
vaftes lacs d'eau douce. Il e ft, fuivant Ramond,
élevé de 850 mètres au-deflus du niveau de la
mer; fon cône eft couvert de fcories, de cendres
& de pouzzolane légère* tantôt rougâtre & tantôt
noirâtre. On remarque dans fa partie fupérieure
plufieurs excavations; mais aucune n'eft afll-z profonde
, ni allez large * ni allez régulière, pour
pouvoir être regardée comme un cratère. La coulée
de lave produite par ce volcan s’eft divifée en
deux courans dont l’élévation à fon origine eft
de 514 mètres, tandis qu'à fon extrémité elle
n'en a que 5 7 1 , en forte que cette différence de
222 mètres fur une étendue de 6,oco mètres donne
pour terme moyen 37 millimètres de pente par mètre;
mais elle eft beaucoup plus conlidérable près
du point de départ» & diminue graduellement jusqu'à
fon extrémité. C e courant occupe un efpace
de y,000,000 de mètres carrés. Son épaiffeur
moyenne eft de 8 mètres, ce qui donne au même
courant 40 millions de mètres cubes. Le fécond
courant, qui paffe près de Montaudoux & qui forme
à Royat les belles grottes, célébrés par les fources
ui alimentent les fontaines de Clermont,.a, près
e fon point de départ, 600 mètres d’élévation
& à fon extrémité 4 1 1 , ce qui donne une différence
de 179 mètres; mais comme ce courant n'a
que 2,yco mètres de longueur, fa pente eft bien
plus forte que celle du précédent : elle eft de 71
millimètres par mètre. C e fécond courant n’ occupe
qu’un efpace de 1 million ZfO mille mètres
carrés ; mais comme fon épaifleur moyenne eft de
1 y mètres au moins, fa maffe forme 17 millions
700 mille mètres cubes. Si l'on totalife ces deux
maffes, on trouve que le volcan de Gravénère a
produit une coulée de lave formant plus de 57
millions de mètres cubes. A Ces renfeignemens
que nous prenons dans un Mémoire publié en
1828, par M. L e coq, profeffeurd’hiftoire naturelle
à Clermont, nous ajouterons quelques obferva-
tions que nous avons faites en examinant les laves
de Gravenère, qu'il nomme Gravenoir (pl. 46).
A Gravenère on eft frappé de la quantité & de
la confervation des laves, des bafaltes, des fcories,
des pouzzollanes, & des deux grandes coulées
que fop cratère détruit a rejetées jufque près de
Clermont : on y trouve du oafanice compacte péri-
doteuxy dans lequel le péridot eft altéré ; du bafa-
fi: c e compacte pyroxêneux, prefqu’analogue, par fa
couleur & fon feldf-path décompofé, à celui de
Prudelle^ fur la route du Puy-de-Dôme, prefque
au haut du plateau granitique qui fupporte ce
cône; on y remarque encore le bafanite lavique
pyroxénique & des téphrines fcoriacées. Les te-
phrine* repofent fur les bafanites, & ceux-ci fur
le granité. Sur cette roche on voit un macigno peu
compacte à texture fableufe, de couleur jaunâtre,
& dans lequel le mica eft rare<
Sur la gauche du puy de Montaudoux s'étend,
près du village de Cnamaillère, une coulée volcanique
dont on fuit la trace jufqu'au puy de Grave*
nère. A Saint-Marc, fur le chemin de Royat qui
longe le ruiffeau du Fontanat, ces déjections s’élèvent
à environ 12 à 1 y mètres de hauteur. Ce
u'elles préfentent de curieux, c ’eft la difpofition
es laves & des fcories. Ces laves ont, comme
l’a fort bien obfervé Ramond , l'afpect lithoide &
la texture bafa/tique. Elles fe délitent même en
couches concentriques à la manière des bafaltes.
Les fcories femblent avoir été lancées en même
temps que la lave compacte, car elles rempliffent
tous les efpaces que n'occupe point celle-ci & fe
trouvent au-deffus comme au-deflous. La coupe
que nous donnons ( fig. VI ) d ’un des points de
cette coulée fera comprendre cette difpofition :
la lave bafaltique eft indiquée par la lettre B , la
fcories par la lettre C . Cette lave contient des
péridots. Près de Royat la coulée atteint une pui!-
îance prefque double de celle dont nous donnons
la coupe.
La difpofition de ces fcories au milieu des
laves bafiltiques & des téphrines pavimenteufes,
femble devoir expliquer la formation des cavernes
que l’ on y remarque, & dont la plus vafte
& la plus intéreffante eft celle de Royat : on conço
it, pat exemple, que des eaux qui auront à les
longue entraîné ou diffout les fcories qui rempîif-
fent les cav ité s , auront transformé celle-c i en
cavernes.
A Vol vie les fcories font fuperpofées régulièrement
à la lave, & celle-ci forme des lits qui diffèrent
de ftructure & de dureté. La lave de Volvic
e ft, fuivant la nomenclature de M. Brongniart, tantôt
une téphrine pavimmteufe, tantôt un bafanite
lavique péridotique ou pyroxénique. A fon origine
elle fe partage d'abord en deux courans, l’un
dirigé vers le nord & l'autre vers le midi, mais
fe réunifiant avant d’arriver à V o lv ic , & couvrant
une étendue d'environ 6,000 mètres. Elle
eft lortie des flancs du puy de Nugére, dont l’ élévation
eft de 1,000 mètres, & dont le cratère, plus
étendu de i'eft à l’oueit que du nord au fud, eft
affaiffé vers le nord. Sa bafe touche donc celle de
la Chavannedeix & de la Lotève3 puys moins élevés.
Sa lave les a complètement «entourés. Cette lave
conftitue, furtout près dé Nugére, deux dépôts
placés l ’un au-deflus de l ’autre, & recouverts par
un lit épais de 6 à 8 mètres de fcories. Il eft
divifé en plufieurs aflifes irrégulières, quelquefois
au nombre de fix, que les ouvriers qui l'exploitent
diftinguenten diverfes qualités. Celle qui fe trouve
immédiatement fous la pouzzolane a prefque la texture
du bafalte ; on voit au-deflous une lave poreUfe
à petites cloifons que l'on défigne comme de première
-qualité 5 plus bas celle dont les cavités font
irrégulières & généralement plus grandes : c ’eft la
deuxième qualité; plus bas encore*une lave plus
poreufe, celle de tro-ifième qualité; au-deflous,
celle qui eft plus bourfoufflee que les autres ou àî
quatrième qualité;; enfin, l'affile là plus baffe, appelée
aufli de première qualité, -refîemble à là
couche la plus fuperficielle : elle repofe fur le calcaire
, & quelquefois fe montre (ur le bafalte,
placé à fon tour fur le granité. Cette roche^ fe
montre en effet le long de la route qui conduit à
pont-Gibaud. Sur la montée que l’or, gravit en
fortant de V o lv ic , la lave paroît être intercalée
dans le granité : la coupe que l’on a frite en taillant
la route préfente à la partie fupérieure le
granité, puis un bafanite compacte repofant, fur un
lit de quartz pofé fur une nouvelle couche, cette
roche, & enfin la lave formant la route elle-
même. Mais cette difpofition, qui étonne au premier
abord, eft un effet naturel & fimple de deux
couches de lave qui ont enveloppé un mamelon
granitique.
Sur les flancs de la montagne de la Bannière, près
Vo lvic, on remarque dans quelques fragments de
téphrine fcoriacée de la méfotype.
11 n'eft pas inutile de rappeler ici l’utilité que
depuis long-temps l’induftrie a fu donner à la
lave de Volvic : depuis les temps les plus reculés,
la lave & les bafaltes de l’Auvergne font employés
dans les conftru&ions. On fait que le puy
appelé Grand-Sarcoui, compofé de domite, doit
fon nom à la coutume qu’avoient les Romains
d en extraire des b loc s , dont ils faifoient des far-
cophages. Ils avoient remarqué que cette roche foliée,
poreufe & cependant inaltérable à l'aétion
de l’humidité, jouiffoit de la faculté de conferver
pendant fort long-temps les corps que l’ on y ren-
fermoit. Riom, Clermont & tous les villages qui
les environnent prouvent de quel avantage eft l’emploi
des laves pour les conftrudtions. Dans ces
villes, des maisons de 200 & de 300 ans ne le
cèdent point en folidité aux habirations modernes;
l’oeil s’habitue facilement à leur teinte rîoire
& lugubre , par l’idée que ces conltrudtions gagnent
en folidité ce qu'elles perdent en agrément
à leur extérieur. Souvent pour leur donner l'apparence
de la pierre calcaire, on a foin de badigeonner
les façades des maifons ; mais alors elles
prennent une teinte fale & défagréable qui n'eft
ni la blancheur de la pierre de taille, ni le gris-
noirâtre de la lave.
C ’eft à V o lv ic , dans un établiffement que
fonda M. de Chabrol dans ces dernières années
, qu'il faut voir l'heureux emploi que l’on
peut faire de la lave. L à , fous le cifeau du tailleur
comme fous celui du fculpteur, elle prend
toutes les formes : on en fait des dalles, des
bornes, des colonnes, des chapiteaux, des ftatues,
des ornemens de tous genres & des tombeaux.
Une école de deflin y forme des artiftes qui en
feront un jour rechercher les produits, & fi le
canal latéral de l’Ailier s'exécutoit promptement,
Volvic trouveroit dans l'emploi de fes laves
une fource de richeffes. Depuis 1820, les dé-
partemens voifins tirent de ce village des dalles,
des bornes, des tuyaux de fontaines, & Paris
même emploie a v e c fu c c è s d e s b o rn e s t ir é e s d e
Volvic & des dalles pour les conftru&ions des
trottoirs ; car cette lave eft beaucoup plus folide
que le granité même.
Dans notre contrée volcanique du centre de
la France, aucun volcan éteint ne mérite plus
de fixer l’attention que le puy de Pariou, dont le
cratère eft plus régulier, plus beau que celui du
Véfuve. Qu'on fe figure en effet au fommet d ’une
montagne de 1,222 mètres d'élévation abfolue,
& de 22y à partir de fa bafe, un cratère de la
plus parfaite régularité, de 310 mètres de diamètre
& de 93 de profondeur, dont le fond,
rougi par la lave décompofée, femble être
encore en incandefcence. ( Voye\ planche 46.)
A la vue de cette montagne ignivome & de la
coulée fortie de fon flanc feptentrional, on fe
reporte à l’époque où il vomifloit de la flamme ;
car il lemble que cette lave, qui fe termine d’ un
côté au village de Nohanent & de l'autre au hameau
de Fondmore, vient de fe refroidir. Au-
deflus de chez Vujfon , on voir que cet:e coulée
a pris fon cours au m lieu des granités qui forment
la malle de la pointe de Prudelle, à l'ex-
trénute du baflin de Clermont ; elle en a ren-
verfé les maffes faillantes, dont les fragmens, en
blocs volumineux, font reftés épars entre les
deux branches de la coulée, entourés & couverts
de fcories & de pouzzolanes.
On obferve fur cette coulée des jets de lave
un peu poreule, qui s’élèvent en rocs efearpés à
l ° , 15 & 20 pieds. Elle repofe au-deffus de la Baraque
, près la pointe de Prudelle, fur des bafaltes
en prifmes verticaux à 6 pans, de 3 mètres
de hauteur. Près de la Baraque, la lave eft mêlée à
un amas de plus de 20 pieds d'épaifieur de pouzzolane,
qui fe décompofé enjfe colorant d'oxyde
de fer. Entre le puy de Pariou & la route de Pont-
Gibaud (appelée route de Limoges fur la carte ou
pl. 46), on exploite une lave que l'on emploie au
même ufage que celle de Volvic, mais qui en diffère
en ce quelle renferme beaucoup de feldfpath.
Sortie du fein du volcan, elle annonce que les
bafaltes qui recouvrent le. plateau .de Prudelle ,
la côte de Clermont & celle de Chanturgues,
font originaires du puy de Pariou.
Lacs volcaniques. Entre ce puy & celui de
Clierfou, j'ai remarqué, comme dans quelques
autres localités des environs, une excavation
en forme de cratère ayant environ 20 pieds
de diamètre, & qui eft probablement due aux
jets de flammes, de laves & de fumée qui en-
touroient la bafe du volcan, comme dans les volcans
modernes.
Quelques-unes de ces excavations cratériformes
font remplies d'eau pendant prefque toute l’année
, parce que, comme elles font dominées par
les p.uys ou volcans environnans, les eaux qui
coulent fur les flancs de ceux-ci y font fouvent
entraînées, & puis parce que quelques fources
prennent naiffance au pied de ces puys & ten