
avec vitefle fur une leucoftine comme les eaux
d'un petit torrent; on arrive enfin à l'extrémité
de la vallée, & l’on fe trouve bientôt au-
deflus du profond ravin au milieu duquel coule la
Dor avec d'autant plus de rapidité, que quelques
pas plus loin elle tombe d’ un rocher d’ une grande
élévation.
. C ’eft auprès de cette cafcade que l’on remarque
la roche d'alunite t fi bien décrite par M. Cordier.
Les abords de cette roche font extrêmement difficiles;
il faut d’abord defcendre un ravin profond
que couvrent mille efpèces de plantes, qui cachent
à l’oeil les trous ou les faillis s , & qui rendent
la marche pénible. Arrivé ou fond du ravin,
la roche, que ies eaux on tc reu fé e , prend une
couleur blanchâtre : c’eft une pépérinè grifâtrey elle
eft ftratifiée en petits lits horizontaux de i à
2 pouces d’épaifleur. Elle doit fa couleur blanchâtre
à l’aélion continuelle de l’eau & de l’humidité
» car lorfqu’on la cafte, elle eft d'un gris
ardoife pâle. Elle a été décrite par M. Cordier,
sous le nom d'alloue ou tuf blanc : c’eft le trafs
des Allemands} elle repofe fur des leucofijnes,
comme ce géologue l’ a remarqué , & aprèi s’être
élevée à environ 120 mètres, elle eft recouverte
de tfatkytes grifâtres.
Les notes que j’ ai prifss avec les échantillons
furies lieux fe font trouvés tellement d’accord
avec la defcription qu’ en adonnée M. Cordier,
qu’après avoir lu Ion Mémoire, je dois me di.'pen-
fer d'entrer dans de plus amples détails. A l’extrémité
du ravin, j’obfervai les lits décrits par ce
géologue, & compofés de trachytes décorapofés
pulvérulens, de porphyre, de leucoftine bafaltoïde
noirâtre, qui alternent enférable. Cette dernière
roche, d’ afpeét prifmatique, m'àvoit frappé par
fa reflemblance avec le bafalte, Le Mémoire de
M. Cordier a depuis rectifié cette erreur. Sur la
gauche du torrent, j'ai pu reconnoître, fous cette
couche prifmatique, la pépérinè blanchâtre, qui,
par fa reflemblance avec de la craie, en a fait
donner le nom à ce ravin. M. Cordier, & après
lui MM. Girardin & L e coq, ont donné le nom
de trajfoïte à cette roche. A cëtte pépérinè en
fuccède une autre très - dure, fur laquelle re pofe
le trachyte.
On conçoit qué ces alternances de débris pul-
yérulens oc de roches, qui affeéfept'une apparence
bafaîtique, produifent l’effet d’ une fuccef-
fion de bafalçes , de cendres et de tFaçhytes,
M. Cordier a démontré l’ utilité dont feroit l’exploitation
de la roche d'alunite mentionnée plus
haut&fubordonnée aux trachytes, pour en retirer
L’alun qui y abonde; le foufre en maffe, qui y
forme de petits points brillans d’un beau jaune ,
donne à fes échantillons un afpe£i fort agréable.
Après avoir gravi la roche d’alunite, on
monte fur un mammelon affez rapide, & l’on
arrive enfin fur Je pic de Sancy, fommet le plus
élevé de la France centrale, & dont la hauteur
mefurée par le favant Ramond, a été calculée
à 1,888 mètres, c’ est-à-dire, 52 mètres dè-plls
que le Plomb, dans la chaîne du Cantal. C e pic
eft terminé par une pyramide de 2 mètres de hauteur,
qui fupporte une croix, & dont la bafe qua-
drangulaire a 1 mètre 7 fur chaque face. La roche
qui conftittie le pict ou puy de Sancy, appelée aujourd’hui
le pic de la Croix, eft formée d’ un tra-
chyle grifâtre compacte.
La vallée d'Enfer eft entourée de rochers
décharnés compofés de trachyte globuleux ou d*ar-
gilophyre globaire d’une teinte verdâtre, & de
trachytes granitoide , grifâtre-poreux, violâtre-com-
paéle & noir, dont les fommets, amincis &
dégradés par le temps, forment fur les divers
points de la vallée, une efpèce de mur vertical
qui va s’ appuyer contre la bafe fur laquelle s’élève
le pic de Sancy. Ces roches font difpofées tout
autour de la vallée en pyramides & en aiguilles,
qui femblent prêtes à tomber, & en fommets qui
s'élèvent les uns furie s autres, en laiffmt dans
les intervalles de nombreux ravins dans lefquels
la neige feconferve toute l’ année. L’aridité de ce
lieu fauvage lui a valu le nom qu’ il porte : non
point qu’il préfente encore l’empreinte des feux
fouterrains; on y reconnoît plutôt l'aétion des
eaux, qui a contribué à dégrader toutes ces roches
, forties évidemmeent du fein de la terre.
Dans l’ îîe de S k y e , en Ecoffe, les montagnes
trachytiques atteignent près de 700 mètres de
hauteur. Leurs formes’, dit M. Boué, font arrondies
, maflives, peu agréables à l’oe i l , ou
bien ce font des cônes ob tus , fans aucune
protubérance & couverts de débris rougeâtres,
que la décompolïtion ne cefle de produire fur
, leurs flancs, & qui empêchent la végétation : les
vallées qui les féparent font étroites & de peu
d'étendue.
Les conglomérats trachytiques forment aufli, fuivant
leurs e fp èces , des montagnes diftin&es.
Les uns font compofés de blocs de trachytes plus
ou moins volumineux; d’autres de matières généralement
fcoriacées ; quelques - uns n’offrent que
des porphyres trachytiques & des porphyres molaires;
d’autres, enfin, font en grande paitie formés
de débris de ponce ou d’obfidienne, agrégés,
triturés ou altérés de diverfes manières. Tous
: rentrent dans les nombreufes efpèces que nous
avons décrites. Ceux qui font entièrement compofés
de trachytes forment de hautes montagnes,
prelque toujours très-rapprochés des montagnes
trachytiques; les autres, au contraire, n’offrent
que des collines peu élevées qui s’éloignent vers
les plaines, & qui. fouvent aufli rempliflent des
bas-fonds plus ou moins éloignés, plus ou moins
étendus.
Quelques îles de la Grèce peuvent donner
une idée des formes que lies conglomérats trachytiques
chytiques font, fufcepfiblès d’affe&er. Santorin,
Therajta & Afproni(i3 font composées de couches
confufes de conglomérats trachytiques, recouverts
de poncés ou de pumites légères agglomérées.
Depuis leur bafe jufqu’ à leur fommet, tout annonce
le réfultatdela deftruéiion & de la trituration même
du trachyte. Tout annonce aufli , comme nous le
prouverons plus bas, que ces conglomérats, ainfi
que les. maffes trachytiques dont ils tirent leur
origine, ont été. foulevés par une force qui avoit
fon point, d’appui dans les entrailles de la terre.
Milo diffère peu, dans fa ftruêture des trois îles
ci-deflus. Santorin, Thérafia & Afpronifi constituent
à elles trois, fuivant M. de Buch, un
vafte cratère d’où jamais aucune lave n’ a coulé ;
la roçhe qui le compofe eft coupée à pic dans
l'intérieur, & s’abaiife doucement à l’ extérieur
jusqu’ à la mer. Milo présente aufli un cratère,
mais ouvert du côté de l’est : fes pentes font, ef-
carpées vers l ’intérieur, & adoucies vers les
bords.
Près de l’ entrée de la vallée du Mont-Dor, on .
remarque, au-deffus du riiifleaude Prentegarde, une
brèche volcanique d’un blane-jaunâtre, tendre & '
friable, qui paroît être une*pépérine, fur laquelle
repofe une argilolite jaunâtre difposée par couches
horizontales, & au-deffus; une brèche volcanique
rougeâtre ( pépérinè rougeâtre). Sur ces dépôts
s’élèvent une trachyte. grisâtre & des bafaltes ,
d’où tombej d’une hauteur de plus de yç> pieds,
un ruiffeàu dont la chute eft connue fous le nom
de Cafcade de Quereilh. Ce bafanite compacte pè-
ridoteux3 fuivantJa nomenclature de M. Brongniart,
contient beaucoup d’amphibole, & forme, par les
nombreufes fentes qui le divifent du haut en bas,
des efpèces de ftrates inclinées de degrés. 11 eft
recouvert d’ un bafalte compaête. Au tournant du
bois, de Chanau, au nord-eft du faut de Prentegarde,
& fur le chemin de la Croix-Morand, on
remarque une argilçlite en lits horizontaux, fur laquelle
repofe un conglomérat ponceux, ou pour
mieux dire une pépérinè ponceufe. Ces deux roches
volcaniques contiennent de petites parcelles de fer
oligifte.
Terrains que traverfent ou que recouvrent les roches
trachytiques. Sur le nouveau continent, M. de Hum-
boldt a fait les obfervations fuivantes : les trachytes
noirs femi-vitreiix * fouvent colonnaires, du cône
enflammé de Tunguragua, appartenant au plateau
de Quito, repofént fur un mica-fchifte veraâtre, à
furface ftriéè & fôÿeufe § renfermant des grenats,
& reffemblant au mica-fchifte dès terrains appelés;
primitifs ; celui-ci eft fuperpofé à un granité lyéniti-
que, compoie de beaucoup de feldfpath verdâtre
lamelleux 6c à gros grains, de peu de quartz blanc,
de tables hexagones de mica noir, & de quelques
criftaux effilés d’amphibole. L’afpeét ftéatiteux
de ce granité, femble lui afligner une date pofté-
Géographie pkyfque. Tome K.
rieure aux plus anciens terrains à débris organiques.
Il en eft de même de ceux qui fupportent
les trachytes de l’ archipel des Canaries. Les trachytes
du vole m éteint de Tôlima femblent
fortir d’un granité poftérieur au gneifs de notre
férié pro^oiquey ceux du Baraguan 6c de Herveo fe
font fait jour à travers'des granités peut-être
plus récens que le mica-fchifte; le cône tracny-
tique de Coyambé eft entouré de mica-fchifte avec
épidote, & de granité abondant en mica brun 6c
jaune ; le trachyte femi-vitreux du volcan du
Puracé s’appuie fur une fyénite porphyrique fu-
perposée à un granité de transition, abondant
en mica.
Partons maintenant dans l ’ancien continent :
nous y verrons les trachytes fortir du milieu de
différentes roches contemporaines de celles qu’ils
! traverfent en Amérique. Dans la Hongrie, & particulièrement
aux environs de Schemnitz, les diverfes
efpèces de trachytes, quoique formant des
montagnes particulières, paroiffent être appuyées
directement fur des syénites 6c des diorites. Ces
dernières, d’après les obfervations de M- Beudant,
repofént dans les montagnes de Hochwiefen, fur
des ftéafehiftes, au milieu defquels fe trouvent
des calcaires grisâtres, & même fur des roches
de quartz fehifteux & de calcaire de tranfirion.
Aux environs de Kremnitz, des diorites por-
phyroïdes fupportent auffi des trachytes. Au pied
delbiontagnes d’Oftrosky, les roches trachytiques
repofent fur le mica-fchifte. Dans les vallées de
Glasshutte & d’ Eifenbach, près de Schemnitz,
ainfi que dans la contrée de Neufohl, les trachytes
emL loppent des montagnes de calcaire contemporain
des plus anciens débris organiques, &
dans la chaîne de Sieben-Gebirge, ils repofent fur
des mimophyres de la même époque.
En Silésie, la roche que M. Manès, ingénieur
‘des mines, défigne fous le nom de porphyre, &
qu’on peut regarder comme un trachyte, fe montre
aux environs de Landshut, de Liébau, de Men-
rod e, de Braunau, & c . , liée & fubordonnée
au même grès rouge.
En; France, dans le département du Puy-de-
Dôme , on voit d’une manière claire, dans quelques
localités , le granité fervir de bafe aux dépôts
de trachytes & de diorite.
Le Puy-Chopine montre le diorite fe faifant
jour à travers le granité ; mais dans la maffe de
cette montagne, intéreffante par le mélange des
roches, on voit fortir du granité, dans lequel j’ ai
remarqué deux variétés de diorite, un trachyte
qui a l ’afpeèt d’un bafalte, & un aphanite lydien.
Soit que ces roches alternent avec le granité , foit
qu’ elles fe foient fait jour à travers fes couches,
leur préfence fembleroit confirmer le foupçon que
nous avons manifefté ailleurs ( voy. article R o c m e s ) ,
que le granité d’Auvergne pourroit être d’ une
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