lié ue environ de l'extrémité eft du Rocher de Lyon,
qui fait partie de celui du Calvados. Son cours
eft d’environ trenre-neuf lieues, Si fes finuofîtes
font telles , que la diflance en ligne droite, de fa
fource à fon embouchure > n'eft que de vingt-
trois lieues.
Ses affluens font nombreux. Du côté droit, en
commençant vers fa (ource, on trouvé, outre un
grand nombre de ruifleaux peu importans, i° . le ;
D o n , rivière qui prend fa fource fur le verfant
nord d’ une colline lltuée à une demi-lieue dij
village de Brullemail, Si qui , fe dirigeant de
l’eft à l’ o u e ft, vient 1e jeter dans l’Orne près
de Madevy, après un cours de fix lieues }■ a°.
l’U r e , qui prend fa fource près du village de
Champlant, coule de l’eft à l’oueft, paffe au
pied du rocher de Nonant, Si vient fe jeter
dans l’Orne à Argentan, après un cours de huit
lieues j $°. l’Ouay, petite* rivière qui . prend fa
fource à Ry., coule du nord au fud, & fe jette
dans l’Orne après un cours de trois lieues ; 40. la
B aize , rivière formée par un grand nombre de
fources qui fortent des'collines qui 'entourentde
Frenay, & qui vient fe'jeter dans l’Qroe à une
lieue Si demie au deifus de Pont-d’Ouilly, après
un cours de cinq lieues» j° . la Laize , petite r ivière
qui prend fa fource près du village de Le-
fard, coule vers le nord, paffe à Bretteville , &
fe réunit à l'Orne entre Harcourt & Caen, à cinq
lieues de la première ville Si à quatre de la.
fécondé. Son cours eft d’environ fept lieues.
Par fa rive gauche l'Orne reçoit , i°. la Senne-
vière , qui prend fa fource au nord de la forêt
d’Ecouves, & qui, après un cours de quatre lieues,
fe jette dans l’Orne aune lieue & demie ae Séez;
2°. laThouane, formée par plufieurs fources qui
naiflent fur le verfant nord de la colline d'Ecouves,
& qui , après avoir formé trois étangs auprès de
Saint-Hilaire , fe réunit à l'Orne après un cours
de cinq lieues , à une très-petite diftance au-def-
ious de l’embouchure de ia Sennevière; 30. la
Baize , qui fort des étangs.de Montmerrey & de
Saint-Pierre, fe dirige vers le nord , & après
quatre lieues de cours vient fe reunir à l'Orne un
peu au-defîous d’ Argentan} 40. la Cance, qui
prend fa fource entre Carouges Si l'extrémité
oueft de la forêt d'Ecouves » coule vers le nord,
& fe réunit à l'Orne à une demi-lieue au-deffus
d ’Ecouché; fon cours eft d’environ cinq lieues ;
50. l'U d on , formée par trois ruifleaux qui • viennent,
l’un du village Sainte-Marguerite , l’autre
des étangs de Carouges, Si le troifieme des étangs
du Champ-de-la-Pierre, & qui fe dirigeant vers le'
nord , fe réunit à l’Orne un peu au-deffous d’E-
couché, après un cours de fept lieues; 6°. la
Maire, qui prend fa fource au côté feptentrio-
nal de 1a colline de Montreuil, & fe dirigeant
vers le nord-eft, vient fe jeter dans l’Orne à une
demi-lieue au delfous de l’embouchure de l’ Udon,
après avoir parcouru trois lieues" feulement j
70. la Rouvre, qui a deux fources non loin du
village de Bauvain, fe dirige vers le nord, eft
groflie par les eaüx du Lambrou , après avoir
parcouru dix lieues environ , & vient fe jeter dans
l’Orne à une lieue au-deffus de Pont-d’Ouilly ;
8°. le Noireau , qui, formé par la réunion d’un
grand nombre de ruifleaux qui tombent des collines
qui féparent le département du Calvados
de celui de la Manche , coule vers le nord-eft,
paffe à Tinchebrai et à C on d é , & après un cours
de douze lieues, après avoir reçu les eaux de la
V è r e , autre petite rivière qui prend fa fource au
nord de la forêt d’Halouze, vient fe jeter dans
l’Orne à un quart de lieue de Pont-d’Ouilly ;
90. la Douvette, qui prend fa lource près d’Aulnay,.
& fe jette dans l ’Orne près d’Harcourt, après un
cours de quatre lieues; io°. l’Odon , qui prend fa
fource auprès de Oude-Fontaine, tourne autour
du plateau d’Aulnay, Si après de nombreux
circuits, après avoir reçu les eaux d’ un grand
nombre de ruiffeaux, vient fe jeter dans l’Orne à
C aen; fon cours, eft d’environ treize lieues;
u ° . enfin , le Don , petite rivière quL prend fa
fource entre les villages de Perrieres & Mathieu,
& après un cours de deux lieues , tout au plus,
vient fe jeter dans l’Orne, trois lieues au-deilus
de fon embouchure.
L’Orpe eft navigable feulement entre Caen Si
la mer, encore maintenant les gros bâtimens n’ arrivent
ils plus à cette ville comme autrefois, à
caufe des fables qui encombrent le lit de la ri-
; vière. Le projet de rendre l’Orne navigable au-
deffus de Caen exifte depuis plufieurs iiècles; il
pourroic être mis à exécution dans un temps allez
court Si fans frais trop confidérables. ( D. )
Terrain du bajfm de l'Orne. — Sous le rapport
géologique , lé baflin de cette rivière offre beaucoup
d'intérêt; elle traverfe fucceflivement, depuis
fa fource jufqu'à fon. embouchure, une roche
.calcaire fecondaire, lés roches de tranfition qui
conftituenc en grande partie les terrains de la Bretagne,
Si fe jette dans la Manche en traversant de
nouveau le calcaire fecondaire; car cette formation
qui commence près de Cherbourg & finit à
la Rochelle, décrit une, zone qui entoure les
terrains primitifs & intermédiaires de la Bretagne
& de la'Vendée.
D’ après les obfervations que j’ ai pu faire pen •
dant une excurfion allez rapide que j’entrepris if
y a plufieurs années dans les .environs d’Alençon,
j’ai reconnu que les terrains que parcourent la
petite rivière du Don , la Sennevière, laThouane,
l’Ure 8i l’Orne' jufqu’ à Argentan, appartiennent à
‘ta formation oolithique. La grande route de Paris
à Alençon traverfe à Mortagne cette formation ,
que M. Defnoyers a fuivie jufqu’auprès de là
ville du Mans.
Cette roche calcaire remplie d’ooîithes (voyeç
ce m ot), Si qu’on exploite comme-pierre de
taille, eft tantôt jaunâtre, tantôt rougeâtre ; elfe
renferme des coquilles fofliles & des polypiers ;
mais la nature de ces coquilles qui font généralement
bivalves , & qui doit fes faire confidérer
comme littorales, annonce le depot fupérieur
de ce calcaire. . ,
Vers le village de Putange, l ’Orne quitte graduellement
la formation oolithique, elle coule fur
les aflifes inférieures de ce calcaire ; traverfe à
Pont-d’Ouilly les roches de tranfition qui font fuite
aux terrains primitifs d’ Alençon, paffe à Harcourt
fur le calcaire fecondaire ancien , caradlérifé par
la coquille bivalve appelée gryphite , Si lu-r lequel
font placés les dépôts oolithiques ; coule de
nouveau, avant d’arriver à Caen, fur le calcaire
oolithique, & depuis Caen jufqu’à la mer, fe fraie
un paffage au bas d’une roche calcaire" a laquelle
des caractères particuliers ont tait donner le nom
de calcaire de Caen.
Le Lambrou, qui fe jette dans -le Rouvre |
coule au milieu de terrains dont les fommités font
couvertes d’un grès quartzeux feldfpathique.
Le Noireau, qui réunit fes eaux à celles de
l’Orne., coule dans une étroite vallée, qui laiffe
voir les roches de tranfition dont nous avons
parlé plus haut.
A C on d é - fur-Noireau, & vers la fource de
cette rivière , on remarque des couches de phyl-
lade ordinaire ( fchifte-ardoife), qui préfente,
comme dans les V o fg e s, des feuillets filiceux Si
brunâtres, qui ont l’ afpedt de l’écorce d’arbre;
ce qui leur a fait donner par quelques géologiftes
la dénomination de ligniformes. En race de la vallée
du Noireau,-fur la rive droite de l'O rn e , on a
trouvé dans la même roche quelques triLobites.
Voyez ce mot.
A Condé, à Pont-d’Ouilly, Si fur la rive gauche
de la Guine ; on remarque de nombreufes couches
de grès quartzeux phylladifère, de phyllade &
de marbre qui alternent enfemble. La première de
ces roches eft exploitée fur plufieurs points : on
en fait des tables, des auges Si des dalles pour
le pavage., ,
Près d’Harcourt, le phyllade fe préfente fouvent
fous la forme de prifmes rhomboïdaux.
L’Odon, qui defcend des fommëts les plus
élevés du baflin de l’Orne, eft dominé par des
piatëaux couverts du même grès feldfpathique qui
recouvre le terrain que traverfent le Lambrou &
le Rouvre. Ce grès forme les buttes de Clécy fur
la rive- gauche de l’Orne, Si le mamelon de ia
Paugeils,près de Harnais.
Vers l’embouchure de la Laize , les terrains in
termédiaires du baflin de l’Orne commencent à
prëfenter des débris organiques. Ainfi, à Feugue-
rolles Si à May, villages , fituës l’ un fur la rive
droite & l’autre fur la rive gauche de l'Orne , on
trouve un grès quartzeux tantôt d'un blanc-gri-
fâtre, tantôt d’un rouge tirant fur le violet, ou
dans lequel ces diverfes couleurs nuancées, dues
fans doute à quelque oxide métallique, fe dif-
pofent d'une manière plus ou moins variée , en
rubans, en cercles concentriques, & quelquefois
même en dendrues élégantes qui prennent les
formes légères de certaines efpèces de moufles.
M. Hérault, mon collègue à la Société linnéenne
du Calvados , a remarqué dans cette roche quart-
zeufe des veines d'une argile d’un blanc-jaunâtre,
tachée de rouge, remplie de parcelles de mica,
Si traverfée par une multitude de filets brunâtres
qui lui ont paru appartenir à des débris de végétaux.
Dans le grès même , il a reconnu des empreintes
de la coquille appelée Térébratule Si de la
Cypricarde modiolaîre. D’autres naturaliftes y ont
remarqué des trÜobites & des entroques. Cette
roche eft généralement exploitée pour le pavage;
quelques lits fourniffent des pierres à aiguifer les
outils.
A peu de diftance des deux localités défignées
ci-defïus pour le grès coquillier, on trouve un
dépôt de marbre qui alterne avec des grès quart-
zeux phylladiferes, comme à Condé-fur-Noireau.
Mais fur les bords de la Laize , & entre l’Orne Si
l ’Odon , le marbre, qui malheureufement pour
l’induftrie de ce pays n’a jamais que quelques décimètres
d’épaiffeur, préfente parmi des variétés de
couleur, dont les plus ordinaires font le blanc
nuancé de rofe ou de bleuâtre, le rofâtre nuancé
de rouge & le rouge nuancé de rofâtre, la variété
de marbre appelé portor, qui eft nuancé de jaune
Si de noir. Le plateau d’ où defcend la Laize offre
le commencement de cette form -tion calcaire \
on peut la fuivre le long de cette rivière jufqu’à
l’Orne.
Près des fources de l’Odon, aux environs de
Roucamp Si à Urville fur la I a ize , on trouve
une ocre brune-rougeâtre ou jaunâtre contenant
beaucoup de fer. Ce dépôt métallique renferme
des oolithes ferrugineufes à grain fin , Si quelques
criftaux rhomboïdaux de carbonate de fer. 11 eft
d’une épaifleur confidérable près d’Urville , où il
s’appuie , fuivant M. Hérault , fur un rocher de
quartz grenu, & il eft recouvert par d’ autres
couche!* de phyllade ou de grès phylladifère.
Sur les bords de 1 Orne , Si fur la rive oppofée
à celle où la Douvette a fon embouchure, fe
trouve le village de Croifille, dont le terrain, qui
appartient au calcaire fecondaire ancien, eft un des
plus riches en coquilles pétrifiées de la plus belle
cônfervation. Le même terrain fe retrouve plus
bas fur les coteaux qui bordent l’Orne, Si entre
autres lieux à Athis.
Le calcaire de Croifille Si d’Athis appartient
aux aflifes inférieures du calcaire ooüthique. C ’eft
encore de la formation fecondaire que dépendent
les couches connues fous le nom de calcaire
a polypiers , que l-on a confondu avec le car al rag
des Anglais , mais dont la pofition en Angleterre
annonce une formation d’une date plus ancienne.
M. de Magneviiie, de la Société linnéenne du Cal