
place que doit occuper le calcaire de Château-
Landon , qui eft un des exemples les plus remarquables
de l'importance de cette roche , eft fans
doute le principal motif qui les a portés à la comprendre
dans leur troifième terrain d’eau douce.
Depuis la publication du Mémoire de M. Héri-
cart-Ferrand , la place de ce calcaire paroït être
définitivement arrêtée. 11 ell luperpofé au dépôt
de grès te de fable, & fi nous avions1 befoin de
confirmer l ’obfervation de ce géologue, nous dirions
que le calcaire marneux de la plaine de
Trapes, qui géologiquement parlant ell le même
que celui de Château-Landon, eft placé .auffi fur
le même d épôt, te qu’il ell recouvert par les
filex avec te fans coquilles.
A. Calcaire de Châ'-eauv.Laridon. C e calcaire,
compacte-, à grains affez fins, ell d’une couleur
qui varie entre le jaunâtre, le brunâtre, le grisâtre
te le noirâtre} il eft reconnoiftable à fa
caflure conchoïde, un peu efquilleufe. Affez dur
pour recevoir le poli, fes veines fpathiques lui
donnent quelquefois, loriqu’il eft travaillé', l’apparence
d’un marbre. 11 renferme des lymnées
te des planorbes de,grande taille, coquilles qui
Caraélérifent le dernier calcaire d’eau douce: on
y trouve aufti le cyctofioma ele^ans dntiquum.
B. Marne calcaire. Ce calcaire blanc , friable,
renferme une innombrable quantité de coquilles
d’eau douce, principalement de lymnées te de planorbes.
11 fe décompofe facilement à l’ air & devient
alors pulvérulent ; quelquefois fes lits fupé-
riturs font grifâtres ou jaunâtres te d’ un grain plus
ou moins (erré , & renferment des morceaux de
calcaire compacte grifâtre. Il eft d’ailleurs fi facile
à diftinguer de tous les autres calcaires, qu’ il
eft inutile de relater ici les différentes nuances
de couleur te de grains qu’ il préfente (T rap e s ,
Saclé, & c .) .
* (Magnéfie filicatée aquifère.) Cette
magnéfite qui a reçu de M. Brongniart le nom de
fchijiaïde, le trouve en lits dans les dépôts marneux
( Coulommiers près Paris).
C . . Calcaire a1 (Eningen. Cette roche dépourvue
de cavités tubulëufes fi vifibles dans le travertin,
te remarquables auffi dans la plupart des
calcaires d’origine lacullre, eft facile à diftinguer
des autres par fon g sain fableux te greffier,
comme l’a très-bien obfervé M. Brongniart, qui
en attribue l’ origine à des matières terreufes te
calcaires qui fe font dépofées par voie mécani-
que.au fond de certains lacs qui n’ exiftent plus,
te dans, lefquels le fédiment a enveloppé divers
corps organises..
CEningtn n’ eft pas la feule localité qui offre
cette variété géologique de calcaire j on peut
confidérer comme lui étant analogue, le calcaire
lacullre de la Limagne d’Auvergne , qui s’appuie
fur un grand nombre de montagnes des enviions
de.Ckrmont (Gergovia. — Ghanturgues, & c . ).
D. Calcaire fédimentaire. Cette roche qui COUtient
des lits de chaux earbonatée concrétionnée
( albâtre rubané) te de calcaire compacte (e n virons
de Montpellier. — - Diverfes localités du
midi de la France) , appartient auffi au dernier
dépôt calcaire d’ eau douce.
Suivant M. Marcel de Serres , les mollufques
que l’on y. trouve , font un bulime voifin du buli-.
mus deccllatus , un hélice qui paroït ê tr eY hélix ne-
moralis, un cyclojlome voifin du cyclofiôma elegans,
enfin un lymnée dont l ’efpèce très-abondante fur-
tout dans les couches inférieures, n’a point encore
été déterminée.
Les végétaux font des feuilles d’arbres dicoty-
lédons qui paroiffent fe rapprocher du quercUs ilex1
te de celles de quelques-oonifères.
M. Marcel de Serres*-a. remarqué que ce cal-
cair occupe des localités très-circonfcrites'plus ou
moins élevées au,-deffiis du niveau de la mer, te
repofe fur des roches d’âges très-différens juf-
qu’aux terrains marins fupérieurs.
Dépôt filiceux.-
. §. 46. s , LEX COMPACTE ET CAVERNEUX. DânS
les localités où la férié des dépôts de fédiment
fupérieur'fe montre complète, le dépôt filiceux
repofe fur le fécond calcaire au - deftiis des
fables te du grès. Généralement les filex font
placés au-deffotis de ces dépôts de fables, dans
un lit argilo-ferrugineux, où les filex caverneux
font confondus avec les filex compactés j
mais lorfque les-couches de filex caverneux te
celles de filex compadïe coquillier forment des
dépôts diftinéts, nous avons remarqué que ces derniers
font prefque toujours au-deffous des autres.
Dans la Description géologique des environs de
Paris ( tome I I , page 294 ) , on lit que que la
formation des meulières n’ell quelquefois recouverte
que par la terre végétale, mais ejue fouvent
auffi on trouve au-deffiis d 'e lle , tantôt les meulières
compactes , les filex ou les marnes qui renferment
les coquilles d’eau douce ou d’ autres débris
de corps organîfésnon marins , tantôt le terrain
de tranfport ancien. Nous avons la plus grande
confiance dans les affértions des favaps auteurs de
l’ ouvrage que nous venons de citer ; plufieurs
exemples confirment fans doute leur opinion fur
la polition des filex caverneux } cependant nous
■ avons eu l’occafion d’ oblerver fur le plateau de
T r ie l, fur celui des Aluets , à Saint-Cyr, te dans
d ’autres localités des environs de Verfailles, que
les filex compaétes à coquilles font ordinairement
recouverts par les filex caverneux. Nous ignorons
ffqueîqu’obfervateur a confîgné le fait que nous
avançons. Si elle n’a point été traitée , nous
réfervons la foluticn de cette queftion pour un
travail particulierj en attendant nous la confïdé-
rons comme non réfoluè : c’eft ce qui nous engage
à réunir ici dans le même groupe les deux
filex dont nous parlons.
Les filex compactes coquilliers ne renferment qu’un J
petit nombre de mollufques 5 ce- font des planor- 1
bes 3 des lymnées , des hélices & des poiamidesj les
coquilles de ces animaux ont toujours difparu : la
matière filiceufe les a tellement pénétrés , qu’elle
ne préfente plus que le .relief du moulage.qu’ elle
a en quelque. forte opéré. Il en eft de même
des débris de végétaux qui tantôt fe trouvent
réunis aux coquilles , te tantôt en font féparés.
Ces plantes appartiennent fouvent aux genres
Chara te Nymph&a ,* mais il en eft auffi.plufieurs,
comme les Exogénites , les Culmites, les Lycopo-
d:tes} te c ., qui appartiennent à des genres te à des
efpèces tout-à-f.dt inconnus. Nous ne parlerons
point des arbres dicotylédons que l’on trouve en
fragmens plus ou moins confidérables au-defius des
dépôts de fables, te qui fouvent ont été par leur
propre poids entraînés au milieu de ces dépôts.
Second dépôt de .tranfport,
§.47. A. Rochesd’attérissement d’eau douce.
Nous diftinguons fous ce. nom les dépôts plus ou
moins confidérables compofés de fable, de blocs
quelquefois très-volumineux de différentes roches
te de cailloux roulés. Il ne faut point les
confondre avec les dépôts arénacés ou argileux
qui fouvent leur fuccèdent ou qui occupent le
fond de plufieurs vallées , te qui méritent plutôt
le nom de dépôts d’ alluvions. Ces attériffemens
font formés de débris qui varient félon,les contrées
, dans les terrains connus fous le nom de
tertiaires. Ils fe compofent de quelques fragmens
de filex provenant de la craie., de fragmens de
calcaire groffier, de morceaux ou de blocs de
grès plus ou moins confidérables , te de filex
meulières en fragmens de diverfes groffeurs ; au
milieu de tous ces débris on remarque fréquemment
des, galets ou cailloux roulés de quartz &
de diverfes roches appartenant à la formation
prosaïque. Ces débris font généralement diipofés
de manière que les plus gros font à la partie
fupérieure du dépôt,, .te que les plus petits, ainfi
que le fable, leur fervent de fupport.
Les filex pyromaques, les fragmens de calcaire
groffier, de grès te de quartz meulière, que l’on
remarque dans ce dépôt (boulèvards neufs dans
l’enceinte de Paris. — Plaine de Boulogne. —
Plaine de Mantes. — Environs des Mureaux),
prouvent que la craie, le calcaire groffier, les
fables marins fupérieurs & le filex d’eau douce,
étoient dépofés lorfque le terrain d’ attériffement
s’eft formé. Ils prouvent auffi que celui-ci eft
poftérieur au creufement de nos vallées.._
Quelques géologues ont -attribué l’ origine de
ces attériffemens à de violentes éruptions marines.
On conçoit en effet que dans quelques
localités , c’eft-à-dire au fond des golfes qui
bordèrent les rives de l ’antique Océan , des cailloux
roulés aient été accumulés comme ils le
font encore de nos jours ; on conçoit auffi qu à
l’ embouchure des anciens fleuves qui fil.or.nèrent
le fol .pour ainfi dire encore vierge de notre planè
te , à une époque antérieure aux temps hiîlo-
riques , il le foit amoncelé des amas analogues à
ceux qui fe forment encore fur la terre à l’embouchure
de nos fleuves , mais les terrains d’ atté-
rifièment dont nous parlons indiquent une origine
touç-à-fait différente. Ils rempliffent ordinairement
, fur une'étendue confidérable, le baffin des
grands cours, d’ eau } on en a un exemple dans les
environs de Paris, par un dépôt Semblable que
l’on peut fuivre en parcourant les finaofités de la
Seine , depuis l’embouchure de la rivière d Orge
jufqu’au bas de la côte de Rojboife près Rofny.
11 eft vrai que les roches d’attériffemenc doivent
avoir, été formées par des courans d eau dont la
force a été fi confidérable, que l’on a de la
peine à s’en faire une idée , niais qui cependant
eft atteftée par lès maffes de grès te de
| meulières que l’on y remarque , te dont quelques
unes, ont plufieurs mètres cubes 5 mais lorsqu'on
réfléchit que ces meulières appartiennent à
la dernière formation d’eau douce, que ces grès
font partie des dépôts de fable marin fupérieur
placé au-de (Tou s de ces filex, te que l’on y trouve
1 des fragmens de calcaire groffier & des filex qui
. portent la marque évidente de leur formation dans
; la craie , on eft forcé d’ admëttre que les courans
d’eau qui les ont entraînés font descendus des plateaux
les plus élevés qui dominent maintenant ces
dépôts, & que c’eft en filionnant ces plateaux ,
te peut-être en creufaUt de nouveau une partie
des vallées de ces terrains de fédimens fupérieurs,
qu’ ils ont entraîné fur leur route les débris qui
occupent le fond de ces vallées. Les eaux marines
n’ont pu produire dans la dernière formation
des effets auffi remarquables, encore moins deit-
on les attribuer à des torrens ou à des pluies que
l'on pourroit appeler diluviennes ; mais le phénomène
de leur formation fe conçoit, fi l on admet,
félon toute probabilité, que des lacs d’ une étendue
confidérable ont occupé pendant long-temps
les plateaux des collines formées de fédiment fupérieur
, te qu’à line époque dont rien ne peut
faire préfumer la date, ces lacs ont rompu leurs
parois , que leurs eaux ont entraîné les fables ,
les graviers , les cailloux roulés qui en garnif-
foient le fond , te que,, fe dirigeant dans le fens
des pentes qui s’inclinoier.t vers l’Océan , leur
maffe a fillonné les petites vallées qui aboutirent
aux baffins qu’ occupent maintenant les grands
fleuves, te qu’elles y auront entraîné avec une
violence dont rien ne peut donner une id é e , les
différens débris des plateaux te des collines. C ’eft
donc à des eaux douces te non à des eaux marines
que l’on doit attribuer l ’origine des dépôts
d’ attériffemens anciens ; cette origine s’accorde
en effet avec la nature des débris organiques que
l’ on trouve dans ces terrains. Nous ne voulons