
cens. Ils appartiennent donc par leur âge & leur
pofition à fa fécondé époque. Au fud, on remarque
celui de B r é y j f e , près du bourg de Mo-
naftier. (PI. 45, où ce nom eft écrit Grand-Brejfe.)
C'eft le plus remarquable par fon élévation,
par l’étendue de fon cratère & par la quantité
de laves qu'il a verfées autour de lui. « Sa forme
a&uelle eft celle d ’un vafte plateau entouré à
l ’oueft, au fud & au nord de plufieurs monticules
qu'on peut regarder comme les derniers
reftes de fes bords j peut-être font-ils au fl! les-
produits d’éruptions particulières. Les deux plus
élevés font connus fous le nom de fucs de
Breyffe : tous font formés de fcories. Leurs débris
ont comblé peu à peu cet immenfe cratè
re , & l’ont converti en une plaine à peu près
horizontale. De ces flancs fe font échappés des
torrens de laves, dont les uns ont inondé au
fud-oueft les gorges de la Loire, & les autres
ont recouvert les plateaux environnans, particulièrement
ceux qui s'inclinent au nord-oueft vers
le puy. »> Au nord, on trouve encore d ’autres%,
volcans, dont les plus confidérables font ceux de
Saint - Geneix & des environs de Saint-Paulien.
Ainfi le lac de Saint-Paulien (p l. 44) occuperoit
la cratère d’un volcan de la fécondé époque de
M. Bertrand-Roux.
30. Les volcans du midi ou plutôt du fud-oueft
font, fuivant ce géologifte, les plus modernes.
« Ils forment, dit-il, fur la crête.& les pentes
occidentales, depuis Pradelles jufqu'auprès de-
F ix , une longue traînée d’éminences dont la
maffe paroît entièrement compofée de fcories.
D e nombreufes coulées ont été vomies à droite
& à gauche de cette ligne d3éruption. D’un côté
elles font defcendues jufqu'au fond des gorges
de l’Ailier : on en trouve les veftiges à Alleyras,
au Pont-de-Vabres, à Moniftrol-d’ Allier, à Sainte-
Marie-des-ChazeS, à Prades & à Saint-Arcons-
d’Allier. Elles ont dû long-temps obftruer le
cours de cette rivière, qui eft pourtant parvenue
à y creufer fon lit. Sur le verfant oppofé de
la chaîne, une immenfe nappe bafaltique s'appuie
doucement vers la Loire & la borne. Elle eft
coupée par quelques vallons, entre lefquels s’élèvent
çà & là des montagnes compofées de fcories :
nous diftinguerons entr’autres celles de T olob re,
d'Eycenac, de Vouvzac, de Crouftet, & c . » Le
lac du Bouchet, décrit plus haut, & la monta-
tagne de Bar, font, fuivant M. Bertrand-Roux,
les cratères les mieux confervés de cette époque
> les autres, qui font en très grand nombre,
font plus ou moins démantelés.
» Le cratère de Bar, près d’Allègre, dit-il, fe
préfente fous un tout autre afpeét que celui du
Bouchet. C e n’eft plus une fimple excavation
creufée au - deffous du niveau du fol environnant,
mais une montagne en forme de cône tronq
ué, ifolée au milieu des granités, fur lefquels
elle repofe, & dominant au loin tont ce qui l’environne.
Elle eft prefqu'entièrement compofée de
lapilli & de laves fcorifiées. Autour d'elle font
quelques débris des coulées forties de fes flancs.
Sa bafe a près de 6,000 mètres de circuit} fa
hauteur, au-deflus de Courbière, eft d'environ
2yo mètres. Au fommet eft un magnifique cratère
dont les bords, parfaitement confervés, offrent
vers le midi une feule échancrure. Il eft de forme
circulaiie : fon diamètre, mefuré d'un bord à
l'autre, eft de foo & quelques mètres} il en a environ
40 de profondeur : fon fond eft plane, horizontal
} le fol en eft un peu marécageux & couvert
de plantes aquatiques; tandis que l’amphithéâtre
, formé par les pentes intérieures autour
de cette efpèce d'arène, eft ombragé par une
belle forêt de hêtres qui s'étend aufli autour de
la montagne. Il eft certain, d’après la tradition
& l'infpeétion des lieux, qu'un lac couvrit autrefois
le fond de ce cratère : on voit encore, au milieu
de fon échancrure, la tranchée par laquelle
on fit écouler fes eaux, as
M. Bertrand-Roux a remarqué des différences
dans les déjeétions forties des cratères des trois
époques qu'il diftingue. Ainfi les anciens cratères
ont rejeté des fcories prefque toujours réduites
à l’état de tuf ou de pou\\olane [conforme,
poreufe ou terreufe : on y trouve des pyroxènes
noirs & de jolis criftaux rhomboïdaux de cha-
bafie blanche & tranfucide. Ces tufs font rougeâtres
ou jaunâtres, ainfi qu'on peut le voir dans
un amas confidérable de ces fubftances fitué tout
près du Mécène qui les a produites. Ils s 'y transforment'en
véritable brecciole ou pépérine qui
acquiert quelquefois allez de folidité pour être
exploitée comme pierre de taille. Les fcories iri-
térmédiaires & modernes diffèrent des précédentes
en ce que la fubftance effentielle qui les
diftingue eft le péridot : il s’y trouve en grains
ou en rognons. Les parties accidentelles que l'on
remarque dans ces fcoiies font l’amphibole & le
pyroxène, & quelquefois des fragmens de granité
& gneifs allez fouvent feorifiés ; enfin, de la
chaux carbonatée en aiguilles divergentes* ainfi
que d’autres fubftances plus ou moins rares. Les
maffes de ces fcories fe décompofent à Leur fur-
face & forment une terre rougeâtre qui devient
le fol cultivable. Au-deffous de. cette fuperfiçie
elles n'offrent aucun caractère de décompofition.
Revenons aux volcans du département du Puy-
de-Dôme} examinoris-les de nouveau,& voyons
comment leurs produits fe lient a des dépôts îaeuf-
tres & de tranfport.
Le féjour que je fis à Nefchers ..village fitué fur
la rive droite de la C ou fe , fut d'autant plus inté-
relfant que j'eus occafion d’y obferver. outre plu-
fieurs dépôts qui méritent d’être examinés , les di-
verfes époques de volcanifation qui viennent d'être
déterminées.
Le plateau qui s'élève fur la rive droite de
la Coufe, vis-à-vis de Nefchers, eft recouvert
par une coulée bafaltique B (pl. fupplém., fig.
IX ) , qui s'appuie, ainfi qu’on le voit en venant
de la plaine de Plauzat & en descendant au village
de Nefchers, fur un dépôt de tranfport A , renfermant
diverfes roches volcaniques & granitiques.
Parallèlement au bafalte, on voit Succéder
à celui-ci un dépôt de pépérine ponceufe P , qui
repofe aufli fur les cailloux roulés. Les ponces y
font belles & de moyenne grofîèur. Au-deflous
de ce terrain d’atterriffement alluvial on voit un
lit d'argile A , auquel fuccèdent les couches ci-
après :
C. Calcaire marneux jaune avec des dendrites
de manganèfe : il renferme des grains de quartz
& des parcelles de mica. C ’eft une forte de paf-
fage du calcaire au macigno.
Ici on voit fe fuccéder plufieurs roches à ciment
calcaire & tout-à-fait analogues aux macigno
s.
M. Roche compofée de quartz en grains de
diyerfes groffeurs : effayée par l’acide nitrique,
elle fait légèrement effervefcence. On y remarque
de petites parcelles! de mica : je l'aflîmile au
macigno folide de M. Brongniart.
m. Roche calcaire, à texture grenue, lâche,
fableufe, un peu friable, répandant une odeur
argileufe lorsqu'elle eft humeétée. Elle renferme
d’autres petits fragmens de la même nature, mais
tantôt jaunâtres & tantôt blanchâtres : le mica
s’y obfèrve aufli. D'après ces caiaétères principaux,
il eft difficile de ne pas la regarder comme
un macigno mollajfe.
m1. Roche calcaire à grains plus fins que la
précédente, renfermant un peu moins de mica
& paroiflant ne pas pouvoir être Séparé du macigno
mollajfe. On y remarque les empreintes &
les moules d'une petite coquille que je n’ai pu
voir qu'en fragmens, & dont il eft impoflible de
déterminer le genre.
ma. Calcaire compa&é, un peu marneux, à
grains plus fins que la précédente, affez fiiieux
pour rayer le verre, & renfermant aufli de très-
petites parcelles de mica.
Mm. Sable argilo-calcaire, micacé , folide, mais
d'une texture lâche & prefque friable. Cette
roche nous Semble être un véritable macigno
mollajfe.
Telles font les couches qui fe montrent fur
la gauche de la C ou fe , un peu au-defliis de
Nefchers ; en cet endroit, cette petite rivière coule
fur un dépôt volcanique L qui fe prolonge jufqu'au
bas du village, & qui eft évidemment poftérieur
au dépôt bafaltique du plateau d'Anciat dont
nous venons d'examiner les couches, puisqu'il
l’eft au creufement de la vallée que fillonne la
Coufe.
En defeendant cette rivière vers Beauve^eix,
on remarque, appuyées fur les maeignos, les
couches ci-après, que nous représentons vues de
face :
V . Vakite renfermant des fragmens de quartz &
de matières volcaniques, ainfi que des coquilles
terreftres & lacuftres, principalement Y hélix
cocquii, dénommé, décrit & figuré par M. Brongniart.
A'. Terrain de tranfport cailloux roulés, du
bafalte & des roches granitiques.
C . Calcaire compacte rempli de lymnées qui
paroît être d'une formation plus récente.
c. Calcaire concrétionné renfermant les mêmes
mollufques : il Semble être le réfultat de
la décompofition du lit précédent, par l’aétion
des eaux qui filtrent du plateau. Au-deflous de
la dernière couche il eft pulvérulent & laiffe libres
les lymnées qu'il renferme.
D. Argile compacte avec lignites.
Les terrains des bords de la C o u fe , aux environs
de Nefchers, font intéreffans parce que
l’ on y voit le calcaire repofer fur des maeignos
& alterner avec ceux-ci, difpofîtion que je n’avois
vue ni aux environs de Riom ni à Gergovia. La
coupe que je donne ic i, eft prife au-deflus du niveau
de la Coufe, depuis Champeix jufqu’à
Coufde. (Fig. IX. )
De Nefchers à Ifloîre, on remarque, au plateau
de Chadeleuf, une difpofition un peu différente
qu'à Nefchers même. Le macigno & le calcaire
Supportent bien un “terrain d’atterriflement ou de
tranfport analogue à celui du plateau d'Anciat ;
mais au-deflus repofe une pépérine qui, fur le dernier
plateau, eft adoffée au bafalte. A Chadeleuf,
le bafalte fe trouve bien à la vérité au-deflus de la
pépérine, mais il paroît en être Séparé par des
maeignos, comme li la coulée bafaltique avoit été
pouflée de bas en haut. C e bafalte eft fragmentaire.
La pépérine en queftion ne paroît pas être
de la même époque que celle d'Anciat, qui eft
au même niveau que le bafalte, tandis qu'ici le
bafalte eft placé plus haut que la pépérine. C ’eft
ce que l’on voit plus diftin&ement au plateau de
Perrier. M. Jobert, qui l’a encore examiné d e puis
nous, a reconnu que ce bafalte, placé au
milieu de la pépérine, s'appuie fur le calcaire,
& qu'il eft de la même époque que celui d'Anciat
& poftérieur à celui de Pardines, c'eft-à-dire
qu'il appartient à la troifième époque.
En fuivant la direction du fud, ce plateau offre
au-deflus de celui de Chadeleuf deux amas adof-
fés l ’un à l'autre : le plus Septentrional eft un dépôt
bafaltique. Ici l'élévation de ce dépôt, difpofé
comme fur le plateau d'Anciat, annonce évidemment
une date plus ancienne; contre ce dépôt
s’appuie un amas de pépérine qui defeend fur les
flancs du plateau. Il repofe fur une couche de
fable & de cailloux roulés bafaltiques & granitiques
dont on mefure facilement la puiffance en
defeendant à l'eft le ravin des Etouaires. Les cou