
pefoit 11 onces f. Le long de la côte de Sumbava
& des îles adjacentes, la mer s'éleva loudaine-
ment à une hauteur de 2 à 12 pieds, une grande
lame remontant avec violence les embouchures
fe retirant foudainement. Bien que, le vent fut
calme à Bima pendant tout ce temps, la mer porta
un pied d'eau dans la partie inférieure des maifons.
Tous les bateaux furent enlevés de leur mouillage
& jetés à terre. Le 19 d’ avril, dit un des corref-
pondans de fîr Stamfort Raffles, nous touchâmes
fur le banc de la ville de Bima > l’ancrage doit
avoir varié conlîdérablement ; car à l'endroit
où nous avons touché, le croiseur de Ternate
étoit à l’ancre par fàx brafles quelque mois’auparavant.
» Malheureufement on ne cite aucuns faits qui
puiflent faire voir fi ce banc, qui indique un changement
de profondeur de plus de 30 pieds, eft
caufé par l’accumulation des- cendres ou par le
foulèvement du fond de la mer. On dit cependant
que tout le pays environnant fut couvert de cendres.
D'un autre cô té , la ville appelée Tomboro,
fur le côté occidental du volcan, fut inondée par
la mer, qui empiéta fur le rivage au pied de la
montagne ; de forte qu’ il refta 18 pieds d’eau dans
des endroits où auparavant la terre étoit à fec. Ici
. nous pouvons remarquer que le total de l ’abaifle-
ment du fol fut très-apparent, malgré les cendres,
qui auroient dû naturellement étendre les limites
du rivage. L’efpace fur lequel les divers effets volcaniques
s’étendoient étoit de plus de 1,000 milles
anglais de circonférence, & comprenoit toutes les
îles Moluques, Java , un grande partie de Sumatra,
de Célèbes & de Bornéo. Dans l’ïle d’Am-
boine, dans le même mois & la même année, la
terre s’ouvrit, jeta de l’eau & fe referma. Nous
pouvons terminer en rappelant à nos lecteurs que
fans la préfence accidentelle de lïr Stamford
Raffles, alors gouverneur de Java, nous aurions
à peine entendu parler en Europe de cette
terrible cataftrophe. Il demanda à tous les ré-
lidens des differens diftridts fous fes ordres,
un rapport des diverfes circonftances qui étoient
à leur connoilfance ; mais quelque précieufes
que foient leurs communications, elles font
plutôt faites pour exciter que pour fatisfaire
lacuriofité du géologue. Ils difent que des effets
femblables, mais à un moindre degréy ont, environ
sept ans auparavant, accompagné une éruption
de Carang-Affam, volcan dans l ’île de Bali,
à l’oueft de Sumbava 5 mais on ne rapporte aucun
détail de cette cataftrophe. n.
Java3 dit M. de Buch, eft extrêmement remarquable
5 le nombre des volcans accumulés fur
cette île elt presque incroyable, on en compte plus
de trente-huit. Ils font prefque tous réunis fur la
ligne qui forme le milieu de i’î e 5 peu d'entre
eux font près du rivage. A l’exception de quelques
uns, tels que le Gédé, qui a 2,766 mètres,
le Patuha 1,1673 & le Salak 2,186, ils ne dépaflent
pas 2,000 mètres de hauteur- Plufieurs
rejettent de l'eau & de là boue; prefque tous
lancent des cendres, des laves & exhalent des
vapeurs méphitiques. Le Tefchim, à l ’extrémité
orientale de la chaîne, a près de 2,000 mètres
d’élévation; (on cratère, dont le diamètre eft
de 3jCoo pieds, en a 400 de profondeur : le
fond eft en grande partie occupé par un lac
d’acide fulfurique, dont la longueur eftjsftimée
avoir 1,100 pieds. Horsfield dit que fa dernière
éruption date de 1796. En 1817 il en jaillit une
fi grande quantité d’ eau bouillante, mêlée-cie
foufre & d’acide fulfurique, quelle forma deux
grandes rivières & inonda toute la campagne entre
la montagne & la mer. M. Rernwardt rapporte
qu’au mois d’ oéiobre 1818, après une fecoufie
reftentie dans la partie orientale de l’î l e , ^le
Gounong-Gounter lança une quantité immenfe de
laves, des pierres & des nuées de cendres qui
obfcurciftoient l’air. Depuis 1800 jufqu’en 1807,
il n’ a cefle d’être en éruption.
En 1772, le Papandayan, l’un des plus grands
volcans de l’île de Java, fut tout en flammés,
lança des pierres & s'écroula en partie; toute
la contrée environnante, longue de,6 lieues &
large de 2 , difparut, & avec elle le village;
3,000. hommes périrent dans cette cataftrophe.
La bafe de la montagne commença d’abord à
céder, & la plus grande partie s’afFaiffa enfuite. Un
nombre de bétail proportionné à celui des victimes
humaines fut auffi la proie de ce fléau, &
Ja plupart des plantations de coton', d’indigo &
de café des diftriéts environnâtes furent enfeve-
lies fous les matières volcaniques. Cette cataftrop
he, dit à ce fujet M. Ly cll, paroît avoir ref-
femblé, mais/ fur une plus grande échelje, à
celle du Véfuve en 79. Le côïie de Papandayan,
précédemment haut de 9,000 pieds, fut réduit
à y,000. Mais un nouveau cône ne peut-il pas
fortir un jour des ruines de l’ancienne montagne
comme le moderne Véfuve èft forti des ruines
de la Somma M
Le Galounggoung ou Galoengoeng n’a voit point
encore été confidéré comme un volcan, lorfque
le 8 o&obre 1B22 il eut une éruption qui fur-
paffa toutes celles qui jufqu’alors avoit ravage
Java. M. Girardin en donne la peinture fuivante,
d’après le Magafin philofqphique (août 1823 ). Par
fuite de cet événement, 4,011 perfonnes périrent,
114 campougs furent renverfés, 2,983 plantations
entièrement détruites, & 5,391 confidérablement
endommagées : le nombre des cafiers détruits s’éleva
à 775,795 , & le nombre de ceux qui fouffri-
rent plus ou moins à 3,871,742. Ces^ dégâts
furent occafionnés par des maflés dé boue & de
foufre brûlant qui dégorgèrent du volcart accompagnées
de tonnerre & d’éclairs épouvantables.
L’intérieur de l’île de Sumatra n’eft point afîez
connu pour que l’on fâche précifément le nombre
de volcans qu'elle renferme : on n’en a décrit encore
que cinq à fix. On fait que Gounong-Dempo,
dans les partie nord-eft, lance presque continuellement
des flammes & de. la fumée, que fa hauteur
eft de 11,260 pieds, & que l’efpace compris entre
ce volcan & la mer eft rempli par une chaîne ba-
faltique de 4,000 pieds d’élévation. On fait encore
que le Gôunong-Ber-Api, fitué prefque fous
l’équateur, près du grand lac Sophia, a 12,000
pieds d’élévation, & jette continuellement de
la fumée. En 1822, ce volcan eut une éruption,
dont M. Raffles, gouverneur anglais de
l’île, fut témoin, & dont on a publié, dans le
Journal des Voyages , la relation fuivante :
« Cette éruption arriva le 23 juillet à fix
heures du matin. La colonne de fumée qui depuis
quelques jours étoit plus forte qu’à l’ordinaire,
s’accrut tout-à-coup d’une manière con-
fidérable. Le ciel clair & fans nuages en ce
moment laifibit la cime de la montagne entièrement
dégagée. La fumée, ordinairement blanchâtre
ou d’ une couleur grife, devint alors noire,
à mefure qu’elle devenoit plus épaiffe ; elle
étoit mêlée de cendre q ui, tombant en larges
maffes, couvroit plus de la moitié de' la montagne,
& s’élevoic à une glande hauteur vers le
ciel. Une pluie de pierres, dont quelques-unes
étoient énormes, tomba de tous côtés ,'ap rès
avoir été lancées fort au-deflus du fommet.
Le volcan fit entendre un bruit continuel
qui 'reffembloit à celui du tonnerre quand
il eft encore éloigné. L ’effet combiné de tous
ces phénomènes préfentoit quelque chofe de
grand & de terrible, qui contraftoit fortement
avec la beauté paifible des contrées environnantes
éclairées par . toute la fplendeur du foleil
levant des tropiques; fes rayons difflpoient graduellement
les nuages épais de vapeurs qui
étendoient leurs voiles de neige fur ces belles
vallées. L’éruption s’accrut avec une violence ex-
cefîive pendant un quart d’heure. La pluie,.de
pierres & les bruits fouterruins commencèrent
alors à diminuer, mais continuèrent encore pendant
les deux heures fuivantes ; à neuf heures
& demie, tout ceffa, excepté les nuages de cendres
& de fumée, mêlés de filions de fe u ,
qu’ on vit fortir de la bouche du volcan tout le
jour entier & une partie de la nuit fuivante, &
plus d’une femaine s’ écoula avant que la colonne
de fumée ne revînt à fon volume Ordinaire. »
Les lies Marîannes forment aufli une ligne volcanique
: on y compte neuf volcans mais oh
ignore s’ils font tous en activité. L’un d’eux,
celui que renferme l’Affomption, a été décrit
par La Péroufe : il n’a que 200 pieds d’élévation
au-defîiis de la mer; mais la coulée de laves que
l’on voyoit fur fes flancs, & l’odeur fulfureufe
qu’il répandoit, annonce qu’il doit compter parmi
es volcans aétifs.
La ligne que forment les volcans de l’Océanie
occidentale n’eft pas la moins importante. « Il eft
impofflble, dit M. de Buch, qu’un obfervateur
attentif ne remarque pas le caractère différent que
préfenrent toutes les îles de la mer du Sud, fous
le méridien de la Nouvelle-Zélande. Au lieu de
ces îles arrondies, à cônes élevés, qui fe groupent
avec d’ autres plus bafles, fans cependant
qu’il y ait de rapports entr’ elles, on trouve,
plus loin vers l’ oueft, d’autres îles étroites,
hautes & longues, toutes rangées dans la même
direction, comme les chaînes de montagnes,
formant Couvent une ligne courbe; de forte qu’ on
eft forcé de les réunir & de les confidérer comme
un tout. Il eft évident que la Nouvelle-Zélande
fe prolonge j 11 (qu’aux Moluques, par l ’intermédiaire
de la Nouvelle-Calédonie , des .Nouvelles-
Hébrides., des îles de Salomon, d e là Jouifiade ,
& enfin de la Nouvelle-Guinée. Cette idée devient
encore plus probable lorfqu’ on obferve que cet
arc affeéte, fur une plus grande étendue, la forme
exaête des côtes de la Nouvelle-Galles. »
Les montagnes de la Nouvelle - Hollande
font fi peu connues, qu’ il eft difficile de dire
fi elles renferment ou non un grand nombre
de volcans aétifs. Le feul dont on ait une con-
noifl’ance certaine, eft celui que M. Mackie a
obfervé près de Hunter -R i v e r , & dont la
defeription a été publiée en 1829 ( Afiatic
Journal, n°. 161 ). Suivant cet obfervateur, le
volcan ne fe laifie facilement apercevoir que
lorfqu’on en eft à la diftance d’ un m ille , &
alors, fi c’eft en plein jour & que le foleil brille,
une ma (Te compacte de flamme frappe foudain les
yeux; elle eft ordinairement mêlée de fumée, &
lorfque l’air eft pefant, elle offre une couleur
d’un rouge pâle. Pendant la nuit, on voit s’élever
de fon cratère une colonne fulfureufe bleuâtre.
Il n’y a nulle trace de lave, ni fur fes flancs ni
à fa bafe. M. Mackie donne au cratère 12 pieds
de largeur & 3 0 de longueur. Il fit fouiller la terre
pour connoître quelles étoient les roches ou les
fubftances qui confticuent la montagne : pour cette
opération il lui fallut faire élever par fes ouvriers
une barricade pour fe mettre à l’abri de la chaleur
extrême qu’exhaloit la terre pendant qu’ils la
fouilloiént. Ils ne purent même fe livre ra cette
opération que pendant l ’efpace de 5 à 6 minutes.
Après beaucoup de difficultés, ils parvinrent à la
profondeur de 8 pieds, où ils trouvèrent une roche
très-dure dans laquelle ils établirent une mine.
L’explofion de celle-ci leur fit voir fous la roche
une couche de houille fortement bitumineufe.
Tout ce qui entoure le cratère & la bafe du volcan
n’offre que la plus complète aridité. .Il fembl^w)it
que le cratère devient de moment en moment plus
confidérable ; pendant, que M. Mackie & fes ouvriers
relièrent fur la montagne, il en fortit des
flammes, la terre fe crevafloit & fe fendoit à
chaque inftant dans les environs du cratère; des