
de la fonderie de Ramilly ; dans cette même val- 1
lé e , ou fur la gauche de cette rivière , on a
trouvé le long des pentes des collines de craie ,
deux mâchelières d‘ éléphant & des fragmens de
bois d’ un cerf de grande taille, débris que nous
avons vus fur les lieux , peu de temps après la découverte
qui en fut faite par fuite d’ une, excavation
pratiquée dans cette argile.
B. Limon ar.té-diluvien calcaire de Marcel de
Serres ( diluvium de Buckland). Ce dépôt q u i,
fuivant M. Marcel de Serres, paroît être à peu
près contemporain du précédent, eft formé d'une
argile rougeâtre ou limon renfermant fréquemment
des galets calcaires, appartenant à des roches
anciennes. On n’y trouve point d’ offemens. Il fe
montre, principalement, dans les vallées les plus
baffes du midi de la France (environs de Montpellier).
§. 45). S econde épo qu e. A. Brèches offeufes.
L’ impoflibilité de déterminer le degré d’ancienneté
des deux principales époques que nous re-
connoiffons dans le terrain appartenant au fécond
dépôt d’aüuviqn, ne nous empêche cependant
point de les confidérer d’une manière diilindte.
Quoiqu’ ils aient été formés dans des cire on fiances
icmblables & qu’ ils paroiffent être dus à
des courans d’eau douce, on ne peut nier que
les diverses dépouilles d’animaux qu’on y remarque
, n’indiquent différentes dates dans leur formation.
Ain fi les plus anciennes qui recouvrent la
terre, renferment des refies d’animaux perdus 5 les
brèches offeufes contiennent des offëmens de rongeurs
& de ruminans analogues aux animaux qui
couvrent encore la lurface de notre planète, &
les cavernes a ojfemens qui femblent appartenir à
une époque preique contemporaine de celle des
breches ojjéufes , contiennent auflî des ruminans &
des rongeurs, fouvent même des pachydermes,
mais principalement des reftes de carnafliers, ce
qui eft un caractère fuffifant pour les diftinguer
des dépôts d’argile & de fable.
Les brèches ojfeufes font formées d’une argile
calcaire & de fragmens plus ou moins reconnoif-
fables de divers offemens de mammifères, réunis
dans les fentes de certaines roches calcaires de
différentes époques. Ces brèches renferment fou-
vent des coquilles terreftres, qui y ont été entraînées
avec les offemens.
B. Limons des cavernes a ojfemens. C e limon ar-
gilo-calcareo-Jiliceux , comme le défigne M. Marcel
deSerre s, contient des cailloux roulés, du gravier
& du fable. Les offemens qu’il renferme appartiennent
à des oifeaux, à des reptiles, ôc principalement
à des mammifères , & comme nous
l ’avons d it, à des carnaffiers. Les coquilles qu’on
y remarque appartiennent aux mêmes eipèces que
celles des brèches offeufes. C e font des b.ulimes
& des cycloftomes. ( Bulimus decollatus. — Cyclo-
Jloma elegans. )
C . Argile & fable. Nous croyons pouvoir placer
dans la fécondé époque du fécond dépôt d‘ alluvions, les
argiles Ôc les fables qui occupent le bas des pentes
des collines gypfeufes de Belleville, Ôc qui
couvrent une grande partie de la plaine lituée entre
ces collines ôc celles de Montmartre. Un puits
creufé dans le village de la Petite-Villette nous a x
préfenté les couches ci-après
i° . Argile rougeâtre............................ . $:m. 20
i ° . Sable rou g e .. . . . . . . . . . . . ............o 45
30. Argile noirâtre mêlée de fable
quartzeux........... .. 5 o
Total........... B 65;
Le fable rouge & l’argile noirâtre que nous
_confidérons comme appartenant à la même époque
que, le fable ôc le limon des cavernes, nous a
fourni dans le puits de la Petite-Villette, des offe-
; mens qui paroiffent appartenir à un cerf. Mais
l’argile rougeâtre qui recouvre le fable rouge
nous femble d’une époque plus récente.
Dernier, dépôt calcaire,
§. 50. C alcaire concret ionné. (Travertin des
Italiens.) Cette roche celluleufe, à grains fins &
à texture compacte, renferme des lymhèes Ôc des
hélices. Elle fe préfente en bancs puiffans dans les
plaines des environs de Rome, depuis Martel-
lone jufqu’aux pieds des montagnes de Tivoli.
On l’exploite pour les conftruïtions. Les Anciens
en connoiffoient l’emploi, puifque les
temples de Peftum en font conffruits* ainfi que
leurs ruines le prouvent : c’eft vers la Calabre
qu’ils en faifoient de grandes exploitations.
D’après les obfervations de MM. d’Omalius
d’Haüoy, de Bue h Ôc Brochi, ce calcaire repôfe
fur des dépôts de brecciole volcanique ( le mont
Marius ).
Aux environs d’Iffoire (département du Puy-
de-Dôme), un travertin femblable repofe fur des
cailloux roulés volcaniques, dont le dépôtconf-
titue une formation tout-à fait locale. Il renfettne
des hélices, ainfi que nous l’avons obfervé dans
plufieurs localités.
Dernier dépôt d.’ alluvion.
§. j r . A. A rgile marneuse rougeâtre oU
limon d’ allu vio n moderne. Cette argile ne
paroît point être la même que celle qui recouvre
les collines de craie, où elle efi fuperpofée à
un gravier qui fouvent même Ta remplace. Celle
que nous confidérons comme appartenant à la
-dernière époque, occupe les pentes des collines
calcaires des derniers terrains de fédiment des environs
de Paris, igais principalement les vallées
ôc les bords des rivières. Elles femblent dues à
1-aéHon des dernières eaux qui ont féjourné dans
ces,vallées, & dans lefquelies elles font defeen-
duestdes plateaux qui les dominent, en laiflàntfur
ces
ces plateaux ôc fur leurs pentes des amas plus ou i
moins confidérables de cette argile. Au bas de ces
pentes on l’exploite pour en faire des briques
pour la bâtiffe ou pour le carrelage. (Entre Pantin
& la Petite-Villette.— Bords de la Seine, près
d’Auteuil.)
Cette argile un peumarneufe ne renferme point
de débris de corps organifés. Elle eft homogène,
facile à divifer & , par cette raifon, très-propre
â la culture. On la confond fréquemment avec la
terre végétale. .
B. Argile ferrugineufe brunâtre. Cette argile dépourvue
de particules marneufes, contient fouvent
beaucoup de fragmens de quartz, dont les
angles font émouffés ( Nignoi-Taguil, dans les
monts Ourals). Elle occupe les vallées ôc les bords
des fleuves & des rivières, & fe montre partout
plus ou moins riche en paillettes & en pépites
d'or. ( Bords de l’Arriège, de l’Ardèche, du
Rhône, de la Cè ze & du Rhin, & c . ) Cette argile
efi maintenant un objet de grande exploitation
dans les monts Ourals, par la quantité d’or &
même par le platine qu’elle renferme.
C ’eft probablement à des dépôts femblables
qu’ il faut rapporter les alluvions de la Bohême,
de la Sax e, du Mexique, ôcc. , que l’on exploite 1
pour l’ o r , le platine, Ôc même Iss pierres précieuses
qu’ils contiennent.
Dépôt tourbeux. ,
§. y 2. T ourbe. Quoiqu’il paroiffe impoffible d’af-
figner une date approximative aux dépôts de végétaux
connus fous le nom de tourbe , on ne peut
nier qu’il n’y en ait qui ne foient d’une époque
très-rapprochée, & peut-être meme contemporaine
de quelques-uns des derniers terrains d’allu-
vions 1 tels font ceux dans lefquels on a trouvé
des os de maftodonte, avec des offemens de
buffles, de cerfs Ôc d’autres quadrupèdes (vallées
de l’Ohio, t— Etat deNew-Jerfey, ôcc. ) , ou des
refies de mégathérium (île de Skidavay, près la
côte de Géorgie).
Quelques-uns de ces dépôts tourbeux appartiennent
à une date affez reculée ; mais comme
ils augmentent encore tous les jo u r s , il efi àffez
difficile de diftinguer les anciennnes couches de
celles qui continuent à fe former. Cependant on
peut dire que généralement ils font reconnoif-
fables, en ce qu’ils renferment peu de végétaux
dont le tiffu foit encore vifible ; ils n’ offrent plus
que l'apparence d’ un limon noirâtre 6c vafeux :
telle efi la terre d'ombre ou de Cologne > tels font
les limons tourbeux des diverfes localités de l’A mérique,
que nous venons de citer.
Terrains modernes.
§ . y 3. D épô ts qui se form en t encore a la
sur fa ce. de la t e r r e .;Si la formation des roches
Géographie-Phyjique. Tome Y .
antérieures aux êtres organifés efi le refultat de
divers phénomènes tellement difficiles à expliquer,
qu’ils ont fouvent donné naiffance à des
fyftèmes ou à des conjectures tout-à-fait contraires
; fi celle des roches moins anciennes n a
pas offert moins de difficultés, on ne peut nier
que plufieurs de celles qui appartiennent aux terrains
de fédimens fupérieurs n’aient dû fe former
de la même manière que quelques-uns des
dépôts qui fe forment encore, foit dans le fein
des mers, foit fur leurs b ords , foit à l’embouchure
des fleuves ou dans leurs lits , foit dans
certaines fontaines, foit enfin au fond des lacs
& des marais. M. C . Prevoft a fait à ce fujet des
recherches ôc des obfervations qui, jufqu’à pré-
! fent, paroiffent être à l'appui de ces conjeètlires.
Et quoique les agens chimiques foient fouvent
dans i’impoffibilité de diffoudre certaines fubf-
tances , qui jouent cependant un grand rôle dans
les dépôts anciens comme dans les dépôts récens,
qui peut douter que le temps ne foit l’ un des plus
puiffans agens dont fe fert la nature ?
Certaines circonftances favorables au développement
de quelques phénomènes n’ exigent même
point un laps de temps très-long pour qu’ils s’ac-
compliffent d une manière en quelque forte complète.
Ainfi l’on a remarqué que des portions dé
poutres du pont que Trajan fit conftruire fur b
Danube, ont été pénétrées par un liquide fiii-
ceux qui les a pour ainfi dire pétrifiées. Nous
avons obfervé, ôc nous poffédons des fragmens
de ciment romain découverts à Seneêtère en Auvergne,
contenant encore des fragmens de poutres
Ôc couverts de criftaux d’arragonite, qui ont
pénétré le bois & qui ont formé fur le ciment
même de petits groupes appartenant à la variété
appelée fibreufe radiée.
Nous avons vu auffi dans l'intérieur de la conf-
truftion qui recouvre la fource des eaux thermales
du Mont-Dore, des concrétions fiiieeufes qui s’y
forment de jour en jour & [qui font dues fans
doute aux molécules de filice contenues dans ces
eaux , & qui entraînées avec elles des pentes de
la montagne, fuintent au travers du ciment qui
lie les pierres de cette confiai étion.
La filice ôc l’arragonite peuvent donc fubir encore.
pvefque fous nos yeux de nouvelles modifications.
Mais les dépôts dont nous avons à parler
appartiennent à un autre ordre de combinaifons,
ils font plutôt formés par la voie mécanique que
par la voie chimique. L’importance des terrains
qu’ils couvrent mérite d’autant plus de fixer l’attention
, qu’ils peuvent, par une forte d’analogie,
fervir à expliquer la formation de certains dépôts
plus anciens, 6c que le moindre changement dans
le niveau des mers, qui pour noient un jour les
recouvrir, leur donneroit- aux ;yeux des obfei-
vateurs futurs une grande importance géologique.
! Comme ils.*Font tous contemporains, l'ordre