
Drôme jufqu’ à celles d* Aigues, le terrain fecon-
daire s ’étend fur les deux côtés du fleuve, & que
depuis celles du Gier jufqu’au-delà de celles de
l'Erieux, les terrains de fa rive droite appartiennent
généralement à la formation intermédiaire.
Depuis la rive droite de l’Erieux jufqu a la jonction
du Gard avec le Rhône, la rive droite de ce
fleuve eft formée de terrains fecondaires > mais
depuis l'Erieux jufqu1 à l'Ardèche, ces terrains
font couverts d’ un grand nombre d’anciens volcans
, qui forment la continuation de ceux de
l ’Auvergne.
Les terrains tertiaires dont nbus avons cité la
formation lacuftre, & qui commencent fur la rive
gauche du fleuve, un peu au-defliis defon point
de réunion avec l’Ardèche, qui s’étendent fur la
même rive jufqu’à Avignon , & 'qui fe prolongent
à droite & à gauche du fleuve jufqu’ à fon embouchure,
méritent de fixer notre attention. Sur la
rive droite , ils vont à peine, jufqu’auprès de
Nîmes, jufqu’ à. la petite rivière de Vidourle.;
mais fur la rive gauche, ils fe prolongent à l’eft
au-delà de Carpentras, & en s’élargiffant graduellement
jufqu’au-delà d’ Aix.
Çes terrains ont été explorés avec autant de
zèle que de fuccès par MM. Bertrand-Gellin &
R o z e t , auxquels nous allons emprunter les détails
ci-après : .
Dans le Mémoire que M. Bertrand-Geflin a fait
inférer dans le tome Ier. du Recëuil de la Société
d'hiftoire naturelle de Paris, il s*eft attaché à
décrire principalement la formation gypfeufe des
environs d’Aix. Selon lui, le baflin gypfeux d’Aix
préfente au nord de cette ville un plateau affez
é le v é , d’environ trois lieues de longueur du fud-
eft au nord-oc.éft, & d’une lieue & demie en
largeur du nord-eft au fud-oueft.
« C e plateau, d it- il, eft borné au fud par Aix
.»> & la plaine de l’ Arc, à l’oueft par la chaîne
» des montagnes de Ventabren; au nord par la
si rivière de la Touloubre, & à l’eft par l’abat-
» tement des montagnes du Tolonet & deSainte-
»» Vidtoire.
» La furface de ce plateau , très-bien cultivé,
s» préfente quelques- collines qui vont en s’abaif-
» fant, ainfi que la pente générale du terrain, vers
« le nord, c ’eft-à-dire vers la Touloubre. Les
?:> eaux font rares dans ce terrain , aucun ruiflfeau
» ne je fillonne. Du côté du fud le pays change
m d’afpeétj le baflin de ce côté préfente des ef-
» carpemens taillés.à p ic , couronnés de plufieurs
« buttes, dont la plus élevée eft celle qui domine
p» les plâtrières fur la route d’Aix à Avignon. Ses
.» flancs ont été ravinés, déchirés en forme de
»» caps > des îlots en ont été détachés, & reftent
» ifolés dans la plaine où coule l’Arc. Quelques
>» fources fortent de ces ravins, quelquefois aflez
y* profonds.
»9 A partir de la montée d’ Avignon, les efcar-
.» pemens yont en diminuant vers i’oueft, juf-
» au’ au château de Saint-Martin, qui en eft la
» dernière butte.
» Aix me paroît donc, d it-il, aflez bien limité
» géologiquement par une ligne qui pafferoit, en
*» fortant d’Aix du côté de l’eft , aux moulins de
pp , la butte Saint-Eutrope, fuivroit le torrent de
pp la Mignarde, iroit rejoindre la Touloubre fur
>» la route de Venellea; côtôyeroit cette rivière
»> jufqu’ à la Calade, fur la route de Paris, & de
pp là , revenant à Saint-Martin, à Valferre, gagne-
p* roitla route de Condoux jufqu’ à Aix.
pp Je ne prétends p a s , ajoute M. Bertrand-
pp Geflin, en donnant ici une idée de la circonf-
pp cription du baflin gypfeux d’A ix , afligner les
>p limites du terrain tertiaire. Je fais que ce terrain
pp fe rencontre fur les bords de la Durance, près
pp Beaulieu, & qu’ il fe continue bien au-delà de
>p Saint-Martin. J’ai donc cru devoir les donner,
pp qiielqu'incomplètes qu’elles fuffent, en atten-
>p dant que de nouvelles courfes dans cette loca-
pp lité me mettent à même de les reconnoître avec
» plus d'exaôtitude.
pp Ainfi, d’après les limites que j’ afligne au baf-
pp fin gypfeux d’A ix , j’ai remarqué que les cou-
>p ches qui le forment fe font dépofées dans un
>p vafte la c , circonfcrit par des terrains de nature
pp bien différente. L’un eft un terrain de fédiment
>p a n c i e n l ’ autre un terrain de tranfport. >p
La fuperpofition des. terrains de ce baflin peut
fe représenter dans l’ ordre fuivant, en allant de
haut en bas.
i°.. Calcaire filiceux.
i ° . Calcaire marneux.
3°. Gypfe.
4°. Marnes argileufes & calcaires.
5°. Poudingues.
6°. Calcaire juraflique.
7°. Calcaire alpin.
Le calcaire juraflique & le calcaire alpin conf-
tituent la férié du terrain de fédiment ancien , que
M. Bertrand-Geflin divife en terrain de fédiment
inférieur & terrain de fédiment moyen.
- Le terrain de fédiment inférieur conftitue des
montagnes élevées qui au fud-eft, dit-il, fervent
de limites au baflin gypfeux. Les couches qui le
compofent font inclinées de 45 degrés à l ’horizon
, dans la direction de l'eft à l ’oueft. En les
énumérant, depuis les inférieures jufqu'aux fupé-
rieures, on en compte cinq.
i° . Calcaire alpin noir, traverfé de veines
fpathiques en couches peu puifîantes.
20. Calcaire alpin rempli de veines fpathiques
& d’argile rouge, formant deux couches de vingt
pieds de puiflance chacune. C e calcaire renferme
des térébratules, des bélemnites & autres co quilles
pélagiennes.
30. Calcaire alpin, avec des nodules de filex.
C e calcaire alterne ayec des marnes jaunes j il
renferme des peignes & des térébratules.
4°. Poudingue calcaire à gros fragmens.
Poudingue polygénique.
Le terrain de fédiment moyen e ft, dit M. Bertrand
Geflin, un calcaire juraflique compaéte,
f in , rempli de coquilles fofliles , que leur mauvais
état de confervation rend très - difficiles à
bien reconnoître, & qui appartiennent toutes à
des bivalves.
Cette roche conftitue différentes montagnes du
baflin d’A ix } elle fe compofe de couches de plufieurs
pieds d’épaifleur, dirigées de l’ eft à l’oueft,
& inclinées au fud de 25 degrés.
D’après les obfetvations de M.Bertrand-Geflin,
il paroît qu’au-deflus du poudingue que nous v e nons
de nommer, repofe immédiatement le terrain
tertiaire du baflin d’Aix. C e terrain fe com-
p o fe , en allant de bas en haut, de fept formations
diftinétes, que nous allons énumérer dans
leur ordre de fuperpofition :
i° . Mollajfe ou roche fableufe à grains plus ou
moins fins.
2°. Marnes argileufes & calcaires, formant une
douzaine découches diftinétes, dans lefquelles
on trouve des coquilles fofliles qui fe rapprochent
des tellines & des cérites.
3°. Calcaire compacte, blanc, avec des lits de
fie» formant plus de fept couches diflinéles.
4®. Marnes & gypfes. Cette formation fe com-
pofe d’ un grand nombre de couches j le gypfe y
forme trois maffes diftindles.
La première, ou la plus inférieure, a au moins
huit pieds de puiflance; elle eft féparée du calcaire
par des marnes fchifteufes, & delà fécondé
mafle par dès marnes jaunes & blanches,, en
couches aflez minces.
La fécondé mafle eft formée d’ un gypfe demi-
eompa&e fouillé de marne ; fa partie inférieure
contient des filex cornés. M. Bertrand-Geflin y a
trouvé un ichthyolithe , que M, de Blainv-ille regarde
comme une efpèce de perche.
Au-defliis de cette*fécondé mafle , repofent des
marnes jaunes, compactes & fchifteufes, aflez
épaiflès, qui contiennent de petites coquilles
univalves, qui reffemblent à des paludines &
qu’accompagnent des coquilles bivalves, que leur
mauvais état de confervation ne permet pas de
déterminer, mais qui ont quelques rapports avec
les cythérées. M. Bertrand-Geflin a aufli remarqué
dans cette marne des vertèbres & d’autres
reftes fofliles de poiffons.
Cette marrie fupporte une marne calcaire compacte
d’ un gris-bleuâtre, rubanée & formée de
couches de quelques pieds d’ épaiffeur j elle renferme
des coquilles univalves enroulées comme
des planorbes. C ’eft fur cette marne que repofe la
troifième mafle.
Cette mafle, qui n’ a pas plus de cinq.pieds de
puiflance, renferme, dit M. Bertrand - Geflin ,
dans les marnes qui féparent fes bancs, des empreintes
de feuilles dicotylédones. « La préfence
f» de ces-feüiles dans les carrières d’A ix , ajoute-
» t-il, paroît être un fait nouveau, car M. Ad.
»9 Brongniart, dans fon important travail fur les
93 végétaux fofliles, ne c ite , d ’après ce qu’il m’a
» d i t , aucune empreinte de plantes dicotylé-
39 dones dans les gypfes tertiaires deFrance.il ne
>3 les connoifloit que dans ceux d e là Stradella,
» près Milan.
Ces feuillès dicotylédones ont été rapportées
par M. Ad. Brongniart au genre phyllites ; elles
forment deux efpèces, dont l ’une a reçu de lui
le nom de phyllites l&vigata, & l’autre celui de
phyllites G eflini.
C ’eft dans ces mêmes bancs que l’on trouve
quelques-unes des plantes appelées, par M. Ad.
Brongniart, palmacites Ldmanonis3 & un grand
nombre de poiffons fofliles , parmi lefquels fe
trouve la perça minuta de M. de Blàinville, de
quelques autres qui paroiffent fe rapporter à
des efpèces de gobie & de cyprin.
C ’eft principalement à la montée d’Avignon &
aux moulins de la Sèbe , que la formation gypfeufe
fe fait voir dans le vafte baflin tertiaire
d’ Aix.
5°. Sable micacé. C e dépôt, qui acquiert jufqu’à
quinze pieds de puiflance, eft fupérieur à la
formation gypfeufe ; fa partie inférieure renferme
des bancs de pfammites ou grés compactes micacésx
qui contiennent des plantes dicotylédones, appartenant
encore au genre phyUite. M. Bertrand-
Geflin penfe que ce dépôt de fable micacé doit'
être contemporain de la formation gypfeufe.
6°. Calcaire marneux coquillier. C e calcaire eft
eft lié à la formation du fable micacé par des
1 marnes fableufes. ïl contient du calcaire marneux
plus ou moins compacte, en bancs étendus,
dont lepaiffeur a depuis quelques pouces jufqu’à
trois pieds ; des lits de marne le féparent en
plufieurs couches. Ces couches renferment une
grande quantité de coquilles, & la plus puif-
i tante, des lits de filex cornés. C e dépôt peut être
confidére comme formé de plufieurs fériés de
couches, ou fyftèmes différens. Dans le plus in-
féri'eur, qui comprend fept couches de marnes
blanches, jaunes, verdâtres, compares ou fchifteufes
, on trouve des coquilles qui paroiffent
être voifines des bulimes & des paludines, accompagnées
de fragmens de tiges appartenant probablement
au genre chara. Les couches les plus
fupérieures contiennent des moules de cérites, &
un banc renfermant des cy cia des, des lymnées de
des planorbes.
Le deuxième fyftème contient des cérites, ainfi
que le troifième j mais dans celui-ci ils font mieux
confervés ; ils font accompagnés de feuilles du
genrepoaciiesde M. Ad. Brongniart. On retrouve
encore dans le même banc des paludines fembla-
bles à celles de Montmartre.
Le quatrième fyftème contient des filex & des
coquilles du même genre que les précédentes.
Enfin, le cinquième, renfermant les. mêmes co