
l’Amou-Deria, fur le verfant occidental des montagnes
d’où defcendent ces deux fleuves. La
nation boukhare eft une réunion d'Ouzbèks, de
Tadjiks , de Turcomans, à* Arabes , de Kalmouks,
de Kirghi^ , de Cara-Calpacks, d ’ Afghans} de
Ltsgh.^, de Juifs èc de Bohémiens , formant une
population de 2,478,000 individus, composée
de 1,500,000 O uzb cks , de 6 >0,000 Tadjiks,
de 207,000 Turcomans. Le refte de la nation eft
un affemblage de tous les autres peuples que
nous venons de nommer. Nous ne traiterons que
des trois plus importantes.
Ouzbèks. Ces Tartares , ou Tatars de la Cnmée
fe dé lignent ainfi du nom de leur khan Usbek, ou
Ouzb èk3 qui monta fur le trône en 1314, & qui
leur fit abandonner pour le mahométifine le culte
qu’ils vouoient au feu. Ms occupent la partie fupé-
rieure de IaTartarie. Suivant Forfter, ils ont beaucoup
de rapports avec les Chinois & les Malais.
Venus originairement des environs dJ Aftracan j ils
fe partagent en plulieurs tribus , dont quelques-unes
lont nomades & les autres habitent les villes &
les villages de la Boukhavie. Ces hommes font
d’une taille moyenne ; leur peau eft très-brune,
leurs cheveux font noirs, leurs fourciis épais,
leurs yeux longs & très-fendus, le nez très-peu
courbé & le vifage o v a le ; ils préfentent un mé^
lange de la phyfionomie des Tatars & de celle
des Kalmouks. Conquérant de cette contrée,
l’Ouzbek eft guerrier, fier de fon origine turque
& rempli d’arrogance. Trompeur, rampant, avide
& mahométan fuperftitieux, mais aétif & intelligen
t, il paroît foit fufceptible de civilifation.
Tadjiks. Ils fe regardent comme aborigènes
de la Boukharie ; ils ont, dit le colonel G. Meyen-
doiff, la taille ramalfée, les cheveux noirs, les
traits européens, un beau teint, beaucoup moins
brun que celui des Perfans. « La phyfionomie du
** T ad jik , ajoute-t-il, exprime toujours la dou-
» ceur & le calme le plus parfait. Ainfi, quoi-
» qu’il foit eftentiellement faux, fripon & avide ,
» on le luppofe b on , honnête & obligeant. La
” foif de l ’or étouffe en lui tout fentiment
» d’humanité; après les Arabes boukhares, les
*• Tadjiks font les maîtres les plus impitoyables
•» pour leurs eiclaves. Us font d’aiileurs adtifs &
» laborieux , & ont beaucoup d’ intelligence pour
M les affaires; ils font marchands, artifans & cul-
« tivateurs; la vie nomade n’ a aucun charme pour
»' eux. La plupart fàvent lire & écrire, & , à
» l'exception du c le rgé, ils forment la claflè la
» plus pvilifëe de la nation boukhare. Un homme
** inftruit en parloit en ces termes : Les Tadjiks !
« habitent la Boukharie depuis le fiêcle d’LkanUer
« fans avoir jamais eu de chef choifi parmi eux : ils
» jiefavent qu obéir. Leur pufillanimité va fi loin ,
» qu'un Tadjik attaqué au milieu des fiens par
» un feul étranger, ne trouve jamais un défenfeur
» parmi ceux qui l ’entourent. »
Bafchkirs. Les contrées qu’ arrofe T©lirai font
habitées par des Tartares, dont la tribu la plus
remarquable par fes caraétères phyfiques, eft celle
des Bafchkirs. I.eur phyfionomie fe rapproche
beaucoup de celle des Kalmouks ; ils font robuftes
& a&ifs. La vie de pafteurs , qu’ ils mènent généralement
, contribue à entretenir chez eux les ha-
bitudes guerrières; cependant ils s’adonnent avec
foin à l ’entretien des abeiiles, qui, avec leurs
chevaux & leurs beftiaux , forment toutes leurs
richeflfes. Leur religion eft le mahométilme mêlé
de pratiques fuperftitieufes & d'une forte de
culte qu’ ils adreffent au foleil.
Leur population s’élève à [40,000 individus.
Géorgiens. Ce peuple habite le baflin que traverse
le fleuve du Kdr. Indigène du Caucafe, il
eft remarquable par la régularité de fes traits par
fa taille bien proportionnée , par fa dextérité date
les différens exercices du corps, & même par fes
facultés intellectuelles , qui le rendent fufceptible
d’un haut degré de civi’ifation Si ce peuple
éto it, par fes relations politiques, par fon indépendance,
ou par 1 influence d’ un gouvernement
fige , placé de manière à profiter des lumières de
l’ Furope, nul doute qu’il ne fe faffe remarquer
par fes progrès intellectuels, & qu’ il n’acquière
plus de politeffe & d inftrudtion qu’il n’en montra
vers le douzième fiècle. Habitant fous un des plus
beaux climats de la terre, où le fol produit en
abondance toutes les chofes néceffaires à la v ie ,
il pourroit profiter des richeflfes qu’ il lui offre;
tandis que l’efpèce de barbarie dans laquelle il eft
plongé, l’ empêche de tirer parti de la fertilité de
fes terres, & ne fait que l’entretenir dans fon in-
fôuciante pareffe.,
La langue qu’il parle diffère de toutes les langues
connues.
Sa population s’ élève à environ 200,000 indigènes.
Imérétiens. Ce peuple, voifin des Géorgiens,
parle un dialeCtede leur langue. Quoique plus in-
dolens que les Géorgiens, & fournis a l’influence
d’ un climat moins tempéré, les Imérétiens pa-
roiffent fufceptibles de civilifation. M. Maltebrun
dit qu’ils mettent fur pied 5000 guerriers, ce qui
annonceront une population d’environ 6o,oco ha-
bitans.
Guriens. Peu nombreux, ils habitent les bords
de la Mer-Noire, au fud du Phafis. Quoique
leur contrée foit faine & fertile , l’état d’op-
preflîon dans' lequel ils font plongés , ne permet
point de faire ici aucune réflexion fur leurs qualités
phyfiques & intellectuelles.
Ming relien s. Livré au plus affreux defpotifmc.,
à l’ ignorance & à la fuperfttion la plus honteule ,
ce peuple, connu des Anciens fous le nom de
Colchiens, n’eft plus remarquable que par fa mi-
fère.
Suaves. Habitant des dernières fommités du
Caucafe, ce peuple, quoique libre, eft livré à la
plus affreufe barbarie. Sale, voleur, guerrier,-
robufte & adroit, il fe fait craindre de fes voi-
fins par fon brigandage. Il ne craint point l’agref-
fion de fes ennemis lorfqu’il eft retiré dans fes
montagnes prefqu’inacceffibles. Sans, prince ni
fans chefs, il ne fe compofe que de jc c o familles ;
ce qui ne peut faire évaluer fa population qu’à
environ 2o;ooo individus.
Kachemiriens. Ce peuple, qui habite fous le
54e. degré de latitude, peut paner, félon Forfter,
pour une belle nation. Les Kachemiriens font
braves, vifs , gais & bien faits ; leurs femmes font
belles & d’une taille avantageufe. Oh les dit
extrêmement fécondes, & Forfter prétend, peut-
être avec rai-fon, que la caufe en eft dans leur
nourriture, car ce peuple eft ichtyophage.
Les moeurs des Kachemiriens font les plus corrompues
& les plus vicieufes de celles de tous les
peuples de l’ Inde. Alfervis au joug des Afghans,
ii faut attribuer leur dépravation à d’ autres caufes
qu’à celles qu’enfante la fervitude.
^ Ils ont une langue particulière, qui paroît dériver
de l’ancien fanskrit.
Abajfes ou Abafgiens. Ces peuples habitent une
contrée fituée au pied du Caucafe , &: qui fe prolongeant
vers le fleuve Kouban, s'étend jufque
fur les bords de la Mer-Noiie. Ils font, dit Malte*
t>run, bien faits, endurcis & agiles. Un vifage
ovale, une tête comprimée fur les côtés, un menton
court, un grand ne£ , des cheveux d’un châtain foncé,
leur donnent, ajoute-t-il, une phyfionomie nationale
très-remarquable.
Leur langue e f t , fuivant Guldenftedty femblable
à celle des Circaffiens, & , félon Pallas, elle ne
reffemble à aucune langue connue. Barbares &
adonnés à la rapine , ils fe divifent en fix tribus,
dont l ’une d’elles, connue fous le nom deSchap-
fich, choifit pour chef celui qui s’eft acquis le plus
grand renom par fes brigandages.
Leur population peut être évaluée à environ
6o,coo individus.
Circaffiens. Situés fur le verfant feptentrional
du Caucafe, & dans la vallée que traverfe le
Terek , ces peuples fe divifent en quatre tribus
principales ; nous ne donnerons ici que leurs
caractères communs. Us font renommes par leur
beauté, leur haute ftature & leur grâce. Leurs
femmes, plus célèbres encore, font recherchées
pour les plaifirs des harems chez tous les Orientaux.
Leur langue eft peu connue & leur efprit eft
fans culture. Ils entendent même fi peu leurs intérêts,
qu’ ils négligent de tirer parti d ’un fol
riche & fertile.
Chez eux la population fe partage entre ceux
qui naifîent nobles & ceux qui nailfent efclaves.
Leur nombre total peut s’élever à environ 50,000
individus.
Bafians. Habitans des montagnes arides & couvertes
de neige du Caucafe, ces peuples font, dit
Maltebrun, un mélange de Bulgares, de G recs,
de Kalmouks, de Ktimucks, de Nognïs & de
Mongols. Ils font divifés en trois tribus : les
Tfchégems, les Balkars & les Karatfchas , q u i,
pourfuivis par les Circaffiens, fe font réfugiés
dans le s montagnes qu’ ils habitent. Ces peuples
font cultivateurs & pafteurs ; ils s’ occupent aufll
de {’extraction des mines de plomb de leurs montagnes.
Ainfi l’ on peut conclure de ces occupations
qu'ils ne font pas dépourvus de difpofitions pour
les lumières de la civilifation.
Ojfetes. Ces peuples compofe ht piufieurs tribus.
Leur cheveux font châtains {V leur barbe eft
rouffe. Leur langage tient de l’allemand , de l’ef-
clavon & du perfan. Us occupent les terres fituées
encre les fources du Terek & les branches fep-
tentrionales du Kur.
Simples dans leurs moeurs, leur ehriftianifme
femble avoir confervé des fêtes qui ont quelques
rapports avec celles des tabernacles chez les Juifs.
K. ifi es.- C e peuple fe divife en quatre tribus : les
Jngoufches, les Tchetcheut\es, k s Karaboulaks &
les Tufches, qui parlent une langue particulière &
inconnue, mais qui paroît être un refte de celle
des Alains. Ils font robuftes & guerriers; leurs
moeurs font farouches & fauvages ; leur religion ,
remplie de cérémonies luperUitieufes, renferme
piufieurs pratiques du chtiftianiime.
Kalmouks.Ces Tartares, qui habitent les bords
de la mer Cafpienne , & tout le terrain fitué
entre Saratoff & le grand defert de Beriket d’ un
côté , ainfi que la partie qui s’étend au fud de
l’Y a ïk , jufqu’d la rivière d’V ambo , ont beaucoup
de reffcmblance avec les Chinois , mais leurs traits
font plus groffiers ; la parrie fupéiieure de leur
nez gros & épaté , s’élève à peine en faillie fur
leur vifage. Ils fupportent avec la plus grande facilité
les intempéries de l atmofphère & les alternatives
du chaud & du froid. l!s fe.nourriflent de
poiffon cru & de charognes de cheval, de chameau
, ou du boeuf.
Ce peuple occcupe une contrée auffi vafte que
le fol de la France réuni a celui de l'Efpagne
à celui de l ’Italie. Quoique fous la même latitude,
cette contrée élevee eft froide.
Le Kaimouk eft petic, ou du moins d’ une taille
très-médiocre, mais bien prife & bien proportionnée.
11 a les yeux obliques dans la diredtion
du front vers le nez ; les fourcils noirs, le nez
écrafé , les os de la joue faillans , le vifage arron
d i, les oreilles grandes, très-détachées d elà
tête & rabattues en avant. U a les dents blanches,
les mouftaches longues, la barbe rare , & la
peau d’ un blanc-jaunâtre. Ils font divifés ea
piufieurs tribus nomades ; cependant ils comptent
quelques villes habitées par eux & par des Chinois.
Les Kalmouks ne font pas fans induftrie; ils
aiment les chants & la poéfte; ils ont un goût
prononcé pour la fociété de leurs compatriotes ;
mais la vie ‘errante a pour eux tant de charmes ,