
Il arrive encore quelquefois q u e , fans alterner
mutuellement, les dépôts marins & fluviatiles
fe montrent fur le même horizon géognoitique,
comme adoffés les uns aux autres dans des badins
contigus. Ainlï, dans l'un des badins, il n’exifte
que des dépôts marins, & dans l'autre uniquement
d s dépôts fluviatiles : les badins de Montpellier
& de Montferrier, ainfi que ceux de Pé-
zenas & de R ié g e , préfentent cette circonftance
remarquable, qui prouve, avec tant d'autres, la
fîmultanéité de ces dépôts. D'un autre c ô té , certains
badins tertiaires fort rapprochés préfentent
cette particularité, d'être edentiellement com-
pofés de dépôts marins (c'eft ordinairement les
plusvoifins des mers atShielles) St de dépôtsfluvia-
tiles ou lacudres ( les plus diltans de ces mêmes
mers) , St d'être féparés entr’ eux par des badins
dont les formations font beaucoup plus anciennes
Ainfi, par exemple, le badin de Montpellier
appartient edentiellement aux dépôts tertiaires
marins qui, à l'oued, s'étendent julqu'à la montée
de Saint-George 8e de Couvpouiran, pendant
l'efpace d’environ trois lieues Se demie depuis la
Méditerranée. Lorfqu'on a franchi la colline de
Courpouiran, l ’on entre dans un autre badin entièrement
compofé par des calcaires fecondaires
pendant l'efpace d'environ une demi-lieue ; mais Fe badin qui fuccède au premier ed occupé dans
toute fa partie inférieure par des formations d'eau
douce. Ces formations y font caraâériféis par
des calcaires caverneux qui furmontent des calcaires
fédimentaires ou tu f s , lefquels recouvrent
des calcaires compaftes fluviatiles., quelque-uns
chargés de Paludines, de Lymnées & de Planorbes,
calcaires avec lefquels alternent des lignites très-
altérés. D'après cette difpofition, du relie fréquente
dans les badins tertiaires dépendant de la
Méditerranée , les dépôts marins femblent principalement
accumulés dans les points les plus
rapprochés de cette me r , tandis que les dépôts
lacudres Sc fluviatiles, edentiellement didéminés
dans les bas fonds, font fouvent féparés des premiers,
lorfque les terrains fecondaires ont atteint
une grande élévation 8c un certain développement.
Ainfi, plus que toutes autres, les formations
tertiaires font edentiellement morcelées 8c
interrompues par des formations d'une date plus
ancienne. Le premier exemple que nous citerons
de l'alternance entre les dépôts marins 8c fluvia-
tile s , nous ed fourni par une coupe qui exide
auprès du village de C aux , dans les environs de
Pézenas (Hérault). Cette coupe, faite dans le
Jes plus habiles obfcrvateurs, rels que MM. Confiant Pré-
Yoft, Boue, Beudant, Feruflac, Desnoyers et la Jonkaire.
y o y t \ principalement le Bulletin des fc ien c e s , année 1820,
pag. 58. — J 821, pag. i3 3 . — 1822, pag. 9. — i 8a3 ,
pag. 104. — Er les travaux de M. Boue insérés dans le
Journal de P ty fiq u c et les Annales des Sciences naturelles.
but d’obtenir des pierres calcaires propres à la
confection de la chaux, & nommée dans le pays
four a chaux de Caux, préfente une fucceflion de
couches marines & d’eau douce, propres à fixer
la pofition du banc marin pierreux Tupérieur, auquel
nous avons donné le nom de calcaire moellon.
( v W fig- 4-) , - |§. ,
Au-deffotts de la terre végétale , dont 1 epail-
feur eft d’environ 70 millimètres, l’on découvre
le calcaire moellon lableux 8c quelquefois marneux
, avec les fofiîles qui le caraétérifent. Les
principaux genres que l’ on ,y obferve, fe rap-
portent aux Strombus} Turbo, Venus > Cythefea, L/;-
cina , Donax 3 Teilina, Anomia, Mytilus & Oflrea.
, Ces diverfes coquilles, à l’exception des Anomia
& des Oftrea, ont toutes perdu leur têt; leur pré -
fence n’eft fignalée que par leurs moules intérieurs
, convertis en calc aire moellon fableux ou
marneux, fuivant que ces moules fe trouvent dans
les couches fupérieures ou inférieures- Le calcaire
moellon du four à chaux de Caux , près Pézenas ,
d’abord extrêmement fableux dans les couches
les plus fupérieures, devient peu à peu marneux,
à mefure qu’il fe rapproche des marnes qu’ il re couvre.
L’ épaiffeur de ce premier banc pierreux
eft d’environ 1 mèt. à 1 mèt 40 cent. >
A ce calcaire fuccède une marne jaunâtre, cal-
carifere, quelquefois feuilletée, renfermant des
huîtres d’une moyenne grandeur, dont les valves
ne font jamais en connexion. Ces huîtres, dont
le têt eft confervé, ne font pas aflez entières
pour pouvoir en déterminer les efpèces ; la plus
commune fe rapproche affez de l’ OJirea edulina de
Lamarck. Cette marne, évidemment marine, contient
pourtant des moules de la même efpèce
cY Hélix, c’eft-à-dire de Y Hélix Reboulii de M. A.
Leufroy, qui caraétérife effentiellement le calcaire
d’ eau douce qui la furmonte. Le dépôt de ces’
marnes marines a du être fîmultané avec celui du
calcaire d’eau douce qu’elles ont recouvert, puisque
leur pâte eft fouvent mêlée à celle de ce calcaire.
Le mélange eft d’autant plus aifé à recon-
noître, que la couleur des marnes eft différente
de celle au calcaire ; en effet, les premières font
jaunâtres, tandis que le calcaire eft blanc i d’ailleurs,
leur texture eft tellement différente, que
lors même que leurs nuances feroient les mêmes,
on ne pourroit les confondre. La puiflance de
cette marne marine, malgré les Hélix qu’elle préfente
dans la partie la plus inférieure de fes
couches, eft de 1 mèt. à 1 mèt. 50 cent.
Au-deflous de ces couches marines, qui fe rattachent
aux terrains marins fupérieurs, paroît le
dépôt fluviatile. C e dépôt eft caraétérifé par un
calcaire d’eau d ou ce, tantôt blanc, compacte,
fonore, à caffure vive & unie, avec infiltrations
fpathiques 8c quelques Hélices dont le têt eft parfois
changé er. fpath calcaire; tantôtgrifâtre, marneux
& renfermant toujours Y Hélix Reboulii. Ce
I calcaire d’eau douce marneux fe montre généralement
plus rapproché des marnes marines qui
lui font fupérieures, que le calcaire compare à
infiltrations fpathiques- C e dernier occupe principalement
les parties.'les plus inférieures dufyf-
tème d ’eau douce» que les exploitations ont mis
à découvert près de Caux. Cependant, dans phi-
fieurs points, le calcaire d’eau douce marneifx fe
montre mêlé au calcaire compacte, qui eft employé
à la fabrication de la chaux. La puiftance
du fyftème d’eau douce mis à découvert pour les
exploitations, eft de 5 à 4 mètres: quoique cette
coupe n’embraffe qu’ une puiflance d’ environ 7
mètres, elle n’ en prouve pas moins, comme
toutes celles que nous joignons à ce travail
que le calcaire moellon furmonte parfois les dépôts
fluviatiles qui fe rapportent au deuxième‘terrain
d’eau douce du baflin de Paris, 8c par confé-
quent, qu’il exifte un banc pierreux dans la partie
du dépôt marin où on avait cru qu’il n’exiftoit que
des fables, des marne(s & des filex meulières. Les
Hélix du terrain d’èau douee moyen confervent
rarement leur têt | on n’en voit le plus ordinairement
que le moule intérieur. L’ün^de ces efpèces
fe rapproche affez de l’ Helicogena mùralis de Fe-
rufiac, loit par fa taille, foit par fes tours de
fpire. Nous difons qu’elle en eft voifine, mais non
femb'able ; car l’ efpèce foflile diffère de 1 efpèce
vivante, d’abord par la forme de la bouche q ui,
dans la première, préfente un renflement à la partie
interne du bord droit, & beaucoup plus d épaif-
feur dans la totalité de fon pourtour. Les fines
font obfolètes dans l’efpèce foflile, tandis qu elles
font très-marquées dans l’efpèce vivante. La première
eft à peine carénée fur fon dernier tour,
tandis que l’autre l’eft affez fortement. Enfin, la
forme générale de ces deux efpèces eft affez fem-
blable pour que l’ une rappelle 1 autre, mais affez différente
pour les diftinguer. Aufli, M. Leufroy, qui
a découvert l’efpècé foflile, lui a - t - i l donné le
nom d3Hélix Reboulii, pour rappeler celui auquel
il en doit la première connoifiance. De pareilles
'alternances èntre les lits pierreux marins & les
dépôts fluviatiles fe remarquent'dans J e même
baflin de Pézenas (Hérault). Ces dépôts marins
& fluviatiles y alternent également avec les formations
volcaniques, dont L s couches informes
font parfois confufément mélangées avec celles
d’eau douce. C ’eft en effet ce qu’ on obferve dans
le plateau volcanique de Vareilles, fitué au-deffus
du ravin du même nom, au nord-eft de Pézenas,
& dont nous donnons ici une coupe. ( Voyei
fig f . )
C e plateau, élevé d’environ 150 métrés au-
deffus du niveau de la mer, fe cdhipofe d’ une
fuite de couches volcaniques, fluviatiles & marines
en flratifications tellement concordantes &
tellement liées les unes aux autres, que leurs dépôts
femblent avoir eu lieu à peu près fimultané-
ment.
La partie fupérieure eft formée par des laves
compares 8c fcoriacées, plus ou moins altérées,
renfermant une aflez grande quantité^ de péridot
granuliforme. ( bafanitfe, lavique, péri dorique 8c
fcoriacé, Brongniart). Ces laves fe montrent parfois
enclavées dans des pouzzolanes rougeâtres ,
affez compares. Ce petit lyftème volcanique, qui
forme la fommité du plateau de Vareilles, a une
puiflance d’environ 20 mètres. 11 repofe fur une
couche peu épaiffe d’ un calcaire fluviatile, comp
a r e , jaunâtre, à infiltrations fpathiques. L’ on
pourroit croire que ce tte couche a été déplacée
par les éruptions volcaniques, fi elle avoit partout
une aufli foible épaiffeur que celle d’un mètre
qu’on lui voit à Vareilles'. Mais en fe prolongeant,
elle augmente de puiflance à mefure qu’elle
s’éloigne du plateau de Vareilles; en effet., à
200 mètres de dillance fur le chemin qui mène
de Fontès à Caux , cette même puiflance eft de
7 à 8 mètres. Si cette couche n’a pas été déplacée
par les éruptions volcaniques, des dépôts
fluviatiles ont eu lieu dans le baflin de l’ ancienne
mer, fur les lits pierreux des dépôts marins les
plus réeens. C ’eft immédiatement au-deffous de
cette couche que commence le dépôt marin,
dont la puiflance eft d’environ 39 à 40 mètres.
C e dépôt fe compofe de couches nombreufes
& diverfes, de ca’caire moellon & de lits plus ou
moins réguliers des mêmes poudingues calcaires
(gompholite, Brongniart) qui accompagnent ordinairement
les fables marins. A ufli, comme ces
fables manquent entièrement, le calcaire moellon,
furtout celui des aflifes fupérieures, eft plus fableux
qu’ il ne l’eft ordinairement. Les couches
inférieures font également moins pierreufes, les
élémens qui compofent ce calcaire étant moins
liés & moins adhérens les uns aux autres. Quant
aux graviers ou aux galetspugillaires, q ui, parleur
agglomérarion, ont formé un véritable poudingue
( gompholite) , ils font pour la plupart calcaires ,
l'oit marins, foit d’eau douce , quelques-uns cependant
font qüartzeux. Ces galets ont été réunis
par un ciment calcaire qui participe à la fois de la
nature des calcaires marins & d’eau douce. Le
même ciment a également agglutiné de nombreux
débris de coquilles marines , avec des fragmens
de marnes d’eau douce. Les coquilles les plus
abondantes dans ces poudingues, font diverfes
efpèces de petites huîtres. Les mêmes efpèces
exiftent dans les bancs de calcaire moellon , avec
.des Anomia 3 des Venus, des Cytherea, des PeHen ,
des Strombus, des Balanus 3 des Donax, coquilles
fouvent brifées & dont il ne refte que des moules
intérieurs > à l’exception cependant des huîrres
& des anomies.
C e fyftème, plutôt marin que d’eau douce, mais
qui eft mélangé des deux fortes de produits , fe
montre en lits alternatifs généralement horizontau
x , confervant entr’ eux un parallélifme affez
confiant. Il fe termine pas une couche de calcaire
moellon compaéle, plus folide 8c plus pier