiees
tranfverfalës. Les premières s’étendent parallèle
ment à la chaîne principale : celle que parcourt
le Rhône appartient à cette chffe ; c'eft une des
plus importantes de celles, de l’Europe occidentale,
Elle a 38 lieues de longueur depuis fa
naiffance jufqu’ à l’embouchure du fleuve dans le
lac de Genève ; elle est plus confidérable que la
vallée du Rhin, qui depuis la naiffance, où elle
porte le nom de vallée de Taveifeky jufqu au bord
du lac de Confiance , n’a qu'une trentaine de
lieues. Si l'on confidère les diverfes chaînes de
l’Allemagne occidentale comme dépendant des
Alpes, la vallée du Rhin fera, au contraire, 1a
plus importante vallée longitudinale de l'Europe,
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puifque, depuis fon entrée dans le lac de Conf-
tance jufqu'à fa jonction avec la Mofelle, le fleuve
ferpente encore fur une longueur de 120 lieues.
L’ancien continent renferme plufiéurs autres vallées
longitudinales, parmi lefquelles nous citerons
les plus confidérables. Dans la péninfule hispanique
on en compte quatre grandes du même
genre : celle du Ùuéro, celle du Tage, celle de
la Guadiana & celle du Guadalquivïr. La première
a 160 lieues de longueur, la fécondé 17©,
la troifième environ xyo, & la quatrième 90. Ce
que ces quatre grandes vallées ont de remarquable
, c’eft qu’ elles font parallèles & dans la
direction générale de i'eft à l’ oueft. L’Afie nous
en offrira plufiéurs encore d’une grande étendue
: telle eft d’ abord celle du Brahmapouter,
fleuve que quelques géographes ont appelé Bu-
rampooter. Formée en grande partie par les
montagnes du Thibet & par la chaîne coloffale de
l’Himalaya, fa longueur de l’oueft à I’eft, puis du
nord-eft au £,id oueft, eft en totalité de 1 yo lieues ;
celle de la rivière de Cambodje, qui change plu-
fieurs fois de nom depuis fes fources dans le
Thibet jufqu'à fon embouchure dans la mer de
C h in e , eft de plus de 600 lieues. Ces deux vallées
font celles de toute l'Afie qui rentrent le plus
exactement dans la claffe que nous examinons;
les autres fleuves de cette partie du monde parcourent
généralement de larges bafiîns & des
plaines.
., L'A f.ique , trop peu connue pour qu’on
puiffe y mentionner des exemples inconteüables
de pareilles vallées, ne nous en offre que deux:
celle du Suabo3 formée d’ un côré par les monts
Lupata, de l’ autre par ceux qui bordent la Mozambique,
dans toute fa longueur, n’ a que 230
lieues d'étendue ; celle du N il eft beaucoup plus
confidérable : depuis les monts Togla jufqu'à la
Méditerranée elle n'a pas moins de yoo lieues
en ligne directe.
Dans l'Amérique feptentrionale, la plus grande
vallée longitudinale eft celle que parcourt le
Rio Bravo del Norte coulant entre deux branches
des Montagnes Rôcheufcs , il a 3 JO lieues
d’étendue depuis fa four ce jufqu’à fon embouchure
dans le golfe du Mexique..Dans l'Amérique
méridionale, nous citerons la Magdaleina
& le Rio Cau’ca fon affluent, qui coulent dans
deux vallées longitudinales, parallèles, à peu près
égales & d’environ 100 lieues d’étendue, formées
par trois branches dë la cordillère des Andes.
Depuis leur réunion leurs eaux fe jettent dans la
mer des Antilles en traverfant une large plaine.
Au Bréfil une large Vallée du même genre, formée
à l'ouelt par les chaînes appelées Sierra-Marcetta,
do Crifiaes, d ' Araras 3 de Tabatinga , de Tanga-
tiriga & de Piauhy; à l'eft.par celles d'Efpinhacot
dns Aimas & de Trabanga , fert de baffin au Rio
Francifco de 330 lieues de cours.
Nous avons dit que les vallées longitudinales
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