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par des éruptions qui ont rejeté la matière liquide
en foule van t la dernière pellicule du fo l, & en
recouvrant l'ouverture qui fervoit à leur iffue.
En examinant dans tous les fens le Puy de Crouel,
il me fut facile de reconnoître, en effet, que
cette montagne ne pouvoir pas ê tre , comme on
l'avoit c ru , un produit d’alluvions, mais plutôt:
tme forte d'éruption boueufe. Quelques mots fur
fa conformation fuffiront pour le prouver.
Elle est formée de wakite, ayant l’afpeét d'une
brèche; dans laquelle fe trouvent intercalées des
couches calcaires, comme pour prouver q u e ‘là
tout a été foulevé par l'éruption boueufe j' la
plupart des couches font inclinées de 30 degrés^
&r quelquefois plus, dans la direction de l'extérieur
■ de la montagne vers le centre. Dans la wakite, on
voit çà & là des rognons calcaires vers le^fud, &
près du fommet, on remarque des couches de
calcaire compacte qui paroiifent appartenir à la
partie, fupérieure du calcaire des environs. Enfin ,
à mi-côte, du côté du fud-oueft, le calcaire & la
wakite paroiffenc fi évidemment être fortis de, bas
en haut, que leurs couches font prefque verticales.
Nous.donnons la co.upe d'une partie de cette montagne,
pour mieux faire comprendre cette difpofition
générale,(fig. V ) .
La wakite du Puy de Crouel fuinte du piffa-
fphalte & contient des concrétions calçédonieufes
blanchâtres ou colorées. C e qui m’étonna, !a fécondé
fois que je vis. cette montagne, ce fut de
trouver à fon pied un .morceau de bois filicifié
blanchâtre , dont je n’ai pu reconnoître le véritable
gilTement, qui probablement eft le calcaire.
Il eft à remarquer que les couches de wakites T
e t celles de calcaire ,C , font moins inclinées vers
la bafe de la montagne que vers le haut } ce qui
annonce-encore l’effet du foulèvement, car, à la
furface du terrain foulevé, la force agiflant fur
un plus grand diamètre, l’inclinaifon dut y être
moins grande que vers le fommet, où la force
agifioit fur un plus petit diamètre. Les couches
calcaires font auflî plus minces en haut qu'en bas,
parce q u e , dans l'éruption qui caufa le fotrlève-
ment, la réfiftance étoit'plus grande à la bafe
actuelle de la montagne, tandis que les couches
calcaires fupérieures font les relies des lits les
plus fuperficiéls, que la wakite divifoit, mor-
celoit & foulevoit en fe répandant entre chacune
d'elles. Les lambeaux de calcaire & de wakite
placés prefque verticalement, à mi-côre, & près
de la bafe du p u y , fufKfent pour attefter qpcore
l’effort que la matière volcanique boueufe fit pour
rompre le dépôt calcaire. Enfin, lorfqtfe cette
montagne sleit .formée, les couches calcaires
devoienç être confolidées j fans c e la , on jie les
verroit point foulevées juique vers fa cime.
A un quart de lieue au nord-eft du Puy de
Crouel, le Puy de la Peje, ou de la Poix 3
confirme fur une très-petite échelle l’origine
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qu’on eft porté à affigner au Puy de Crouel,
c 'e ft-à -d ire le réfultat d'un effort de la matière
volcanique, pouffée de bas en haut i mais il
en diffère fous plufieurs rapports qui ne font point
fans intérêt. D’abord, il paroît que la roche
n'étoît point entièrement confolidée quand la
wakite a recouvert fes couches, puifque le calcaire
eft altéré par le bitume & que la wakite
eft imprégnée de calcaire. Les fiffures font remplies
de chaux cârbonatée }: dans les fentes de la
partie la plus tendre , le calcaire a , pour ainfi dire,
fuinté, & y a formé une multitude de petits
rhomboïdes de fpath calcaire.
Cette wakite eft d'un brun-noirâtre : on pour-
roit la furnommer brêckiforme bitumineufe. Elle contient
des criftaux de pyroxène. Le piflafphalte
s’échappe par les fiffures & les pores de la roche,
qui paffe à diverfes nuances, telles que le noirâtre,
le brun foncé & le grifâtre. Dans quelques
parties de ce monticule, elle renferme, outre
le pyroxène, des fragmens de fcories~& de laves
bafaltiques poreufes, qui lui donnent l'apparence
d’une pépérine grifâtre. Dans ces deux
variétés d’un même dépôt, on remarqué de petites
concrétions de calcédoines comme au Puy de
Crouel.
C ’eft du milieu de ces roches qqe fort le cal-
'caire : il eft compa&e, brunâtre & légèrement
filicèux, il renferme de très-petites o: très-rares
lamelles fpathiques, mais l’ odeur bitumineüfe
qu'il produit par le choc le fait rentrer dans ies
variétés de calcaires bkumineux.
Il femble que le Puy de la Poix a , depuis la
formation des roches qui le compofent, fubr
une commotion, un foulèvement peut-être contemporain
de celui qui forma le Puy de Crouel,
qui^ônt changé les difpofitions de fes couches,
qui, d ’horizontales, font devenues inclinées. Mais
malgré cette difpofition, on voit bien que le dépôt
volcanique a recouvert le calcaire. Au pied
de ce petit puy, le piflafphalte, mêlé à Peau,
coule de fes fentes & fe réunit à fes pieds. La
fourcê la plus baffe laiffe échapper de nombreufes
bulles de gaz hydrogène.
L a. montagne de Gergovia offre encore un
exemple de l’intercalation du bafalte au milieu
d’autres roches, & du foulèvement opéré
par cette difpofition. La cime de cette m.Qftr
tagne , é le v é e , à fon extrémité orientale,
de mètres, à l’extrémité oppofée de 761,
et dans fa partie fud-eft de 726 , paroît être la
continuation du Puy-Girou , qui s 'élève, vers le
fud oueft; à 851 mètres, & dont elle faifoit partie
avant le çreufement des vallées calcaires de l’Auvergne.
Gergovia; examinée depuis fon fommet
jufqu'à fa bafe, nous a préfenté les couches
fuivantes :
i° . Bafanitss de diverfes variétés. On y remarque
de petits prifmes de bafanite compa&e
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de différentes formes. J'en ai ramaffé des fragmens
à 4 pans, & des pyramides à 3 & à 4 faces. Ces
bafanites renferment du feld-fpath j les uns font
péridoteux, les autres variolitiques, contenant de
la chaux & dé la méfotype i d’autres font compares
pyroxéneux.
2°. Argile.
30. Marne calcaire, blanchâtre, tendre, friable
& Affile.
40. Marne calcaire, caverneufe, contenant de
très-petites paillettes de fer oligifte & couvert de
dendrites de manganèfe.
j° . Argile noirâtre, douce au toucher, & fe
fondant au chalumeau.
. 6°. Marne calcaire grifâtre, chargée de manganèfe
oxydé à l'extérieur, & de dendrites à l’intérieur.
7 a. Wake légèrement calcaire renfermant de
petites parcellés de quartz, qui lui donnent un
afpeâ: grenu, brillant, & le fait rayer le verre j
elle eft en petites couches horizontales , dont
les lits ont environ un pouce d'épaiffeur. Sous
l’apparence d’un macigno, elle paroît devoir être
aflimilée aux wakes des terrains trappéens.
8°. Marne calcaire compacte, blanchâtre, à
calibre un peu conchoïde, renfermant très-
peu de petits points quartzeux. Elle forme une
couche fortant de le brecciole ci-deflous, qui
femble l'avoir entraînée en coulant.
90. Wake grenue, formée de nodules argileux
& calcaires réunis par un ciment argilo-calcaire.
10°. Brecciole variée, compofée de petits fragmens
de wake, de pechfiein , & d’autres roches qui
femblent avoir été remaniées par les eaux, & réunies
par un ciment calcaire, ou bien être le réfultat
d’une éruption boueufe. Elle eft divifée en
plufieurs couches, qui varient du jaunâtre au blanc-
grifatre.
Bafalte compacte, en fragmens, fortant de ces
breccioles, avec lefquelles il fe lie en quelques endroits
fi intimément, qu’on ne peut voir le
point de réparation. Il devient alors fortement
calcarifère 6c poreux. On diroit qu’il a coulé
au milieu de leur banc, & qu’il en a dérangé
l’horizontalité } car les couches de ces breccioles
font tourmentées. Nous avons remarqué que fous
ces maffes de bafalte & de brecciole, le calcaire
avoit fléchi, que leurs couches s’arrondiffent en
baffins fur tous les points où il eft en contaét avec
ces deux fortes de dépôts, furtout fi ceux-ci font
en grandes maffes. On voit les couches calcaires
reprendre fur les côtés leur horizontalité, ce qui
nous a paru annoncer que le bafalte avoit coulé
pendant que ce calcaire étoit encore à l’état de
molléffe, & peut-être même fous les eaux. Plus
bas alors la courbure difparoît infenfiblement.
1 1°. Couches de calcaire lacuftre. Il eft impof-
fible de les énumérer tant elles font nombreufes,
& d’ailleurs les1 ravins qui en laiffent voir la coupe
Géographierphyfique. Tome. V ,
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ne permettent pas de s'approcher affez pour pouvoir
bien les examiner. (J’eft dans ces couches
que l’on trouve un lit de brecciole variée, le calcaire
àa friganes j ou renfermant des traces de
Yindufia tabulât a de B ofc , une marne couverte
de concrétions calcaires, un calcaire marneux noirâtre
compacte, des calcaires compactes, un
calcaire marneux compacte ftratiforme, couvert
de petites impreffions végétales, une couche de
marne renfermant des petits points de fer oxydé
entourés d'une zone rougeâtre, & quelques-uns
des petits cruftucés foffiles que M. Defmareft a
nommés cypris fabay & enfin, dans les lits inférieurs,
des petits corps organifés qui ne font que
des fragmens de chara recouverts par des concrétions
calcaires confervant le moule de ces débris,
qui ont enfuite difparu. Ils font cylindriques,
alongés comme des petites tiges, et creux} on y
voit même des graines de la même plante.
On trouve auifi dans les couches fupérieures
'de ce calcaire marneux, des filex réfînite, qui
femblent s'y être formés par l’aétion de quelques
eaux minérales, comme à la fource du Mont-
Dor, un grand nombre à*hélix, parmi lefquelles
les hélix Ramondi font affez nombreufes dans la
partie moyenne & inférieure, ainfi que des offe-
mens de mammifères. Le calcaire marneux & les
marnes alternent} les couches du premier ne dé-
paffent pas l'épaiffeur d’ un mètre. Les lits argileux
placés au fommet de Gergovia fous le dépôt
bafaltique, pourroient bien n’être que le réfultat
de la aécompofition du bafalte. C'eft au-deffus
de la brecciole que l'on trouve les filex dans
le calcaire.
Il eft inutile de donner une figure de la coupe
que préfente la montagne de Gergovia pour
prouver que le bafalte n’y eft difpofé comme
nous venons de le faire vo ir , que parce qu’il
eft forti du fein de la terre &: s’eft fait jour par
le flanc de la montagne à travers la brecciole Ôc
les wakes, & par fon fommet à travers le calcaire 3
qu’ au moment de fon paffage, la chaleur dont
il étoit doué a altéré la texture du calcaire
d’une manière même très-remarquable. Nous
ne pouvons donner une idée plus exa&e de cette
altération qu’en citant la defeription qu’en faite,
dans un Mémoire publié en 1830, M. Dufrenoy,
qui examinoit à la même époque que nous, l’in-
téreffante localité de Gergovia.
« Le calcaire, dit-il, en contatt avec le bafalte
enclavé dans le terrain tertiaire, préfente
une çirconllançe remarquable, facile à obferver
dans le premier ravin} ce calcaire eft compofé
de petits criftaux en rhomboïdes aigus, ifolés
les uns des autres, et fe défagrégeant facilement
entre les doigts. C e s petits crinaux font diffé-
minés dans une pâte argileufe, & forment plutôt
par leur enfemble un réfeau qu'une malle grenue }
oq diroit que l’attion qui a donné cette ftruéture
au calcaire marneux a ifolé ce calcaire de
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